Voeux du Président : pourquoi pas un coup de théâtre ? La démission du Président de la République le 31 décembre 2016
La démission du Président de la République le 31 décembre 2016 et l'annonce d'élections présidentielles 2017 anticipées ?
« Je suis parti ainsi sans très bien même me rappeler ce qui avait été sauvé du bazardage général »
Michel Déon, Un taxi mauve (1973)
Le grand mystère aura été que dans un pays comme la France, avec à sa tête l'homme politique probablement le plus terne, le plus pusillanime et le plus incompétent que le pays ait jamais eu -, M.F. Hollande ait pu échapper à un processus brutal d'éviction du pouvoir, qu'il s'agisse d'une insurrection populaire ou d'un coup d'Etat. L'explication est double, qui relève du légalisme d'un corps citoyen respectueux des institutions, sans doute, aussi bien que de son désintérêt pour la chose politique, jusqu'à un certain point, probablement.
On sait que le droit civil français prend en compte divers stades concernant l'effacement de la personne humaine dans la société, qui vont de la présomption d'absence à la constatation officielle de la disparition pure et simple, la mort civile demeurant un cas à part. Il en va de même dans la vie politique.
Le Président a aujourd'hui presque disparu, effacé, évanoui dans un brouillard politique dont il aura été à la fois l'artisan et, conséquence logique et inéluctable, la victime, faute par lui et par le "parti" qui l'a élu d'avoir tout simplement réfléchi à la nature comme à l'étendue des fonctions présidentielles et à la manière de les exercer.
Le 31 décembre au soir, dans l'anonymat du décor du petit salon Alexandre III de l'Elysée, un personnage viendra donc peut-être pour la dernière fois parler à ses concitoyens et leur présenter ses voeux pour l'année 2017. Peut-être tentera-t-il alors maladroitement, confusément, de justifier le bilan de son mandat, d'expliquer pour quelles raisons les actions qu'il aura mises en œuvre n'auront pas été immédiatement reconnues. Peut-être tentera-t-il encore devant son auditoire d'exprimer ses souhaits pour l'année 2017 à la Nation et à la France toute entière, comme à l'Europe, en dessinant un programme politique, économique et social idéal, propos qui seront alors immédiatement oblitérés par la musique finale de l'hymne national et dont les media rendront distraitement compte avant de les passer à la trappe dans l'attente des véritables douze coups de minuit annonçant l'année 2017.
Pendant ce temps-là, ailleurs, aux Etats-Unis par exemple ou encore en Russie, deux véritables chef d'Etat – l'un déjà amplement reconnu comme tel, l'autre dans l'attente de sa prise de fonctions officielle -, viendront chacun délivrer avec sûreté, fermeté et confiance dans l'avenir le compte-rendu de leurs actions passées et les perspectives de leurs actions futures tout en retrempant leurs légitimités politiques respectives acquise pour l'un et nouvelle pour l'autre, dans la confiance, pour l'un, d'un pays en mesure de constater, malgré de réelles difficultés, de véritables et tangibles transformations, et pour l'autre, dans un futur présenté comme riche d'actions positives.
Mais il est tout à fait possible aussi que quelque chose de différent se produise en France, à l'occasion de cette même cérémonie de vœux présidentiels.Le décor aura peut-être changé, une certaine solennité devenant perceptible, et, à 20 heures précises, élégamment habillé, sûr de lui, dans une très brève allocution, bouleversant un exercice convenu, complétant sa décision prise voici quelques semaines de ne pas se représenter comme candidat à l'élection présidentielle de 2017, le Président annoncera la démission de ses fonctions.
Nul doute alors que la décision sera d'importance et qu'elle sonnera comme un éclatant coup de gong par sa résonance tant nationale qu'internationale.
En agissant de la sorte M. Hollande remettra l'ensemble des compteurs politiques à zéro et apportera un bouleversement salutaire dans un ronronnement politique où toutes les cartes semblent déjà distribuées entre joueurs du même petit cercle habitués à se retrouver dans les lieux où le rituel est le même depuis des années, dans une glaciation identique à celle du formidable film intitulé Bunker Palace Hôtel où les réfugiés d'un gouvernement en perdition attendent, dans un improbable hôtel, au milieu de robots déglingués par la glaciation, la relève hypothétique d'un "Président" qui ne viendra plus (excellent J-L. Trintignant) et dont ils comprennent trop tard qu'il les a tout simplement abandonnés à leur destin de perdants.
Coup politique par excellence, ne manquant certainement pas de panache et manifestant pour la première fois – de manière officielle, cette fois-ci -, une prise de décision réellement politique, la démission du Président de la République ouvrira alors de réelles perspectives à la France comme à l'Europe.
« Il m'a semblé, écrit C. De Gaulle dans ses Discours et message, et il me semble qu'il est avant tout nécessaire de refaire la vieille Europe, de la refaire solidaire, notamment quant à sa reconstruction et à sa renaissance économique dont tout le reste dépens, de la refaire avec tous ceux qui, d'une part, voudront s'y prêter et, d'autre part, demeurent fidèles à cette conception du droit des gens et des individus d'où est sortie et sur laquelle repose notre civilisation ». (Charles de Gaulle.Discours et messages : Dans l'attente, février 1946-avril 1958)
Il en va de même pour la France. Il ne restera alors plus qu'au futur Président de faire sienne comme je le fais aujourd'hui la déclaration finale d'Andreï Makine dans son bel essai intitulé « Cette France que l'on oublie d'aimer » : « C'est ce pays-là qu'il vous faudra savoir aimer et défendre, M. le futur Président. La France ».
Alors, dans l'attente d'une hypothétique démission de M. Hollande qui supposerait de sa part, sait-on jamais ? au-delà de ses intérêts particuliers et des petits calculs combinards et partisans un véritable courage et une véritable vision politiques tout autant qu'un attachement aux intérêts fondamentaux de la France et de la nation toute entière, cessons de rêver, et à chacun d'entre-vous tous mes meilleurs vœux pour cette nouvelle année 2017 !
Puisse-t-elle vous apporter à chacun ce que vous pourrez souhaiter de meilleur et que 2016 aura peut-être tardé à vous et à nous offrir.
Références
- Charles de Gaulle. Discours et messages : Dans l'attente, février 1946-avril 1958
- Bunker Palace Hotel, Enki Bilal (1989)
http://www.dailymotion.com/video/x5dpfx_bunker-palace-hotel_shortfilms
http://www.senscritique.com/film/Bunker_Palace_Hotel/485042
- Andreï Makine, « Cette France que l'on oublie d'aimer », Flammarion (200-2009).
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