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Electrolyse de l’eau

On fonde beaucoup d’espoir sur l’hydrogène (H2) en tant que nouveau carburant, mais comment l’obtenir d’une manière verte c’est-à-dire en évitant une émission du gaz à effet de serre le CO2 ? En effet l’hydrogène qui sert à la fabrication des engrais azotés s’obtient maintenant par vapocraquage du méthane c’est-à-dire par chauffage de ce gaz en présence de vapeur d’eau selon la formule chimique :

CH4+2H2O -> CO2+ 4H2

Cette réaction bien que détruisant un gaz à effet de serre : le méthane, en libère un autre le dioxyde de carbone CO2. Elle donne ce que l’on appelle de l’hydrogène gris, très bon marché, mais dont la production émet d’énormes quantités de CO2. Pour obtenir de l’hydrogène vert il faut revenir à la très ancienne technique d’électrolyse de l’eau par un courant électrique issu d’énergie renouvelable ou nucléaire.

L’électrolyse consiste à couvrir d’eau les électrodes d’une cuve électrolytique réunies à une source d’électricité. Lorsque les électrodes sont alimentées, il se dégage à la cathode de l’hydrogène H2 et à l’anode de l’oxygène O2, gaz issus de la rupture de la molécule d’eau selon la formule simplifiée :

2 H2O -> 2H2 +O2

(Notons au passage que cette réaction est réversible et que si l’on fait passer un courant d’hydrogène à la cathode et un courant d’oxygène à l’anode, il se créera un courant électrique dans le circuit qui réunit les deux électrodes et de l’eau par l’association des deux gaz : c’est une pile à combustible).

Pour obtenir de l’hydrogène vert il ne faut pas que le courant électrique d’alimentation soit issu d’une énergie fossile. Il se pose enfin le problème de la rareté et de la cherté du métal des électrodes : le platine, qui peut devenir un obstacle à l’expansion de l’électrolyse.

Selon la revue Science* de nouveaux types d’électrolyseurs sont en cours de mise au point pour palier la rareté du platine constituant des électrodes.

Le plus avancé est l’AWE (Alkaline Water Electrolyser ou électrolyseur d’eau alcaline). Il fonctionne un peu comme une batterie ; deux électrodes en nickel ou acier inoxydable séparées par une membrane poreuse sont immergées dans de l’eau contenant un électrolyte (soude par exemple) qui favorise le mouvement des ions. La cathode chargée négativement par le courant d’alimentation, partage la molécule d’eau en protons H+ qui se recombinent pour donner de l’hydrogène et en ions hydroxyde OH- qui traversent la membrane et vont vers l’anode chargée positivement où ils se recombinent pour donner de l’oxygène et un peu d’eau. La membrane ralentit et évite le mélange explosif oxygène-hydrogène. Cette technique est au point, elle utilise des électrodes peu coûteuses, mais elle fonctionne mal en courant alternatif.

Dans l’électrolyseur PME (Proton Exchange Membrane ou membrane échangeuse de protons), l’action est inversée ; elle commence à l’anode qui tire les électrons des molécules d’eau et partage celles-ci en protons H+ et molécules d’oxygène O2. Les protons traversent la membrane pour rejoindre la cathode qui leur fournit les électrons qu’ils avaient perdus reconstituant ainsi la molécule d’hydrogène H2. Dans ce dispositif la membrane est un polymère solide formé de molécules qui transfèrent les protons de l’une à l’autre. Le système PME est plus efficace que l’AWE, il fonctionne mieux avec des courants alternatifs et puissants et donc la taille des électrolyseurs est plus petite. Cependant il utilise, pour ses électrodes, un catalyseur rare et coûteux l’Iridium car les protons forment des points hautement acides qui dégradent les catalyseurs conventionnels, enfin la membrane est constituée de substances polyfluoroalkylées ou encore PFAS (considérées comme des polluants éternels) et interdites dans certains pays.

Le dernier dispositif, le plus récent, AEM (Anion Exchange Membrane ou membrane échangeuse d’anions), combine les avantages des deux systèmes précédents ; les ions hydroxydes OH- qui se forment à la cathode traversent une membrane solide et se recombinent à l’anode pour former l’oxygène, les protons reçoivent des électrons à la cathode pour former de l’hydrogène. Ce modèle ne demande ni électrodes constituées d’un catalyseur rare (Iridium, platine) ni d’une membrane solide en PFAS. Ses défauts sont une membrane qui se dégrade rapidement et la non acceptation de courants alternatifs.

En définitive la technique de production d’hydrogène par électrolyse a beaucoup progressé mais elle ne peut encore se substituer au vapocraquage du méthane. Il faudrait pour cela que le prix du kilowatt électrique soit 10 fois moins cher et augmenter considérablement la production d’électricité renouvelable. On est loin encore de la substitution des carburants fossiles par un carburant vert : l’hydrogène.

* R.F. Service, Science, 24 janvier 2025, N°6732, pp.354-357


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18 réactions à cet article    


  • biquet biquet 30 mars 08:21

    Très bon article qui montre qu’il faut arriver à produire de grandes quantité d’énergies renouvelables beaucoup moins chère mais la censure est là et bloque tout car il faut sauver le nucléaire.


    • Jules Seyes Jules Seyes 31 mars 15:53

      @biquet
      Donc, dans les pays non nucléarisés, la production d’origine renouvelable explose et électricité est excellent marché ?
      Vous voudrez bien vous charger de renégocier mon contrat électrique, j’habite en Allemagne, pays sorti du nucléaire !


    • xana 30 mars 10:21

      En deux mots il faut de l’électricité pour obtenir de l’hydrogène utilisable, que cet hydrogène provienne de l’eau ou de n’importe quoi.

      L’hydrogène n’est qu’un stade d’utilisation momentané, comme l’essence dans un réservoir.

      Donc tout le problème est d’avoir de l’électricité pas chère et peu polluante.

      On n’avance pas en ajoutant une étape.


      • nenecologue nenecologue 30 mars 11:51

        Pour produire de l’électricité, on pourrait faire des réacteurs au thorium comme le font l’Inde ou la Chine en ce moment. On maitrise cette technologie depuis plus de 50 ans en France. Il n’y a pas de risque d’explosion comme avec l’uranium et la radioactivité résiduelle est très faible. Mais les militaires ont préférer les réacteurs à l’uranium pour fabriquer des bombes.

        Et les éscrolos sont vent debout contre tout type de nucléaire alors que le thorium n’a que des avantages...


        • Boaz Boaz 30 mars 12:01
          la France possède une réserve importante d’hydrogène naturel, également appelé « hydrogène blanc », qui pourrait potentiellement être utilisée comme carburant. Cette découverte a été mise en lumière dans la région de Lorraine, plus précisément dans la zone de Folschviller (Moselle).
            
          Ce gisement, situé à environ 1 250 mètres de profondeur, est estimé à environ 46 millions de tonnes selon les premières évaluations. Certaines estimations plus récentes, bien que moins confirmées, évoquent des volumes encore plus élevés, potentiellement jusqu’à 250 millions de tonnes, ce qui en ferait l’une des plus grandes réserves naturelles d’hydrogène au monde.

          • Seth 30 mars 14:07

            @Boaz

            L’hydrogène natif est utilisé en de rares endroits mais d’un point de vue écolo c’est pas brillant : son exploitation dégage des gaz à effet de serre et s’attaque aussi à la couche d’ozone.


          • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 30 mars 14:14

            @Boaz
             
            ’’ Ce gisement, situé à environ 1 250 mètres de profondeur, est estimé à environ 46 millions de tonnes selon les premières évaluations. Certaines estimations plus récentes, bien que moins confirmées, évoquent des volumes encore plus élevés, potentiellement jusqu’à 250 millions de tonnes ’’
            >
            Bonjour les risques d’affaissement de terrains aux alentours de ces poches, si on les vidait de leur contenu gazeux sous haute pression.


          • Seth 30 mars 14:56

            @Francis, agnotologue

            Si on va par là il y aurait jusqu’au noyau de la Terre.  smiley

            Et puis, question bassement matérielle, il y a les difficultés de stockage...


          • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 30 mars 19:27

            @Francis, agnotologue
             
             l’Inde a sorti en un an un milliard de tonnes de charbon de ses sous-sols.
            Et on ne parle pas de la Chine.
            On est en plein délire.


          • Jules Seyes Jules Seyes 31 mars 15:55

            @Francis, agnotologue
            Pour autant que j’ai compris les articles, l’hydrogène est généré par réaction de l’eau et de composant dans le sol.
            Il n’est pas sous forme gazeuse à haute pression.
            J’apprécierais, si j’ai tort, les sources pour compléter ma compréhension.


          • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 31 mars 18:35

            @Jules Seyes
             
            ’’ l’hydrogène (... ) n’est pas sous forme gazeuse à haute pression.
            J’apprécierais, si j’ai tort, les sources pour compléter ma compréhension
            .’’
            >
            C’est à Boaz qu’il faut poser la question de ses sources.
             
            2,8 milliards de tonnes d’hydrogène découvertes en France ? Attention à ces sites d’info bidonnés avec de l’IA



          • toto toto 31 mars 10:30

            Ce siècle sera nucléaire ou ne sera pas..


            • Eric F Eric F 31 mars 10:34

              Il y a quelques années on nous parlait de l’utilisation de l’hydrogène comme carburant de l’avenir, certains constructeurs on fait rouler des prototypes, mais ça semble avoir tourné court. Problèmes de transport, stockage et distribution ?


              • chat maigre chat maigre 31 mars 11:43

                @Eric F

                Salut,
                c’est plus que des prototypes, mais la puissance des lobbys liés aux hydrocarbures est bien trop forte !!

                https://www.h2-mobile.fr/vehicules/voiture-hydrogene/


              • Eric F Eric F 31 mars 14:09

                @chat maigre
                Pour l’instant c’est le lobby électrique qui tient le haut du pavé ; malgré les aléas conjoncturels de Tesla et la baisse des aides, les prévisions parlent d’un envol prévu des ventes mondiales, notamment parce que le prix des batteries baisse (à part l’Europe, le reste du monde cherche et exploite des gisements de lithium à tout va).
                Restera à produire suffisamment d’électricité, ailleurs la production de charbon atteint des pics, chez nous le vent ne suffira pas.


              • Jules Seyes Jules Seyes 31 mars 15:58

                @Eric F
                Ce sont des technologie complexes avec un gaz volatil.
                Le processus : Électrolyse, utilisation, génére structurellement des pertes à chaque étapes, rendant l’ensemble horriblement coûteux entre énergie d’entrée et de sortie.
                Ajoutez le coût des composants et ça devient, économiquement un désastre.


              • Eric F Eric F 31 mars 17:04

                @Jules Seyes
                Le gisement de Lorraine ne posera pas les problèmes de l’énergie et l’émission de gaz à la production, mais effectivement la manipulation et le stockage sont complexes.

                Pour un fois que la providence nous gratifie de ressources naturelles (on se souvient les faux espoirs du pétrole de la mer d’Iroise), ce serait dommage de ne pas s’efforcer d’en profiter.


              • toto toto 31 mars 17:30

                @Jules Seyes
                Salut,Toyota stop toute production dans l’électrique. La chine installe des panneaux voltaïques sur des kilomètres en Afrique et convertit électricité en hydrogène vert sur place...apparemment un marché en devenir localement....

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