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Accueil du site > Actualités > Economie > 20 ans : la triple calamité de l’euro

20 ans : la triple calamité de l’euro

L’euro a 20 ans. Pour cette occasion, j’avais co-signé une tribune avec Jacques Sapir, Jean-Luc Gréau et d’autres intellectuels. Jacques Sapir avait également publié une très bonne synthèse, avant de rappeler le lien entre la crise actuelle et la monnaie unique. L’occasion de revenir sur ce thème qui m’est cher et de rappeler encore à quel point cette construction est une monstruosité.

 

Catastrophe démocratique, sociale et économique
 
Pour qui prend un peu de recul, la situation est ubuesque. D’une part, des hiérarques européennes ou une commission pour qui tout va bien dans la zone euro, le gangster fiscal reconverti président de la commission osant affirmer que « l’euro a généré prospérité et protection pour nos citoyens. Il est devenu un symbole d’unité, de souveraineté et de stabilité  ». De l’autre, une grande majorité des économistes sérieux qui ont dénoncé l’idée à l’origine, et tiennent aujourd’hui un discours très critique à son égard, notamment parmi les « prix Nobel d’économie », comme le rappelle le livre d’Ashoka Mody, « La tragédie de l’euro  », devenu livre économique de l’année 2018 outre-Atlantique, non traduit.
 
La déclaration des Juncker est particulièrement ridicule. En 20 ans, les moments de prospérité ont été rares, si ce n’est pour le haut de la pyramide. L’euro ne nous a pas du tout protégé de la crise des subprimes, venue des Etats-Unis, ni même des pratiques extra-territoriales délétères de l’Oncle Sam qui infirment toute revendication de souveraineté, même européenne. Parler de stabilité est particulièrement ridicule étant donné le nombre de crises traversées depuis 20 ans et l’unité semble bien fragile. Le refus de regarder la réalité en face et cette propagande absolument ridicule et totalement contradictoire avec ce qui s’est passé depuis 20 ans démontre bien qu’ils sont des ayatollahs.
 
Car sur le fond, le passage à la monnaie unique européenne a été une véritable calamité. D’abord, pour qui regarde la réalité en face, une calamité économique. La croissance de la zone euro a décroché par rapport aux autres pays occidentaux, la zone euro entrant en récession un trimestre avant les Etats-Unis en 2008 lors de la crise des subprimes, un comble, et ne s’en est pas complètement remise, loin de là. Ses résultats désastreux ont même poussé Stiglitz à consacrer un livre à la critique de l’euro. Vingt ans après, le FMI reconnaît que l’euro est trop cher pour la France ou l’Europe du Sud, et pas assez pour l’Allemagne et que loin de converger, la divergence semble s’accroître.
 
Assez logiquement, avec un bilan économique calamiteux, le bilan social est catastrophique. On peut citer l’envolée de la pauvreté en Allemagne, qui relativise les discours naïfs sur la situation de notre voisin. Et bien sûr, il y a l’appauvrissement d’une grande partie de la population, avec un chômage de masse persistant dont la décrue récente, certes réelle dans certains pays, n’en reste pas moins insuffisante, d’autant plus qu’une rechute économique semble proche… L’UE accélère les conséquences négatives de la globalisation, loin de protéger les peuples européens, contribuant à déconstruire les acquis sociaux des Trente Glorieuses, au profit de l’oligarchie économique.
 
Enfin, l’euro est également une calamité démocratique sous bien des formes. C’est pour sa mise en place que la politique monétaire a été sortie du cadre démocratique : la France a rendu la Banque de France adémocratique, terme poli (on pourrait dire anti-) probablement plus juste que le terme « indépendante », ce qui limite considérablement la capacité d’action des politiques, comme le montre le cas du Japon d’Abe. Pire, cette construction à taille unique impose des reniements politiques incroyables pour qui ne veut pas en sortir, comme l’a bien montré la Grèce de Tsipras, ou même, dernièrement, l’Italie de Di Maio et Salvini, qui a accepté de mettre de l’eau dans son vin budgétaire
 
 
Bien sûr, aujourd’hui, la sortie de l’euro reste une idée minoritaire, Marine Le Pen l’ayant abîmé en la faisant sienne de manière superficielle. Mais la conjugaison de l’insatisfaction chronique des peuples à l’égard des politiques menées, des problèmes que créé cette construction artificielle et de critiques des économistes fait que, tôt ou tard, le château de cartes s’effondrera, pour notre plus grand bien.

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10 réactions à cet article    


  • Jean 9 février 2019 11:00

    tôt ou tard, le château de cartes s’effondrera, pour notre plus grand bien.

    "

    oui , mais cela va être chaud, voyez le brexit ( et encore , ils ne sont pas dans l’Euro....)


    • Samy Levrai samy Levrai 9 février 2019 12:38

      @Jean
      Dans 48 jours le RU sort de l’UE et ceux qui ont tout à perdre sont les europeistes...


    • Francis, agnotologue JL 9 février 2019 11:27

      la zone euro ? Imaginez une France dans laquelle les régions, voire les départements appliqueraient des fiscalité différentes sur les revenus et les bénéfices.


      • microf 9 février 2019 13:45

        L´Euro n´a que 20 ans et les francais constatent les dégats occasionnés et s´en plaignent.

        Imaginez vous alors mes chers amis francais ce que le Franc CFA la monnaie créer par la France il ya plus de 70 ans en 1945 pour ses colonies en Afrique les dégats que cette monnaie a pu occasionner aux économies des pays d´Afrique francophones, un de ces dégats et pas le moindre, c´est l´immigration massive des habitants des pays de l´Afrique francophones en France.

        Mon souhait serait que la France reprenne sa Souveraineté monétaire en sortant de l´Euro, et que l´Afrique francophone sorte du Franc CFA et retrouve sa Souverenaité monétaire, mais celá, est une autre affaire, est ce que la France     l´acceptera ?

        Toutefois, la France sera obligée de l´accepter car la France ne peut pas sortir ou vouloir sortir de l´Euro, et maintenir l´Afrique francophone dans le Franc CFA.


        • Ruut Ruut 11 février 2019 13:03

          @microf
          A la différence de l’Euro, le Franc CFA a la même valeur partout.


        • louis-ferdinand 11 février 2019 14:04

          @microf
          Cet article est particulièrement stupide ;
          -Tout pays africain qui veut quitter la zone cfa , a parfaitement le droit de le faire, c’est ce qu’a fait la Mauritanie en 1973. et elle ne l’a pas réintégré.
          -Tout pays africains qui veut le faire a parfaitement le droit de demander son intégration à la zone CFA, c’est ce qu’a fait le Mali qui avait quitté le franc CFA en 1962 et qui l’a réintégrer en 1982.
          -Quel est l’intérêt du franc CFA ? Cela permet aux pays africains qui appartiennent à la zone CFA de s’adosser sur une monnaie internationale solide,et stable l’euro et cela permet à ces pays de profiter d’une monnaie internationale,solide et stable (pas d’inflation) et convertible.Les investisseurs étrangers sont sûr de pouvoir récupérer leur mise et convertir leurs francs CFA en une monnaie internationale (dollars, euro).En outre la France accorde la possibilité aux pays qui le demande des avances sur investissements publics .Plusieurs pays africians qui ne furent jamais des colonies françaises ont demandé et obtenu leur intégration dans la zone CFA.Preuve qu’il y trouvent leur intérêt !


        • waymel bernard waymel bernard 9 février 2019 18:25

          L’euro est mal géré, il a été trop longtemps surévalué par rapport au dollar. Mais le retour aux monnaies nationales avec des dévaluations « compétitives » incessantes n’est certainement pas la solution.


          • Attila Attila 10 février 2019 18:18

            @waymel bernard
            Tandis qu’avec l’Euro on ne peut pas dévaluer et il nous impose un cours surévalué de 20% par rapport à l’Allemagne (étude du FMI).
            Résultat : la balance commerciale française est en déficit tandis que l’allemande est en excédent.

            .


          • louis-ferdinand 11 février 2019 13:23

            La valeur de l’euro a été calée sur celle du mark, compte tenu de la disparité des économies dans la zone euro il y a un pays qui s’en sort bien ; l’Allemagne et tous les autres qui rament !


            • Emohtaryp Emohtaryp 11 février 2019 14:23

              « L’UE est une secte dirigée par un alcoolique »

              https://www.youtube.com/watch?v=tLX7hIvON2A

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