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Accueil du site > Tribune Libre > Une révolution, non ; un parti révolutionnaire, oui !

Une révolution, non ; un parti révolutionnaire, oui !

D’après Ellul, pour n’en citer qu’un mais beaucoup pensent de même, il faut distinguer révolution et révolte (insurrection, fronde). La première est motivé par un puissant ressort, l’espérance d’un monde meilleur, et déterminée par une idéologie, système de règles et valeurs conditionnant ce monde espéré. L’insurrection ou la révolte se présente différemment, avec un puissant ressort émotionnel. Cela dit, autant il est trompeur d’opposer raison et passion, autant il est inexact de voir dans la révolution un mouvement froid sans passion et dans la révolte un mouvement aveugle, qui ne sait pas pourquoi il se met en branle. Comme le suggère une formule ayant signé un titre de livre co-écrit par Sartre, « on a raison de se révolter ». En allant plus loin dans la profondeur du temps et l’usage de vocables militaires, on serait tenté de dire que la révolution commerce avec la stratégie, autrement dit, se déploie dans une séquence longue d’actions, décisions et productions, alors que la révolte participe plutôt de la tactique. La révolte se place comme un dispositif spatial et temporel, puis se dissout une fois les effets obtenus ou avortés. 1789 fut une révolution, 1917 aussi, et du reste, l’archétype de la révolution, mai 68 a été plus une insurrection qu’une révolte, un peu comme la Commune de Paris.

En 2009, le spectre d’une révolution est brandi par quelques analystes et autres personnes en vue ayant un lien avec la société, ce qui est le cas des hommes politiques. Pourtant, la raison ne penche pas du côté d’une révolution, ni même d’une insurrection nationale. Une chose est certaine, un sentiment de mécontentement et de frustration a gagné la France. Et pour les autres, les plus exposés, c’est carrément la colère qui s’exprime et se manifeste avec une certaine violence. Pourtant, un mouvement de révolte de grande ampleur semble hautement improbable. Pourquoi ? Parce que la majorité des travailleurs sont protégés de la crise. Perdre quelques points de pouvoir d’achat n’a rien de dramatique. C’est dans la tête que ça se passe, ça énerve, au vu des salaires des patrons et des abus constatés dans le monde des élites. Les classes moyennes ont tout à perdre dans une révolution. Quant aux précaires et autres laissés pour compte, ils n’ont rien à gagner dans une révolution. L’affaire semble classée. D’ailleurs, l’anticipation de la révolution s’oppose à sa réalisation. Personne n’avait anticipé mai 68. C’est pour cette raison que la fronde étudiante puis nationale fut spontanée et de grande ampleur. Une fronde anticipée aurait été bien moins intense.

L’analyse la plus pertinente consiste à noter que la France est imprégnée d’un sentiment de révolte mais n’est pas disposée à faire une révolution. C’est dans la tête que cela se passe, même si des événements sporadiques trahissent des situations mal vécues. Que ce soit dans des entreprises ou dans certaines zones hélas habituées aux problèmes, ces ghettos de banlieues dont la fabrication remonte à trente ans, à la fin des seventies. Une montée des violences contre la police, contre la société et une police qui elle aussi, devient violente contre les citoyens. L’avocat du diable n’y verrait rien de préjudiciable au fonctionnement d’une société, la violence étant presque un phénomène social naturel, et en France, pas plus étendue qu’aux Etats-Unis, pays faisant référence en matière démocratique, enfin, disons que l’image fut écorné par l’ancien locataire de la Maison blanche.

Au final, la révolution a peu de chance de se produire dans le contexte actuel où les gens sont anxieux mais aussi attachés à leur mode de vie. Une vaste majorité de stabilité sociale est présente. Et pour le reste, une répression très professionnelle est pratiquée et l’on ne voit pas quelques « sauvageons de banlieue » défaire la police nationale comme fut défaite l’armée romaine au moment de la chute. La révolution est une idée, riche de sens, complexe mais rien qu’une idée, pas un ressort. Un peu comme la pandémie grippale, plus une « idée qui fait peur » qu’un véritable événement sanitaire aux conséquences foudroyantes.

Un hégélien verrait dans la situation actuelle des contradictions surmontées. En effet, les Français sont contre l’ordre établi mais ils ne sont pas prêts à le changer. Et encore, c’est à voir, car il suffirait d’une bonne cagnotte pour faire accepter la société et le sort qu’elle réserve à son armée de travailleurs de réserve, les intérimaires, les déclassés, les licenciés. Mais s’il s’avérait qu’une majorité soit vraiment agacée contre l’essence du régime actuel, alors, nul besoin d’une révolution, il suffit d’un parti politique révolutionnaire, de quelques idées fortes pour l’avenir et d’une adhésion populaire. Un tel parti n’existe pas. Je parle d’un parti révolutionnaire mais républicain dans l’âme et radical par l’esprit. Porteur d’un projet de société aux valeurs et bases choisies. L’idée de révolution qui se répand en France, eh bien c’est une mauvaise pensée citoyenne, liée à l’incapacité des partis d’opposition à proposer une autre direction.


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13 réactions à cet article    


  • Marc Viot idoine 18 mai 2009 14:01

    J’adhère totalement.


    • plancherDesVaches 18 mai 2009 22:19

      Il faut alors aussi adhérer à twitter-la-commère sur Agora...

      Mort à twitter et aux commères !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!


    • Lulu de Pantin 18 mai 2009 14:03


      méthode Couhé ?


      • Kalki Kalki 18 mai 2009 16:43

        On oublie de dire et penser que la révolution ne se fait JAMAIS par la majorité.

        C’est humain (trop humain) de chercher du soutien ( de faire des groupes : un groupe révolutionnaire et bientot politique ?). C’est trop humain. Il faut se dire que :

        Jamais les idées ne proviennent de la majorité.
        Jamais la majorité ne soutient le mouvement de révolution.
        JA - Mais, déjà mai.

        Alors ne cherchons pas à ’displiner’ la planète et ses habitants.

        Les changements de pouvoir ( des états et à la grandeur des états ) est fait par des faits d’« armes » , exemple napoléon , .... oh .... et puis le de Gaulle, après aussi. Idem : on prend les lieux importants de paris, l’assemblée, les députés se couchent, pensez vous, ils se croient trop important pour défendre des belles idées ( un belle idée : le peuple), un lâche reste un lâche par ailleurs. Et puis ils étaient sûrs d’avoir encore une place dans le gouvernement d’après.

        VIVE LE CHANGEMENT.

        VIVE LA V eme République.

        La révolution : pour l’individu juste pour l’individu (c’est toute bête des fois) c’est déjà de vivre, et d’organiser la société diffèrement , et ca il n’y a pas besoin de changer le monde à grande échelle et surtout : il ne faut pas changer le monde à grande échelle.

        C’est pour ça que : Il faut faire une révolution sans vouloir faire une révolution.


        Révolutionnaires Don Quichotte : écoutez, on ne se bat pas contre les moulins à vent.


        • Daniel Roux Daniel R 18 mai 2009 17:27

          Les Grecs anciens savaient déjà que la Démocratie ne peut fonctionner qu’à la condition que le peuple soit suffisamment éduqué et loyalement informé.

          Ce savoir n’a pas été suffisant pour empêcher, en fin de compte, le triomphe des tyrans par la démagogie et le mensonge.

          Les tyrannies ont ceci de particulier, qu’elles se terminent toujours par le désordre voire la violence interne (révolutions) et/ou externe (invasions)

          Les hommes des Temps Modernes ont appris à leurs dépends que rien n’avait vraiment changé.

          Ils ont bien tenté de contrôler la folie mégalomane des tyrans au moyen de Constitutions, mais ce rempart de papier ne résiste pas aux forces conjuguées des affairistes, des opportunistes, et des complices du pouvoir pathogène distributeur de prébendes.

          Aujourd’hui le peuple n’est plus représenté au parlement. Ce dernier a depuis longtemps déjà perdu l’indépendance et le pouvoir nécessaires au bon fonctionnement de la démocratie et surtout à son existence. 

          Les élections sont dévoyées par le scrutin majoritaire. La Constitution est réécrite tant et plus sous la dictée du pouvoir par un congrès complaisant voire complice. L’information est contrôlée sévèrement par les groupes financiers sponsors du pouvoir. L’éducation nécessaire est inaccessible au plus grand nombre par ailleurs abreuvé d’émissions débilitantes et orientées sur le média dominant. 

          Le résultat est que 53% des Français ont voté, en 2007, pour un homme à la culture disons.. orientale. Un homme sélectionné pour son culot et son admiration sans borne pour les conservateurs américains, poussé et soutenu secrètement par l’aristocratie financière internationale, ennemie objective du peuple Français.

          Cet homme qui n’avait jamais vraiment rien réussi dans sa vie, bien au contraire, a été promu candidat par son camps puis élu au suffrage universel pour exercer les fonctions de Président de la République. Sans se soucier de la Constitution, qu’il fera changer à l’occasion, il a accaparé tous les pouvoirs sans que personne ne puisse ou ne veuille s’y opposer.

          La répression des opposants s’amplifie tout les jours par les arrestations, les garde-à-vue, les condamnations pour un oui ou un non. Deux ans seulement et les policiers sont devenus agressifs, les procureurs ont perdu le sens de l’intérêt général, les juges obéissent au pouvoir, de plus en plus de gens sont en prison sous ce régime alors qu’ils n’y seraient pas en démocratie.

          Mensonges grossiers, promesses tout azimut, démagogie délirante, dénigrement médiatique ahurissant orchestré des opposants n’ont atteint leur triste objectif que grâce au faible niveau d’éducation économico-politiques de nos concitoyens et notamment des élites politiques. 

          L’Histoire montre que la révolution ne survient que lorsque les luttes internes dans l’appareil du pouvoir en place l’affaiblissent suffisamment pour que des forces plus organisées et aux intérêts différents, aient des chances de le renverser, jamais par la seule volonté du peuple.

          Ne votez plus pour vos ennemis.


          • Kalki Kalki 18 mai 2009 18:21

            Cas 3 : la tyrannie peut gagner pour toujours ou une éternité.

            Pas besoin de l’homme d’être le plus intelligent et le plus vertueux pour être élu. C’est bien sûr tout le contraire, déjà faut-il gagner son réseau, essuyer des défaites, corrompre son idéal.

            Pourquoi a t’on des nuls comme présidents ? On à ce qu’’on veut... on les élit ces benêts.

            Revenons en arrière : à toute les élections si on avait pu changer les choses , : Jospin au lieu de Chirac, bayou au lieu de Sarkozy ( par exemple )

            • qu’est ce que ça aurait changé pour le peuple ? Fondamentalement ?
            • ( pour les répartition, la justice qui ne saurait être écrite dans des livres de lois certain sont au dessus, d’autres en dessous, et l’équité ).

          • Daniel Roux Daniel R 18 mai 2009 23:14

            Il n’y aura pas de grand soir avant longtemps.

            En attendant, chaque petit pas vers plus de démocratie et de progrès social est bon à franchir.

            Oui le bilan de Jospin valait beaucoup mieux que celui de Chirac.

            Oui, valait mieux risquer Bayrou qu’avoir Sarkozy comme une grosse grippe vaut mieux que le choléra.

            Par similitude physique, une accumulation de petites divergences peuvent amener à long terme un important changement de trajectoire, du bon ou du mauvais côté.


          • patroc 18 mai 2009 18:02

             En démocratie, la révolution n’a pas lieu d’être, puisque la démocratie permet au peuple d’élire ses gouvernants.. La démocratie naît de la révolution, la démocratie est le but de toute révolution et la révolution en démocratie, c’est le vote !.. Jamais plus beau concept politique n’a existé, et vous ne trouverez jamais mieux.. La révolution ne peut réapparaître que pour sauver la démocratie, rien d’autre.. Bien sûr, les politiques le savent et c’est pourquoi ils tentent de contrôler l’organisation démocratique (peu de proportionnelle, magouilles électorales, parlement dévalorisé,etc..).. C’est pourquoi, plutôt que de rêver inutilement, faites la révolution : Votez pour le parti qui vous représente le plus !.. Tout les discours actuels sur une révolution à venir, c’est du gros pipeau !.. Pourquoi la révolution puisqu’on est déjà en démocratie ?.. Et si le pouvoir en place se fiche pas mal de la demande populaire, votons pour un autre !..


            • patroc 18 mai 2009 18:17

               Quant au parti révolutionnaire (c’est pas beau çà d’avoir la révolution représentée ! Seule la démocratie peut le faire !), il est là justement pour rappeler au élus du peuple que c’est le peuple qui les a mis où ils se trouvent, ce qu’ils semblent souvent oublier !.. Le NPA est le garant de la démocratie et non son fossoyeur, et son score reflète plutôt la conception anti-démocratique du pouvoir de la part de nos gouvernants.. Ne vous gêner pas, si vous trouvez que la démocratie est en danger, votez NPA !.. Cà ne peut que faire du bien à notre démocratie !.. Avec 20%, je connais des politiques qui riraient jaune avant de filer en douce sans doute.. Un bon article quand même !..


              • Kalki Kalki 18 mai 2009 18:49

                La critique ne constitue pas une proposition alternative ? N’est-ce pas ?

                Est-ce que le nPa veut sortir de la spirale politique ? Et perdre le pouvoir pour le donner au peuple dans une nouvelle société ?
                Sinon le NPA même si élu ne fera pas long feu, et à la prochaine élection vous aurait ceux que vous ne vouliez plus.

                Et la roue tourne, et tourne.

                Ce ménage me fait vomir, ca n’a que trop duré.


              • Kalki Kalki 18 mai 2009 19:09

                La démocratie* n’est-elle pas la seule idéologie soutenable en démocratie ?

                *La démocratie en tant que non - idéologie : car imposant l’esprit critique, individuel, contre toute notion groupe et d’intelligence de groupe en politique en tout cas.

                Où serait la tyrannie du peuple, si la démocratie est la solution à toutes les tyrannies ? ( tyrannies de groupes présentent dans toutes les autres formes de gouvernement )


                • thomthom 19 mai 2009 08:46

                  Mais ce n’est pas contre les entreprises, les patrons, l’ordre et l’échelle sociale qu’il faut faire la révolution... mais uniquement contre le pouvoir, dans la mesure ou notre système politique actuel est pourri jusqu’à la moelle. Et ce sera ensuite le role d’une nouvelle classe dirrigeante, de, éventuelleemnt, prendre des dispositions pour plus de justice sociale.

                  Comment peut-on supporter un système politique où des députés votent en faveur d’une loi que en majorité ils n’approuvent pas (HADOPI) , juste pour défendre leur parti et se soumettre à la volonté d’un seul homme ? vous appelez cela une démocratie ?

                  Moi non.

                  et si il n’y avait que ça.... des exemples de ce tye, il y en a tous les jours.

                  Il nous faut une nouvelle constitution, de nouvelles modalités d’exercice du pouvoir, et surtout des hommes et des femmes nouveaux à la tete du pays, de nos institutions et de nos administrations.... pas une élite completement coupée de la réalité du quotidien de nos concitoyens, pas une élite vieillissante (en age ou dans sa tete) qui n’y connait rien aux nouvelles technologies et aux évolutions récentes de notre monde... pas une soit-disant élite qui n’a en fait aucune vision philosophique ou civilisationelle de notre avenir et cede aux exigences du premier lobby venu...

                  Envahissez les ministères, bloquez l’assemblée, renversez-nous ce système politique pourri et inefficace à qui l’on doit notre lente descente aux enfers (car nos difficultés actuelles, ce n’est que le début) -ca fait 30 ans qu’on s’enfonce-, mais effectivement, évitez de vous en prendre au peu de richesses qui nous reste : notre appareil productif, nos entreprises (vos emplois), nos biens publics, et même les biens de votre voisin, même s’il est outrageusement plus riche que vous... car c’est bien à le sueur de son front (ou de ses neurones), qu’il les a obtenu !

                  Les sabotages de ligne TGV, par exemple, sont dans cette optique la démarche « révolutionnaire » la plus stupide et la plus inefficace qui soit.... tout l’inverse de ce qu’il faut faire !


                  • NICOPOL NICOPOL 19 mai 2009 13:10

                    Un parti révolutionnaire, non...

                    Un parti réactionnaire, oui !

                    http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-mort-du-progres-continuel-55930

                    (désolé pour l’autopromotion... Mais les 2 articles se rejoignent d’une certaine façon...)

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