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Le nouveau style Bachelet au Chili

La nouvelle présidente disposera de seulement quatre ans non renouvelables pour relever ses défis, en particulier la réduction des inégalités et la réforme des retraites, dans un pays marqué par une forte croissance économique, mais qui reste toujours l’un des plus inégalitaires du monde.

Michèle Bachelet assume depuis le 11 mars la présidence du Chili. Le transfert du mandat s’est effectué à Valparaíso, en présence d’une trentaine de chefs d’Etats étrangers, dont Evo Moralès, le président de la Bolivie, un pays avec lequel le Chili entretient des relations diffíciles. La nouvelle présidente disposera de seulement quatre ans non renouvelables pour relever ses défis, en particulier la réduction des inégalités et la réforme des retraites. Dans un pays marqué par une forte croissance économique, les précédents gouvernements de la concertation démocratique ont obtenu une réduction substantielle de la pauvreté (de 40% à 18% de la population). Mais le Chili reste l’un des pays les plus inégalitaires du monde : 80% de l’économie reste concentrée entre les mains d’une vingtaine de groupes familiaux, et cette concentration s’est encore accentuée au cours des dernières années.

Les relations avec l’ Amérique latine :
Dans le domaine international, la nouvelle présidente devra développer les relations avec ses pairs d’Amérique latine, et sera aidée en cela par le fait que l’OEA (Organisation des Etats américains) est aujourd’hui dirigée par un Chilien, l’ex-ministre de l’intérieur José Miguel Insulza. Les relations avec les pays voisins sont restées le point faible du président sortant, Ricardo Lagos, essentiellement pour des facteurs indépendants de sa volonté : graves crises politiques en Bolivie et en Equateur, qui ont changé d’équipes dirigeantes durant son mandat, et crise économique en Argentine. Aujourd’hui, la situation semble se stabiliser, avec Evo Moralès élu largement et populaire dans son pays, la gauche au pouvoir pour la première fois en Uruguay, les réussites indiscutables de Nestor Kichner pour sortir l ’Argentine de la zone rouge, et la reconnaissance internationale du potentiel brésilien.. Même si les Etats-Unis cherchent à établir une brèche avec les autres gouvernements de gauche, en particulier celui du Vénezuela, Michèle Bachelet aura certainement à coeur de développer le rapprochement politique et de promouvoir sur le continent le socialisme à la chilienne. Impulsé par Ricardo Lagos, ce concept se résume en un Etat petit mais puissant, favorable à la globalisation. C’est son fils, Ricardo Lagos Weber, qui a négocié les nombreux traités de libre-commerce avec les Etats-Unis, la Chine, l’Inde, etc. Il est aujourd’hui le porte-parole du gouvernement de Michelle Bachelet.
La nouvelle présidente a d’ailleurs pris jusqu’à présent beaucoup de précautions pour aborder le thème du virage à gauche de l’Amérique latine. Sans s’opposer officiellement à la tendance anti-globalisation de Hugo Chavez, elle a déclaré au cours d’une interview sur la chaîne américaine PBS : "Je voudrais demander de ne pas simplifier la situation et de ne pas faire de stéréotypes. Je pense que tous les pays du monde, et tous leurs présidents, répondent aux besoins de chaque pays. Chaque pays élit la personne qu’il juge la meilleure pour atteindre des objectifs. Je n’aime pas les stéréotypes. Je crois en ce que je crois, et je veux donner le meilleur pour atteindre les objectifs que j’ai fixés durant ma campagne".
ELIZABETH FARNSWORTH : Donc, vous êtes différente d’eux ? (Morales et Chavez -NdT)
MICHELLE BACHELET : Ça ne m’intéresse pas de jouer à “je suis différent / je suis égal”. Mon intérêt ici est de faire une coalition. J’ai un programme. Je comprends qu’un pays n’est pas une île. Nous avons besoin d’affronter beaucoup de choses ensemble. Nous avons des challenges communs et des opportunités en commun, et je veux travailler avec tous les présidents qui dirigent en ce moment leur pays avec l’objectif d’obtenir de bons résultats pour nos nations. C’est mon intention, et je voudrais travailler avec beaucoup d’enthousiasme avec les présidents de chaque pays, parce que je suis sûre qu’ils souhaitent la même chose pour leur pays et pour la région.


La présidente est pressée
Il faut dire que Michelle Bachelet est une femme pressée. La nouvelle constitution ne lui donne que quatre ans non renouvelables pour mener à bien des réformes qu’elle juge indispensables. Au cours des quinze jours qui ont précédé sa prise de fonction, elle a donné des signaux clairs de sa manière de travailler. Comme elle l’avait indiqué durant sa campagne, elle a privilégié la parité, et a nommé autant d’hommes que de femmes ministres. Et elle a demandé à chacun d’appliquer ce principe au moment de choisir ses collaborateurs. Elle a aussi privilégié les nouvelles têtes, voulant une connaissance plus technique que politique des dossiers, ce qui fait prédire à certains des moments difficiles avec les partis politiques qui la soutiennent. Mais la présence de Ricardo Lagos Weber à la Moneda garantit sa loyauté vis-à-vis du président Lagos, qui n’exclut d’ailleurs pas de se représenter en 2010.

Le style Bachelet
Selon le journal La Tercera, il existe bien un style Bachelet. La nouvelle présidente a en effet décidé de nommer quatre ministres qui partagent une vision économique libérale et se retrouvent dans le même laboratoire d’idées “Expansiva”, mais qui se sont toujours opposés aux Chicago boys. Elle a promis la continuité politique et un changement de style. Par exemple, elle a toujours souligné son intention de développer la participation citoyenne. Mais une plus grande participation n’implique pas un changement d’orientation.
Selon Patricio Navia, de la revue Que pasa, la forme, c’est les USA, le fond, le socialisme libéral : “ Bien que se considérant de gauche, beaucoup de ses conseillers ont adopté des valeurs du libre-marché qui n’ont pas été historiquement du goût des socialistes chiliens. Mais parce que le libéralisme croit en l’égalité et en la liberté, ses idées sont parfaitement compatibles avec le projet historique du socialisme chilien. Les moyens peuvent être différents mais l’objectif est le même. Mais la disposition de ces conseillers à favoriser les outils du libre-marché, et leur préférence pour un Etat petit mais musclé, inévitablement vont réveiller les suspicions chez certains de ceux qui rêvent encore d’un Etat conducteur de l’économie et producteur de la richesse".

Les chiffres du Chili 2006

Selon les informations de la chambre de commerce de Santiago reprises par la Nación domingo du 12 mars 2006, on estime à 6.7 millions le nombre d’utilisateurs d’internet dans le pays, ce qui correspond à 43% de la population totale. Jusqu’au mois de juin 2005, il y avait prêt de 940 mille connections dans le pays, parmi lesquelles 620000 correspondaient à des connections haut débit. Selon un rapport du secrétariat d’Etat à l’économie, ce dernier chiffre aurait augmenté à 700000 pour le mois dernier.

Une économie dynamique

Population : 16 millions d’habitants, dont 6 millions concentrés dans la métropole de Santiago.
Rétablissement de la démocratie : 1989.
Croissance : 6,3%, en 2005. Prévision de 5,5% en 2006.
Mortalité infantile : 8,8 pour 1 000 (la plus basse du continent).
Espérance de vie : 76,6 ans.
Chômage : 7,4%.
Pauvreté : 18% (40% en 2000).
Principales destinations des exportations : Etats-Unis, Japon, Chine, Corée du Sud, Hollande, Brésil, Italie et Mexique (les exportations contribuent pour 34% à la croissance).

Produits exportés : Cuivre, saumon, vins, bois, fruits et légumes...

Les vins chiliens ont obtenu la seconde place avec 20 médailles aux dernières vinalies de Paris, loin derrière la France (69 médailles).


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LYonenFrance


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