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Accueil du site > Actualités > International > Un détour théorique sur les conditions de l’impérialisme (...)

Un détour théorique sur les conditions de l’impérialisme aujourd’hui

Nous sommes confrontés à des événéments qui nous apparaissent morcelés et dont nous ne percevons pas les liens, ainsi les faits d’actualité sautent d’un événement à l’autre. Nos propres combats nous apparaissent dispersés, sont opposés en particulier les événements internationaux bien regrettables certes mais sur lesquels nous n’avons pas de prise et la lutte pied à pied contre les atteintes à notre emploi, notre pouvoir d’achat. Est-ce qu’il existe une relation entre la manière dont les puissances impérialistes, au premier rang desquelles les Etats-Unis tentent d’imposer la balkanisation du monde ,et notre pouvoir d’achat ? Difficile à percevoir si l’on a pas conscience de ce qu’est l’impérialisme à son stade actuel. Voici donc quelques pistes théoriques pour permettre de rassembler des moments épars de notre perception du monde et de l’actualité.

Danielle Bleitrach

 

 I - Qu’est-ce que l’impérialisme ?

 Le partage du monde engagé de longue date se développe avec une violence particulière dans l’affrontement des grandes puissances industrielles jusqu’à engendrer ce qu’on a appellé les guerres mondiales. Avec l’émergence au XXe siècle de l’Union Soviétique il y a eu non pas arrêt des guerres mondiales mais déplacement de l’affrontement sur les périphéries, course aux armements jusqu’à l’effondrement de l’Union soviétique (qui consacrait les 10 dernières années jusqu’à 40% de son PIB à cette course aus armements). L’imposition dans les années 1970 du dollar comme monnaie internationale à la place de l’or a été également un puissant facteur de victoire de l’impérialisme (1). Cependant course aux armements et dollar sont également les bases de l’aggravation de la crise du système.

C’est Lénine qui le premier définit le concept d’impérialisme : une étape particulière du capitalisme dans laquelle s’imbriquent cinq dimensions : 1) les monopoles ou la concentration de la production et du capital. 2) la fusion du capital bancaire et du capital industriel ce qu’on nomme le capital financier 3)L’exportation des capitaux 4) le partage du monde entre unions internationales monopolistes, ce que l’on appelle les multinationales 5) le partage achevé du monde entre grandes puissances.(2)

On retrouve entre Etat-nations des relations d’exploitation et de domination, il y a les Etats-impériaux qui jettent leur dévolu sur un territoire et ses ressources. C’est un rapport d’asservissement qui a de multiples dimensions : économique, politiques, culturel et militaire.

 

II - Relations entre exploitation et impérialisme

Ce phénomène est donc venu pour les théoriciens marxistes compléter celui que Marx a mis en évidence : l’exploitation. Cela dit la nature de la relation entre le capital et le travail dans la production et celle du pays dominant sur un territoire reste souvent analogique. On peut dire sans se tromper que le capital du pays dominant est le principal bénéficiaire du système et que les classes exploitées des pays dominés en sont les ultimes victimes. Mais est-ce qu’on peut considérer que les classes ouvrières des pays exploiteurs ont bénéficié de l’impérialisme ou que le capital local souffre de la domination ? Comment peut s’actualiser le fameux « prolétaires de tous les pays ? » Il ne s’agit pas d’une question dépassée mais bien d’un problème central de l’altermondialisme auquel il faut de surcroît donner la dimension nouvelle d’une planète dont les ressources ne seraient pas infinies.

Enfin il nous faut encore éclairer le nouveau stade impérialiste, celui que l’on désigne sous le terme de mondialisation néolibérale. La mondialisation est un phénomène co-substantiel du capitalisme, marx le décrit dans le Manifeste. Le néo-libéralisme est actuel, c’est un nouvel ordre social et organisationnel au profit d’une classe capitaliste trés concentrée dont les institutions financières sont les agents du pouvoir et de la domination. Le néo-libéralisme qui est souvent montré comme un processus sauvage de déreglementation est en fait une discipline au sens où l’on a pu parler de « discipline d’usine » qui a été imposée aux travailleurs comme aux managers au plan national comme au plan international.

Il s’agissait en profitant de l’effondrement de l’URSS et de l’alternative socialiste de transformer en profondeur les « disciplines » de travail comme de gestion, cela concerne les conditions de travail avec la pression sur le temps mais aussi les formes d’individualisation, l’isolement, cela concerne les conditions d’emploi avec la précarité, de licenciement, de rémunération et de protections sociales.

Mais il faut également voir qu’à ces modifications en matière d’exploitation du travail correspondent des modifications du droit des nations sur leurs ressources, une pression constantes des multinationales pour imposer l’ouverture des frontières commerciales et financières, pour substituer à la souveraineté des nations un autre droit celui de la propriété des investisseurs, des multinationales , celui des créanciers de la dette et donc les sociétés transnationales se substituant aux Etats-nations. 

Donc on mesure bien que l’exploitation capitaliste et l’impérialisme ne sont pas indépendants, hier comme aujourd’hui et que l’exploitation des travailleurs au sein des pays dominés va de pair avec l’impérialisme, même s’il s’agit de phénomènes complexes. Un thème comme celui du pouvoir d’achat nous en fournit un autre exemple.

Les multinationales obtiennent l’ouverture des frontières pour les marchandises comme pour les investissements financiers et cela a deux résultats : un, la mise en concurrence du travail à l’échelle mondiale et deux l’importation des biens de consommation à bas prix. Si l’on connaît un peu l’analyse de Marx sur la plus value on mesure bien que la mise en concurrence va permettre de renforcer l’exploitation du salariat des pays développés, non seulement en limitant les salaires, en augmentant le temps de travail, mais en lui imposant de nouvelles « disciplines » en matière de précarité, de conditions de travail et de protection sociales. En ce qui concerne le bas coût des importations nous avons un phénomène de plus value relative, la force de travail revient moins cher, mais la dite force de travail des pays capitalistes en bénéficie peu grâce au premier mécanisme et ce sont essentiellement les capitalistes qui en retirent les bénéfices. La stagnation du pouvoir d’achat malgré l’afflux de produits importés moins cher grâce à la menace concurrentielle fait partie du système.

Et il faut bien mesurer que le système a préféré engendrer de l’endettement des salariés comme des pays sous développés plutôt que de payer salaires ou matières premières à leur juste valeur.

 

III - l’hégémonie étasunienne

La plupart des observateurs notent que si le capital n’a pas de patrie, il a d’abord un bras armé les etats-Unis dont les dépenses militaires sont l’équivalent du reste du monde réuni mais aussi que les Etasuniens concentrent 40% de la richesse mondiale (sans parler de ce qui est caché dans les paradis fiscaux) et ils les investissent avec de gros retours sur investissements (grâce au financier qui assure des profits sans commune mesure avec le profit réel de la production, ainsi obtenir par le financier du 20% alors qu’aucune économie réelle n’assure de tels profits).

Mais ce qu’il faut mesurer et qui est à l’origine de la crise financière actuelle est que tout cela ne repose que sur la manière dont les etats-Unis n’ont cessé d’activer la planche à billet. La croissance du déficit extérieur commercial des etats-Unis lié aux phénomènes analysés préceddement s’accompagne d’une ré-organisation des flux financiers destinés à financer l’économie des Etats-Unis.

Résultat, le monde détient actuellement sur les Etats-Unis le double de créance que ce pays détient sur le reste du monde. les principaux créanciers étant le japon et la Chine. Les etats-Unis ont jusqu’ici réussi à maintenir un système qui leur est favorable : il font payer le double les intérêts de leurs créances de ce qu’ils payent aux pays dont ils sont les créanciers.

Pour que le système fonctionne, il faut organiser en effet un investissement systématique des classes capitalistes étrangères dans les etats-Unis, ce qui a bien marché avec les petro-dollars grâce aux saoudiens. Mais c’est l’Europe qui est le premier financeurs à cause de sa taille, mais l’Amérique latine et le Moyen orient ne sont pas mal placés non plus, alors que la Chine qui détient une grosse masse de bons du trésors investit moins.

Quand on a compris cela on voit un peu différemment les relations internationales et avant de beugler aux droits de l’homme violés on s’interroge sur ce qui est exactement recherché par le patriotisme du capital.

Danielle bleitrach

(1) nous préparons pour demain un texte du général DeGaulle qui à cette époque là dénonçait cette hégémonie du dollar et ses conséquences ;

(2) Lénine, impérialisme, stade suprême du capitalisme.

https://socio13.wordpress.com/2008/03/24/un-detour-theorique-sur-les-conditions-de-limperialisme-aujourdhui/


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9 réactions à cet article    


  • Brutus S. Lampion 14 février 10:36

    « ...avant de beugler aux droits de l’homme violés... »

    Les moutons ont bien le droit de demander à être traités dignement jusqu’à l’abattoir. Et ils sont bien reconnaisants au berger des les emmener là où il y a de l’herbe, et à son chien de ramener quelques brebis égarées.

    Il faut «  repérer et traiter ceux qui ne sont pas Charlie ».



    • Opposition contrôlée Opposition contrôlée 14 février 11:37

       le monde détient actuellement sur les Etats-Unis le double de créance que ce pays détient sur le reste du monde

      Attention, ce chapitre omet la moitié de l’explication. Plus de 70% de la dette des E-U est détenue par des américains.


      • Samy Levrai Samy Levrai 14 février 12:14

        @Opposition contrôlée
        Tu veux dire émise par les banques internationales américaines ?
        Tu veux dire que la FED est privée !?
        On pourrait croire en te lisant qu’il s’agit d’un système vertueux ou un truc du genre Japon, alors que nous en sommes très très loin.


      • Opposition contrôlée Opposition contrôlée 14 février 14:37

        @Samy Levrai

        On pourrait croire

        Il faut beaucoup d’imagination.

      • Samy Levrai Samy Levrai 14 février 15:24

        @Opposition contrôlée
        J’en suis bien pourvu.
        La dédollarisation du monde ne devrait donc pas poser de problème, elle est supportée par les américains eux mêmes.


      • Brutus S. Lampion 14 février 16:04

        @Samy Levrai

        l’euro n’est qu’un avatar du dollar et la BCE une succursale de la Fed


      • Samy Levrai Samy Levrai 14 février 18:11

        @S. Lampion
        J’en suis conscient et veux sortir de l’UE de l’euro et de l’OTAN.


      • 70% de la dette des E-U est détenue par des américains

        Et la dette américaine est détenu par les Chinois et ++.... malgré que la monnaie américaine n’est plus que du papier, C A D rien .

        Donc la dette est devenu une vaste fumisterie

        ....


        • Parrhesia Parrhesia 15 février 09:40

          L’impérialiste aujourd’hui, c’est pour nous, Français des restes de la France :

          1. Olaf Scholtz consultant ses vassaux européens sur la nécessité de soutenir l’Ukraine de Zelenski ;
          2. Le voyage d’Olaf Scholtz chez son suzerain Joe Biden pour lui rendre compte des résultats de ses entretiens en Europe et prendre avec lui les décisions qui s’imposent ;
          3. Les rumeurs qui s’en suivent sur un possible transfert à Berlin du Centre de Commandement des opérations en Ukraine !

          Conclusions :

          1. Que les Français des restes de la France veuillent bien rapprocher le constat ci-dessus de l’ardeur toujours mise en oeuvre par les irréductibles ennemis de de Gaulle pour déconsidérer un homme d’état et une politique qui n’auraient jamais permis que se développât une telle situation, du moins en ce qui concerne la France ;
          2. Que les mêmes français qui payent finalement les canons César et autres commodités offertes à Biden/Scholtz/Zelenski, veuillent bien se souvenir que leurs gouvernants post-gaullistes ne cesse de leur supprimer des lits d’hôpitaux par motif d’économies !
          3. Voilà ce qu’est devenu, dans notre quotidien, l’impérialisme mondialiste !

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Robert GIL

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