Je ne suis pas plus raciste que vous, mais il faut comprendre que fondamentalement, le racisme est une tendance universelle pour défendre son groupe d’appartenance ; elle est une part de l’animalité qui est encore en nous. En outre, il ne faut pas confondre racisme (hiérarchie des races) et antipathie pour un groupe humain (race, culture, nation, religion,...).
Claude Levi-Strauss exprime très bien ce point de vu dans son ouvrage « Le regard éloigné », 1983 :
« […] je m’insurge contre l’abus de langage par lequel, de plus en
plus, on en vient à confondre le racisme défini au sens strict et
des attitudes normales, légitimes même, et en tout cas inévitables.
Le racisme est une doctrine qui prétend voir dans les caractères
intellectuels et moraux attribués à un ensemble d’individus, de
quelque façon qu’on le définisse, l’effet nécessaire d’un commun
patrimoine génétique. On ne saurait ranger sous la même rubrique, ou
imputer automatiquement au même préjugé l’attitude d’individus ou de
groupes que leur fidélité à certaines valeurs rend partiellement ou
totalement insensibles à d’autres valeurs. Il n’est nullement
coupable de placer une manière de vivre et de penser au-dessus de
toutes les autres, et d’éprouver peu d’attirance envers tels ou tels
dont le genre de vie, respectable en lui-même, s’éloigne par trop de
celui auquel on est traditionnellement attaché. Cette
incommunicabilité relative n’autorise certes pas à opprimer ou
détruire les valeurs qu’on rejette ou leurs représentants, mais,
maintenue dans ces limites, elle n’a rien de révoltant. Elle peut
même représenter le prix à payer pour que les systèmes de valeurs de
chaque famille spirituelle ou de chaque communauté se conservent, et
trouvent dans leur propre fonds les ressources nécessaires à leur
renouvellement. »
J’ai bien apprécié votre article « Dieudonné et les antisémites » et partage l’essentiel de vos idées. Une remarque cependant, vous n’abordez pas la question fondamentale : qu’est-ce qu’un juif ? Ce n’est pas une race puisque nombreux sont des convertis ; ce n’est pas un peuple puisqu’il n’y a ni langue commune, ni culture commune, ni même religion commune (bon nombre de juifs se disent laïques où athées)... L’État d’Israël lui même a du mal à reconnaitre les siens (cf.Olivier Roy L’aube des religions globalisées) et sa définition du juif n’est pas celle de Jean-Paul Sarte (cf. Réflexions sur la question juive), par exemple. Bref, l’antisémitisme a ceci de particulier : il beaucoup de mal à identifier son objet. Pourquoi ? Le terme est en tout cas aujourd’hui un instrument de lutte idéologique et politique utilisé par les sionistes pour manipuler l’opinion au profit d’Israël.
L’affaire Dieudonné, montée de toute pièce par un pouvoir aux abois, aura été, pour moi aussi, à l’origine du retournement complet de ma position politique.
Le pouvoir, par un tour de passe-passe inique et liberticide, nous a montré le vrai visage du socialisme français actuel.