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Accueil du site > Actualités > Médias > DADVSI : le bref triomphe des dinosaures

DADVSI : le bref triomphe des dinosaures

Pourquoi la loi DADVSI est une mauvaise loi, qui elle favorise, pourquoi elle ne servira à rien.

L’industrie de la musique a fait en 2005 un chiffre d’affaires mondial d’environ 20 milliards US $, dont 71% par quatre sociétés : Universal MG, Warner MG, Sony BMG, EMI (sources sites officiels).

La production cinématographique a fait en 2005 un chiffre d’affaires mondial d’environ 48 milliards $, dont 78% par six sociétés : Time Warner, Disney, Sony, News Corp, Viacom, NBC Universal (sources sites officiels). Ce chiffre se répartit de la manière suivante, selon les modes de distribution :
- salles :14%,
- DVD : 50%,
- chaînes TV gratuites : 27%,
- chaînes TV payantes : 9%.
Il y a donc environ 40 milliards $ en DVD et TV.

Dans le prix d’achat HT d’un CD audio, la création musicale représente de 10% à 15%. Le SNEP publie un chiffre supérieur, mais incluant les droits que ses adhérents se reversent à eux-mêmes ; il est donc difficilement utilisable. Soyons néanmoins prudents, et supposons que le chiffre soit de 20%. Cela signifie que la création musicale mondiale atteint un chiffre d’affaires de 4 milliards US $. Le reste, soit 16 milliards $, couvre la fabrication, la promotion et la distribution.

On peut supposer que ces coûts sont les mêmes pour les DVD vidéos, parfaitement identiques matériellement, et qui ont un prix de vente comparable. La proportion couvrant la création cinématographique devrait être sensiblement la même, et cette dernière représenterait alors un chiffre d’affaires mondial de 8 milliards $.

En résumé, la création de musiques et de films pèse 12 milliards $, et leur distribution (hors salles de cinéma) pèse 48 milliards $.

Avec Internet, cette deuxième partie devient tout à fait obsolète, et il ne reste que la première à financer. La distribution peut être réalisée à coût quasi nul, comme l’ont prouvé les réseaux de P2P. Par contre, il faut pouvoir "facturer" la création, ce qui n’est pas gratuit. Les frais de gestion de la SACEM sont voisins de 30%, mais elle gère un problème beaucoup plus compliqué que de compter des transactions sur Internet. Les frais de gestion de I-tunes sont voisins de 10%, ce qui est plus raisonnable, eu égard à la nature immatérielle du produit. Mais soyons à nouveau prudents, et prévoyons 30% de surcoût de gestion à financer.

Il faut finalement financer environ 16 milliards $ de création au lieu de 60 précédemment. C’est le progrès technique : 40 milliards $ de business détruit, pour 4 de recréés.

Supposons maintenant qu’il y ait sur Terre une centaine de millions de connexions Internet à haut débit (ce qui est sous-estimé et le sera de plus en plus), et que l’on décide d’asseoir entièrement la charge financière sur ces connections (ce qui serait injuste, car il y aura toujours d’autres consommateurs). Dans ce cas, chaque connexion devra s’acquitter de 160 $ par an, soit environ 13 $ par mois, soit environ 10 euros.

En résumé, un contribution de 10 euros par mois par connexion haut-débit payerait très largement l’ensemble de la création de musiques et films sur l’ensemble de la planète. Ce n’est pas de la science-fiction, c’est la technologie telle qu’elle est accessible depuis quelques années. Avec le développement du haut débit, cette somme baissera, ou bien restera constante mais en finançant plus de création.

Il reste bien entendu la question de savoir techniquement comment percevoir et redistribuer les 10 euros en question.

La vente en ligne forfaitaire au prix de 10 euros par mois, dans le style de Real avec Rhapsody ou Microsoft avec Urge, semble en premier abord être une solution élégante, car elle aboutit au résultat avec une logique purement commerciale, donc supposée efficace par les tenants du marché. C’est cette approche qui tend actuellement à s’imposer aux Etats-Unis, au détriment des approches de vente à l’unité comme celle d’Apple. Cette dernière présente le défaut de multiplier les transactions, donc les frais de gestion.

Mais pour qu’il y ait marché, en quoi consistera la concurrence ?

On peut en imaginer de deux natures : concurrence sur les catalogues, chaque auteur ne figurant que sur une plate-forme, ou bien concurrence sur les prix, chaque auteur figurant sur toutes les plates-formes.

La première solution serait très peu pratique pour le consommateur, car il lui faudrait choisir pour une durée assez longue s’il veut écouter Bach ou Mozart.

Quant à la concurrence sur les prix, elle trouvera vite ses limites. En effet, il ne s’agit que de traitement d’immatériels, et les frais de gestion devraient converger rapidement, sans possibilités de développement évidentes. De plus, le consommateur n’aurait aucun intérêt à la multiplication des acteurs. Ce marché mûrirait donc très vite et conduirait à un oligopole très peu concurrentiel. Il en profiterait bien évidemment pour se réserver une marge substantielle et inutile, en partie au détriment des créateurs. Dans cette situation, la place du créateur sera en effet la pire de toutes, car les plates-formes n’auront pas du tout besoin de lui, étant donné qu’elles auront toutes le même catalogue. Comment négociera-t il sa création ? Grâce à la DADVSI, le lecteur pourra vérifier d’ici quelque temps la réalité de ce pronostic.

Comment pourra-t on lutter contre cet oligopole ? Certainement pas en le coupant en morceaux, ce qui ne ferait qu’augmenter les coûts. Peut-être au contraire en l’unifiant, en l’assimilant à un service de base de l’internaute et du créateur, une sorte de service public, et en le confiant à un organisme corporatif comme la SACEM. Cela s’appelle la "licence globale obligatoire".

En attendant que l’on y vienne, nous allons instaurer un Internet couvert de barbelés où les FAI examineront tous les protocoles que nous utilisons pour voir si un bout de MP3 n’y figure pas. Cela aura un coût matériel, politique et humain. Alors, à moins que le flicage de l’Internet n’ait été une fin en soi, on ne peut que considérer que la DADVSI est une loi stupide. Mais après tout, personne ne sait si les dinosaures se sont éteints sans clameurs.


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46 réactions à cet article    


  • (---.---.1.212) 6 juillet 2006 10:39

    Je ne sais si c’est le but inavouable de DADVSI,
    mais c’est en tout cas vers un véritable flicage que nous mène DADVSI.


    • Forest Ent Forest Ent 6 juillet 2006 11:28

      Dit d’une autre manière :

      la licence globale obligatoire et les plate-formes payantes forfaitaires comme Urge et Rhapsody, ça se ressemble beaucoup.

      Vu du consommateur, c’est presque pareil.

      Par contre, pour les musiciens, Urge sera bien pire.

      Bon, c’est une opinion, mais ils verront bien, maintenant que le choix est fait.


    • Forest Ent Forest Ent 6 juillet 2006 11:47

      Par ailleurs, avec la licence globale obligatoire, il n’y avait pas besoin de contraventions, puisque personne ne tricherait. Alors que la survie de Urge présuppose l’éradication du p2p, ce qui aura un coût pour le contribuable, et correspond à une philosophie sociale quelque peu Orwellienne.

      Nous pourrons aussi vérifier cela.

      Finalement, le fait d’avoir préféré un mode privé pour la distribution d’immatériels plutôt qu’un mode associatif sera une cause de la « policiarisation » du net. J’espère que des philosophes se pencheront sur ce lien.


    • Forest Ent Forest Ent 6 juillet 2006 11:49

      Je sais bien qu’il est trop tard pour argumenter, puisque le choix a été fait.

      Je prends simplement date.

      Dans 4 ou 5 ans, nous constaterons que Urge n’est pas gentil avec les musiciens, que les contraventions sur le net sont pénibles et inefficaces et que l’on pourrait simplifier le système.

      J’aime bien parier.


    • Steph (---.---.82.237) 6 juillet 2006 12:09

      Le problème n’est pas sur l’immatérialité ou non de la chose. Elle est sur le point crucial que vient de soulever Forest Ent : avec le système mis en place, le consommateur paie 2 fois, une fois pour la musique qu’il achète sur les plate-formes et une autre fois pour le cout du flicage contre le P2P. Sympa ... Sachant que le deuxième cout est également perdu pour les artistes. Mais bon, ils ont voté.


    • Forest Ent Forest Ent 6 juillet 2006 12:10

      Disons que c’est une déformation professionnelle. J’utilise contractuellement depuis maintenant 20 ans le terme « immatériel » pour décrire un logiciel ou une documentation, qui ont pourtant bien un support matériel.

      En tout cas, internet permet d’économiser environ 40 milliards dans la distribution en supprimant les CD et DVD. J’espère que c’est bon aussi pour l’environnement.


    • Steph (---.---.82.237) 6 juillet 2006 12:13

      Quand je dis ils ont voté, ce ne sont pas les artistes bien sûr.


    • (---.---.8.126) 6 juillet 2006 14:07

      «  »j’espère que vous préciserez mieux et d’une façon plus légère, vos propos afin que nous les comprenions mieux. Ce qui est notre intention.«  »

      Demian West devient plus royaliste que le Roi !


    • psychonouille (---.---.214.113) 7 juillet 2006 10:07

      Ouais, ils ont voté ... à 10 députés !!! Vive la démocratie ;)


    • Seb (---.---.59.211) 6 juillet 2006 12:16

      L’immatériel est très (trop) souvent réduit à la société de l’information ou de la connaissance et aux NTIC.

      L’ICOM (le Conseil International des Musées) en propose une définition plus élargie qui prend en compte la créativité, les expressions, les valeurs, les traditions, les langues, l’histoire orale, les modes de vie traditionnels, etc.

      « Immatériel » serait ce qui n’a pas de support physique.


      • Seb (---.---.59.211) 6 juillet 2006 13:12

        Par abus de language, on simplifie matériel par ce qui est tangible et immatériel par ce qui est intangible.


      • Christian Jegourel Christian Jegourel 6 juillet 2006 12:18

        Je partage tout à fait l’argumentation très bien exposée de Forest Ent. Il s’agit simplement de l’évolution d’un marché face à de nouvelles technologies qui lui ont permis de se développer considérablement pendant un siècle. Aujourd’hui cette industrie vilipende les technologies. C’est cocasse. C’est quand même grâce au CD puis au DVD que l’essor des majors a été le plus grand. Remarquons que les majors ne plaignent pas du téléchargement sur mobiles. Il faut accepter qu’une fenêtre de business se soit ouverte et maintenant se referme un peu. Toutes les industries sont confrontées aux évolutions : croissance, décroissance, modification des business models, etc... Pourquoi pas celle -ci ? Demandez aux agriculteurs européens se qu’ils pensent de la suppression de la PAC à l’exportation en 2013, aux industriels de la photo argentique du développement du numérique. Il serait temps que l’industrie de l’entertainment prenne conscience que ses modèles volent en éclat et qu’il faut qu’elle se réinvente comme d’autres industries l’ont déjà fait. Posez la question aux éditeurs de journaux qui voient leurs parts de marchés se réduire et celle d’Internet se développer. Doit-on interdire l’information sur internet pour protéger les journaux ou les pousser à se développer sur ce nouveau média ? Devait-on interdire le numérique pour protéger l’argentique ? Il est toujours tentant de protéger son activité en freinant le développement. Nous avons la mémoire courte mais les canuts de Lyon n’ont pas non plus appréciés l’arrivé du métier à tisser ni les éleveurs de chevaux l’invention de l’automobile. Pourtant les évolutions technologiques ont été un moteur de développement industriel et économique considérable. Mais comme le dit l’auteur de cet article on ne sait pas si les dinausores sont morts en silence...


        • MERCI RDDV (---.---.81.9) 6 juillet 2006 13:21

          Résumons la situation :

          1. Les créateurs et les diffuseurs veulent pouvoir contrôler les usages de leurs oeuvres, et tous s’accordent à dire que les DRM sont une bonne solution. Ceci est respectable et en accord avec le droit actuel. Ils rejettent en majorité la licence globale. DONT ACTE.

          2. Les internautes souhaitent disposer d’un choix et d’une liberté d’échange, comme celle qui existait lorsque ces oeuvres n’étaient pas dématérialisées. La copie privée est un droit reconnu. Ils ne veulent pas de DRM.  Ils sont en majorité pour une licence globale.

          Je propose :
          - L’abolition de la taxe à la copie privée, devenue obsolète dans un contexte DADVSI.
          - La création d’une licence globale d’un montant minimal (1 ou 2 euros/mois et par connexion haut-débit) OBLIGATOIRE , EXCLUSIVEMENT RESERVEE AUX OEUVRES MISES A DISPOSITION PAR LEURS AUTEURS SOUS LICENCE CREATIVE COMMONS, afin d’amorcer la pompe d’une création nouvelle, riche, diversifiée, et indépendante. Cette taxe sera répartie en fonction de l’audience de ces oeuvres sur les réseaux. Laissons les acteurs actuels et leurs contenus à leurs systèmes fermés. N’encourageons pas le piratage, mais l’échange, en accord avec les auteurs qui SOUHAITENT être échangés.

          Ouvrons-nous vers une forme nouvelle de création, de culture.

          Permettons et soutenons son émergence indépendante.


          • minijack minijack 7 juillet 2006 04:40

            Excellent article, Forest. D’une rigueur implacable. Je ne puis que saluer ton esprit de synthèse et de déduction.

            Effectivement, je pense que certains vont commencer à comprendre que la seule solution (en tous cas la moins mauvaise pour tout le monde malgré les imperfections qu’elle suppose elle aussi) reste une forme de Licence Globale. Il faut évidemment l’affiner par application de coefficients en fonction des secteurs d’activités.

            Je ne suis pas vraiment chaud pour une licence globale obligatoire telle que l’indique « MERCI RDDV » s’appliquant uniquement sur les licences Creative Commons car ces licences ne sont pas faites pour des oeuvres artistiques « finies », elles sont pus généralement destinées à des oeuvres collectives. Néanmoins, celle permettant la redistribution « en l’état » pourrait convenir et ce serait probablement le moindre mal.

            Reste SURTOUT à déterminer la répartition auprès des créateurs.

            C’est bien là que le bât blesse les ogres de la culture industrialisée. Car une LG répartie selon la réalité des échanges ne ferait sans doute pas rentrer les recettes dans les mêmes poches !

            Pour ma part, je dis TANT MIEUX ! C’était déjà le sens de ma proposition sur agoravox.

            Bravo encore pour cet article clair, et à l’argumentaire bien déroulé.

            .


          • minijack minijack 7 juillet 2006 05:01

            Le titre du propos est particulièrement bien choisi.

            Les dinosaures, eux aussi en haut de la chaîne alimentaire, concentraient dans une nature géante elle aussi une masse et une structure beaucoup trop lourdes pour supporter de trop rapides changements d’environnement. La concentration de capitaux et de médias est en fin de compte assez comparable face à l’évolution technologique environnementale.

            « Small is beautifull » devrait être et rester la devise de tous créateurs d’oeuvres intellectuelles, que ce soit dans l’Art ou dans l’ingénierie, laquelle est aussi très souvent une forme d’art.

            Qui seront les petits souriceaux de notre ère qui donneront les nouveaux humains du monde en reconstruction ?

            Bien vu de la part de Forest.

            .


          • (---.---.81.9) 7 juillet 2006 10:04

            Les licences Créative Commons sont utilisées dans bien des domaines, et ne régissent en rien des oeuvres collectives. (Voir jamendo)

            Il est ultra-facile de connaître l’audience (comprendre la disponibilité) d’une oeuvre sur les 3/4 principaux réseaux de P2P et d’en déduire une répartion globale de cette taxe. Des socités privées proposent déjà ce type d’analyse des flux.

            Cette solution respecte la loi DADVSI. Est conforme à EUCD.

            Je ne pourrai que citer RDDV pour illustrer mon propos : « Vive l’offre nouvelle !!! »


          • Adolphos (---.---.59.170) 6 juillet 2006 13:53

            Encore un article sur le piratage ? Il y en a qui n’ont pas la défaite facile, je vois..

            « Il faut finalement financer environ 16 milliards $ de création au lieu de 60 précédemment. C’est le progrès technique : 40 milliards $ de business détruit, pour 4 de recréés. »

            Bein non, toujours 60. C’est dur l’économie, hum ?


            • Seb (---.---.59.211) 6 juillet 2006 13:59

              Non, c’est 40 milliards économisés qui peuvent financer et promouvoir plus d’artistes.


            • Seb (---.---.59.211) 6 juillet 2006 14:07

              Effectivement, la phrase de l’article est maladroite. En économisant sur la distribution, on ne détruit pas de la richesse, on la reporte sur la création artistique, ce qui est, tous en conviendront je l’espère, le plus important.


            • kirinyaga (---.---.242.1) 6 juillet 2006 14:27

              Il y a en réalité plusieurs problèmes, qu’expose pourtant clairement l’article : la fixation du prix, les transaction financières elles-mêmes, la redistribution des sommes collectées et le suivi des consommations, afin de pouvoir dresser une carte des redistributions.

              Certainement qu’une concurrence pourrait exister pour quelques uns de ces services.


            • MERCI RDDV (---.---.81.9) 6 juillet 2006 14:37

              Je vous propose de laisser la liberté aux artistes. Celle de leur mode de rémunération. Celle de l’utilisation de leurs oeuvres.


            • Adolphos (---.---.59.170) 7 juillet 2006 01:44

              « Non, c’est 40 milliards économisés qui peuvent financer et promouvoir plus d’artistes. »

              Certainement pas. Sans doute la Fnac et autres distributeur va morfler, et alors ? Ce sont les major et les artistes qui vont empocher cette valeur ajouté à leur place.


            • (---.---.81.9) 7 juillet 2006 10:09

              « La solution d’une licence globale est très plaisante, au premier abord, mais il faut savoir que les rémunérations de type collectivistes ne sont guère appréciées par les artistes. »

              Je connais en ce qui me concerne pas mal de jeunes artistes, qui, au sortir de leur 5 ans d’école des beaux arts, s’inscrivent au RMI, le temps de trouver les contacts essentiels à la mise en place d’un réseau de contacts, au travers duquel il pourront commencer à vivre de leur art.


            • Forest Ent Forest Ent 7 juillet 2006 12:24

              « C’est le progrès technique : 40 milliards $ de business détruit, pour 4 de recréés. »

              Je vois bien que cette phrase a choqué, mais je la maintiens. Je n’ai pas dit que de la richesse a été détruite, mais du business. Le business du CD et DVD a disparu. Il est possible que l’économie ainsi faite se reporte vers une création supplémentaire, mais ce n’est pas du tout certain.

              Avec la licence globale, un abonné de plus ça faisait 7 euros de plus pour la création. Avec Urge, ça fera 7 euros de plus pour Microsoft.


            • djynny (---.---.140.67) 28 juillet 2006 11:28

              @west :

              Ils pourrait se demarquer sur les evenement tels que les concerts, les expositions, interview..


            • Misaelle (---.---.208.124) 6 juillet 2006 13:58

              Votre article fait du bien, de plus il me paraît clair et objectif. Finalement, maintenant que la loi est passée, on va pouvoir en discuter sereinement semble t’il ! C’est un peu dommage, mais après tout, vieux motard...


              • gem (---.---.117.250) 6 juillet 2006 14:07

                bon article. C’est la première fois que je vois ce genre de chiffres.

                Reste encore un postulat implicite : qu’il est utile et légitime de financer la « création ».

                En matière musicale, je rigole : la création n’existe plus, maintenant elle ne fait que recycler toujours les mêmes thèmes, à base « remix » et de « sample » et de « musiques métissées ». Les bons chanteurs remplissent les salle, les mauvais... aussi. Les jeunes découvrent « eh joe » et tombent gaga devent cet objet musical « tout nouveau »...

                Pour le cinéma, pareil : en fait la création se fait pour et par la TV, financée par la pub.

                Bref : pourquoi payer ?


                • MERCI RDDV (---.---.81.9) 6 juillet 2006 14:49

                  Résumons la situation:1. Les créateurs et les diffuseurs veulent pouvoir contrôler les usages de leurs oeuvres, et tous s’accordent à dire que les DRM sont une bonne solution. Ceci est respectable et en accord avec le droit actuel. Ils rejettent en majorité la licence globale. DONT ACTE.2. Les internautes souhaitent disposer d’un choix et d’une liberté d’échange, comme celle qui existait lorsque ces oeuvres n’étaient pas dématérialisées. La copie privée est un droit reconnu. Ils ne veulent pas de DRM. Ils sont en majorité pour une licence globale.Je propose : L’abolition de la taxe à la copie privée, devenue obsolète dans un contexte DADVSI. La création d’une licence globale d’un montant minimal (1 ou 2 euros/mois et par connexion haut-débit) OBLIGATOIRE , EXCLUSIVEMENT RESERVEE AUX OEUVRES MISES A DISPOSITION PAR LEURS AUTEURS SOUS LICENCE CREATIVE COMMONS, afin d’amorcer la pompe d’une création nouvelle, riche, diversifiée, et indépendante. Cette taxe sera répartie en fonction de l’audience de ces oeuvres sur les réseaux. Laissons les acteurs actuels et leurs contenus à leurs systèmes fermés. N’encourageons pas le piratage, mais l’échange, en accord avec les auteurs qui SOUHAITENT être échangés.Ouvrons-nous vers une forme nouvelle de création, de culture.Permettons et soutenons son émergence indépendante.


                • Cyril Aubineau (---.---.255.53) 6 juillet 2006 21:48

                  J’en ai l’air ?


                • naif (---.---.198.216) 6 juillet 2006 23:09

                  Est ce que certains parmi vous auraient aussi entendu dire que des « lobbyistes » auraient grassement alimentés certaines caisses en vue d aider au financement d élections à venir ? C est ce qui se disait ce matin dans un bistrot fréquenté par des étudiants ? Si c est cela c est pas etonnant la rapidité avec laquelle ca a ete fait !


                  • Zermikus (---.---.36.244) 7 juillet 2006 11:52

                    Bon, c’est bien joli tout ça... Enfin,joli ... façon de parler... Les « créateurs », les « artistes », je trouve ça bien, et n’importe qui peut s’auto bombarder du titre... Génial !

                    Pour la majorité des gens, il faut travailler pour vivre, c’est-à-dire, fournir une prestation pour recevoir un salaire, laquelle est nécessaire à d’autres. L’artiste quant à lui est un être supérieur, qui a reçu un don de je-ne-sais-pas qui, et à ce titre, c’est donc un nanti, il ne l’a pas fait exprès... Est-ce que ce « don » spécial mérite une rémunération ? Pas forcément, puisqu’il est hors du commun, du banal, contrairement au travail imposé qui amène le salaire ! Donc, l’artiste n’a pas à être rémunéré pour son seul talent. Mais comme il doit bien vivre tout comme une personne « normale », il est donc tout aussi normal qu’il s’adonne à une tâche moins noble, certes, mais qui lui permettra d’obtenir ce nécessaire salaire, et il reservera donc son immense talent au bonheur des autres, puisqu’il l’a hérité sans rien demander ! Il en trouvera par ailleurs une très grande gratification puisque, en pratiquant son art, il sera enclin à jouir de la volupté suprême de la création, celle qui vous eurichit, vous propulse dans les plus hautes sphères du bonheur, celui de tirer du néant « une oeuvre » qui matérialise votre supériorité indiscutable. Tous ceux qui ont un jour créé quelquechose me comprendront. Il est clair que de posséder une telle capacité vous met tellement au-dessus des autres que vous n’aurez jamais envie de leur demander l’aumône...

                    Et justement,l’aumône, c’est bien ça qui me gêne ! Devoir payer un supplément quand j’achète des CD vierges pour faire une sauvegarde de mes données, tout ça pour financer des génies qui rotent des borborygmes insanes en tapant frénétiquement sur des objets divers, ça me hérisse un peu. Et même beaucoup... Je ne connais absolument rien à l’art, surtout celui-là, et donc, je ne vois pas l’intérêt d’y participer... Mais je recommande chaudement à ceux qui aiment et qui comprennent (et ils sont très nombreux), de soutenir le mouvement, quittes à me filer gratuitement les quatre ou cinq CD annuels dont j’ai besoin ! Maintenant, pour le flicage que cette loi va entraîner, j’en suis profondément révolté. Je ne pirate jamais, simplement parce que je n’en ai pas besoin ni nécessité, je ne fais pas de copie illégale,(je n’écoute que de la musique classique, donc, j’aurais sûrement du mal à trouver un site qui en propose - je n’ai même pas cherché). Et en matière de logiciels, je n’ai que du libre... Maintenant, savoir que ma liberté d’internaute est compromise uniquement parce que les maisons de disques s’accrochent à une politique d’un autre siècle, voilà qui ne peut que m’inciter à les mépriser un peu plus ( si ce plus était encore possible). Je ne pense pas que les auteurs y seront gagnants non plus, bien au contraire... Le « piratage » peut rapporter beaucoup à mon avis, il suffit de regarder Microsoft : jamais il n’aurait réussi à s’imposer mondialement s’il n’avait pas été autant piraté, au point de devenir incontournable ! Et c’est bien parce qu’il est maintenant devenu incontournable que les cadenas sont présentés : ce n’est pas tout de consommer gratis, un jour ou l’autre la facture arrive... Et c’est bien ce que veut faire cette loi stupide, le problème, c’est qu’elle est imposée à tout le monde, y compris ceux qui ne sont pas concernés.

                    Je reviens aux auteurs : puisqu’ils ont le privilège et le génie de concevoir une oeuvre, ils pourraient aussi avoir le génie de trouver comment la diffuser. La gratuité reste le meilleur moyen, le plus noble et le plus valorisant. En « travaillant » pour vivre, parallèlement à leur création, ils auraient aussi une productivité artistique beaucoup plus réduite, ce qui aurait l’immense avantage de réduire d’autant la médiocrité : les candidats à l’appréciation auraient alors beaucoup plus de facilités quant au discernement dans la qualité des oeuvres présentées. La profusion n’est pas forcemént signe de qualité, la multiplicité des chaînes TV n’a jamais augmenté la qualité, je suppose même plutôt l’inverse...

                    Bon, j’attends sereinement la volée de bois vert de la part des « génies créateurs », catégorie à laquelle je n’appartiens point, heureusement pour moi !


                    • Chercheur de paix (---.---.238.149) 7 juillet 2006 12:50

                      « ... à moins que le flicage de l’Internet n’ait été une fin en soi, »

                      c’est bel et bien le cas !


                      • FredleBorgne (---.---.44.172) 7 juillet 2006 16:58

                        Un article d’initié. C’est là son seul défaut. Et aussi une qualité pour ceux qui peuvent l’apprécier.

                        Ne boudons pas non plus notre plaisir quand DW nous tend la perche.

                        Requalifions l’oeuvre. Pourquoi pas son « surMatériaux » ou « surMatériels », ce qui est déjà une réalité tangible ?

                        En effet, une oeuvre d’art, bien physique, est tout de même déjà supérieure à ses matières brutes. Il y a donc un supplément d’âme.

                        Le « truc » qui a toujours coincé avec les artistes, que la base de la création soit matérielle, ou numérique, c’est cette volonté de vouloir que ce « plus » non palpable soit justement pour eux une occasion de « palper ».

                        A les entendre, c’est une question entre travail (temps) et talent ( inexplicable mais inestimable) . Bref, supérieur, l’artiste devrait être entretenu à cultiver son talent qu’il ferait payer trés cher.

                        Car il veut jouer sur les deux tableaux (sécurité de l’emploi (appellation-statut plus revenu minimum) et possibilité d’enrichissement exponentiel).

                        Malheureusement, beaucoup de daube alimentaire voudrait être rétribuée comme un vrai travail de création. C’est de ça aussi que l’Artistie souffre.

                        Mais j’aime bien quand DW nous donne le meilleur de lui - même malgrés les DRM de son metempsycho langage (nov langue).

                        Revenons à l’artiste qui nous a invité à sa table. Merci Forrest pour cet article.


                        • FredleBorgne (---.---.44.172) 7 juillet 2006 18:47

                          Quand les « artistes » ont un job chez SAcem et consort, c’est de la sécurité de l’emploi (Bien payé sur le dos des prélèvements iniques)

                          Quand les artistes veulent des subventions, (qui s’accumulent) c’est bien pour manger quand ils ne vendent pas

                          Quand les artistes se disent artistes pour un disque tous les dix ans et veulent des « loyers » pour leur musique, leurs films ou pour la photo de leur bidule, c’est pour la sécurité de leurs revenus...

                          C’est peut-être la confrontation entre travail et artiste qui « fait rire » ?

                          (Entre parenthèses, pardon pour les vrais artistes qui bossent en dehors du showbiz et des médias)


                          • Jesrad (---.---.20.126) 19 juillet 2006 12:07

                            DW, vous dites que les artistes n’aiment pas les solutions collectivisées de rémunération (en tant qu’artiste moi aussi, je suis d’accord avec vous là-dessus). Dans ce cas, pourquoi ne pas laisser les artistes négocier directement le type de rémunération avec les producteurs & Co., au lieu que l’Etat légifère sur le sujet et décide une fois pour toutes à leur (notre) place ?

                            Je prends pour exemple la négociation entre les syndicats et les patrons qui a mené aux 3 semaines de congés payés : l’Etat n’y était pour rien, mais a légiféré par-dessus après coup, et le résultat de cette intrusion étatiste, qu’on mesure aujourd’hui, est très regrettable (les partis politiques ont acheté les syndicats avec l’argent public, et les ont rendus nuisibles). Je crains que la même chose se reproduise désormais, avec DADVSI.

                            Et si les artistes se syndicalisaient ?


                          • FredleBorgne (---.---.44.172) 7 juillet 2006 19:03

                            Autre réflexion

                            « Mais qu’avez-vous donc à vouloir parquer les artistes du côté qui vous chante : n’avez-vous pas remarqué que plus vous voudriez contrôler les artistes, plus le pouvoir installe un contrôle sur vous-mêmes. Réfléchissez donc à cet aspect-là : car il signifie, en quelque sorte, que vous avez montré une telle intolérance et un tel autoritarisme quasi patronal envers les artistes : que le pouvoir ne s’embarrasse plus de politesses ou de souplesses, pour vous faire subir ce que vous aviez prévu pour vos frères les artistes. Par ainsi, ne vous plaignez pas de vivre ce que vous aviez envisagé pour autrui, et sans le moindre scrupule ni pitié. » Démian West aujourd’hui à un autre endroit En lisant ceci, je peux comprendre mon petit passage sous le cacao (c’est meilleur en tout cas que se faire rouler dans la farine) Mais alors, la place de l’artiste doit-elle toujours être sur scène au dessus du public vulgaire alors que lui ne cesse de regarder vers les loges du haut ? Mais qui le paye, l’artiste ? Ceux d’en bas. Et qui lui assure qu’il va être payé ? Ceux d’en haut. Comme ceux d’en bas sont en plus la source de revenus de ceux d’en haut, il va bien falloir réussir à faire que ce qui est monté redescende... sur terre. Parce que quelque part, trop c’est trop.


                            • fredleborgne (---.---.44.172) 7 juillet 2006 20:56

                              Pauvres artistes entre patrons et populace.

                              Ils ont servi de « cheval de troie » pour investir le Net. Ils ont servi de marionnettes pour distraire la population tandis qu’on lui faisait les poches. Ils ont servi de cible à la réaction des mécontents. Et le pire : On s’en prend aujourd’hui à leur utilité dans notre société en les boycottant.

                              Et avec leurs habitudes serviles, ils continuent de cirer les pompes des puissants au lieu de se joindre au peuple pour une révolution en chantant.

                              Pas grave. Les artistes de demain, avec j’espère une meilleure éthique non contaminée par la vénalité, sont parmis nous. On peut donc « accélérer » la disparition des dinosaures et de leurs parasites...

                              Ca, ça s’appelle la « radicalisation du débat ». C’est ce qui se passe quand on ne tient pas compte des avertissements précurseurs d’une explosion de ras le bol


                              • vince (---.---.46.95) 8 juillet 2006 15:18

                                @demian « Victor Hugo, Léonard de Vinci, Dante, Delacroix, Picasso, Camille Claudel, le Douanier Rousseau »

                                Ces artistes sont morts et d’une autre époque, je crois que fredleborgne, quand il évoquait les « habitudes serviles » de certains artistes, voulait dénoncer les riches chanteurs, comme Bruel et Halliday (ce sont des exemples, il y en a bien d’autres), qui ne touchent que qq pourcents de ce que leur public paie pour les écouter, et qui malgré tout, continuent à défendre ce système injuste pour nous, et injuste pour eux. Rien d’étonnant que certaines personnes fassent l’amalgame et commencent à penser que « l’artiste, c’est l’ennemi »

                                De plus, je ne connais pas tous les artistes que vous citez , mais il me semble que Leonard de Vinci « travaillait comme tout le monde », que le Douanier Rousseau était une sorte de... douanier, que Picasso ne doit son succès et sa célébrité qu’à bien peu de choses (il aurait pu mourrir dans la solitude comme Van Gogh), bref, ces artistes ne cautionnaient pas l’enrichissement d’une élite, et ils ne faisaient pas tout pour éliminer la concurrence. Arrêtez de vous sentir visé dès qu’on parle d’artistes, ça devient chiant et ça donne une image de vous très surfaite et égocentrique.


                              • Mr Judas de l’oeil de beuf (---.---.135.157) 27 août 2006 16:19

                                Mr D. West, je vous cite :

                                "FredLeBorgne vous avez la culture d’un valet. Et c’est ce qui vous empêche d’avoir du talent, si près de l’avoir.

                                L’écriture ne s’offre qu’à celui qui sait en user pour le bien de tous, et non pour humilier ceux qui écrivent ou qui peignent et chantent."

                                Pour ce qui est d’humilier, vous avez l’air d’en maîtriser le concept (vous vous en rendez compte au moins ?). Mr West, quand arrêterez-vous de vous flageller de la sorte ? Ouvrez les yeux, vous valez bien mieux que cela (et pour être clair et sans ambiguité : je vous respecte car pour moi vous êtes désormais une valeur sûre de « l’artisanat » intellectuel qui mérite et mérite bien plus encore d’être lu et écouté. Et j’adore votre prose ainsi que certaines de vos idées : n’y voyez pas d’ironie c’est sincère, vraiment) Si vous vous permettez de donner des leçons, acceptez-en au moins vos propres règles !

                                S’il met possible de soulever un autre point : Payer les droits d’auteur(s) avec plaisir, vraiment mais voilà financer avec nos pauvres bourses le rien, le néant de certains artistes NON non et NON ! Car malheureusement les majors qui encaissent sur notre dos et sur celui de vrais artistes (comme vous Mr D. West, sincèrement) pour financer des daubes formatées, sans imagination aucune (il suffit pour cela d’allumer sa télévision (tétévision ?) et donc vendre énormément pour s’en mettre plein les poches (et non pour redistribuer l’argent à celles ou ceux qui le « valent bien ») c’est une véritable honte.

                                Payer des taxes abusives pour financer du « boudin », des fesses et deux neurones : non !

                                Comprennez-moi bien, je suis très loin de remettre en cause la légitimité et la place de nos artistes mais pourquoi dans l’affaire qui nous intéresse (pour en revenir au sujet) les artistes n’ont pas eu leur mot à dire (ou bien après) ? Tout cela n’est finalement qu’une histoire de vaches à lait et de pognon... c’est triste mais se serait la France : pays du Siècle des Lumières ???

                                Cordialement à toutes et à tous.


                              • demian west (---.---.244.200) 27 août 2006 16:53

                                Mon doux Judas,

                                Vos accents de sincérité m’ont convaincu. J’abonde dans ce que vous dites, car j’y entends que vous n’accepteriez pas d’être dépossédé autant que les artistes le seraient...

                                Demian West


                              • Judas de l’oeil de boeuf (---.---.168.103) 28 août 2006 15:03

                                Vous avez mis le doigt dessus Mr West car c’est exactement ce que je « sous-entendais »...

                                Je suis triste, réellement triste car la culture française actuelle est en quelque sorte devenue un immense fast-food (je sais bien que cette reflexion n’est pas nouvelle mais quand même)... la faute à qui ? Si quelqu’un est coupable...

                                déposséder pour se faire de l’argent des artistes qui valent véritablement la peine qu’on les écoute pour les remplacer par des concepts de ventes ignobles, voilà un de nos problèmes majeurs ces derniers temps

                                Je ne suis pas riche (et je l’avoue sans honte) mais les arts m’intérresse... comment faire ? Celui-ci est de plus en plus inaccessible (d’autant s’il faut prendre un exemple, que je n’habite pas Paris) Si je me paye le train, il ne me restera plus rien pour manger ou payer le loyer de mon studio étudiant... Une solution les livres, je ne m’en prive pas mais pour le reste, un des seuls moyen pour se tenir informé : la télévision (et à mon niveau, les journeaux gratuits ou internet)... je connais déjà une partie de votre réponse « si tu n’aimes pas la télé tu la jetes surtout si tu n’as que les 6 chaines ». Bon, j’arrête ici le côté Caliméro de mon post mais j’espère avoir été quelque part non pas écouté mais compris. Car cette simple anecdote est à mettre en relation avec ce côté « vrais artistes baffoués et mis sans le sous » que j’entendais plus haut.

                                Je viens de me relire et effectivement, je ne suis pas très clair, je suis loin d’avoir votre prose Mr West mais me feriez-vous ce petit plaisir d’y répondre ? Je vous souhaite d’être vous aussi entendu et compris cher Mr West, bonne continuation smiley

                                Amicalement (l’étudiant sans le sous smiley lol)


                              • fredleborgne (---.---.44.172) 7 juillet 2006 23:17

                                Et traiter les gens de « lâche », c’est quoi ?

                                Pourtant, je ne traite pas ’tous les artistes’ de serviles, mais seulement ceux qui soutiennent encore les dinosaures qui les écrasent et se moquent d’eux (Amendement permettant de passer des extraits d’oeuvre sans régler les droits d’auteurs pour les chaine de TV, toucher 65 % du produit de la vente d’un CD, faire raconter la même histoire de supermarché à leurs poulains...)

                                Pourquoi défendre des « patrons » pareils ? Moi je les attaque, mais vous dites que je m’en prends à vous. Evitez surtout de rester dans la ligne de mire. Et quand ils tomberont, évitez de rester dessous. Mais si vous choisissez vous-même d’être un martyre collatéral...

                                Car il ne faut pas se leurrer. Le dernier vote à main levée, à l’Assemblée, pour qu’il ne subsiste pas de traces écrites des coupables votant définitivement DADvSI, c’était le début de la fin. Les dinosaures ont choisi de disparaitre dans la douleur plutot que d’évoluer en oiseau.

                                Mon discours « radical » reste tout de même théorique, comme mon immersion chocolatée. Pas la peine donc d’être « choqué ».

                                Et puis, ne me faites pas rougir en me comparant avec des grands ! Comme Hugo qui s’opposait à Napoléon le Petit. Je sais que je suis loin d’être aussi fort contestataire que lui.

                                Avec son sens de l’écriture, il aurait pu trouver mieux que « habitude servile » pour ceux que je critique. Mais je doute que son « compliment » ait été plus aimable et plus apprécié pour autant.

                                Cordialement

                                Fred Le Borgne


                                • fredleborgne (---.---.44.172) 7 juillet 2006 23:42

                                  Enfin, cher Demian, un texte dans son intégralité, pour nous réconcilier.

                                  L’auteur est mort depuis longtemps, et je pense que comme vous il appréciera ma conclusion.

                                  Le choix du texte est je pense pertinent dans les dernières péripéties de DADvSI et nos petits désaccords...

                                  44. Epistre

                                  Au Roy, pour avoir esté derobé

                                  Clement Marot (1495-†1544)

                                  ON dict bien vray, la maulvaise Fortune

                                  Ne vient jamais qu’elle n’en apporte une

                                  Ou deux ou trois avecques elle (Syre).

                                  Vostre cueur noble en sçauroit bien que dire ;

                                  Et moy, chetif, qui ne suis Roy ne rien, 5

                                  L’ay esprouvé, et vous compteray bien,

                                  Si vous voulez, comme vint la besongne.

                                  J’avois un jour un vallet de Gascongne,

                                  Gourmand, ivrongne, et asseuré menteur,

                                  Pipeur, larron, jureur, blasphemateur, 10

                                  Sentant la hart de cent pas à la ronde,

                                  Au demourant, le meilleur filz du monde,

                                  Prisé, loué, fort estimé des filles

                                  Par les bordeaulx, et beau joueur de quilles.

                                  Ce venerable hillot fut adverty 15

                                  De quelque argent que m’aviez departy,

                                  Et que ma bourse avoit grosse apostume ;

                                  Si se leva plus tost que de coustume,

                                  Et me va prendre en tapinoys icelle,

                                  Puis vous la meit tresbien soubz son esselle 20

                                  Argent et tout (cela se doit entendre),

                                  Et ne croy point que ce fust pour la rendre,

                                  Car oncques puis n’en ay ouy parler.

                                  Brief, le villain ne s’en voulut aller

                                  Pour si petit ; mais encore il me happe 25

                                  Saye et bonnet, chausses, pourpoint et cappe ;

                                  De mes habitz (en effect) il pilla

                                  Tous les plus beaux, et puis s’en habilla

                                  Si justement, qu’à le veoir ainsi estre,

                                  Vous l’eussiez prins (en plein jour) pour son

                                  maistre. 30

                                  Finablement, de ma chambre il s’en va

                                  Droict à l’estable, où deux chevaulx trouva ;

                                  Laisse le pire, et sur le meilleur monte,

                                  Pique et s’en va. Pour abreger le compte,

                                  Soyez certain qu’au partir du dict lieu 35

                                  N’oublia rien fors qu’à me dire adieu.

                                  Ainsi s’en va, chatouilleux de la gorge,

                                  Ledict vallet, monté comme un Sainct Georges,

                                  Et vous laissa Monsieur dormir son soul,

                                  Qui au resveil n’eust sceu finer d’un soul. 40

                                  Ce Monsieur là (Syre) c’estoit moy mesme,

                                  Qui, sans mentir, fuz au matin bien blesme,

                                  Quand je me vey sans honneste vesture,

                                  Et fort fasché de perdre ma monture ;

                                  Mais de l’argent que vous m’aviez donné, 45

                                  Je ne fuz point de le perdre estonné ;

                                  Car vostre argent (tresdebonnaire Prince)

                                  Sans point de faulte est subject à la pince.

                                  Bien tost après ceste fortune là,

                                  Une autre pire encores se mesla 50

                                  De m’assaillir, et chascun jour m’assault,

                                  Me menaçant de me donner le sault,

                                  Et de ce sault m’envoyer à l’envers,

                                  Rithmer soubz terre et y faire des vers.

                                  C’est une lourde et longue maladie 55

                                  De trois bons moys, qui m’a toute eslourdie

                                  La povre teste, et ne veult terminer,

                                  Ains me contrainct d’apprendre à cheminer

                                  Tant affoibly m’a d’estrange manière ;

                                  Et si m’a faict la cuysse heronniere, 60

                                  L’estomac sec, le ventre plat et vague :

                                  Quand tout est dit, aussi mauvaise bague

                                  Ou peu s’en fault que femme de Paris,

                                  Saulve l’honneur d’elles et leurs maris.

                                  Que diray plus au misérable corps 65

                                  Dont je vous parle il n’est demouré fors

                                  Le povre esprit, qui lamente et souspire,

                                  Et en pleurant tasche à vous faire rire.

                                  Et pour autant (Syre) que suis à vous,

                                  De trois jours l’un viennent taster mon poulx 70

                                  Messieurs Braillon, Le Coq, Akaquia,

                                  Pour me garder d’aller jusqu’à quia.

                                  Tout consulté, ont remis au printemps

                                  Ma guarison ; mais, à ce que j’entens,

                                  Si je ne puis au printemps arriver, 75

                                  Je suis taillé de mourir en yver,

                                  Et en danger, si en yver je meurs,

                                  De ne veoir pas les premiers raisins meurs.

                                  Voilà comment, depuis neuf moys en ça,

                                  Je suis traicté. Or, ce que me laissa 80

                                  Mon larronneau, long temps a l’ay vendu,

                                  Et en sirops et julez despendu ;

                                  Ce neantmoins, ce que je vous en mande

                                  N’est pour vous faire ou requeste ou demande ;

                                  Je ne veulx point tant de gens ressembler, 85

                                  Qui n’ont soucy autre que d’assembler ;

                                  Tant qu’ilz vivront ilz demanderont, eulx ;

                                  Mais je commence à devenir honteux,

                                  Et ne veulx plus à voz dons m’arrester.

                                  Je ne dy pas, si voulez rien prester, 90

                                  Que ne le prenne. Il n’est point de presteur

                                  (S’il veult prester) qui ne face un debteur.

                                  Et sçavez-vous (Syre) comment le paye ?

                                  Nul ne le sçait, si premier ne l’essaye ;

                                  Vous me devrez (si je puis) de retour, 95

                                  Et vous feray encores un bon tour.

                                  A celle fin qu’il n’y ait faulte nulle,

                                  Je vous feray une belle cedulle,

                                  A vous payer (sans usure, il s’entend)

                                  Quand on verra tout le monde content ; 100

                                  Ou si voulez, a payer ce sera

                                  Quand vostre loz et renom cessera.

                                  Et si sentez que soys foible de reins

                                  Pour vous payer, les deux princes Lorrains

                                  Me plegeront. Je les pense si fermes 105

                                  Qu’ilz ne fauldront pour moy à l’un des termes.

                                  Je sçay assez que vous n’avez pas peur

                                  Que je m’enfuye ou que je soys trompeur ;

                                  Mais il faict bon asseurer ce qu’on preste ;

                                  Bref, vostre paye, ainsi que je l’arreste, 110

                                  Est aussi seure advenant mon trespas

                                  Comme advenant que je ne meure pas.

                                  Avisez donc si vous avez desir

                                  De rien prester ; vous me ferez plaisir,

                                  Car puis un peu j’ay basty à Clement, 115

                                  La où j’ay faict un grand desboursement ;

                                  Et à Marot, qui est un peu plus loing,

                                  Tout tombera, qui n’en aura le soing.

                                  Voila le poinct principal de ma lettre ;

                                  Vous sçavez tout, il n’y fault plus rien mettre. 120

                                  Rien mettre ? Las ! Certes, et si feray ;

                                  Et ce faisant, mon style j’enfleray,

                                  Disant : ‘O Roy amoureux des neuf Muses,

                                  Roy en qui sont leurs sciences infuses,

                                  Roy plus que Mars d’honneur environné, 125

                                  Roy le plus roy qui fut onc couronné,

                                  Dieu tout puissant te doint pour t’estrenner

                                  Les quatres coings du monde gouverner,

                                  Tant pour le bien de la ronde machine,

                                  Que pour autant que sur tous en es digne

                                  Ma conclusion : « Plus jamais çà » (Bien que le texte par lui-même soit un régal) Désolé pour les sauts de ligne, mais ce texte, en compact, perd toute sa saveur


                                • arfelas (---.---.96.24) 10 juillet 2006 04:16

                                  Bonjour,

                                  Avec une licence globale, la rémunération des artistes aurait été en constante progression. Avec les mesures de protections (controles d’usages est plus approprié), leur rémunération sera en constante régression. CQFD.

                                  Cordialement.


                                  • Roland (---.---.79.247) 11 juillet 2006 11:15

                                    l’auteur de l’article a peut-être levé le lièvre à la fin de son texte :

                                    « Alors, à moins que le flicage de l’Internet n’ait été une fin en soi »

                                    Oui, ça se pourrait bien.

                                    beaucoup d’indices et de tendances vont dans ce sens ....

                                    à creuser


                                    • blackestmajor (---.---.142.198) 22 juillet 2006 00:14

                                      Je tiens tout d’abord à féliciter Forest Ent pour cet article qui remet (s’il était besoin) les pendules à l’heure et réaffirme cette vérité niée de certains mais connue de tous selon laquelle les majors du disques s’en mettent plein les poches au détriment du public et des artistes, et a maintenant le soutien du gouvernement pour le faire. Ah non pardon, le soutien du gouvernement va aussi aux marchands de verrous numériques, qui sont on le sait des entreprises en grave crise financière (Apple, Microsoft... No Comment)

                                      Que cache ce DADVSI ? Plus que la mort du p2p, la mort du logiciel libre, c’est le prélude à la mort du concept de vie privée sur ordinateur. Car cette loi prévoit des amendes, qui pour être appliquée auront besoin de filtres, filtres appliqués à deux niveaux : 1. par le FAI depuis ses installations 2. par le consommateur, obligé qu’il sera d’installer une sorte de « mouchard »

                                      Donc, alors que les procès et les scandales se multiplient concernant des programmes intrusifs qui en plus de violer la vie privée des citoyens sur leur ordinateur, mettent en péril la sécurité de celui-ci (Rootkit Sony pour ne pas le citer)

                                      Qui nous dit que ces mouchards, imposés par force de loi au consommateur pour garantir la juste rémunération des majors et des vendeurs de DRM, qui nous dit qu’ils ne serviront pas à recueillir des informations personnelles ? Habitudes de navigation, identités électroniques sur les forums, etc. Qui nous dit que ces informations ne seront pas utilisées par la suite par des entreprises tiers, ou pourront être détournées à des fins malveillantes ? Personne.

                                      Vous me direz : ce sont des filtres mis en place par l’état, ils ne peuvent pas eux même violer d’autres lois pour en appliquer une. Pas sûr...

                                      Prochaine étape avouée après DADVSI, de la bouche du sinistre de la culture RDDVDV lui même : contrôler la diffusion de l’information. Oui déjà ça fait peur. Qu’entends-il par là ? Eh bien cet individu a constaté que l’information relayée sur internet était parfois déformée, aérée, amplifiée, bref ne faisait pas preuve d’une grande rigueur journalistique. Et pour cause, puisque les gens qui relayent cette information ne sont pas des journalistes, ce sont des lambdas comme vous et moi. Celà dérange monsieur le sinistre. Il souhaiterait, je cite, que « l’information ne puisse être diffusée et relayée que par des gens dont c’est le métier ».

                                      En d’autres termes, ce qu’annonce RDDVDV, c’est qu’après avoir muselé la diffusion musicale et cinématographique via les réseaux p2p (diffusion illégale, ou pas), il veut s’attaquer à ce qu’on appelle les médias communautaire. Oui oui, un ptit coup de molette, Agoravox... Entre autres. Il veut pouvoir contrôler ce qui se dit sur internet comme si c’était un journal comme les autres, accréditer certaines personnes à informer et empêcher les autres de le faire. Ca ne vous rappelle rien ? Moi si...

                                      Ajoutons enfin que les amendes sont un moyen bien pratique pour l’état de se rémunérer. A l’heure où la RIAA perd un procès contre des internautes faute de preuves suffisantes pour affirmer qu’elles ont piratées de la musique et des films, on va nous imposer des amendes systématiques basées sur des systèmes aléatoires puisque s’ils étaient capables de donner le nom du fichier, la date, l’utilisateur, le contenu précis etc..., ils violeraient purement et simplement la loi informatique et libertés.

                                      Pour conclure je vous ferais part de mon dégoût d’avoir appris qu’une employée de Vivendi avait été recompensée de l’ordre national du mérite, pour son travail de lobbying auprès des assemblées législatives... Peut-être qu’on a pas les mêmes sémantiques, mais chez moi, « lobbying », ça sonne comme « propagande », « désinformation »...

                                      Un petit mot à Demian West quand même : je constate que vous êtes toujours fidèle au poste, égal à vous même, mais vous vous trompez de combat. Si vous êtes un artiste, vous finirez un jour par comprendre qui sont vos ennemis. Les dinosaures aussi ont du comprendre que c’était la fin, mais ils étaient hélas trop lourds et trop bêtes pour s’adapter...

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