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Retour de l’actualité

Merci aux candidats à l’élection présidentielle de nous avoir, pendant un bon mois bien reposés de nos véritables problèmes. [1] Dommage ! L’actualité reprend le dessus dès le résultat des élections. Non pas des élections présidentielles françaises comme d’aucuns voudraient nous le faire croire,[2] mais des élections législatives grecques,…

Toujours (ou à nouveau) la Grèce
 
Les élections du 6 mai dernier montrent à Athènes un effondrement des deux grands partis qui ont négocié il y a un mois l’accord européen sur la résorption de la Dette de l’État grec. Le cumul des voix des socialistes et de la nouvelle droite se montait à 77% il y a un mois,… la moitié aujourd’hui ! Même s’ils réussissent à reformer un gouvernement majoritaire en achetant l’un ou l’autre appui, l’accord de mars semble plus fragile que jamais. Réapparaît ainsi non le spectre d’une « sortie de l’euro » (un hymne une nouvelle fois entonné par tous) mais celui de la faillite de l’État grec, événement bien plus lourd de conséquences sur le plan financier international.
Globalement le résultat des élections grecques ne diffère pas fondamentalement de celui des élections françaises, avec la montée des deux refus, l’un porté par l’extrême-droite et l’autre par l’extrême-gauche, dont les thèmes se rapprochent de plus en plus. Faut-il rappeler ici qu’Hitler lui-même se revendiquait d’une combinaison de ces deux refus, judicieusement dénommée national-socialisme  ? Férocement xénophobe, allez-vous me dire, mais les temps changent… ou ne changent pas tellement, c’est selon.
 
L’Espagne
 
Si la Grèce a été le ban d’essai de la restructuration de la dette d’État, sur une toute petite échelle au niveau européen (quelques pourcents de son P.I.B.), l’Espagne se révèle de plus en plus comme une approche de la restructuration du système bancaire. On conçoit bien que si les États ne peuvent plus assumer leur Dette, les premières victimes en sont les banques (les créanciers). L’évolution de la question de la Dette d’État en Espagne semble au départ moins catastrophique pour l’État espagnol que pour son collègue grec, mais révèle le marasme total du système bancaire ibérique dont l’instabilité croissante représente une menace de premier plan pour l’Europe. Par l’importance des montants en cause d’abord, mais aussi parce que la dette espagnole est beaucoup moins « nationale » que la dette grecque ne l’était et surtout qu’elle ne l’est devenue après les deux plans de « sauvetage ».
 
J’évoquais il y a trois semaines le fait que « le système bancaire espagnol menaçait ruines ». De grandes manœuvres sont actuellement en cours pour ne fut-ce qu’essayer d’y voir clair. Le gouvernement a nationalisé une huitième banque et injecté plus de 7 milliards d’euros dans Bankia, la quatrième banque du pays, issue de la restructuration des caisses d’épargne, après avoir transformé la créance de 4,5 milliards d’euros qu’il détient, prenant le contrôle de la banque en détenant dorénavant indirectement 45% de son capital. Fin 2011, Bankia a inscrit à son bilan 37,5 milliards d’euros d’actifs dont plus des 3/4 sont aujourd’hui problématiques. Parallèlement, le gouvernement va exiger des banques espagnoles qu’elles fassent de nouvelles provisions pour pertes qui pourraient atteindre 35 milliards d’euros, venant s’ajouter aux 53,5 milliards déjà identifiés. La question est posée de savoir comment les banques pourront faire face à de tels besoins de recapitalisation.[3] L’État devra intervenir, ce qui rendra évidemment plus que problématique le redressement de ses comptes. Pour l’instant le débat se situe entre ceux qui souhaitent regrouper dans une bad bank unique tous les actifs toxiques des banques espagnoles, et les partisans d’une dilution du problème. La crainte est bien évidemment dans ce cas qu’un maillon ne lâche, alors que dans l’option d’un regroupement des créances douteuses, l’ennui est que si on peut mieux situer le problème, il apparaît dans toute sa dimension, c’est-à-dire beaucoup plus important !
 
Divers
 
La reprise économique américaine dont on a fait grand cas cet hiver s’avère un feu de paille.
 
D’autres foyers d’instabilité se développent. Il n’est jusqu’à l’eldorado australien qui menace lui aussi d’une sérieuse bulle, l’activité y ayant été dopée par le géant chinois. Mais aujourd’hui que la Chine est en panne, l’Australie souffre du fait que plus du quart de sa production était tournée vers l’exportation en direction du continent asiatique.
 
En Belgique, c’est l’affaire Dexia (financeur des collectivités publiques belges et françaises) qui continue à faire couler beaucoup d’encre. On fait tout pour éviter un dépôt de bilan, auquel cas les États belges et français ont donné leur garantie pour 90 milliards d’euros, ce qui alourdirait singulièrement leurs dettes respectives. Et ces 90 milliards suffiront-ils ? Rien qu’en 2011, Dexia a accumulé 11 milliards de pertes…
 
En France, pour terminer par notre nombril, c’est la question de l’immobilier qui commence à sérieusement pointer son nez. Mercredi 9 mai, le Crédit immobilier de France a été mis sur la sellette. La suspension de la cotation de plusieurs obligations sécurisées de 3CIF, l'un des deux véhicules de refinancement du groupe, a mis le feu aux poudres. Il semble que le CIF n'ait pas déposé ses comptes annuels dans les délais impartis. Question annexe. Mais dans l’ensemble ce qui fait question, c’est que les crédits ont été accordés à long terme et que leur refinancement se faisait à des taux très bas à court terme. Maintenant que le refinancement à court terme s’avère beaucoup plus cher, il faudra couvrir des pertes de plus en plus importantes… pendant vingt à trente ans !
 
Au fond
 
Tout ceci sans oublier que le précaire équilibre international actuel repose sur un circuit plus qu’absurde : les Banques centrales accumulent des obligations d’État insolvables que l’on continue à comptabiliser comme des actifs, sur base desquels ces mêmes Banques avancent de nouveaux montants de plus en plus faramineux. Le gonflement de leurs bilans rappelle l’histoire de la grenouille qui se gonfle, se gonfle…
 
MALTAGLIATI
 


[1] Je me suis mis en « vacance » pendant trois semaines, car il est des circonstances où il vaut mieux savoir se taire que d’affronter vainement un vacarme insignifiant.
 Note. Quelle « tuile » pour Agoravox que ce licenciement de Sarkozy ! Cela en faisait des articles ! Tous aussi passionnants les uns que les autres ! Comme dans les médias traditionnels…
[2] L’opinion internationale ne s’est nullement formalisée de l’« affrontement » Sarkozy-Hollande et a au contraire stigmatisé le fait qu’ils se sont bien accordés pour mettre entre parenthèses les vrais problèmes auxquels ils n’ont ni l’un ni l’autre d’esquisse de réponse (The Economist, French Denial).
[3] A Bruxelles, certains estiment que le système bancaire espagnol aurait besoin de 270 milliards d'euros pour couvrir ses besoins en capitaux, rapporte le quotidien El País. C’est dire que non seulement on n’a pas nettoyé les écuries d’Augias, mais qu’on attend encore une évaluation du travail à effectuer, alors que d’autres disent : « Je préfère ne pas savoir ».

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4 réactions à cet article    


  • Henri Francillon Henri Francillon 12 mai 2012 12:13

    Et pendant ce temps, en France, le peuple se passionne d’unéventuel duel entre les deux extrêmes (qui comme vous le dites partagent bien des vues) à Hénin Beaumont.
    Je crois que vous êtes bien minoritaire à si joliment dire « Merci aux candidats à l’élection présidentielle de nous avoir, pendant un bon mois bien reposés de nos véritables problèmes ».
    Car la majorité, si elle a souvent un peu honte d’admettre se passionner pour « La ferme des célébrités », n’en a aucune est s’en donne à coeur joie pour se délecter de « La ferme des Présidents » puis, sur sa lancée, de la « Legislative Accademy ».


    • Soi Même 12 mai 2012 13:41

      C’est bien vrais que le combat Sarkozy Hollande a été un beau écran de fumé !

      Cela n’a pas aidé à voir claire de ce qui va se passez en France, quand ils vont nous imposer l’amie qui nous veux du bien !


      • Anonymous Republic Punisher Anonymous Republic Punisher 15 mai 2012 02:13

        Bon résumé par contre il faut arrêter d’assimiler extrême gauche et extrême droite ! L’extrême gauche française n’a jamais été mauvaise contrairement à l’extrême droite raciste et pro capitaliste contrairement aux discours populistes de Marine Le Pen.


        • maltagliati maltagliati 17 mai 2012 08:36

          L’extrême gauche exerce une contrainte intellectuelle et morale purement néfaste. Il FAUT s’en débarrasser autant que du populisme fascisant si nous voulons avancer. Je n’arrêterai pas, d’autant que se manifeste clairement la convergence des deux discours et que certains commencent à comprendre.

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