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Bye Bye Jean-Claude Juncker ?

Après 19 ans de pouvoir ininterrompu comme premier ministre du Luxembourg, Jean-Claude Juncker a été évincé du pouvoir. 

Son parti, le CSV,en perte de vitesse, n'a pas obtenu une majorité suffisante aux élections législatives anticipées de fin octobre. Une coallition entre les libéraux, les socialistes et les écologistes formera le nouveau gouvernement, sans lui. Retour sur la carrière très particulière de cet homme politique ambitieux et démagogue.

Ambition, cumul des mandats

Tout d'abord, Jean-Claude Juncker est d'une certaine façon un exemple de l'homme politique moderne : Ambitieux -même beaucoup- et aussi... cumulard expérimenté. Membre du gouvernement luxembourgeois depuis 1982, premier ministre du pays depuis 1995, cela ne lui suffit apparemment pas :
Juncker devient aussi gouverneur du fond monétaire international, puis président de l'Eurogroupe (3 mandats successifs, pendant lesquels il reste premier ministre du Luxembourg).
 
Cela ne lui suffit toujours pas : Premier ministre, président de l'Eurogroupe, il brigue aussi en 2009 le poste de Premier président du conseil européen, qui lui était d'ailleurs quasiment acquis, notamment grâce au soutien d'Angela Merkel. Sauf que Sarkozy met son veto à ce choix, provoquant ainsi la nomination du Belge Von Rompuy à sa place.
 
Juncker est blessé dans son orgueil. Mais aussi curieux que ce soit, les mêmes voix qui d'habitude ne se privent pas de crier au conflit d'intérêts, au scandale quand un homme politique annonce qu'il va cumuler deux mandats, absolument personne ne semble avoir quelque chose à redire à Juncker qui cumule des fonctions multiples à tous les niveaux de gouvernement, luxembourgeois, européen, même international.
 
Juncker a beau avoir été évincé aux législatives d'octobre, il n'a pas renoncé au pouvoir pour autant : selon certaines sources, il serait actuellement en négociations pour devenir secrétaire général du conseil de l'Europe. Lui-même n'a jamais annoncé son départ de sa vie politique, au contraire.
Il annonçait après l'annonce de l'échec de son parti « Mon état d'esprit n'est pas celui de quelqu'un qui se retire de la politique luxembourgeoise, bien au contraire ».
Nous voilà rassurés....
 
Un Parti équivoque
 
Mais parlons aussi un peu des liens de Juncker et de son parti, le "Parti populaire chrétien social". (CSV) Un parti qui reflète un peu la personnalité du désormais ex-premier ministre.
Dire du CSV qu'il s'agit d'un parti chrétien est en fait une aberration vu que le parti soutient ouvertement à peu près tout ce qui est contraire au Christianisme et à la doctrine chrétienne. Ainsi, Juncker soutient l'élargissement de l'avortement, le mariage homosexuel.
 
Mieux, il va en 2008 ouvertement provoquer Benoit XVI lors d'une visite officielle au Vatican, ne se privant pas lors de son audience avec le Pape d'évoquer la "dépénalisation de l'euthanasie", entrée récemment en vigueur au Luxembourg.
 
Ensuite, il y a dans le nom du parti le mot "social".
On peut légèrement sourire de cette appelation pour un premier ministre qui a été l'un des fossoyeurs de la Grèce. Mais nous allons justement en parler.
 
L'un des fossoyeurs de la Grèce
 
La gestion de la crise grecque par Juncker pourrait en effet être ce qu'on appelle l'étouffement d'un pays, mêlé de discours démagogiques.
 
En juillet 2011, Juncker déclare de façon surréaliste -en tant que président de l'Eurogroupe- que la Grèce doit dans son intérêt (sic) accepter de "sévères limitations de sa souveraineté", notamment en ce qui "concerne les privatisations". Il ne se prive alors pas de taper sur les Grecs, allant comparer la Grèce et l'Allemagne de l'Est dans les années suivant la réunification allemande, les qualifiant aussi d'"en partie responsables de la crise". Juncker, quel homme respectueux des principes d'autodétermination des peuples et de la solidarité européenne !                      
 
Quelques mois plus tard, quand le premier ministre grec Papandréou annonce la tenue d'un référundum sur le plan de renflouage européen, Juncker s'illustre de nouveau : Craignant un non, cherche à effrayer les Grecs pour que la démocratie ne contamine surtout pas la Grèce.
 
Il déclare en effet "si les Grecs devaient rejeter par référendum le dernier accord européen, on ne pourrait exclure une faillite de la Grèce"
 
En gros, c'est "attention les Grecs mieux vaut ne pas voter". Juncker, quel homme respectueux de la démocratie !
 
A la même époque, l'Eurogroupe décide de ne pas débloquer tout de suite le prêt de 8 milliards d'euros promis à Athènes, ajoutant "mais pas de panique, la Grèce peut tenir jusque-là". Un peu comme un homme privé d'eau dans le désert de qui on dit qu'il peut encore survivre, pas d'inquiétude !
 
Mais bref, après avoir encouragé, forcé les Grecs à mener une politique de rigueur et d'austérité qui a fait augmenter le taux de suicide de 26%, provoqué six ans de récession, des coupes énormes dans les retraites, les salaires, et tout ce que l'on sait, Juncker frappe un énorme coup de cynisme, quasiment surréaliste : lors d'un discours en présence du premier ministre grec Samaras, il déclare que "quand la Grèce fut attaquée de façon violente, arrogante, condescendante, j'étais là pour défendre mes amis grecs." !!
 
Le Scandale
 
Enfin, en juillet 2013, un scandale éclate au Luxembourg. Des révélations éclatent, selon lesquelles les services de renseignement du Luxembourg auraient fiché des dizaines de milliers de citoyens et d'hommes politiques. Un rapport parlementaire met par la suite en évidence des dysfonctionnements dans la gestion de ces services, pointant du doigt la responsabilité de Juncker.
 
Les socialistes, membres de la coallition gouvernementale, le lâchent, ce qui provoque la convocation des fameuses élections anticipées qui seront la cause de sa chute. 
 
Il avait pourtant promis au cours de la campagne, face à ceux qui l'accusaient d'être plus européen que luxembourgeois, de se consacrer davantage à son pays. Pas sûr que cela ait convaincu les électeurs de reconduire un homme étant resté au pouvoir trois décennies.

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1 réactions à cet article    


  • Daniel Roux Daniel Roux 4 novembre 2013 11:01

    Les hommes passent et les politiques restent.

    Malgré l’opposition affirmée à plusieurs reprises des français à la politique suicidaire de l’Europe, aucune remise en cause, aucune alternatives, aucune solution sérieuse n’est proposée pour mettre fin au « libre échange réglementé », à la « mondialisation sauvage », à la misère qui gagne du terrain à travers toute l’Europe de l’Ouest.

    C’est ce que j’appelle l’illusion démocratique.

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