Mais où sont passées les entreprises à reprendre tant annoncées ?
Etat des lieux
Il est convenu depuis quelques lustres maintenant qu’une
déferlante d’entreprises à reprendre va submerger la France dans les 10 années
à venir. Ceci dit, je remarque que cela fait près de 5 ans que l’on dit la même chose.
Peut être faudrait-il plutôt s’inscrire dans une projection à 15 ans en tenant
compte probablement d’une montée en charge progressive « des mises sur le
marché » plutôt que de tabler sur une évaluation linéaire.
Il n’empêche que d’un point de vue purement statistique,
le papy boom attendu, a et aura bien comme répercussion de booster en moyenne,
des dizaines de milliers d’entreprises sur le marché. L’Insee en annonce 60 000 par an, incluant dans son
« assiette », les fonds de commerce et l’artisanat qui représentent
plus de 80 % des entreprises répertoriées.
60 000 entreprises à céder par an, c’est en tout cas le chiffre
communément retenu et admis pour se faire une idée de la dimension et des enjeux
du marché de la reprise-transmission.
Vous trouverez un tableau synthétique de tout cela sur le
site de l’APCE (source les
stats sur www.apce.com) Pour ceux qui veulent en savoir encore plus, je
vous invite à consulter l’étude d’OSEO sur la
transmission, réalisée en 2005
(document téléchargeable sur le site www.oseo.fr)
Je vous donne le lien en entier, histoire de gagner du
temps.
Si l’on regarde maintenant les entreprises de plus de 5
salariés, on part alors sur une base de calcul tout autre. C’est l’analyse
« correctrice » que fait le CRA
(Association nationale pour la transmission d’entreprises - Cédants repreneurs
d’affaires dans le texte). Ici, le « gisement » se réduit à 332 000
PME, à rapporter aux 2,5 millions d’entreprises enregistrées. En appliquant un
taux de « transmissibilité » dont je vous épargnerai le calcul savant, mais qui approcherait les 30 %, et, en
prenant pour hypothèse que le délai moyen de transmission d’une PME est
de 20 ans, on tombe alors sur des valeurs comprises entre 4 000 et 5 000 PME
réellement cédées ou « cédables » chaque année à des
repreneurs extérieurs (ici on soustrait les transmissions réalisées dans le
cadre d’une succession familiale ou directe).
Est-ce qu’une entreprise de moins de 5 salariés a moins de
« valeur » à être reprise qu’une TPE (Toute petite entreprise), il y
a plus que probablement matière à discussion, mais le fait est que le rapport
tombe de 10 à 1 selon les bases sur lesquelles on discute.
La réalité mérite sûrement qu’on y regarde de plus près car enfin la situation est particulièrement compliquée pour identifier ce que l’on dénomme dans le jargon, une cible. Les candidats repreneurs le savent bien. Alors on est en droit de se poser la question : mais où sont passées les entreprises à reprendre tant annoncées ?
Il existe bien, sur le net une multitude d’annuaires et/ou
de bourses d’opportunités. Certains sont initiés par les chambres consulaires comme
la BNOA (Bourse nationale d’opportunités artisanales) : www.bnoa.net, Act contact, pour le Grand Sud : www.actcontact.net, Pmi contact, de la Champagne à
l’Aquitaine : www.pmicontact.net,
Transcommerce
en région Centre : www.transcommerce.com,
Ccible
en Rhône-Alpes : www.ccible.fr,
d’autres par des structures privées comme Agorabiz :
www.agorabiz.com, Fusacq : www.fusacq.com, Daici : www.acquisitions-entreprises.com,
ICF - l’Argus
: http://www.cession-commerce.com,
Business Annonces : www.business-annonces.com,
le CRA :
www.cra.asso.fr, et d’autres encore comme
Oséo :
www.reprise-entreprise.oseo.fr
ou le site dédié des Experts-comptables : http://csoec.croissanceaffaires.com,
sans oublier ATPME,
le site d’intermédiation de la Caravane des entrepreneurs, www.atpme.fr.
Cette liste, sachez-le, quoique bien représentative du
marché connu, n’est pas exhaustive. Les annonces de cession qu’on y trouve, ne
sont que la partie immergée de l’iceberg. Qui plus est, ce ne sont pas non plus les offres forcément les plus qualitatives, ni les plus opérationnelles. D’un
certain point de vue tout cela s’apparente au marché de l’emploi. Tout le monde
se jette sur ce qui paraît être le plus intéressant faisant « gonfler les
prix du marché » et réduisant les chances d’aboutir (si tant est que les
offres soient réelles et non obsolètes). Je dis cela car c’est l’expérience qui
m’est remonté très souvent des personnes rencontrées sur la Caravane des entrepreneurs. On ne trouve pas la « bonne entreprise » ou c’est trop
cher, le processus d’acquisition est trop long, trop compliqué, etc.
S’il est incontestable que la reprise d’entreprise
représente un facteur d’opportunité majeur pour un grand nombre de personnes,
que les enjeux sont considérables aussi bien pour l’emploi induit que pour le
maintien des activités et plus globalement pour le dynamisme de l’économie
française, trouver une entreprise à reprendre reste un parcours du combattant.
Beaucoup de raisons objectives ou non peuvent expliquer
cette situation. On peut énoncer, dans le désordre : un potentiel d’entreprises beaucoup plus restreint qu’on ne le dit (voir analyse du CRA), une tradition du secret, des difficultés à envisager la fin de son
activité, des risques stratégiques pour son entreprise, mais aussi le manque
d’information (malgré l’hyper communication sur le sujet), l’impréparation
pour certains, le défaut d’anticipation pour d’autres et si l’on additionne une
partie ou le tout, on a pas fini de se mordre les doigts et l’avant-bras.
Au demeurant, pour le candidat repreneur, la question
reste posée. Ce qui compte, c’est trouver cette fameuse entreprise à
racheter. En l’état actuel des choses et sans faire l’économie de l’usage des
méthodes traditionnelles, je ne vois qu’une seule solution additionnelle efficace :
prendre complètement la main et pour cela se mettre à chasser, mais vraiment chasser...
PS : en attendant de poursuivre cette réflexion sur un autre billet.
8 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON