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« L’Acte inconnu » de Valère Novarina au théâtre de la Colline

En passant de la cour d’honneur d’Avignon au théâtre de la Colline, le plateau se rétrécissait de moitié, gagnant en intimité là où l’espace extérieur fut alors un gage d’ouverture.

Entre ces deux pôles, une retransmission télévisée en direct assura, dès le début du Festival, la médiatisation de cette nouvelle création de Valère Novarina, faisant de L’Acte inconnu l’événement théâtral de l’été 2007.

Il s’avère que de l’image vidéo aux corps en chair et en os des comédiens, la continuité est effectivement stimulante, car entrer en Novalangue, ce serait décider de faire table rase de toutes les connaissances humaines notamment psychologiques, afin de déconstruire le langage vers sa métamorphose rédemptrice.

Accepter l’enjeu, c’est livrer le regard et l’ouïe à une attention latente sans comprendre nécessairement sur l’instant présent tout le remue-ménage qui s’opère en son for intérieur de spectateur passant du stade médusé au rire jaillissant à l’insu de tous les codes normatifs.

Au jeu de la famille recomposée, le déséquilibriste (Léopold von Verschuer), le coureur de hop (Manuel Le Lièvre), le bonhomme nihil (Michel Baudinat), le chanteur en catastrophe (Olivier Martin-Salvan), la dame de pique (Myrto Procopiou), la femme spirale (Agnès Sourdillon), le chantre 1 (Véronique Vella), le chantre 2 (Valérie Vinci), l’homme nu (Jean-Yves Michaux), l’esprit (Christian Paccoud), l’ouvrier du drame (Richard Pierre), Jean qui corde (Dominique Parent) & Raymond de la matière (Dominique Pinon) tourneboulent l’histoire de l’être humain, de son rapport à Dieu, au monde, à l’autre, à lui-même au point de lui faire oublier la contingence.

Soulagé ainsi du poids des contraintes idéologiques, l’entendement en orbite philosophique se régale de l’interprétation physique des acteurs qui accomplissent une véritable oeuvre d’art sculpturale autour des phrases qui fusent en des "jeux de maux" hilarants parce que paradoxaux.

La mise en scène de l’auteur épouse un flux dynamique que les cent quarante minutes de représentation ne peuvent épuiser, tant la jubilation s’empare de la force vibratoire d’une équipe se relayant en cadence, aux commandes de l’objet théâtral non identifiable.

Alors si le concept de Dieu est effectivement cet anagramme approximatif de "Vide" qui s’emploie tel un trou noir à aspirer la pensée autant que la matière, Valère Novarina aura réussi à poétiser le réel faisant de la Novalangue cet espéranto des planches qui acte la métaphore ludique d’un salut universel.

Photo © Olivier Marchetti

L’ACTE INCONNU - *** Theothea.com - de & mise en scène : Valère Novarina - avec Dominique Pinon, Véronique Vella, Agnès Sourdillon... - Théâtre de la Colline -


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2 réactions à cet article    


  • Alexe 28 septembre 2007 07:06

    Comme le dit fort justement Pierre Jourde (in « La Littérature sans estomac ») Valère Novarina est illisible. Je le sais, j’ai essayé. Avec une petite expérience de jeu et de mise en scène à mon actif, manifestement pas assez prononcée pour comprendre, je n’ai absolument rien saisi à ce qui fait l’originalité profonde de sa plume. Jusqu’au jour où, surprise, je tombe sur une de ses pièces, ce fameux « Acte inconnu » je crois, en rediffusion sur Arte. Je prends la pièce en cours de route, et, vu l’heure indue à laquelle tout ceci se passait, je m’endors avant la fin. J’ai donc environ 20 à 30 mn de Novarina joué, à la télé, à mon actif. Eh bien figurez-vous que ces quelques instants sont impérissables. Novarina écrit un théâtre contemporain vivant et enjoué, critique et déjanté, une espèce d’OVNI littéraire et théâtral à recommander absolument. J’ai envie d’en envoyer à tout le monde puisque j’ai le chic pour envoyer des livres à mes amis, mais je crois malheureusement qu’il n’est pas sorti en poche et surtout je reste sur l’impression de bouillie verbale que j’avais ressentie en le lisant. Il faudrait donc que j’innove et envoie à l’avenir des billet de spectacle, histoire de pousser mes proches à aller voir ce qui se fait de plus original et dingue en ce moment, à savoir un bon Novarina de derrière les fagots. Mais en attendant je vous laisse, je cours en librairie feuilleter sa production histoire d’y voir un peu plus clair dans cette affaire.


    • Gracian Gracian 30 septembre 2007 20:03

      Alexe, je vous recommande « Le Discours aux animaux » qui a été édité au début des années 80.

      Mais il faut surtout l’écouter. C’est une langue dont la poèsie (et la drôlerie) se déploie surtout dans le langage, à l’écoute des mots. Je crois qu’il y a eu un DVD.

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