C’est un des rebondissements étonnants de cette surprenante campagne des primaires aux Etats-Unis, qui a vu le milliardaire Donald Trump prendre largement la tête des sondages du côté Républicain, en tenant un discours volontiers outrancier. Mais sur l’économie, Paul Krugman le soutient !

Le soutien limité d’un démocrate
Que penser de ces primaires ?
Il n’en reste pas moins étonnant
qu’un économiste, proche de l’aile gauche des Démocrates, en vienne à accorder un tel satisfecit au candidat le plus sulfureux des Républicains,
souvent vu comme le plus extrême de ces primaires. Il faut dire que la campagne républicaine semble témoigner, jusqu’à présent, d’une vraie colère des électeurs contre les élites de Washington, ce qui expliquerait le succès de Donald Trump
ou aussi celui de Carly Fiorina, deux personnalités venues du monde des affaires et qui jouent justement sur le fait qu’ils n’appartiennent pas à l’établissement politique du pays. Ce faisant,
le message qu’envoie le peuple étasunien par les sondages, même si leur valeur est à relativiser, est une envie profonde de renouvellement et de véritable changement, que Barack Obama n’a pas satisfait.
En un sens, cette aspiration au changement est extrêmement positive, outre le fait d’être logique
pour qui est partisan d’une véritable alternative à l’anarchie néolibérale. Cela signifie sans doute que le changement finira par venir, même si on ne sait pas quand. Sous l’écume néolibérale du moment, des courants profonds sont à l’œuvre dans les opinions de la quasi totalité des grands pays dits occidentaux (
en Grande-Bretagne, avec Jeremy Corbyn,
en Italie avec le mouvement Cinq Etoiles,
en Espagne, avec Podemos,
en France, avec le FN, pour l’instant). Et il faut saluer la capacité de Krugman à apporter son soutien à Donald Trump sur les questions économiques, démontrant qu’il ne cède pas à un esprit de chapelle et que dans le grand changement qui arrivera, les anciennes barrières tomberont.
Bien sûr, il est possible que les primaires débouchent sur le choix d’Hillary Clinton côté démocrate et de Jeb Bush côté républicain, pas vraiment un signe de renouvellement, et plutôt une caricature du fonctionnement de plus en plus aristocratique de la société étasunienne. Mais il faut se méfier de l’eau qui dort.