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Accueil du site > Actualités > Economie > Pour une Europe (enfin) sans ambiguïtés

Pour une Europe (enfin) sans ambiguïtés

Qui se souvient encore de cette année 2007 – bénie des dieux de l’Olympe – où les obligations grecques se négociaient à seulement 27 points de base au-dessus des Bunds allemands ? La toute récente déclaration de la Chancelière allemande Merkel selon laquelle le « peuple désirerait que les investisseurs et pas toujours les contribuables » soient exposés n’intervient-elle pas trop tardivement ? La Grèce, qui doit s’acquitter actuellement pour sa dette d’une surprime de l’ordre de 700 points au-dessus du papier valeur allemand, ne peut plus systématiquement être punie par les marchés et les investisseurs. Ceux qui ont tiré un profit démesuré en prêtant à ce pays à des taux contre nature doivent également endosser leur part de responsabilité et partager le fardeau avec la Grèce. 

Il est heureux que Madame Merkel reconnaisse aujourd’hui le droit à la parole d’un citoyen trop souvent lésé mais souhaitons qu’elle accomplisse le cheminement supplémentaire consistant à confronter les investisseurs aux responsabilités de leurs paris. C’est pourquoi la faillite ordonnée et planifiée de la Grèce se doit d’être mise en place par le F.M.I. car une nation ne peut continuer à vivre avec des restrictions et des privations imposées par un endettement de l’ordre de 125% de son P.I.B. ! Le monde entier – à l’exception peut-être de nos responsables Européens ? – se rend aujourd’hui compte que le maintien de ce pays sous le joug de ces dettes ne profite plus qu’aux investisseurs lui ayant prêté très chèrement leurs deniers. L’Europe aura-t-elle seulement le cran de sortir la Grèce de sa spirale de déflation par la dette et, ce faisant, de faire parvenir un signal fort et sans équivoque à l’univers de la spéculation et, accessoirement au monde de la finance ? 

L’argent facile déversé par nos banques centrales dans le système ne profite en effet qu’aux conglomérats bancaires au lieu de contribuer à redresser le chômage et à soulager la précarité des ménages. Les baisses de taux quantitatives – sur le point d’être renouvelées aux Etats-Unis – seraient-elles destinées à enrichir l’actionnariat et à gonfler au passage salaires et bonus des banquiers pendant que le consommateur perd décidément toute confiance en son économie ? Pas plus l’augmentation programmée (ou prévisible) de la T.V.A dans la plupart des pays de l’Union que les coupes drastiques des dépenses publiques (qui affecteront les classes moyennes et défavorisées) ne sont des remèdes constructifs à un assainissement de nos économies. Le budget Européen et les efforts nationaux doivent être calqués sur des stratégies favorisant la croissance et privilégiant l’emploi plutôt que d’être mus par la seule obsession de plaire aux agences de notation et aux marchés des capitaux. 

Pourquoi ne pas instaurer rapidement une taxe sur les transactions financières dont même le F.M.I. – qui ne peut être qualifié de révolutionnaire en la matière – a calculé qu’elle serait extrêmement profitable si elle était réinjectée dans l’économie réelle ? C’est ainsi qu’il a conclu, dans son étude intitulée « Taxing Financial Transactions : Issues and Evidence », qu’une taxe – insignifiante – de 0.01% sur l’ensemble des transactions des bourses et des devises serait susceptible de générer des rentrées substantielles profitant au plus grand nombre… Mais l’Union Européenne saura-t-elle adopter ce type de mesures de salut public par sa propre initiative et en dépit du désaveu programmé du G 20 ?


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7 réactions à cet article    


  • epapel epapel 3 novembre 2010 10:57

    Un Europe sans ambiguïté est une illusion totale, depuis le début c’est comme ça.

    Depuis 40 ans , à chaque élection nationale et européennes, tous les partis nous rebattent les oreilles avec les slogans ’il faut plus d’Europe’ ou ’il faut changer d’Europe’. Mais il ne se passe rien, pire l’Europe va toujours dans le sens contraire de ce qu’il promettent tous simplement parce que les promesses franco-françaises ne sont pas partagées par les autres gouvernements européens.

    La vérité, c’est que plus l’Europe s’est élargie, et moins il devenu possible de la changer. Actuellement, la culture commune des européens c’est le marché, la libre concurrence, le néo-libéralisme et l’atlantisme. Et le désastre de ce choix des élites européennes est en train d’accoucher sous nos yeux d’une autre culture commune : le rejet des étrangers, dans un premier temps extérieurs à l’Europe mais aussi de plus en plus intra européen. Ce qui revient à dire que l’Europe est à l’agonie et qu’elle n’en a plus pour très longtemps.


    • kiouty 3 novembre 2010 11:39

      Mais le plus important c’est « quelle Europe voulons-nous ?????? »

      Comme si on avait un mot à dire...


      • epapel epapel 3 novembre 2010 12:23

        Et le simple fait de poser toujours cette même question depuis 40 ans :
        - c’est une bonne façon de ne jamais répondre à une question qui est pourtant fondamentale
        - et en creux c’est la preuve que cette construction n’a pas d’autre but que ce qu’on constate


      • titi titi 4 novembre 2010 07:58

        Turlututu...

        Les premières tentatives pour parvenir à une europe « politique » datent des années 50 avec la première étape qui est un préalable : la mutualisation de la défense.
        Or ce projet (la CED) a été rejetée par ceux la même qui l’avaient proposé : les français.
        Et c’est en particulier l’extrème gauche qui a empêcher « l’intégration par la défense ».
        Or aujourd’hui cette même extrème gauche se plaint que l’Europe n’est qu’economique.
        Ce qui prouve que lorsqu’on est leader du PCF faut pas chier la honte.

        Car il faut rappeler que les autres partenaires « historiques » (les 6) ont toujours voulu aller plus vite et plus loin que la France, ou du moins son parlement.

        L’Europe n’occupe que les domaines que les francais ont cru bon de lui laisser au nom de l’indépendance nationale (pouet pouet). 
        Sauf qu’en 50 ans c’est ce domaine, l’économie, qui est devenu celui pilote le monde, que la dissuasion fait rire tout le monde, la Royale fait rire tout le monde, et plus généralement le prestige de la France tout le monde rigole.

        La France n’a aucun avenir en dehors de l’Europe. La seule alternative serait de demander l’annexion par Andorre, ou Monaco ou bien l’intégration au sein de la Confédération Hélvétique et de devenir une place financière. Mais je pense que ca n’interesse aucun de ces pays.


      • millesime 3 novembre 2010 13:48

        la grande faiblesse du G20 actuel est qu’il reste fondamentalement dominé par des dirigeants issus du monde qui est en train de s’effondrer sous nos yeux.
        près des deux tiers d’entre eux appartiennent au bloc occidental ou, sont des dirigeants qui en dépendent pour rester au pouvoir.
        Cette situation n’est pas vraiment propice au questionnement des fondements mêmes de cette crise qui touche au fonctionnement du modèle occidental de ces dernières décennies.
        l’UE, ou plutôt la zone Euro, serait la seule à pouvoir faire basculer le rapport de force entre, « l’avant » et « l’après », mais, pour le moment, comme ses dirigeants sont ENTIEREMENT inféodés à Washington, elle suit aveuglément les Etats-Unis et empêche tout questionnement fondamental au sein du G20
        http://millesime.over-blog.com


        • BA 3 novembre 2010 16:02

          Mercredi 3 novembre 2010 :

          Voici cinq graphiques incroyables  : observez bien ces cinq graphiques.

          Si la France lançait un emprunt à 10 ans, elle devrait payer un taux d’intérêt de seulement 2,813 %.

          http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GFRN10:IND

          Si l’Allemagne lançait un emprunt à 10 ans, elle devrait payer un taux d’intérêt de seulement 2,416 %.

          http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GDBR10:IND

          La France et l’ancienne zone mark empruntent à des taux d’intérêt très très bas.

          Mais en revanche, rien ne va plus pour le Portugal, l’Irlande et la Grèce.

          Si le Portugal lançait un emprunt à 10 ans, il devrait payer un taux d’intérêt de 6,273 % !

          http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GSPT10YR:IND

          De même, les taux d’intérêt de l’Irlande explosent.

          Si l’Irlande lançait un emprunt à 10 ans, elle devrait payer un taux d’intérêt de 7,406 % !

          http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GIGB10YR:IND

          Si la Grèce lançait un emprunt à 10 ans, elle devrait payer un taux d’intérêt de 10,820 % !

          http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GGGB10YR:IND

          Le Portugal, l’Irlande et la Grèce empruntent à des taux d’intérêt exorbitants.

          Le Portugal, l’Irlande et la Grèce foncent vers le défaut de paiement.


          • easy easy 3 novembre 2010 16:51



            Notre ami Santi nous dit

            «  »«  »«  Ceux qui ont tiré un profit démesuré en prêtant à ce pays à des taux contre nature doivent également endosser leur part de responsabilité et partager le fardeau avec la Grèce.  »«  »«  »

            «  »«  »«  Pourquoi ne pas instaurer rapidement une taxe sur les transactions financière  »«  »«  »



            Oui.
            Mais à quelle hauteur ?

            Posons qu’il y ait eu un premier temps illustré par le pionnier d’Amérique.
            Ce pionnier débarque donc en Amérique avec un sac, sa femme, un ou deux gosses et se lance dans une aventure. Il essaye quelque chose.
            Que vise-t-il ? Mettons que ce soit de vivre en cultivant 4 hectares de terre. Il perturbe les Indiens. Que risque-t-il ? Il risque de perdre le contenu de sa valise, ses 10 $ d’économie, les siens et sa propre vie (parce que les Indiens ne sont pas contents et parce qu’il y a des pionniers qui veulent sa place). Pour un gain raisonnable, il risque donc le max.

            Posons qu’il y ait eu un second temps. Le petit-fils du premier pionnier dispose de capital. Il investit dans le Ketchup. Que vise-t-il ? Un résultat au-dessus du commun. Que risque-t-il ? Toute sa fortune et la condammation sociale mais pas sa vie (Encore que quand on voit les cas comme Renault, Berliet...)

            Posons que nous en soyons au troisième temps. Cette fois, par le biais de la bourse, c’est dix millions de Bidochons qui investissent chacun 10 € dans une entreprise commune, une entreprise de chimie visant à transformer l’or en cuivre par exemple (riez, riez). Que visent ces boursicoteurs ? Gagner 5, 8, 17 €.
            Voyons maintenant ce qu’ils risquent.
            Leur entreprise touille, mercure, acide sulfurique, nitrates (je change les noms parce que je garde le secret, vous comprendrez) ils ratatouillent et Boum, ça azfexplose :
            40 employés morts, 400 voisins morts, 4000 hectares pollués pour 40 000 ans.
            Pour ceux qui ont lancé l’affaire, pour ceux qui ont tenté le coup, pour ceux qui ont pris le risque, pour les boursicoteurs, c’est catastrophique : ils ont perdu une pièce à caddie.


            Vous comprendrez donc, ami Santi, que quel que soit le niveau de taxation des mouvements ou profits boursiers, tant qu’ils resteront limités au grand maximum à 100% de la mise, nous continuerons de subir des catastrophes industrielles. 

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