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Accueil du site > Actualités > Environnement > Refondation : bien-être sans écologie, est-ce possible ?

Refondation : bien-être sans écologie, est-ce possible ?

Hier en Sorbonne le Président de la République à prononcé un discours sur l'école...si "épanouissement", "plaisir" et "bien-être" y était, en revanche écologie n'y était pas !

Nous étions 400 invités m’a-t-on dit, en tout cas toute la partie basse du grand amphi de la Sorbonne était remplie. En face de moi, les statues de Pascal, Lavoisier… autour de moi des dorures, du bois patiné par les années, du velours, des peintures évoquant la Grèce (d’avant l’euro), à droite de l’estrade « Liberté, Égalité, Fraternité » en lettre d’or, à gauche la même chose. Des drapeaux. Mais aussi des ami(e)s, SGEN, ICEM, AGEEM, Francas, CEMEA, Cahiers Pédagogiques…

Pléthore de ministres. 

Nous faisions un bon brouhaha quand, je ne sais à quel signe, le silence s’est progressivement installé, puis tout le monde s’est levé. Mon voisin m’a glissé dans l’oreille : « la République manque de simplicité », j’ai acquiescé. C’est le recteur de la Sorbonne, j’imagine, personne ne l’a présenté, qui a démarré. « Soyez les bienvenus en Sorbonne », « l’école est la grande œuvre de la République », nous avons été « 800 participants pour refonder l’école de la République ». Tous les ministres présents ont été nommés, Peillon, Pau-Langevin, Duflot, Batho, Sapin… pour les premiers, il y en a d’autres, nous verrons aussi arriver Vals, Taubira… il y a pléthore de ministres. 

« Épanouissement », « bienveillance », « plaisir », « bien-être »

Il y a eu une première salve avec les quatre du comité de pilotage et les quatre présidents de groupe en tribune avec une journaliste. Les premiers mots qui ont éveillé mon attention sont : « bien-être », « plaisir », « il n’y a pas de plaisir à faire mal son métier » rapportera Marie Colombani du comité de pilotage, c’est un prof qui lui a dit. Christian Forestier du CNAM dira : « de 15 à 20 % d’une génération est en échec lourd » et ça a duré des minutes longues, toutes les plaies de l’école exposées en pleine lumière, sous nos yeux. Puis la journaliste a dit qu’elle avait trouvé des mots pas habituels dans le rapport, des mots qu’on ne trouve pas habituellement dans les rapports : « épanouissement », « bienveillance », « plaisir », « bien-être »… c’est souvent à l’occasion de la concertation, ce que demandent les parents pour leurs enfants. Humains les parents en fait ! Le stress de la compétition est dénoncé.

Son épée au côté

Je me dis qu’au cœur du problème se trouve l’inaptitude au lâcher-prise, la confiance en l’enfant c’est la confiance en le sauvage. L’école vous prend en main sous prétexte de vous émanciper, c’est dur à avaler. Les mots « environnement », « nature », « écologie », « développement durable » ne sont pas venus. De la journée ils ne viendront pas. En revanche la santé à trouvé une bonne avocate en la personne d’Agnès Buzyn présidente du groupe 2 : « l’école ne doit pas penser que c’est une mission secondaire ». Puis le Président est arrivé, avant lui le premier ministre est rentré par la porte de droite. Nous, nous nous étions tous encore levés et nous avons du attendre plusieurs minutes avant de voir la porte gauche s’ouvrir poussée par l’huissier avec son grand collier et son épée au coté. Mon voisin me parlera de « monarchie » et « d’archevêque » cette fois. C’est vrai que ça fait penser à la messe.

La concertation n’est pas terminée 

Nathalie Mons membre du comité de pilotage proposera deux idées fortes au Président : « créer une école de la justice sociale pour la réussite de tous les élèves » et « une école du bien-être (encore lui) et de la confiance ». Puis ça a été le discours du président : « l’essentiel, c’est l’avenir », « un projet éducatif c’est par définition un projet de société », « le savoir exige pour être transmis des savoirs faire », « autonomie des équipes pédagogiques », « des lieux qui assurent de bonnes conditions de vie », « Les collectivités locales seront donc associées dans le cadre des projets éducatifs territoriaux », « une loi sera proposée en conseil des ministres en fin d’année », « la concertation n’est pas terminée »… Pour conclure, il parlera de « ce bien inestimable qu’est notre éducation nationale… », « Les Français sont donc inquiets, le chômage est en hausse constante depuis 16 mois, la croissance est au ralenti, l'endettement public atteint un niveau record » dans la liste des plans galère, pas de référence à la crise environnementale ! Il parlera de dette financière et de dette éducative, mais pas de dette écologique, elle est pourtant celle la et sera beaucoup plus salée. Le discours du Président est terminé et comme le veut la tradition après lui plus aucun mot ne sera prononcé.

Quel bien être sans écologie ?

Quoi dire ? J’attendais des mots que je n’ai pas entendus, mais j’en ai entendu d’autres. Plaisir, bien-être, bienveillance… l’école veut s’humaniser. Elle se veut plus joyeuse et plus douce. Moins sanctionnante. Nous ne pouvons que nous en réjouir et en plus les collectivités vont maintenant venir apporter leur grain de sel supplémentaire, aucun doute elles interviendront davantage sur les contenus. Et puis s’ils ne sont pas là les mots attendus, c’est aussi le bilan de la décennie et pas le nôtre. Au seuil de la neuvième année de la décennie de l’éducation au développement durable des Nations Unies orchestrée par l’UNESCO on peut constater que la classe politique française en sort pratiquement indemne et l’Éducation nationale tout à fait. Il va falloir encore communiquer, encore expliquer, mobiliser*. L’école irait mieux avec plus de grand air, plus d’humus, plus d’eau qui coule dans les ruisseaux, plus d’oiseaux et de roseaux. Tous nous irions mieux les humains, nous aurions plus de bien-être.

À suivre

RG

* http://www.cfeedd.org/petition/


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11 réactions à cet article    


  • joletaxi 10 octobre 2012 10:17

    Les mots « environnement », « nature », « écologie », « développement durable » ne sont pas venus. De la journée ils ne viendront pas
    mais pas de dette écologique, elle est pourtant celle la et sera beaucoup plus salée

    ouf
    au moins on aura échappé à ça

    les petites têtes blondes auront encore pas mal d’occasions d’être confrontés à la « pensée » de la mouvance et à son pendant, l’écoterrorisme.
    En tout cas, ils feront inévitablement les frais de toutes les mesures absconses, ruineuses, et sans aucun bénéfice pour la communauté, concoctées par cette secte verte.

    Citez moi une mesure d’ordre général prise à l’initiative de la mouvance, sous prétexte de l’urgence « sinon on va tous mourir » qui aie eu le moindre effet positif pour la communauté, et qui ne soit pas soldée par une gabegie sans nom, quand ce n’est pas une catastrophe humanitaire.


    • Francis, agnotologue JL 10 octobre 2012 10:40

      Que répondre à ce troll que rien n’instruit, et passe son temps ici à perdre celui des autres ?


    • joletaxi 10 octobre 2012 13:37

      a mon avis, vous faites mieux de vous abstenir de répondre, cela ne ferait que donner le baton pour vous faire battre.
      Mieux vaut ignorer une opinion contraire, c’est le principe de toute religion.


    • Francis, agnotologue JL 10 octobre 2012 10:39

      Merci Roland Gérard,

      pour ce compte rendu « impressionniste ».


      • hunter hunter 10 octobre 2012 12:21

        Bon papier effectivement, mais le PS comme tous les autres principaux partis français, sont productivistes et croissancistes, donc lles enjeux environnementaux, ils n’y comprennent rien !

        Les pires en la matière, étant les charlots de EELV !

        D’accord ils n’ont pas voté le TSCG, mais bon, tout ça n’est que du théâtre !

        H/


        • Le péripate Le péripate 10 octobre 2012 12:33

          Voilà le travail d’une de ces si nombreuses agences para gouvernementales que le monde nous envie....
          Donc plus de zoizeaux et un tas de fumier dans la cour de récré...

          Ca a couté combien ces brillantes élucubrations ?


          • joletaxi 10 octobre 2012 13:43

            Bah, si ce monsieur a un bon job, bien payé,qu’il aie en plus la satisfaction puérile de soi disant servir à quelque chose, pourquoi pas ?
            Sur ce même principe, on a bati des cathédrales.
            Par contre, que ces zozos viennent dans les écoles répandre leurs idioties, pour mieux faire des petits servants de la cause verte, il y a des précédents qui nous rappellent les pages les plus sombres blabla...

            Prof Hans von Storch


            If this report is accurate, it describes a sad inability of European elites to take climate change seriously. The issue seems more as an opportunity to do social experiments – such as mass mobilization, steps towards a truly global governance – than dealing with efficiently limiting climate change and protecting society against ‘non-mitigatable’ climate change.”

            such as mass mobilization, steps towards a truly global governance

            ils en rêvent et sont prêts à n’importe quoi pour y arriver


          •  C BARRATIER C BARRATIER 10 octobre 2012 19:52

            Je n’ai pas du tout l’impression que le problème de l’école à refonder soit l’écologie, n’en déplaise à ceux qui en font leur fonds de commerce respectable comme les autres, financier et politique. La refondation devra libérer l’école des lobbies des coulisses du pouvoir, telle est mon opinion.

            Tant que la République a su garder une importante indépendance devant les lobbies pro vacances longues et pro week ends, on a assuré des semaines de 5 jours, avec la coupure du jeudi. Avec 4 jours et demi, puis 4, on a contribué à abîmer l’outil. Le second point faible est le manque de respect par bon nombre de parents qui ne rendent pas service à leurs enfants en critiquant les professeurs. Enfin, on s’est polarisé dans les médias sur les enfants décrocheurs en oubliant la large majorité de ceux qui réussissent.

            La volonté d’une mouvance très libérale qui veut se débarrasser des services publics façonne les consciences en tenant les médias et accélère le processus.

            Parler de refondation a souvent remplacé la refondation. Qu’a – t- on fait des riches propositions des journées de réflexion (avec suppression des cours) sur l’avenir de l’école menées partout à tous les niveaux de septembre 2003 à mars 2004 ?


            Voir dans la table alphabétique des news :

            « Ecole publique : Enfin une refondation qui la conforte ? » 

             http://chessy2008.free.fr/news/news.php?id=217


            • Roland Gérard Roland Gérard 15 octobre 2012 15:28

              Avec les pollutions, le réchauffement climatique, la disparition de la biodiversité, les maladies environnementales...nous sommes confrontés a une nouvelle donne que l’humanité n’a jamais connue. Que l’école ne le prenne pas en compte quand elle parle de « refondation » c’est très surprenant. Oui, il y a sans doute des lobbys qui agissent, mais pas le notre je peux vous assurer, il est juste ridicule de faiblesse dans le rapport de force que nous connaissons.

              cordialement
              RG


            • Croa Croa 10 octobre 2012 23:43

               smiley Cet auteur doit être jeune pour avoir encore des illusions ! smiley

              Mais pourquoi aurait-il fallu s’attendre à autre chose ?


              • Roland Gérard Roland Gérard 15 octobre 2012 15:31

                parce que rien n’est fichu, parce que c’est naturel d’y croire, parce que si on n’y crois pas ce doit être bien désespérant de vivre, parce que toute personne un jour peut ouvrir les yeux, par ce que prêter attention à la nature devient une évidence, parce qu’il y a de plus en plus de cantines bio...

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