Il faut que je précise ma pensée sur un aspect des choses sur lequel je ne me suis pas étendu dans ce billet : est-il légitime d’interdire l’accès de la jeunesse à de tels contenus ? Si oui, comment faire ? La manière utilisée par Second Life est-elle la bonne ?
La loi française est claire et elle interdit que des images pornographiques soient visibles par des mineurs. Mais chacun voit bien que cette interdiction est toute théorique, et qu’elle largement contournée, voire ignorée, aussi bien dans la « vraie vie » que sur internet.
Ce n’est vraiment pas dans Second Life que l’on trouve le plus facilement et le plus massivement de la pornographie en quasi-libre accès. Une série de mots-clés bien choisie permet dans Google de trouver tout ce que l’on cherche bien plus facilement : pas besoin de s’inscrire, de télécharger un logiciel, d’apprendre à l’utiliser, puis de partir en exploration dans un gigantesque univers virtuel, comme c’est le cas pour Second Life...
Mais il est plus simple et plus « payant » médiatiquement pour Familles de France de s’attaquer à cette cible. On n’aura absolument pas réglé le problème que l’on dénonce (une goutte d’eau dans l’océan), mais on aura fait parlé de soi. C’est très réussi d’ailleurs.
S’attaquer à Google serait une autre paire de manche. L’outil est tellement utilisé pour d’autres usages, et il est devenu à ce point indispensable au bon fonctionnement d’internet en général, que la simplification à laquelle se livre Familles de France (la solution est d’interdire l’accès au site), apparaitrait comme irréaliste, voire totalement à côté de la plaque.
Voilà le principal reproche que je fais à Famille de France sur la forme : sans discuter (pour le moment) le motif de l’action, le choix de la cible et la solution suggérée, n’ont aucune efficacité et témoignent d’une profonde méconnaissance d’internet.
En poursuivant sur la question de la forme, on arrive tout de même au fond : les lois sur la protection des mineurs, et les lois sur la liberté d’expression en général, ont été forgées pour la presse et l’édition. Elles se révèlent fort difficiles à étendre, ou à adapter, à internet.
Cela devrait conduire à une profonde réflexion sur la fin et les moyens, ce que se garde bien de faire Famille de France. Interdire la diffusion sur internet se révèle extrêmement difficile. On peut au mieux la rendre difficile, poser des obstacles, mais guère plus sauf à mettre en place un système de censure fantastique, à la chinoise, ce qui remet en cause fondamentalement la liberté d’expression elle-même. Ça s’appelle jeter le bébé avec l’eau du bain !
Les pistes qui sont opposées à Familles de France me semblent bien plus prometteuses, en terme d’efficacité : l’éducation des enfants (dans la famille, comme à l’école, à la télé, sur internet, etc.) et les logiciels de contrôle parental.
Enfin, pour parler directement du fond, le principe même d’interdiction absolue que des mineurs soient mis en présence des messages et des images, dont on craint qu’ils leurs soient nuisibles, est-il une bonne méthode d’éducation ? Familles de France se retranche derrière la loi pour ne pas poser ce problème, puisque la loi relève en réalité de la même philosophie que celle de l’association.
L’objectif est ainsi de former une bulle autour des enfants, de les maintenir dans un univers artificiel, créé pour eux, expurgé de tous les messages considérés comme nocifs, une sorte de petit paradis originel de l’enfance...
Est-il besoin de préciser qu’à mon sens ce paradis originel de l’enfance est un pur fantasme ! Et que cela aboutit exactement au contraire de ce que l’on recherchait : rendre ces messages désirables par le fait même qu’ils sont interdits, les sacraliser en en faisant des tabous... et donc encourager les adolescents à se lancer à leur recherche !
Là encore, la seule solution efficace, à mon sens, pour tenter d’éviter que ces messages n’aient des effets néfastes sur les enfants, c’est encore et toujours l’éducation et le dialogue entre les parents et leurs enfants. Et sûrement pas de placer des interdictions arbitraires, qui donnent bonne conscience, mais n’ont à peu prés aucune efficacité.
Au delà du côté palmarès et cocorico personnel , le début d’analyse statistique est intéressant, mais il faudrait aller plus loin, à mon avis :
- Quelle est la part de ces 24 rédacteurs de plus de 50 articles, dans l’ensemble de la production d’Agoravox ? Comment se repartit la production d’ensemble : de manière équilibrée ou pas ? Un petit groupe assure-t-il une part majeure de la production, ou bien l’essentiel de la production est-il assuré par un grand nombre de rédacteurs qui écrivent peu ? Les rédacteurs sont-il fidèles, et produisent-ils sur la durée, ou bien ponctuels, ou encore occasionnels ?
- L’aide des administrateurs d’Agoravox est indispensable pour réaliser ce bilan. Carlo Revelli, vous nous écoutez ?
Il serait utile de compléter cette étude par un bilan de l’audience d’Agoravox : combien de lecteurs (réguliers, occasionnels) ? Le lectorat se repartit-il de manière équilibrée sur les articles, ou bien est-il concentré sur un petit nombre d’entre eux ?
Et les commentaires : combien ? concentrés sur quelques articles, ou pas ? rédigés plutôt par des rédacteurs d’articles, ou bien par des lecteurs qui ne proposent pas d’articles ? Quelle part des lecteurs ne commente jamais ?
Bonjour,
Vous me faites-là un bien mauvais procès, me semble-t-il. « Les allégations de Familles de France (...) sont confirmées, du bout des lèvres, par l’auteur de l’article » écrivez-vous. Il me semble que je les confirme pourtant de manière claire et nette. Y compris, si je n’avais pas été assez précis, la présence de jeux d’argents et de publicité pour l’alcool. En revanche, la scatologie et la zoophilie, je n’ai pas eu l’occasion de vérifier cela par moi-même Mais je vous encourage à vous en charger vous-même, pour notre bonne information commune...
Votre reproche va donc à celui qui confirme « du bout des lèvres », et vous n’avez pas un mot pour ceux qui avaient diffusé cette information précédemment en restant sur ce sujet totalement « bouche cousue » ?
Et pour répondre à votre question, je ne suis porte-parole que de moi-même
Merci de vos commentaires
Mon propos, en effet, n’est pas seulement d’évoquer cette « affaire », mais aussi la manière dont elle est traitée par la presse.
Je note que personne ici ne relève qu’aucun des sites d’information professionnels qui ont relayé cette affaire les premiers ne fait état de la moindre vérification des allégations de Familles de France. Est-ce qu’un journaliste ne devrait pas commencer par là ?