Les journalistes servent-ils encore à quelque chose ?
Internautes plus experts que les experts, émissions télé auto-animées, journaux insipides gratuits, y a-t-il encore un avenir pour les journalistes en France ?
Je m’inquiète, je m’interroge : depuis un ou deux ans, on assiste à un étrange mouvement dans les médias, encore confirmé hier soir sur TF1. De plus en plus, le journaliste laisse la place au citoyen, à M. ou Mme Tout-le-monde, et se transforme en simple rapporteur d’événements, sans saveur, sans odeur, sans couleur.
La diffusion à tout va de journaux papier gratuits, qui ne cessent de se multiplier, participe largement à cette tendance. Matin, midi et soir, on a maintenant droit à sa version insipide de l’information factuelle, dépouillée de tout sens critique, de verve ou de dimension. C’est l’information en 2D ou même 1D, exit l’info 3D. Un comble pour une époque de haute technologie ! Ces journaux, essentiellement metteurs en page de dépêches d’agences vaguement améliorées, transforment les journalistes, les vrais, les bons, ceux qui ont des choses à dire, en professionnels de Xpress et de la maquette, au détriment de toute forme de contenu pertinent, contestataire, critique, poussé. Où sont passés, dans ces supports, les analyses, les éditos, bref, et en un mot, les idées, dans cette presse édulcorée et sans profondeur ? De l’autre côté de la force, les journaux classiques, qui font toujours leur boulot, traversent des crises sans précédent, sombrent ou peinent à survivre.
Mais qu’est-ce qui se passe dans notre presse ? Le citoyen a-t-il changé, est-il devenu soit tellement intelligent, tellement calé sur tout, qu’il n’a plus besoin que de lire les simples faits alignés les uns derrière les autres pour se faire sa propre idée ? Confronter les idées et thèses des autres est-il devenu has-been ? Ou alors est-il devenu si feignant ?
Regardons la télévision, c’est la même chose : que sont les grands débats devenus ? A la place, on nous offre de nouveaux concepts où le journaliste est là pour passer la parole aux petits malheurs des gens. Somme toute amusant aussi, d’ailleurs, que le même journaliste squatte toute une soirée sur sa chaine : PPDA au 20 heures, PPDA dans l’émission "politique" de 20h50, PPDA dans l’émission de fin de soirée. Etonnant, non ? Mais TF1 n’est bien sûr pas la seule à jouer ce jeu là, loin s’en faut. Comme l’écrivait Libération, le journaliste devient alors un "passe plat" dans une émission où les idées sont remplacées par la mise en scène des histoires personnelles des uns et des autres, entraînant un "je vous ai compris" systématique des candidats interrogés (peu importe lequel), sans aucune répartie derrière la réponse qu’ils peuvent apporter. Consternant.
Bien sûr, pourquoi pas donner la parole aux "gens" ? Ce n’est pas le principe que est à critiquer. C’est l’absence de traitement qui en est fait derrière, par les professionnels aux commandes. On aimerait que le journaliste (l’animateur ?) intervienne après les réponses, relance,
conteste, dialogue, argumente, pinaille, bref, face son job, mais non, rien de rien... "Une autre
question de Machin, sur votre gauche ?". La présentatrice de la météo ne ferait pas mieux.
Sur internet, c’est une autre histoire : il y a tellement de choix que la problématique me paraît différente. C’est un nouvel espace qui se pose en complément du reste. Pour preuve, le site sur lequel je suis en train d’écrire. Je ne suis pas un journaliste, j’exprime une opinion, des idées, et certains y réagiront.
Mais j’ai encore besoin de lire les idées des autres, et aussi les idées des spécialistes, de ceux qui ont passé des heures à se documenter, des années à étudier des phénomènes, à les analyser, à comparer, argumenter. Mon esprit a besoin d’être stimulé par des prises de positions documentées, réfléchies, rédigées ou prononcées avec style, avec passion, avec recul, partialité. Par des journalistes, quoi.
28 réactions à cet article
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c’est un bon constat que vous faîtes.
les gens les plus pertinents viennent de plus en plus sur les blogs pour discuter et s’informer.
les médias ne font plus leur travail, et pourtant certains sont payés outrageusement...
les causes ? Sans doute ceux qui « possèdent » les médias. nos braves financiers.
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« On aimerait que le journaliste (l’animateur ?) intervienne après les réponses, relance, conteste, dialogue, argumente, pinaille, bref, face son job, mais non, rien de rien... »
Comme si les journalistes avait la moindre connaissance réel des sujets politiques ! Déja quils sont complétement incultent.. Je me souviens d’ailleur de BHL « intrvenant » auprés de Védrine, alors ministre de la guerre, et tenant des propos complétement ridicules.. Pitoyable..
Non, les journalistes ne peuvent interroger que sur « la petite phrase », sur les dispute dnas le parti, et autre sujet sans interet. Et lorsqu’il est d’extréme gauche (vu que d’extréme droite, on en voit curieusement pas) réciter son cathéchisme Marxiste comme si c’était lui qui se présentait, sans doute en réalité parce qu’il chargé de défendre les interets des privilégiers, des profiteur de l’Etat, des parasites sociaux, dont il est souvent lui même, contre la bête libéral.. tous ca est une perte de temps, et n’a pour but que d’empécher le candidat d’exposer son programme. C’est de la censure.
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Tout d’abord il y a un problème justement quand l’animateur est aussi journaliste. Je vois là deux fonctions différentes, deux compétences, deux métiers. Le journaliste ne doit pas être animateur.
Vous dites « Les journalistes ne peuvent interroger que sur »la petite phrase« , sur les dispute dnas le parti, et autre sujet sans interet ». En fait je pense qu’ils sont à fait capables de faire mieux. Il s’agit surement d’une question de temps qu’ils n’ont pas d’une part et d’une compétence particulière qu’ils possèdent et qu’ils utilisent avec facilité : celle de la forme. Sachant qu’aujourd’hui les politiques eux-mêmes mettent en valeur la forme pour des raisons électorales il s’en suit une sorte de lutte de pouvoir dans laquelle le journaliste et le communiquant se considèrent plus aptes que le politique en oubliant que derrière il y a l’action. La forme devient alors l’objet même de l’analyse.
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maintenant,les journalistes ont surtout la crainte de se faire virer et preferent finalement n’etre que des coordinateurs lors de debats télévisés ou radiophoniques ,en restant fades pour ne froisser personne....
les presidents de chaines eux aussi etant assis dans une position inconfortable vis à vis des actionnaires ,preferent finalemment la fadeur des emissions politiques aux engagements trop visibles de leurs journalistes......
la presse écrite ,elle ,est en perte de vitesse constante,les gens ne veulent plus lire mais consommer tout de suite ,l’audio visuel meme si ce n’est que du « robinet d’eau tiede » repond immediatement à cette demande....j’ajoute en plus que la deroute est totale chez beaucoup de lecteurs en ce qui concerne leurs réels choix politiques....
quand à la télé....
il ny a qu’à voir dans les journaux du soir , que ce soit PPDA ,Chazal, où Schonberg ,lorsqu’il y a un invité politique ,on a l’impression que pour un peu on sortirait la theiere et les petits gâteaux.....
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Merci pour votre commentaire. C’est vrai que les interconnexions des médias avec les actionnaires et les politiques sont compliquées. Cela dit, on a quand même pu constater par exemple, que, malgré tout ce qui a été dit sur l’émission de TF1 soi-disant pilotée par les amis de Nicolas Sarkozy, les autres candidats n’ont pas été traités, selon moi, de manière injuste. Mme Royal, m’a-t-il semblé, n’a pas été spécialement maltraitée dans l’émission, au contraire. Donc, n’y-a-t-il pas à ce sujet un peu de parano ? Moi, je trouve que si. Tout devient suspect. Certes, restons vigilants, mais ne sombrons pas dans l’excès non plus. Vaste sujet.
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Si il y a différence de traitement entre les candidats. Sarkozy est très valorisé, ses actions sont très suivies même si elles n’ont pas de portée, et ses point de vue sont toujours considérés comme des repères lorsque d’autres candidats sont interrogés.
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C’est sur que les actions de Bayrou, Le pen, et Dégueuléne sont.. Inexistantes. Donc difficile d’en parler.
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« les presidents de chaines eux aussi etant assis dans une position inconfortable vis à vis des actionnaires ,preferent finalemment la fadeur des emissions politiques aux engagements trop visibles de leurs journalistes...... »
Ca ne veut rien dire. Tu veux que les journaliste Le péniste s’engage ? Pourquoi pas, qu’est ce que tu veux que ca leur fasse aux actionnaires ? Ils s’en branlent, ils veulent juste que ca rapporte.
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Le problème, ce n’est pas les journalistes, qui sont capables quand on les laisse de sortir de bons papiers. Le problème, c’est la Berlusconisation des médias, où les paillettes arrangent les sponsors.
Plus d’infos sur ce site :
sans sponsors.
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Peut-être. Pour l’instant je ne vois pas un vent de rébellion de journalistes blogueurs sur le net ou dans les syndicats. Peut-être que je me tiens mal informé et que je ne cherche pas suffisamment... peut-être pas.
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« Comme si les journalistes avait la moindre connaissance réel des sujets politiques ! Déja quils sont complétement incultent.. Je me souviens d’ailleur de BHL »intrvenant« auprés de Védrine, alors ministre de la guerre, et tenant des propos complétement ridicules.. Pitoyable.. »
Excusez moi, cher monsieur, mais en tant « qu’incultent », vous en faites de bonnes ! Par ailleurs, BHL n’a pas de carte de journaliste et Védrine n’a jamais été ministre de la guerre (Il n’y a plus de « ministre de la guerre » depuis au moins 1945), il n’a même pas été ministre de la Défense, mais ministre des Affaires étrangères...
Revenons à plus sérieux. Le journaliste sera utile (et croyez bien, je me fiche de défendre ma petite paroisse !) car, comme l’explique très bien Dominique Wolton, le public a besoin d’un médiateur pour enregistrer l’information, car nous ne pouvons pas être informé de tout en même temps, l’information, par nature, étant perpétuellement changeante. C’est le danger d’Internet qui ne donne aucune vraie hiérarchie. Sans doute, le côté positif à cela, c’est que les internautes deviennent de plus en plus critiques vis à vis de l’information. Mais ce n’est pas certain...
Enfin, lorsque l’on parle des journalistes, la plupart des personnes interrogées pensent télévision, radio à la rigueur... Effectivement, les Français sont parmi les peuples qui lisent le moins de presse écrite, d’où la crise actuelle. Mais la grande majorité des journalistes travaillent en presse écrite ! Et il y en a pour tous les goûts, de l’extrême droite à l’extrême gauche... L’intérêt (parmi d’autres) de l’Internet est d’ailleurs qu’on peut y avoir accès gratuitement, que ce soit Libération, le Figaro ou le Monde, ou encore des sites critiques envers les médias comme Acrimed.
Alors, de grâce, il n’y a pas que la télé : lisez !
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« BHL n’a pas de carte de journaliste et Védrine n’a jamais été ministre de la guerre »
Vous n’avez aucun sens de l’humour, vous... Evidement, BHL est un Intello, mais je voulai éviter les insultes, alors j’ai dis qu’il était journaliste.
« Effectivement, les Français sont parmi les peuples » « Alors, de grâce, il n’y a pas que la télé : lisez ! »
Méthode typique du journalisme, ca....
Au fait, journalistes, LISEZ, et pas des livres avec des images, hein, des livres universitaires..
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Depuis quand une Chazal ou des Pernault, PPDA, Billalian, Chabot mais il y en a aussi à gauche bien sur, sont ils journalistes.
Enfin, le sont ils encore là est la question, tellement la phraséologie d’un Pernault est partisane.
Comment celui-ci peut il critiquer un Christian Estrosi, alors que ce dernier lui a offert, tous frais payés (et avec une partie de mon pognon vu que je suis de Paca) une ballade à Isola, pour niquer une bagnole de rallye au bout de quelques malheureux tours. Il peut être encore objectif ....
Une Schoenberg elle peut être impartiale, s’il s’agit de faire une analyse de la politique que mène son mari, la Christine Ockrent, en fût il de même à son époque, voir Madame Strauss Khan ....
Le seul journalisme qui vaille aujourd’hui c’est celui d’investigation, mais il y en a peu de bons, en tête je mettrais un John Paul Lepers, mais il est rare et de toute façon TF1 n’en voudra jamais alors....
Le désamour et la crise sont là, et cela n’est pas sans raison, j’ai trouver plus de mecs et nanas avec des convictions claires et non alambiquées, que dans les plateaux de la capitale.
Droite ou gauche au moins l’on sait et c’est honnête comme procédé, mais de vouloir nous faire avaler qu’ils sont pros et impartiaux là-bas, non cela ne passe plus.
De toutes façon, leurs esprits critiques se sont dilués dans les urnes, alors va pour un supplément de internet.
C’est bien la raison qui m’a fait abandonner la télé depuis plus d’un an maintenant, et je peux dire que si je prends le cas de Vox je me sens bien plus informé.
A peluche
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Le désamour et la crise sont là, et cela n’est pas sans raison, j’ai trouvé [b]sur le net[/b] plus de mecs et nanas avec des convictions claires et non alambiquées, que dans les plateaux de la capitale.
edit :correction d’un oubli
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On suit en effet une évolution comparable à d’autres domaines, à savoir que les systèmes classiques, remplacés et dénaturés par l’avènement des machines à fric, sont mises en concurrence avec une nouvelle forme moins attachée au caractère économique et plus raisonnée.
analogie :
agriculture traditionnelle -> productiviste -> bio
informatique amateure -> Microsoft, big brother&co -> logiciel libre
journalisme ancien -> medias rentabilistes -> journalisme citoyen
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Je pense que les journalistes ont eu trop tendance à se croire experts. Peut-être qu’ils devraient simplement faire leur travail : informer, proposer les approches de vrais experts et ne pas chercher systématiquement à se mettre en avant. De plus la légitimité de leur rôle est remise en question par la concurrence économique très forte dans la presse.
Il existe un vrai danger si les journalistes disparaissent ou si, à force de faire n’importe quoi ils poussent les citoyens à choisir des orientations politiques pour remettre en cause leur indépendance déjà vacillante. Une réforme me semble urgente.
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Bon, au moins, ça réagit ! Mais essayons d’éviter la vulgarité gratuite, ce serait bien. Je pense que nous soulevons ici de bonnes questions, de vrais problèmes, mais qu’il ne faut pas tout mélanger. Tous les journalistes ont des convictions politiques, une vie privée, ils connaissent certains élus, certaines femmes et hommes politiques, ET ALORS ? Moi je reste convaincu que cela n’empêche pas de faire son boulot, et de rester critique. Ne diabolisons pas les gens qui ne le méritent pas ! Après, c’est aux médias de créer des règles de bon sens, et d’éthique en la matière. Mais j’aime bien discuter avec vous...
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L’éthique existante serait insuffisante, il y aurait un projet d’amélioration que ça ne suffirait pas. L’éthique existante n’est déjà pas suivie et ce n’est pas de simples accidents, c’est structurel. Il y a eu suffisamment d’affaires (sans compter ce qui n’est pas illégal mais clairement anti-journalistique comme un sujet sur une femme qui aurait accouché dans un train entre Porto et Lisbonne en janvier : pas de fond, aucun détail, pas de recoupement) pour comprendre que des vrais moyens de contrôle sont nécessaires. Si les médias représentent un pouvoir je ne saisis toujours pas pourquoi il reste féodal.
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Le journalisme politique français n’a jamais su trouver de situation intermédiaire entre « le petit soldat idéologique de l’organe central » et la frousse de fâcher le Puissant.
On y est objectif quand on est inoffensif. C’est comme ça partout dans l’audiovisuel...
Total : on ne relève pas les mensonges, même les plus gros, on ne travaille pas ses dossiers (pourquoi faire, vu qu’on a pas le front de poser les bonnes questions qui fâchent ?), on se contente d’opposer aux demi-vérités des demi-contradictions piochées dans la vulgate de l’opinion, sans recul inutile.
J’en soupçonne même certains d’en penser infiniment plus que ce qu’ils laissent paraître. De connaître le fond des sujets, de pouvoir argumenter des heures dans les salons, en ville. Des vrais et beaux cyniques, quoi.
A la limite, le summum de l’honnêteté intellectuelle du journaliste politique de télé français est résumé par cette relance type du lundi soir par PPDA « je crois que sur le même sujet Micheline a une question à vous poser ».
Sous-entendu : « je suis payé pour ça, pas pour la ramener ».
Bref, n’accablons pas nos chers journalistes, ils se feraient virer s’ils en faisaient plus.
Espérons que la Toile saura organiser la contradiction, et petit à petit amener nos animaux politique à se frotter à des observateurs un peu plus aiguisés de la société française et de leurs discours.
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Dans le domaine politique,
Les journalistes sont hélas de plus en plus délaissés dans notre façon d’appréhender l’information, le constat établi par l’auteur de l’article est avéré.
Les raisons sont, il me semble, moins liées aux nouveaux médias, aux origines extérieurs, qu’à l’incapacité des journalistes à s’adapter dans un monde où il a méprisé trop souvent son public. Deux exemples :
- Dans l’ensemble des quotidiens, des publications périodiques, les journalistes entretiennent un flou volontaire entre l’information factuelle, l’analyse et le commentaire dans un but évident influer pour ne pas dire manipuler l’opinion. Il suffit de constater, les journalistes, officiellement, ne se positionnent politiquement que très rarement créant par là toute l’ambiguïté ; Lire un article de Libé, sans connaître sa « tendance politique », et l’on pourrait croire à de l’information neutre... Ces lecteurs confrontés à d’autres sources variées sont de moins en moins dupes, Libé ne l’a pas encore compris.
- Les « télémissions » politiques ressemblent de plus en plus aux émissions de téléréalité, Star’Ac et Cie… Cela veut dire que bientôt le téléspectateur pourra donner son opinion en direct par des numéros surtaxés ! Pour l’homme politique deux options sont incontournables. Soit répondre à des questions sans intérêt hormis pour les intéressés qui les posent genre « J’ai une question à vous poser sur TF1 », soit participer à des émissions où ils sont interrogés par des journalistes dont le but premier est de se mettre en valeur et couper la parole à l’invité avant que celui-ci n’ait le temps de répondre. Le but étant le scoop créé par le dérapage plus que l’information par elle-même (émissions du type Fogiel et Thierry Ardisson). Les interviews des grands journaux TV étant consensuelles et superficielles.Quelle est la chaîne nationale qui osera de grands débats où journalistes aidés par des EXPERTS pour un contradiction sur le FOND ou les débateurs ne seront pas interrompus à chaque instant, le journalisme ne se discréditant pas en prenant le public pour un benêt et le politicien pour un ennemi qu’il faut détruire.
Puissance de l’audimat : il faut ne pas trop remplir le cerveau pour que le téléspectateur puisse être réceptif pour la publicité, c’est la nouvelle misson de ces journalites de masses.
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Le fait de montrer certains sujets, certaines images, délibérément orientés et partiaux, alors même qu’on a accès à la source et qu’on peut la vérifier, constitue une grosse partie du problème. Comment en effet peut-on encore faire confiance à une presse qui nous abreuve d’images et de titres choc, quand on découvre presque systématiquement par la suite qu’il s’agissait d’informations partielles, incomplètes ou de parti pris, peut-être destinées à faire passer un message plus global ? (je dis bien peut-être, car tout ici réside dans ce doute). L’histoire d’une femme (juive) agressée dans un train, l’affaire d’Outreau, les montages de reportages qui stigmatisent certaines populations, le fait de citer les noms arabisants de certaines personnes impliquées dans des actes de délinquance et de passer sous silence les noms du bon vieux terroir, l’orientation même du commentaire... Les exemples sont nombreux, qui semblent vouloir orienter l’opinion d’une façon bien précise, si l’on prend la peine de voir l’information qui nous est distillée d’un point de vue plus global. Comme si chaque sujet prenait une tournure politique... En matière de politique justement, la partialité semble encore plus insidieuse, et sans tomber dans la paranoïa, on peut sérieusement s’interroger sur les motivations de ceux qui nous informent. Quoi qu’il en soit, le sensationnel est de trop à la télé comme dans la presse écrite. La recherche frénétique du scoop à tout prix et avant les autres entraîne une dérive qui a pour résultat un lecteur / spectateur suspicieux et désabusé au final, car il a le sentiment de se faire manipuler. A quand un PPDA ou consorts ayant du répondant, relançant et contredisant son interlocuteur, chiffres ou dossiers à l’appui ? En cette période pré-electorale, j’ai parfois le sentiment, quel que soit le futur président, que ce dernier n’aura pas eu à faire ses preuves, à défendre ses idées ou à affronter de vrais contradicteurs, mais qu’il se sera contenté d’être meilleur communicant que ses adversaires. Allons, messieurs les journalistes, de grâce montrez nous ce que nos présidentiables ont dans le ventre ! Montrez nous l’actualité telle qu’elle est et non telle que vous pensez que nous aimerions la voir ! Vous nous montrerez du même coup que vous n’avez pas oublié votre devoir premier.
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témoignage d’auditeur de Bourdin and Co sur RMC, lundi 26 :
jeudi soir 22 fev 07
un incendie se déclare dans un appartement d’un quartier sensible à Mourenx (64).
les pompiers, sont caillassés en route * et arrivent en retard.
une vieille dame meure.
mutisme des media.
* aucune redaction pour daigner vérifier
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Certes... Mais quel intérêt a cette nouvelle ? Personnellement c’est plutôt ça qui me perturbe, désolé.
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JOURNALISTES PRÉCAIRES
En 1998 paraissait le livre Journalistes précaires, ahurissante plongée dans les ateliers de confection médiatique coordonnée par Alain Accardo.
7 ans plus tard, le nombre de précaires munis d’une carte de presse est passé de 5 000 à plus de 6 000, sans compter les innombrables journalistes non encartés qui zigzaguent entre Assedic, débrouille et tafs alimentaires.
Alors que la lanterne des citoyens ne s’éclaire quasiment plus qu’à la lumière des Lagardère, Dassault, Bouygues ou Rothschild...
Depuis fort longtemps, le système capitaliste fonctionne selon une logique contradictoire jusqu’à l’absurde. Tous les gains en développement qu’il a permis ont toujours été payés de dégâts terribles, tant matériels qu’humains, sur toute la planète. Mais dans les pays dits développés, la redistribution relative des immenses profits du Capital a bénéficié, à la fois économiquement et symboliquement - et continue à bénéficier mais de moins en moins - à des couches intermédiaires qu’il a enchaînées à son char.
La corporation journalistique en fait partie, avec beaucoup d’autres. Le fonctionnement du système repose pour une part décisive sur l’adhésion de ces « classes moyennes », à qui l’époque de la croissance avait laissé croire qu’elles avaient le vent de l’histoire en poupe. Quand celles-ci auront dans leur grande majorité compris qu’elles travaillent de moins en moins, et même moins que jamais, pour la construction du monde qu’elles fantasment depuis plusieurs générations, celui de la Liberté-Egalité- Fraternité, et de plus en plus pour le règne planétaire du capitalisme multinational, alors peut-être cesseront-elles d’utiliser leur énergie à masquer l’absurdité du système en cherchant à optimiser sa façade et à entraîner les classes populaires dans leur mirage de prospérité et de puissance.
Et peut-être les journalistes cesseront-ils de confondre l’info avec la « com ».
« Peut-être » parce que, malheureusement, l’expérience tend à montrer que lorsqu’il n’est pas à leur avantage immédiat, l’attachement des classes moyennes aux principes démocratiques devient plus problématique, à l’instar de celui de LA PRESSE qui, dans sa grande majorité, n’a cessé d’apporter son soutien, enthousiaste ou prudent, à tous les mauvais coups contre la démocratie en Europe et dans le monde.
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Selon les syndicats de France 3, en moyenne 8 reportages sur 12 au « 19-20 » sont fabriqués par des non-statutaires. On observe la même tendance à Radio France.
Malgré les soucis matériels et les humiliations, le journaliste précaire se sent rarement du même monde que les intérimaires du bâtiment ou les caissières en CDD. L’illusion d’appartenir à une profession prestigieuse lui permet de se sentir différent, de rester corvéable et de ne pas regimber contre sa condition.
La forte attraction que le journalisme exerce, notamment sur les jeunes, est liée au prestige qu’il possède aux yeux du grand public, lequel n’en connaît d’ailleurs que la vitrine la plus illuminée et la plus fallacieuse.
Dans une société structurée par des rapports de domination, les dominés des uns sont les dominants des autres, d’où l’extrême difficulté de fédérer les dominés, spécialement ceux de la petite-bourgeoisie qui préfèrent être inférieurs chez les bourgeois qu’à égalité avec les prolos, alors même qu’ils sont victimes de cette nouvelle forme de prolétarisation objective qu’entraîne souvent la précarisation du travail, même dans le tertiaire.
La précarisation des journalistes n’est pas seulement imputable aux grands groupes de presse et d’armement, qui après tout n’ont jamais caché leur amour du tiroir-caisse.
Elle se pratique aussi dans des journaux ou chez des producteurs qui se revendiquent de gauche et dénoncent la précarité chez les autres.
Exemples :
1) l’éviction par Daniel Mermet de 2 journalistes en CDI qui refusaient le statut de pigiste auquel l’animateur voulait les rétrograder ;
2) même remarque pour Le Monde diplomatique, réputé pour le tarif cassé auquel il paie ses précaires ;
3) ou pour Charlie Hebdo, qui ne tolère que des bons soldats.
Beaucoup de pigistes expliquent d’ailleurs qu’il est particulièrement pénible de travailler pour un taulier de gauche, que ce soit en termes de revenus ou de despotisme.
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Si l’actualité sociale est si mal couverte, c’est essentiellement parce que les journalistes responsables des contenus et de l’orientation de l’information sont des créatures du système et qu’ils font en sorte de donner de la réalité observée la représentation la plus conforme à la célébration du système.
Cela est vrai de la plupart des journalistes, qu’ils soient précaires ou titulaires, compte tenu de leurs origines sociales, de leur culture générale et de leur formation professionnelle.
Étant donné leurs catégories mentales et leurs structures de perception, de pensée et de sentiment socialement constituées, ils sont incapables (à quelques remarquables exceptions près) d’avoir des rapports sociaux existants une autre vision que la vision niaisement euphémisée, psychologisante, dépolitisée, émotionnelle et consensuelle qu’en cultivent les rédactions.
Toutefois, on voit pointer maintenant chez les journalistes une inquiétude nouvelle. Les concentrations et fusions des entreprises de presse, l’emprise grandissante des technologies nouvelles sur le travail journalistique, l’invasion des journaux gratuits et de leur information en confettis, le despotisme sans partage de la pub, l’extension fulgurante de la communication par Internet, le recours systématique aux consultants et spécialistes extérieurs, tout concourt au surgissement d’une interrogation inédite, qui ne va pas manquer de tarauder de plus en plus la corporation et le public :
« à quoi servent les journalistes, a-t-on encore vraiment besoin d’eux ? »
Leurs patrons les tiennent déjà pour des quantités négligeables. En quoi, en dehors du fait de chanter leur propre louange et d’encenser les dominants, leur travail est-il irremplaçable ?
Il ne suffit pas de faire sécession avec le monde extérieur, comme ont fait nombre de moines, de hippies et d’autres marginaux de tous les temps, pour se débarrasser de ses structures et de sa logique.
On ne se débarrasse pas si facilement d’un système social et les structures de la société curiale sont pratiquement les mêmes à la Cour de Versailles et à la Cour des miracles.
Ni la révolution au sens classique du terme, ni la réforme morale individuelle n’y suffisent. Il faut conjuguer les deux. Ce qui n’est pas une mince affaire.
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Ce problème ne semble pas concerner que le monde du journalisme : on peut observer la même tendance dans la plupart des secteurs, avec les mêmes conséquences, chacun restant pour l’instant focalisé sur ses propres problèmes et hermétique à ceux pourtant identiques, des autres.
Le système a su diviser pour mieux régner.
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Je crois qu’il y a chez le journaliste français, un gouffre entre l’idée qu’il se fait de son métier et la réalité...
Tous les journaux papiers pompent les dépêches AFP et pipotent dessus, c’est là que les gratuits ont fait le plus de mal, car le plus souvent, le texte ressemble trop à la dépêche brute que l’on retrouve dans les gratuits.
Pour ce qui est de l’indépendance, on calcul d’abord le volume de pub et ensuite on peut savoir le nombre de pages du journal. La priorité reviens toujours à la pub sur le contenu...(du moins ce sont les règles que l’on donne aux informaticiens).
Indépendance : perdre une pub et aussi grave, sinon plus que de ce faire taper dessus par les actionnaires. Prenez le nombre et le type de pub dans certains magazines et vous en déduirez la ligne éditoriale. On pourrai éspérer que se soit l’inverse, mais certains sujets ont la particularité de faire fuire les pubs... Le 11/09 par exemple...
Reflexion, analyse.... Là les journalistes ont les chevilles qui enflent...
Comment avoir une reflexion et une analyse quand on parle de l’actualité... Aucun universitaire n’en est capable, on n’analyse pas « à chaud », on commente ou alors on répète la propagande officielle, mais les journaliste eux sont des sur-hommes...
Beaucoup de journaux se sont compromis dans des campagnes « d’information » qui se sont révèlées totalement partis pris, on a pu alors trouver sur internet des contre argumentaires qui eux étaient détaillés et sourcés. Les grands points fort d’internet sont :
- Pas de limite en nombre de signes, ce qui évite certains pb de coupure et réécriture pas toujours innocents...
- Avec les liens, on peut tout de suite donner les sources pour justifier ce que l’on avance... La protection des informateurs n’est valable que dans certains cas qui sont loin d’être majoritaires.
- La possibilité d’ouvrir un débat et d’avoir les avis de personnes dont le sujet est leur métiers...Il faut que les journalistes mettent les pied sur terre. Aucun journaliste ne maitrise les sujets qu’il traite, soutenir le contraire est franchement malhonnête. Il ne fait que passer les plats en donnant sont avis, ou un résumé des qq avis « d’experts » qu’il a consulté, voir pire, il se permet de faire lui même la synthèse de différents avis d’expert, autant dire que quand on connais le sujet, c’est parfois cocasse, le plus souvent pathétique. Quand aux experts, il faut regarder les choses en face, aucun universitaire sérieux ne veut perdre son temps à expliquer à un journaliste pressé qui va résumer en qq lignes un sujet sur lequel ce chercheur a consacrer ou consacre une grande partie voir toute sa vie.... Quand on est un « expert » sérieux, on ne travaille pas pour les média, on écris des livres... En moins de 10 lignes ou moins de 2 minutes, ce n’est pas une analyse, c’est un slogant, c’est de la communication, de la propagande....
Voila, comment je vois la presse en ayant un pied dedans, mais sans faire partie du métier de journaliste...
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