Yann Moix condamné en appel pour diffamation envers Renaud Camus
L’Ecrivain réalisateur et chroniqueur de télévision Yann Moix a été condamné en appel ce mercredi 13 Mars. L’homme avait qualifié l’Ecrivain d’extrême droite Renaud Camus, d’ « assez antisémite ».
« Misanthrope et assez antisémite »
Les faits ont eu lieu le samedi 3 juin 2017 sur France 2. Au plateau de l’émission télévisée « On n’est pas couché » dans laquelle Yann Moix officie à l’époque, le présentateur Laurent Ruquier reçoit Charles Consigny. L’écrivain et également chroniqueur de télévision, débat pour la sortie de son œuvre littéraire : « Je m’évade, je m’explique ». Dans son livre, l’auteur consacrait des pages à Renaud Camus, théoricien du "grand remplacement" (par l'immigration) qui menace selon lui la civilisation française. Une approche en des termes trop élogieux selon Yann Moix. Il avait même qualifié l’homme de 72 ans, fondateur du parti de l’In’nocence de « mauvais écrivain » et avait ajouté que ses idées étaient celles reprises par le Front National.
Yann Moix avait déclaré que Renaud Camus était « un petit peu misanthrope, assez antisémite ». Charles Consigny avait soutenu le contraire, affirmant qu'il faisait très bien la distinction entre l'écrivain et l'homme, avec lequel il ne partageait pas forcément les mêmes idées politiques. « Est-ce qu’on est dans la provocation ou est-ce-que vous aimez vraiment Renaud Camus ? » avait rétorqué Yann Moix (…) On va y revenir, en tous cas, il est raciste » avait-il insisté sans détours."
Cette discussion animée n’avait apparemment pas été du goût de Renaud Camus puisqu’il avait porté plainte pour diffamation en réclamant 30.000 euros de dommages et intérêts de la part de Mr Moix. A la barre, il explique qu’il s’agit pour lui d’une résurgence de l’« affaire Camus » qui s’était déclenchée au printemps de l’année 2000. Renaud Camus avait provoqué de nombreux articles de presse, des pétitions puis finalement conduit au retrait des ventes de son livre « La campagne de France ». Dans ce journal précédemment paru en 1994, il avait écrit s'étonner du trop grand nombre de collaborateurs juifs dans une émission de France Culture : « Les collaborateurs juifs du Panorama de France Culture exagèrent un peu tout de même : d’une part ils sont à peu près quatre sur cinq à chaque émission (…) d’autre part, ils font en sorte qu’une émission par semaine au moins soit consacrée à la culture juive, à la religion juive, à des écrivains juifs. ».
Renaud Camus se désole devant les magistrats comme le cite Le point : « Je suis victime depuis des années d'une sorte de légende urbaine qui s'attache à mon nom au sujet de l'antisémitisme ».
Yann Moix, avait argumenté pour sa défense avec un tweet du plaignant où ce dernier déclarait : « le génocide des juifs était sans doute plus criminel mais paraît tout de même un peu petit bras auprès du remplacisme global ».
Aussi, L’avocat de la défense avait relevé que les propos de son client ne constituaient qu’une opinion. Le tribunal l’avait alors relaxé en juillet 2018, estimant que les propos litigieux n'étaient pas suffisamment précis pour constituer une diffamation et qu’ils auraient dus être poursuivis sous fondements d’injures.
1000 euros de dommages et intérêts
Alors qu’il avait été relaxé, Yann Moix a été condamné ce mercredi 13 mars par la cour d'appel de Paris. A la différence du tribunal correctionnel, elle a jugé qu'il n'y avait « aucune imprécision de la citation » visée de Yann Moix. Elle a donc estimé que « l'imputation d'antisémitisme était suffisamment précise » et que la preuve apportée était « suffisante en l'état ». L’arrêt indique selon 20 minutes.fr que : "Même si l'antisémitisme est une des formes du racisme envisagé dans un sens général, cette unique condamnation pénale pour un propos tenu en 2010, ne peut caractériser l'antisémitisme imputé à la partie civile".
Yann Moix devra verser à l’écrivain et militant politique, 1000 euros de dommages et intérêts. Il devra aussi s'acquitter de 2000 euros de frais de procédure. Dans le Figaro, L'avocat de Mr Renaud, Maître Stéphane Bonichot, s’est réjoui de cette "décision importante" pour son client, qui "a toujours expliqué qu'il avait des positions particulières sur différents sujets, mais qu'il n'était pas antisémite".
C’est une victoire pour Renaud Camus qui avait été condamné en appel en 2015 à 4.000 euros d'amende pour provocation à la haine ou à la violence contre les musulmans. Il a réagi sur twitter en publiant : « Vingt ans d'une légende urbaine totalement absurde sont effacés ».
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