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Accueil du site > Actualités > Citoyenneté > Boualem Sansal, un nouveau capitaine Dreyfus ?

Boualem Sansal, un nouveau capitaine Dreyfus ?

« Je souhaite vivement qu’après ce jugement, il puisse y avoir des décisions claires, je dirais humaines et humanitaires par les plus hautes autorités algériennes, pour pouvoir lui redonner sa liberté et lui permettre de redevenir à la fois un homme libre et de se soigner parce qu’il combat aussi la maladie. Et je sais pouvoir compter sur à la fois le bon sens et l’humanité des autorités algériennes pour prendre une telle décision, en tout cas, je l’espère fortement. » (Emmanuel Macron, le 27 mars 2025 à l'Élysée).

La réaction du Président de la République française Emmanuel Macron, interrogé lors de sa conférence de presse à l'issue de la rencontre de 31 pays sur l'Ukraine, a montré un entier soutien à son compatriote incarcéré à Alger depuis plus de quatre mois, mais également une élégante retenue diplomatique malgré le révoltant verdict.

En effet, c'est dans la matinée, ce jeudi 27 mars 2025, que le tribunal correctionnel de Dar El Beida, à Alger, a notifié à l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal sa condamnation à cinq ans de prison ferme et environ 3 500 euros d'amende pour atteinte à l'intégrité du territoire. Il n'a pourtant pas utilisé de char d'assaut, ni d'autres armes, mais seulement de mots.

C'est une véritable honte pour l'Algérie et pour la raison ! Boualem Sansal a 75 ans et est très malade, il n'est pas soigné depuis qu'il a été arrêté le 16 novembre 2024 à Alger par la police algérienne et a besoin d'un traitement médical (il a un cancer et selon les autorités algériennes, l'écrivain aurait été médicalement pris en charge). Il a été placé sous mandat de dépôt le 26 novembre 2024 en vertu de l'article 87 bis du code pénal algérien pour atteintes à la sûreté de l'État (rien que cela !). Son avocat n'a toujours pas reçu de visa pour pouvoir le défendre dans un pseudo-procès qui a commencé le 13 mars 2025.

 

Que lui reproche-t-on ? Des propos, simplement des propos qui, selon lui, relèvent seulement de la liberté d'expression. On lui a reproché ses propos livrés au média "Frontières" (supposé d'extrême droite) : « Quand la France a colonisé l'Algérie, toute la partie ouest de l'Algérie faisait partie du Maroc : Tlemcen, Oran et même jusqu'à Mascara. Toute cette région faisait partie du royaume. ». Faute d'avocat, c'est lui-même, avec le talent qu'on lui connaît, qui s'est défendu.
 

Le 11 décembre 2024, la chambre d'accusation a rejeté une demande de liberté. Le 20 mars 2025, le parquet a fait un réquisitoire impitoyable contre l'écrivain, réclamant dix ans de prison ferme et près de 6 900 euros d'amende (je rappelle qu'il est très malade et a 75 ans).
 

Le 25 mars 2025 à Paris s'est tenue une grande manifestation de soutien à Boualem Sansal avant l'énoncé du jugement, à laquelle ont participé de nombreuses personnalités, notamment Gérard Larcher, Yaël Braun-Pivet, Gabriel Attal, Alain Finkielkraut, Élisabeth Badinter, etc. Un des comités de soutien qui avait organisé ce grand rassemblement de soutien expliquait la veille, dans un communiqué : « Il appartient à toutes et à tous, citoyens engagés, militants des droits humains, amoureux de la liberté et acteurs culturels, de contrarier ce funeste dessein (…). Il est devenu, bien malgré lui, l’otage de cette relation devenue tourmentée entre Paris et Alger. ».

Il faut rappeler que Boualem Sansal a aussi la nationalité française et son incarcération est donc aussi un problème français. Le Président Emmanuel Macron a donc vivement réagi à l'annonce du jugement et a voulu croire à une résolution du problème par une démarche du Président algérien Abdelmadjib Tebboune.
 

Depuis l'annonce du soutien de la France au Maroc sur le Sahara occidental, le 31 juillet 2024, l'Algérie se livre à une guerre psychologique contre la France, en multipliant les polémiques, dont la principale est le refus d'accueillir des personnes algériennes ou franco-algériennes qui ont été condamnées en France et expulsées de France, sous OQTF (obligation de quitter le territoire français), ce qui a mis en première ligne le Ministre d'État, Ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau qui n'est pourtant pas aux Affaires étrangères.

Guerre de déclarations aussi, avec le Président algérien qui a considéré le 29 décembre 2024 que Boualem Sansal était un « imposteur envoyé par la France ». Le Parlement Européen a voté le 23 janvier 2025 une résolution avec une large majorité pour demander la libération immédiate de l'écrivain (les élus insoumis, révélant leur hideux visage, ont voté contre cette résolution ou se sont abstenus pour dénoncer la tentative de récupération politique de l'arrestation de Boualem Sansal).

 

Emmanuel Macron n'a jamais voulu envenimé la situation et a toujours voulu séparer le sort de Boualem Sansal, qui relève du droit humanitaire, du dossier des personnes algériennes expulsées de France et refusées par le gouvernement algérien malgré les accords entre Paris et Alger. Le Président français ainsi que le Ministre de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot sont donc devenus les interlocuteurs privilégiés des autorités algériennes.

L'emprisonnement de Boualem Sansal, désormais justifié par un procès bâclé, sans droit à la défense, sans public, est un scandale humanitaire, une injustice flagrante et un attentat contre la raison. Il est l'otage politique d'un pouvoir antifrançais incapable de gérer correctement ses relations internationales. Au lieu de s'en prendre à l'Europe le 14 février 2025 à Munich, le Vice-Président américain J. D. Vance aurait été mieux inspiré en critiquant la conception de la liberté d'expression en Algérie.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (27 mars 2025)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Boualem Sansal, un nouveau capitaine Dreyfus ?
Boualem Sansal.
Le massacre d’Oran, 60 ans plus tard…
José Gonzalez.
Reconnaissance par Emmanuel Macron le 26 janvier 2022 de deux massacres commis en 1962 en Algérie (Alger et Oran).
Pierre Vidal-Naquet.
Jean Lacouture.
Edmond Michelet.
Jacques Soustelle.
Albert Camus.
Abdelaziz Bouteflika en 2021.
Le fantôme d’El Mouradia.
Louis Joxe et les Harkis.
Chadli Bendjedid.
Disparition de Chadli Benjedid.
Hocine Aït Ahmed.
Ahmed Ben Bella.
Josette Audin.
Michel Audin.
Déclaration d’Emmanuel Macron sur Maurice Audin (13 septembre 2018).
François Mitterrand et l'Algérie.
Hervé Gourdel.
Mohamed Boudiaf.
Vidéo : dernières paroles de Boudiaf le 29 juin 1992.
Rapport officiel sur l’assassinat de Boudiaf (texte intégral).
Abdelaziz Bouteflika en 2009.


 

 


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13 réactions à cet article    


  • Gégène Gégène 28 mars 17:26

    Quand on voit que le comité de soutien est composé de G.Larcher,

    Y.Braun-Pivet, G.Attal, etc, ça donne pas envie de le soutenir !

    Vraiment pas smiley


    • Seth 28 mars 18:22

      @Gégène

      Un keum fleurant l’extrême droite, faut les comprendre.  smiley


    • jacques 28 mars 18:49

      Avant cette « médiatisation » de l’homme je n’en avais jamais entendu parler.


      • anaphore anaphore 28 mars 20:21

        A ce niveau tu peux plus rien faire pour lui .... autrement il travaille pour les services mossad/dgsi/cia.... ou il est juste con, mais ce n’est pas contradictoire *

        Le vampire de la Nouvelle-Orléans : Jacques Saint-Germain, entre mythe et réalité

        Evidemment Guieppe ne pouvait pas ne pas tremper dans cette merde, il adore passer pour un crétin définitif..... un sodomite ( pas sodomiste quelle horreur ) et donc ’ entretien avec un vampire ’ l’histoire de deux pédales’ qui s’enculent entre deux sucettes .... qui une grosse bite, qui deux grosses incisives ......l’important c’est de ne pas se rayer le calibre !


        • AmonBra AmonBra 28 mars 21:33

          La justice algérienne a tranché conformément à ses lois, sans toutefois suivre la réquisition du procureur : Cinq ans de prison ferme et 500 000 dinars d’amende,(3464,73 €) mais dans le forfait est compris un bonus, a savoir un suivi médical gratuit et de haut niveau par les meilleurs médecins d’Algérie !

          Le dossier du prétendu algérien, mais véritable sayan, B. Sansal est donc juridiquement clos, de manière satisfaisante pour l’opinion publique algérienne, que certains considèrent, vieille habitude, comme quantité négligeable.

          N’est pas V. Hugo qui veut, le ci-devant écrivaillon rejoint derrière les barreaux ses ex protecteurs corrompus l’ayant précédé, avec lesquels d’ailleurs les habituels et indécrottables néocolonialistes espéraient beaucoup(trop ?) se refaire une santé économique, après les échecs subis en matière de déstabilisation du pays, depuis son indigeste indépendance.

          Est il encore utile de préciser que les cris d’orfraies desdits suprémacistes n’y changeront rien, au contraire, sauf peut être si, une fois calmées, au niveau suprême puisse se décider un échange de cadeaux, type « gagnant-gagnant », établissant ainsi et enfin une relation diplomatique normale, entre nations égales en droit, devoir et respect. . .


          • anaphore anaphore 28 mars 21:37

            @AmonBra
            euh et quand est-il des écrivains français mis en taule ?


          • AmonBra AmonBra 29 mars 13:03

            @anaphore

            Je ne sais pas à quels écrivains vous faites allusion, mais comme ses ancêtres maternels par Crémieux, B. Sansal a été françisé par décret quelques mois seulement avant son retour en Algérie !

            Peut être lui aurait on ainsi fait accroire que cela lui servirait de sauf-conduit et il aurait été assez stupide pour le croire ? 

            En tous cas tout ce joli monde de barbouzes $ionisés jusqu’au fond du côlon, savait que l’écrivaillon risquait d’avoir des problèmes à peine les pieds posés sur la terre natale, probablement en vue d’exploiter cette situation et faire pression sur les autorités algériennes.

            Mais c’était un mauvais calcul par méconnaissance des nouveaux dirigeants algériens, car ces derniers ne cèderont pas et c’est l’inverse qui risque de se produire. . .


          • Gégène Gégène 30 mars 13:16

            @AmonBra

            j’ai pris la peine de vérifier, et c’est vrai, son père était marocain,
            et sa mère juive algérienne.
            En soi, rien à redire, on ne choisi pas ses parents, et en plus,
            l’origine ne présage de rien.
            Mais vu les récents rebondissements concernant le Maroc,
            et le soutien sans faille de gens comme Braun-Pivet (pas de commentaires),
            tout devient plus clair smiley


          • AmonBra AmonBra 31 mars 00:52

            @Gégène

            Effectivement l’origine ne présage de rien, car des algériens d’origine juive, il est vrai peu nombreux, ont choisi naturellement la cause de leurs frères algériens et sont morts au combat, mais il est vrai aussi que c’est au sein des juifs que les $ionnards recrutent principalement leurs « sayanim »  !

            Or l’écrivaillon encensé par les merdias aux ordres, ainsi que par la « $ionnie » française de gôôche comme de droââte, est assurément l’un des rares d’entre eux présents en Algérie et, à ce titre, bénéficiait d’une étonnante liberté de mouvement,(*) d’écrits et de paroles, durant l’ère des corrompus de Bouteflika, davantage préoccupés, comme les actuels dirigeants français, à vendre leur pays et dont une minorité a réussi a s’enfuir à temps, échappant ainsi à la case prison.

            Mais la nouvelle génération de dirigeants algériens ne lâche pas l’affaire, que ce soit pour les individus ou/et les capitaux et, tu m’étonnes, ceci ne plaisant pas du tout à certains, peut être trop habitués a parvenir à leurs fins, pour comprendre ou/et accepter que les temps ont changé . . .
            .
            .
            .
            .
            (*) B. Sansal s’est rendu dans l’état $ionnard avec son passeport algérien, alors que la législation algérienne le lui interdisait formellement, sans que quiconque ne lui ait demandé des comptes durant cette période, alors que n’importe quel policier des frontières pouvait l’arrêter sur le champ au vu du passeport !


          • leypanou 28 mars 21:57

            a montré un entier soutien à son compatriote incarcéré à Alger depuis plus de quatre mois  : pour un bas du front, c’est un compatriote lui ou un Français de papier ?


            • Seth 29 mars 13:15

              Je croyais qu’il s’appelait Sansel : il a des problèmes avec le régime.  smiley


              • AmonBra AmonBra 1er avril 18:56

                Les opinions publiques occidentales n’étant pas le centre du monde, loin s’en faut, pour les algériens francophones qui nous lisent, même le point d’interrogation du titre de l’article est ridicule cher auteur, heureusement non censeur !

                Car pour eux, contrairement à Kateb Yacine « le poète errant » auquel il n’arrive pas à la cheville, B. Sansal n’utilise pas la langue françoise comme "un butin de guerre", une arme prise au crime contre l’humanité qu’est aussi le colonialisme français, mais comme une carte de fidélité pour accéder aux cercles littéraires occidentaux, y compris l’apartheid génocidaire de leurs frères palestiniens.

                Il n’écrit pas pour son peuple, mais pour les $ionisés à fond de côlon, voulant entendre du mal de son peuple et ce dernier l’a si bien compris, que son Président devra obtenir une solide contre partie, pour justifier une grâce « humanitaire » de l’écrivaillon auprès de son opinion publique, majoritairement satisfaite du verdict de leur cour correctionnelle(*). . .

                .

                .

                .

                (*) L’affaire B, Sansal a été délibérément instruite en correctionnelle, pour éviter la lourdeur et la sévérité de la cour pénale.


                • AmonBra AmonBra 2 avril 23:51

                  Comme pressenti, le marché à haut niveau Bouchouareb contre Sansal se profile, mais ce dernier ayant fait appel, comme d’ailleurs le parquet, contre l’avis de son ex avocat, l’affaire judiciaire de l’écrivaillon anti Kateb Yacine joue manifestement les prolongations. . .

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