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Wall Street se retire de l’accord sur le nucléaire iranien

 Il est amusant d’observer l’ire des amis des États-Unis à propos de la décision attendue du retrait yankee de l’entente sur le nucléaire iranien signée en 2015 sous l’administration Obama...

 

Douche froide, les États-Unis se retirent de l’Accord sur le nucléaire iranien

Il est amusant d’observer l’ire des amis des États-Unis à propos de la décision attendue du retrait yankee de l’entente sur le nucléaire iranien signée en 2015 sous l’administration Obama entre les cinq puissances siégeant au Conseil de Sécurité plus l’Allemagne et le gouvernement iranien (1). Dans notre dernier ouvrage « La démocratie aux États-Unis – Les mascarades électorales » (2) nous expliquons que Donald Trump, le guignol de service élut par au moins trois factions du grand capital transnational : les cartels pétroliers ; l’industrie de l’armement ; et les banquiers ; a eu pour mission de réaligner l’Alliance Atlantique sur les rails des rendements croissant.

Ainsi, le 22 juillet 2015, le régime Obama avait laissé filer l’Iran, maillon faible de l’axe Pékin-Moscou-Téhéran, afin de concentrer les feux de l’Amérique contre la Russie, si bien que même battu aux présidentielles la clique Démocrate-Clinton-Obama poursuit ses attaques et tente de forcer le turbulent locataire de la Maison-Blanche à se réaligner contre la Russie détestée. Pourtant, le régime Trump, solidement adouber par les financiers, n’a pas lâché, et après une année tourmentée, est parvenu à ses fins – cibler Téhéran pour affaiblir Pékin – et redonner la main au clan américain. En récompense pour tant de résilience, le mercredi 9 mai, lendemain du retrait américain, Wall Street a fait cadeau d’un marché haussier de sept pour cent sur le prix du carburant, et ce n’est qu’un commencement (3). Sans compter le raffermissement des actifs boursiers des trusts pétroliers (4). Et tout ceci devrait consolider l’hégémonie du dollar sur les marchés mondialiser… à moins que les alliés refusent d’obtempérer.

Le clan des cartels manufacturiers désarçonné ; ceux des technologies de communication et des plateformes numériques déconfites, en sont quittent pour payer leur énergie à ce prix renchérit. Prière de ne pas pavoiser cependant, cette faction en ascension n’a pas joué son dernier pion (5). Et les « alliés » contrariés préparent leur réplique (6).

 

Un réalignement mondial

Le capitalisme américain, européen, et mondial n’est pas composé uniquement d’entreprises pétrolières ou d’armement, ni même de banquiers. Un arbitrage est donc nécessaire entre les différentes sphères du grand capital. Sous Obama ce sont les factions des nouvelles technologies de plateforme numérique et l’industrie manufacturière du Middle West (la Rust Belt) ainsi que le grand capital industriel d’Allemagne et de France (d’où l’immense popularité d’Obama parmi ces affidés) qui ont été privilégiées par le prix très bas des énergies (pétrole. Gaz, charbon, électricité). Quand Obama a signé l’entente avec l’Iran cela a entrainé une diminution des tensions dans la région du golfe Persique, l’isolement encore plus grand de l’État voyou israélien et, in fine, la chute du prix des énergies. Pire, Obama a été jusqu’à signer le COP21 de Paris créant des complications environnementales aux extracteurs de pétrole de schiste – aux constructeurs d’oléoducs et aux charbonniers du Kentucky qui ont besoin d’un prix de soixante-dix dollars le baril pour atteindre le profit. C’est ce dernier obstacle que Trump a mission de lever devant la rentabilité des pétroliers et des charbonniers (7).

 

De la guerre commerciale à la guerre militaire, à la guerre financière

Il ne faut pas se laisser berner par la propagande des médias à la solde du grand capital. Les forces sociales et politiques d’un camp comme de l’autre dissimulent leur rivalité commerciale et financière derrière des prétentions politiques et tactiques machiavéliques. Ainsi, le camp américano-occidental prétend craindre pour la « sécurité d’Israël », alors que c’est l’entité israélienne qui depuis sa création par la soi-disant « communauté internationale des grandes puissances » agresse – bombarde – occupe et mène la guerre à ses voisins, mettant ainsi sa sécurité et la sécurité de la région en danger. C’est la mission dévolue à cet État voyou, cette base militaire avancée de l’impérialisme au Proche-Orient, aujourd’hui devenu un protectorat encombrant pour l’Once Sam. À un autre moment, le camp occidental proclame la « nécessité » de démettre un chef d’État légitime que ses commettants ont élu démocratiquement jetant ce pays dans les bras du camp oriental. En d’autres temps, le camp d’Occident nucléarisé prétend empêcher un pays de se munir de la technologie nucléaire poussant ce belligérant dans le camp d’Orient. Les prétextes fallacieux s’additionnent qui ont pour vocation de dissimuler les objectifs véritables de ces agressions qui sont de permettre au capital occidental de se valoriser et de conquérir de nouveaux marchés aux dépens de ses concurrents. Cherchez le profit et vous trouverez le motif et les objectifs.

Pour atteindre la cible de profitabilité capitaliste, il n’est d’aucune utilité de démettre Bachar al Assad, de dénucléariser l’Iran, d’assassiner Kadhafi et Saddam Hussein, de détruire la Libye, la Syrie et le Yémen… ou de massacrer les enfants palestiniens désarmés alors pourquoi ces crimes de guerre répétés ? Parce que ce « chaos » voulu – cette insécurité entretenue – dans cette région en particulier, a pour conséquence d’augmenter le prix du baril et ainsi d’augmenter les taux de profit, sans compter la valeur boursière des actifs de ces compagnies et la consolidation du pétrodollar sur les marchés. C’est tout bénéfice pour les cartels énergétiques et les fabricants d’armements. Il n’est plus requis de contrôler les puits, pas plus que les oléoducs et les ports de transport des hydrocarbures, il suffit maintenant, dans une économie monétarisée et financiarisée de menacer les approvisionnements pour augmenter les rendements, c’est une conséquence de la mondialisation et de la financiarisation du mode de production capitaliste en phase impérialiste.

Voilà pourquoi les États-Unis peuvent se retirer d’Irak et laisser le pays aux mains de dirigeants pro-iraniens. Il en est de même de la Syrie contre laquelle les puissances occidentales agitent l’épouvantail du nationalisme kurde afin de maintenir l’insécurité alimentée par la Turquie. Cette simple menace nationaliste, que nombre de gauchistes applaudissent, relique des pseudo luttes de libération nationale bancales (8) suffit à créer cette insécurité bénéfique aux grands capitalistes. Aucun de ces groupuscules gauchisants ne s’interroge sur la condescendance des grandes puissances vis-à-vis le « peuple Kurde opprimée » - « petite main » du génocide arménien ! (9)  

Il faut comprendre que Donald Trump a été identifié, sélectionné puis porté au pouvoir afin de mettre fin à cette « folie » du pétrole à bon marché (la go-gauche écologique devrait être dithyrambique). D’autant plus que la hausse du prix des énergies non seulement avantage les multinationales des hydrocarbures, mais elle porte un coup dur à l’ennemi ultime des États-Unis – l’immense Chine capitaliste, l’atelier du monde libéraliser – devenu premier consommateur mondial d’énergie alors que les USA sont devenus les premiers producteurs d’hydrocarbures.

 

L’Iran et la Russie profitent aussi de la hausse du prix du baril !

L’Iran et la Russie « ennemis des États-Unis » profitent-ils de la hausse du prix du baril ? Oui et non, les entreprises de ces pays sont souvent des concurrents et parfois des partenaires d’affaires et s’en tirent plus ou moins bien. Ainsi, la multinationale Total vient de signer un gros contrat avec l’Iran, elle bénéficie d’une main de la hausse du prix des énergies et de l’autre elle se voit menacée par des mesures de rétorsion dont le blocage de ses transactions via l’organisme financier SWIFT (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication) ce qui explique qu’Emmanuel Macron pousse les hauts-cris contre son ami Donald (10). La chancelière allemande Angela Merkel, dont dix-mille entreprises font des affaires en Iran, l’a vite compris et elle appelle l’Union européenne à faire front uni et à « s’émanciper » de la tutelle américaine, une première dans les annales allemandes depuis la Seconde Guerre mondiale (11).

 

L’Alliance atlantique s’effrite

En menaçant de sanctions les entreprises de pays tiers ulcérés, quelques mois après leur avoir imposé des tarifs douaniers l’administration américaine menace l’économie de ces pays et force ses alliés à se désolidariser. C’est la conséquence la plus évidente de cette foucade américaine et les alliés historiques de l’impériale puissance déclinante prennent leur distance et brisent le front commun atlantique, ce qui n’atténue pas le risque d’un conflit généralisé mais l’accentue. L’animal blessé et isolé pourrait devenir aventurier et ce ne sont pas ses alliés israéliens et saoudiens qui vont l’en dissuader (12).

 

 

NOTES

 

1. http://www.les7duquebec.com/7-au-front/le-ralliement-de-liran-par-les-accords-sur-le-nucleaire/

2. Robert Bibeau (2018) La démocratie aux États-Unishttp://www.les7duquebec.com/7-au-front/la-democratie-aux-etats-unis-les-mascarades-electorales/

3. http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/iran-trump-fait-flamber-le-cours-du-petrole/ et http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/les-cours-du-petrole-au-plus-haut/

4. http://www.lesaffaires.com/bourse/revue-des-marches/bourse-des-gains-avec-le-petrole-et-les-banques/602548

5. L’industrie des plateformes numériques. http://www.les7duquebec.com/?s=plateforme

6. http://www.lemonde.fr/economie/article/2018/05/11/iran-les-entreprises-allemandes-denoncent-les-menaces-de-sanctions-americaines_5297544_3234.html et https://www.msn.com/fr-ca/actualites/monde/accord-sur-le-nucléaire-iranien-leurope-tiraillée-entre-washington-et-téhéran/ar-AAxd6MT?ocid=spartandhp

7. http://www.les7duquebec.com/7-au-front/trump-ne-se-trompe-pas-en-repudiant-lescroquerie-de-paris/

8. Robert Bibeau (2017) Question nationale et révolution prolétarienne sous l’impérialisme moderne. L’Harmattan. Paris. http://www.les7duquebec.com/7-au-front/question-nationale-et-revolution-proletarienne-2/

9. Le chauvinisme Kurde http://www.les7duquebec.com/?s=kurde

 10. « L’Iran a, en effet, passé commandes de cent Airbus pour 19 milliards de dollars et a signé un gigantesque contrat avec Total pour l’exploitation du champ South Pars. Or Trump a choisi la version la plus dure : interdire de nouveau à toute compagnie traitant avec Téhéran de faire du business aux Etats-Unis. Pour continuer à commercer sur le marché américain, Airbus et Total devront donc renoncer à ces deals juteux.

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/pourquoi-trump-a-rejete-l-accord-204231

11. « L’industrie allemande dénonce l’utilisation extraterritoriale de sanctions envisagées par les Etats-Unis, illégales au regard du droit international », a ajouté le président du BDI, en s’alarmant du fait que la pression du gouvernement américain sur les entreprises actives en Iran augmente considérablement, avec « des conséquences imprévisibles. Environ dix mille entreprises allemandes ont des relations commerciales avec l’Iran, dont des grands groupes comme Siemens, ou les constructeurs automobiles. » http://www.lemonde.fr/economie/article/2018/05/11/iran-les-entreprises-allemandes-denoncent-les-menaces-de-sanctions-americaines_5297544_3234.html

 

12. « L'armée israélienne a frappé dans la nuit de mercredi à jeudi des dizaines de cibles militaires iraniennes en Syrie en représailles à des tirs de roquettes attribués à l'Iran sur ses positions dans le Golan. Il y aurait près de 30 morts. » http://www.lucmichel.net/2018/02/25/luc-michels-geopolitical-daily-ou-va-israel-iii-le-golan-de-butin-de-guerre-annexe-a-enjeu-geostrategique/

 


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11 réactions à cet article    


  • keiser keiser 19 mai 2018 12:10

    " D’abord nous devons en finir avec les régimes terroristes, à commencer par les trois grands : Iran, Irak et Syrie. Puis nous nous occuperons de l’Arabie saoudite. … Nous ne voulons de stabilité ni en Irak, ni en Syrie, ni au Liban, ni en Iran ou en Arabie saoudite. Nous voulons que les choses changent. La question n’est pas de savoir s’il faut déstabiliser mais comment le faire. "The War against the Terror Masters (Guerre contre les maîtres de la terreur), Sept 2002, de Michael Ledeen, membre du groupe des néoconservateurs de Georges Bush.

    Bon article

    Cette politique est envisagée de puis un bon moment comme le montre cette citation.

    Elle s’affine juste aux grès des époques et des ordures aux manettes.

    Jamais les États-Unis ne lâcheront une miette de la galette.

    L’exemple de Kadhafi est significatif , on ne marche pas impunément sur les plates bandes américaines.

    La correspondance de l’ancienne secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a montré qu’en 2011, Mouammar Kadhafi possédait 143 tonnes d’or et 143 tonnes d’argent avec lesquels il souhaitait créer une nouvelle monnaie unique pour l’Afrique et fournir aux pays francophones africains << une alternative au Franc CFA et au pétro- dollar >>

    « L’or avait été rassemblé avant la révolte actuelle et devait être utilisé pour la création d’une monnaie panafricaine basée sur le dinar libyen », lit-on dans le courriel de l’ex-secrétaire d’Etat américain.



    • Robert Bibeau Robert Bibeau 19 mai 2018 20:42
      @keiser

      Excellente remarque sur Kadhafi notamment - il est vrai qu’il souhaitait créer une monnaie africaine ce qui lui couta la vie... 

      Robert Bibeau 



    • keiser keiser 19 mai 2018 20:57

      @Robert Bibeau


      Avec un petit zeste de Sarkozy pour finir le travail.
      L’affaire était jouée.

    • Pierre Sanders Pierre Sanders 19 mai 2018 21:11

      @keiser

      «  Mouammar Kadhafi possédait 143 tonnes d’or et 143 tonnes d’argent avec lesquels il souhaitait créer une nouvelle monnaie unique pour l’Afrique... »


      En gros, suivant les cours, ça doit faire dans les 7 milliards de dollars, plus ou moins le budget général du Cameroun.

      On va loin avec ça... 

    • keiser keiser 19 mai 2018 21:34


      En gros, suivant les cours, ça doit faire dans les 7 milliards de dollars, plus ou moins le budget général du Cameroun.On va loin avec ça...

      Apparemment, ils sont allés tellement loin ...
      On ne les a jamais retrouvé. smiley

    • Paul Leleu 20 mai 2018 01:14

      @keiser


      en 2004, Sarkozy (après un « voyage » à Washington) vendait 600 tonnes d’or de la Banque de France, soit 20% de notre stock. Donc la France possédait 3 000 tonnes d’or en propre. 

      Aujourd’hui, la Chine avec 23 000 milliards de PIB et 1,5 milliard d’habitants peine à imposer sa monaie au niveau international. C’est l’armée américaine, et la domination technologique et culturelle des USA, qui assurent le Dollar. 

      Je comprends que Khadafi (qui n’était pas un joyeux drille par ailleurs) a été liquidé pour d’obscures raisons... mais il ne faut peut-être par surévaluer ce qu’il faisait, prétendait ou pouvait faire avec ses 140 tonnes d’or, ses 6 millions d’habitants et sa petite armée. 

      Khadafi jouait surtout perso... il aurait par exemple été impliqué dans l’assassinat de Thomas Sankara.... son côté « indépendant » a pu lui jouer des tours, mais il ne faut pas construire une légende humanitaire à son sujet... Sankara a été liquidé en 4 ans, deux mois après son fameux discours sur la dette à Addis-Abbeba https://www.youtube.com/watch?v=WFaUaatu8T8 

    • keiser keiser 20 mai 2018 11:07

      @Paul Leleu


      Inutile de m’impliquer dans votre interprétation.
      Je vous demanderais donc de ne pas me faire dire ce que je ne dis pas.


    • Robert Bibeau Robert Bibeau 20 mai 2018 17:49
      @Paul Leleu

      J’aime bien votre franc et solide réalisme à propos de Kadhafi et des magoulllages africaines 

      Bravo 




    • zygzornifle zygzornifle 20 mai 2018 10:08

      On s’en fiche on à Macron maître de l’univers qui lui ne se retire pas , alors Trump a intérêt a faire gaffe ....


      • Matlemat Matlemat 20 mai 2018 13:07

        Les américains ont-ils demandés à leurs entreprises, dont Boeing, de déchirer leurs contrats avec l’Iran ?


        • Robert Bibeau Robert Bibeau 20 mai 2018 17:45
          @Matlemat
          La réponse à votre question légitime et pertinente est NON 

          Du bout des lèvres pour enfumer la galerie mais dans les antichambres les commandes iraniennes seront honorées ce qui rend AIRBUS fou de rage 

          Je l’ai écrit les USA frappent leurs alliés pensant avaler toute la bouchée mais les alliés européens ont leur propre plan de match et l’alliance atlantique s’étrique 


           

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