Euronext : une grande réalisation française
Vous entendez fréquemment parler d’Euronext ces temps derniers, pour cause de consolidation des sociétés de Bourse en Europe. Historiquement, chaque pays européen avait sa bourse, la plus importante étant le Stock Exchange de Londres, et celle de Paris étant assez loin derrière. Au point que, en cas de consolidation des Bourses européennes, celle de Paris aurait sans doute fait partie de celles appellées à disparaître.
Puis survinrent les fondateurs d’Euronext, qui eurent l’idée de profiter de l’émergence de l’informatique pour développer un système de Bourse totalement informatisée et basée sur un concept fédéraliste. Le système et le concept plurent, au point que les Bourses d’Amsterdam et de Bruxelles adoptèrent le système Euronext, suivies un peu plus tard par celle de Lisbonne, et par le marché des produits dérivés de Londres, le Liffe. Pensez simplement à la modestie et à l’absence d’arrogance qu’il faut avoir, étant Français, pour développer un système fédéral de ce type et accepter d’autres partenaires européens sous la marque ombrelle Euronext.
L’heure vint plus tard des grandes manoeuvres de consolidation entre les grandes Bourses européennes d’abord, puis mondiales.Car les entreprises de Bourse sont des entreprises comme les autres, qui offrent/vendent des services informatiques à des clients attentifs à leur coût. La redistribution des cartes a démarré avec la Deutsche Börse qui a voulu racheter le Stock Exchange de Londres, puis Euronext qui s’est intéressé aussi à la Bourse de Londres, jusqu’à ce que les Bourses américaines s’intéressent à la situation européenne avec le Nasdaq qui vient de prendre une participation importante et très chère dans le London Stock Exchange.
Entre-temps et sous la pression des fonds d’investissements sur leur capital, la Deutsche Börse et Euronext ont étudié un projet de rapprochement entre elles. Sans succès, car les modèles de fonctionnement sont très éloignés l’un de l’autre. La Deutsche Börse est en effet une société intégrée verticalement qui comprend les activités de ventes/achats mais aussi les activités d’après marché (paiement et livraisons des achats) par l’intermédiaire de sa filiale de compensation Clearstream, dont vous entendez beaucoup (trop) parler en ce moment, alors qu’Euronext ne pratique que les activités d’achats/ventes et laisse à ses clients le soin de traiter les activités de compensation à leur guise avec le partenaire de leur choix...
Aux US, il existe également une grande compétition entre les deux Bourses newyorkaises, le NYSE (New York stock exchange) en d’autres termes Wall Street, et le NASDAQ, la Bourse des valeurs technologiques. Le NASDAQ s’est déjà positionné en prenant une participation de 25% dans le London Stock Exchange. Le NYSE s’est subitement aperçu que sa plate-forme technique était dépassée alors que celle d’Euronext était au contraire tout à fait performante.
Résultat des courses. On s’oriente d’un côté vers une alliance Nyse/Euronext (Paris, Bruxelles,Amsterdam, Lisbonne, Liffe), une autre entre Nasdaq et le London Stock Exchange et un laissé-pour-compte en quelque sorte, la Deutsche Börse, qui, nul doute, va chercher une autre voie (Asie ?) pour grandir.
Si le NYSE s’est intéressé à Euronext, c’est à cause de l’efficacité de son système de gestion qui est sans commune mesure avec le caractère désuet des méthodes de Wall Street, et de la modernité de son concept fédéraliste. Les chiffres d’affaires, le nombre de sociétés cotées et celui des transactions gérées sont forcément en faveur du New York Stock Exchnage, mais le leadership technique et conceptuel est définitivement pour Euronext.
Et voilà comment la Bourse de Paris, qui aurait pu disparaître, va devenir la première place boursière du monde.
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