Total et Daewoo mis en demeure de quitter la Birmanie
Un comité d’opposition des Birmans en exil, le « Burma Centre, Netherlands », vient de mettre en demeure les compagnies Total et Deawoo (Corée du Sud) de mettre un terme à leurs campagnes de prospection sur des zones de gisements de gaz, sur les côtes occidentales de Birmanie.
Le
comité accuse ces compagnies de contribuer à « augmenter gravement les
violations les droits de l’homme » dont souffre le peuple birman.
«
The Burma Centre, Netherlands, (BCN) » a l’intention, dit-il dans son
communiqué, d’organiser, le 8 septembre, une manifestation devant l’immeuble de
la direction centrale de Total, devant l’ambassade de Corée du Sud et de
l’Inde, afin de mettre en évidence que, si les « deux géants pétroliers » se
retiraient de Birmanie, leur départ contribuerait à réduire les violations des
droits de l’homme et diminuerait la puissance de la Junte militaire. Il n’est
pas précisé si cette manifestation aura lieu à La Haye ou ailleurs...
Jennifer
Hartogensis, qui dirige cette campagne du BCN, a déclaré à la presse que
"Total achète son gaz à la Birmanie" et qu’avec "le produit financier de ces
ventes la Junte militaire renforce la position de la dictature dans le pays".
De telle sorte que Total est ainsi partiellement responsable de la situation
qui affecte la Birmanie. "Cette compagnie ne peut pas affecter d’ignorer cette
situation", a affirmé Hartogensis.
Total, signataire, en 1992, avec la junte birmane, d’un accord d’exploration des
gisements gaziers en Birmanie orientale, a fait affirmer que son départ ne
contribuerait pas à améliorer le sort des populations birmanes, sachant bien
qu’elle serait immédiatement remplacée par une autre compagnie pétrolière.
Néanmoins Jennifer Hartogensis a insisté sur le fait que "Total ne cesse pas
d’utiliser cet argument" et affirme que "les investissements de la compagnie
en Birmanie et la construction d’un gazoduc ont été la cause de violations
répétées des droits de l’homme."
Total exploite les champs gaziers de Yadana en Birmanie orientale et exporte
vers la Thaïlande au moyen d’un gazoduc. Les explorations et la construction de
gazoducs continuent sous la garde de l’armée birmane, affirme la porte-parole
du BCN. "Et c’est notamment dans ces circonstances que se produisent les plus
graves violations des droits de l’homme", a-t-elle précisé.
Le
BCN se fait ainsi l’écho de nombreuses informations et rumeurs, en provenance
de Rangoon, selon lesquelles la Junte militaire birmane non seulement tolère,
mais a institutionnalisé le travail forcé dans ce pays.
Chargé
d’une enquête en Birmanie par Total, un politicien français avait affirmé à
son retour de Rangoon qu’il n’avait pas eu connaissance, ni la preuve
d’aucune violation des droits de l’homme par la compagnie pétrolière.
Quant
à la compagnie sud coréenne, Daewoo, en même temps que la compagnie indienne
Oil and Naturel Gaz Corporation, Gaz Authority of India Limited et la
compagnie d’Etat Myanmar Oil and Gaz Enterprise, elle poursuit actuellement ses explorations d’un gigantesque gisement de gaz situé en off shore sur
les côtes de l’Arakan, que mouille le Golfe du Bengale, évalué à 600 millions
de barils.
"Bien que cette compagnie n’en soit qu’à un stade d’évaluation des
gisements, il existe déjà des preuves de graves violations des droits de
l’homme », affirme le BCN dans un communiqué.
Selon
des informations en provenance de Rangoon, il est d’un usage courant, pour
l’armée birmane, de fournir à la société étrangère une main-d’œuvre prélevée de
force sur les tribus, qui reçoivent au mieux un maigre salaire, et au pire qui
travaillent gratuitement sous le contrôle des militaires.
Il n’est pas indifférent de constater que cette campagne contre ces compagnies pétrolières étrangères, apparemment pour la bonne cause, morale et légale, est lancée aux Pays-Bas, qui, par coïncidence, sont le siège d’une autre major pétrolière.
Interrogé par l’auteur de cet article, un porte-parole du service de presse de Total, à
Paris, a confirmé qu’il avait entendu parler de projets de manifestations entre
le 8 et 10 septembre prochains. "Ce n’est pas la première fois que cela se
produit", a-t-il commenté.
Au sujet des accusations portées par BCN contre la société pétrolière
française par les groupes d’opposition birmans à l’étranger, le porte-parole a
démenti formellement que Total fasse appel, ou ait jamais fait appel, à de la
main-d’œuvre forcée dans ses activités de recherche pétrolière, de construction
et d’exploitation de gazoducs ou pipe-lines.
"Cette rumeur a pu naître il y a quelques années, à la
suite d’une confusion faite entre des travaux de construction de voie ferrée en
Birmanie par l’armée birmane et les
activités des compagnies pétrolières. Celles-ci n’ont rien à voir avec ce projet
ferroviaire birman", a déclaré notamment à l’auteur le porte-parole de
Total.
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