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Accueil du site > Tribune Libre > Villepin sur France 2 : était-ce un discours politique ?

Villepin sur France 2 : était-ce un discours politique ?

Le Premier ministre s’est exprimé sur France 2 jeudi soir, face à des journalistes, des citoyens, François Hollande, et nous. Son discours s’inscrivait dans un double contexte : l’action gouvernementale en cours, et la préparation des échéances électorales à venir. Pour justifier, mettre en valeur ce qui est fait, et pour persuader les électeurs de voter prochainement pour lui/son équipe/son parti, le Premier ministre a-t-il développé un discours politique ?

Disons brièvement que, pour qu’un discours soit politique, il ne suffit pas qu’il traite de la chose publique ; ce n’est pas seulement une affaire de contenu (cf. articles encyclopédiques sur des sujets politiques : ce ne sont pas des discours politiques). Il suppose un engagement de celui qui le tient, et la mise en jeu de procédés pour persuader (convaincre et émouvoir), à condition de montrer une connaissance directe de ceux auxquels on s’adresse.

Le Premier ministre s’est-il montré engagé ? Je trouve que oui. Il a mis en valeur très explicitement et à de nombreuses reprises cet engagement (le service de la France, le développement de l’emploi, la recherche de la justice sociale...) : on a pu être frappé par le nombre de récurrences des mots emploi, social... et « je veux ». Le discours est vite monté en puissance, il était même difficile aux interlocuteurs de placer un mot, d’interrompre le flux : l’homme exprimait une relation passionnée à son action, c’est utile pour persuader, d’autant que rien ne peut fonder une mise en doute de cette sincérité. Seulement, exprimer une volonté, sincère et fervente, d’œuvrer pour l’intérêt général ne suffit pas à constituer un discours politique.

Le Premier ministre a-t-il montré qu’il connaissait ceux dont il s’occupe ? Je trouve que non. Le monde sensible, au quotidien, avec ses incohérences, ses contradictions, ses lenteurs, lui a semblé étranger. C’est comme si sa perception du monde était entièrement médiatisée par sa culture, qui en l’occurrence le laisse à distance des réalités du commun. Face à ses interlocuteurs citoyens -peut-être le moment le plus frappant à ce sujet-, il a semblé tétanisé, étonné que « volonté+intelligence+énergie » n’entraînent pas toujours « efficacité » : il ne suffisait pas de féliciter (bis, ter...) ces personnes pour leur « courage », elles n’étaient pas venues chercher une médaille, il était inutile de leur indiquer des cheminements qui avaient tous échoué, alors après, que dire ? Rien, on a eu des silences. Le discours, qui se développait ad libitum ce soir-là tant qu’il était en auto-allumage, s’éteignait dès qu’il rencontrait la contradiction du réel.

Alors, un « votez pour moi/mon équipe/mon parti », parce que vous voyez bien que mes intentions sont bonnes, justes, et que ma volonté est forte, cela peut-il être efficace ? Dans la surface de l’instant, oui, comme certains ont voté pour Olivier Besancenot « parce qu’on voit bien qu’il ne ferait de mal à personne, il a une tête sympa » (je l’ai entendu), par exemple ; on vote parfois juste sous l’emprise d’une séduction (une auditrice, par téléphone, à la fin de l’émission, vibrait de l’impatience de savoir si le Premier ministre serait bien candidat à la présidentielle). Quand on réfléchit, non. Le pouvoir de la parole politique n’est pas alimenté que par la rhétorique : cette parole doit sonner juste, et pour cela les interlocuteurs doivent retrouver en elle leur propre image de la société.


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5 réactions à cet article    


  • (---.---.46.251) 10 octobre 2005 14:58

    Chère Marie Christine, journaliste indépendante lyonnaise, je travaille en tant que bénévole pour l’association i-citoyen (portail internet i-canut.com, i-lyon9.com, i-grandlyon.com) Nous réflechissons actuellement à un projet local ambitieux(je n’en dit pas plus) et nous aimerions vous rencontrer. Désolée de vous contacter par le biais d’agoravox mais je n’ai pas votre mail. Si vous souhaitez répondre positivement à notre invitation : [email protected] nos locaux sont au 14 rue pailleron 69004 Lyon Pascale Lagahe Marcel Rebolle


    • Steph (---.---.52.133) 10 octobre 2005 19:46

      Moi, jai voté besancenot en 2002 et je vais recommencer en 2007. Et j’en suis fier. Parce que je suis de gauche et que je veux changer de société.

      A+


      • marie-christine (---.---.254.17) 11 octobre 2005 00:21

        steph, le sujet n’était ni Besancenot, ni ses électeurs, mais l’influence sur certains électeurs de l’apparence physique, du comportement gestuel, de la manière de parler des candidats aux élections : n’importe quel candidat pouvait servir d’exemple... C’est vrai que mon choix n’est pas un fait du hasard quand même, le candidat de la LCR attire par sa personne des électeurs qui sont à mille kilomètres de ses idées : j’ai dit « des », pas tous, et pas la majorité certainement. Mais « des ».Il me semble possible que certains électeurs puissent voter pour lui sans avoir la moindre idée de son programme politique, et je crois que c’est moins net pour les autres responsables politiques.


        • Diogène (---.---.91.150) 11 octobre 2005 00:26

          A tout le moins,les propos de Villepin ont eu le mérite de nous changer de la sombre période raffarinienne faite de slogans creux et d’actes d’une rare violence sociale. La France est un pays colbertiste où rien de grand ne se fait sans l’impulsion première de l’Etat. Villepin incarne à la fois l’Etat et le souffle gaullien avec,certes, parfois des longueurs dans le propos. Quant à la question de savoir s’il « connaît » les problèmes des français,il n’est pas nécessaire de faire dans la familiarité pour « faire peuple ». L’intelligence dans la compréhension des problèmes n’implique pas forcément de prendre des postures popu...listes. La bonne posture politique nécessite aussi de la distance.


          • lerma michel (---.---.63.52) 14 octobre 2005 04:24

            Regardez la leçon de démocratie de Mr SCHRODER

            Voila un véritable courage politique qui voit l’interêt de son pays et qui ne cherche pss son petit interêt particulier comme Mr CHIRAC qui à nommé un vulgaire courtisan bonapartiste qui n’a aucune crédibilité politique car son chef Mr CHIRAC à tout perdu (les élections ! )

            Alors pourquoi cherhez à discuter sur un courtisan alors que l’on devrait exiger comme en allemagne des éléctions anticipées

            C’est ça la démocratie,le débat citoyen et républicain

            Et il faudrait attendre encore 18 mois d’une politique de destruction totale (économique et sociale) ?

            NON MERCI

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