Que reste-t-il du communisme en Chine ? Rien et beaucoup
Un peu plus de soixante ans après la victoire de Mao et de ses adeptes idéologiques, que reste-t-il de l’application de ce qui devait redonner à la Chine sa grandeur ? Rien pour ceux qui mettent en avant le virage politique à 180° amorcé dans les années 80 par Deng Xiaoping, beaucoup si on lit certains titres ou écrits qui eux continuent de considérer la Chine comme étant un des derniers bastions communistes sur la planète. Entre ces deux interprétations, l’espace est si grand qu’il laisse toute latitude d’interpréter une situation suivant ses propres convictions.
La première question à se poser, et à laquelle il est aisé de répondre du fait que les composantes sont plus proches de nos connaissances, est de savoir si la France est devenue socialiste en 1981 pour ensuite redevenir un pays ancré à droite. Parle-t-on d’une France « UMPsienne » lorsqu’il s’agit d’évoquer les divers aspects de l’hexagone national ? Assurément non, et ce qui est applicable à l’un doit l’être à un autre sous risque de perdre toute crédibilité. De plus, la Chine avec ses 80 millions de partisans « encartés » représente une infime minorité de la population. En ce qui concerne le régime politique, la dictature n’est pas et de loin de la Chine et d’un système basé sur la doctrine communiste, même si elle s’en accommode très bien.
Sur le terrain, ils sont encore nombreux à avoir vécu les périodes dures de l’idéologie maoïste, celles-ci étant le Grand Bond en avant et la révolution culturelle. Les privations de liberté individuelle et le manque de nourriture, ces Chinois-là les ont vécus et savent donc eux de quoi ils parlent. N’empêche que ces années difficiles sont considérées par beaucoup comme un passage obligé pour en arriver à ce début de réussite que connaît la Chine aujourd’hui. Même en privé, les critiques sont rares, sinon pour mettre le doigt sur des erreurs considérées comme humaines. Dans leur majorité, les Chinois mettent un fossé entre Mao et les gardes rouges ayant commis les pires exactions. C’est sans doute ce qui explique que dans de nombreuses maisons, vous trouvez le portrait du timonier, et ce, bien plus par respect à celui qui a unifié le pays que par obligation ou tradition quelconque. Il en est par contre tout autrement pour la dernière épouse du dirigeant qui est majoritairement détestée par une population très au fait de son influence néfaste.
En ce qui concerne Deng Xiaoping, les avis sont bien plus nuancés que l’on pourrait le supposer, la classe la plus modeste regrettant les logements gratuits, les assurances sociales et les magasins d’état où ils allaient acheter leur riz à un prix bien plus bas qu’il ne l’est aujourd’hui. Les riches étant à quelque chose près ce qui l’était du temps du communisme dur et de celui des gros propriétaires, la situation n’a guère changé pour eux si ce n’est le fait qu’ils ont moins à se cacher. Si la Chine n’est donc pas communiste, de nombreux habitants aspireraient à ce quelle le redevienne si elle l’a été, histoire de mieux partager des richesses de plus en plus visibles.
S’il reste un certain nombre d’entreprises nationalisées, la Chine n’a pas là non plus une exclusivité, un pays comme la France n’étant jamais passé par cette étape, ce qui ne l’empêche pas de disposer de son lot de sociétés placées sous le giron plus ou moins direct de l’état. En Chine, ces sociétés nationales sont de plus d’importantes sources d’emploi, mais également d’investissements publics et privés. Comme en France, qui comme dit plus haut n’a pas connu les affres du communisme, les Chinois sont nombreux à désirer entrer au service de l’état, non par vocation ou idéologie, mais parce que ce genre d’emploi est sûr.
Plus diffuses, et pourtant liées à ce système politique, sont certaines obligations faites aux entreprises privées d’employer un minimum de personnel, même si celui-ci exerce une fonction parfois des fonctions qui seraient aisément contournables. Il en est ainsi des innombrables vigiles privés qu’une simple barrière électrique pourrait être remplacé par un système électrique, mais qui permet de donner tant un emploi à la personne concernée souvent sans grande qualification professionnelle, qu’une impression de présence humaine, gage de sécurité.
Une fois écartés les aspects touchants au système dictatorial, et qui ne sont donc pas directement liés à une doctrine quelconque, il reste une population majoritairement individualiste et dont le sentiment est très éloigné d’une vision de partage universel. Passé en effet le cercle familial et celui de quelques amis très proches, les Chinois sont poussés par le désir qui habite chaque être humain normalement constitué, et qui est de s’en sortir le mieux possible, même si cela se fait au détriment des autres.
Si la Chine, ou plutôt les Chinois n’ont jamais été communistes par la simple venue au pouvoir de l'équipe commuiste, cette idéologie politique pourrait avoir dans ce pays un certain avenir du fait qu’il est plus aisé de partager lorsque le gâteau est d’une grosseur permettant à chacun d’avoir sa part. Si ceux qui sont aujourd’hui les propriétaires-héritiers de la pâtisserie pensent la conserver pour eux seuls, qu’ils se méfient que le peuple ne prenne pas la part qui leur revient, les privant ainsi d’une indigestion très capitaliste.
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