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Accueil du site > Actualités > Médias > De quoi fouetter un Shah

De quoi fouetter un Shah

Excellent documentaire sur la Révolution iranienne qui fête son trentième anniversaire.

Parfois, la télévision est un excellent outil pédagogique ou didactique.

Le soir du 17 février 2009, la chaîne publique France 3 proposait la première partie d’un documentaire retraçant l’histoire de la révolution islamique en Iran, sur la période 1978-1981.


Une très bonne émission historique

Le 1er février 1979, il y a trente ans, l’ayatollah Ruhollah Khomeini arrivait à Téhéran et instaurait la théocratie iranienne. Dans l’avion qui quittait Roissy, les conseillers du guide islamique avaient astucieusement invité de très nombreux journalistes pour éviter tout attentat. Dans sa cabine, on peut voir Khomeini souriant une derrière fois, ce qui étonne tant son regard baissé, caché par d’épais sourcils, empêche de voir ses pensées.

Pour ceux qui ont vécu les événements par médias interposés, il était à la fois intéressant de se remémorer les faits et émouvant de retrouver quelques souvenirs vus ou entendus à l’époque.

La grande qualité de ce documentaire réalisé par Delphine Jaudeau en 2008, c’est de ne pas avoir fait du sensationnel comme le style à la mode depuis plusieurs années, avec un ton inutilement dramatique et des séquences de fiction pitoyables, mais justement de limiter au maximum la voie off et donner avant tout présence aux nombreux témoins.


De riches témoignages

Et c’est à ce sujet que le téléspectateur est surpris : la réalisatrice a réussi à retrouver tous les protagonistes du drame qui s’opère de 1978 à 1981 en Iran, en France et aux États-Unis. Des témoignages actuels ou déjà anciens (pour ceux qui sont décédés), avec des images d’archives qui montrent la fuite du temps sur les visages.

Parmi les témoins américains, on retrouve Jimmy Carter, le Président américain, son conseiller principal, Zbigniew Brzezinski, son Secrétaire d’État Cyrus Vance et son adjoint, Warren Christopher, qui sera le Secrétaire d’État de Bill Clinton (on se dit que Jimmy Carter était bien entouré), des diplomates retenus en otages à Téhéran, et aussi Walter Mondale, le Vice-Président de Jimmy Carter, dont les traits vieillis restent surprenants (depuis sa candidature malheureuse de 1984, Walter Mondale n’a plus eu beaucoup d’activités publiques).

Côté iranien, non seulement il y a Chapour Bakhtiar (Premier Ministre nommé par le Shah in extremis avant de quitter l’Iran, assassiné le 7 août 1991 en France), Abolhassan Bani Sadr (le premier Président iranien depuis le retour de Khomeini), mais aussi le chef du commando étudiant qui a pris en otage le personnel de l’ambassade américaine et des conseillers de Khomeini, la femme du Shah également.

Valéry Giscard d’Estaing intervient aussi dans le documentaire ainsi que des émissaires français de l’époque.


Un déroulement historique bien articulé

Le documentaire montre la pression de la rue face à des dirigeants distants et sans écoute : la classe moyenne iranienne proteste contre le pouvoir oligarchique du Shah d’Iran qui se heurte à l’islam en modernisant le pays et en lui imposant les valeurs occidentales.

Le Shah est soutenu fermement par les Américains pour qui son pouvoir est un gage de stabilité dans la région.

Khomeini, comme le Shah quelques années après, ne cesse de changer de terre d’asile et ses conseillers ont l’idée de le conduire en France dont les lois sont plus simples (pas besoin de visa). En France, Khomeini fait beaucoup de propagande, ce qui gêne évidemment le gouvernement français qui soutient le Shah.

Il est assez surprenant de voir à quel point le Shah obéit aux consignes des Américains, à tel point qu’il ne savait plus comment réagir face à la foule des contestataires : par la force ou par la discussion. Les Américains veulent d’abord un rétablissement ferme pour montrer que le Shah est aux commandes, puis lâcher du leste sur les revendications des opposants.

Finalement, sur le conseil de Bakhtiar, le Shah quitte l’Iran le 16 janvier 1979 (officiellement, pour se reposer). Khomeini y arrive quelques jours après, tellement secoué dans sa voiture par ses partisans qu’il doit la quitter et prendre un hélicoptère.

Jimmy Carter refuse les demandes d’asile politique du Shah car il sait par ses diplomates à Téhéran que la situation pourrait devenir explosive. Il rapatrie la majeure partie de l’ambassade américaine à Téhéran (qui passe de 2 000 à moins de 100 personnes). Sur le conseil de Brzezinski, il finit par accepter un asile temporaire au Shah pour se faire soigner à New York (le 22 octobre 1979).

Cet asile enflamme la population iranienne et un petit groupe d’étudiants (parmi lesquels le futur et actuel Président iranien Ahmadinejad qui refuse le principe de s’en prendre aux Américains car il estime qu’il faut désormais s’éloigner des Soviétiques qui sont aussi des ennemis de l’islam) organise l’assaut de l’ambassade américaine le 4 novembre 1979. Ils prennent en otage les 66 Américains présents et réclament l’extradition du Shah pour être jugé.


Les otages américains, une humiliation encore ressentie

Ce que le documentaire retrace bien, c’est qu’au départ, les ministres de Khomeini font tout pour résoudre ce problème dont ils ne sont pas responsables mais Khomeini, au contraire, donne raison aux étudiants islamistes et inaugure un nouveau mode de relations internationales tout en se libérant des ministres et conseillers les plus modérés.

Après des sanctions économiques et diplomatiques et l’échec de tentatives de négociation, Jimmy Carter décide de faire libérer lui-même les otages. Très peu de conseillers sont au courant. Cyrus Vance est contre le principe d’une telle opération car il sera impossible de la justifier auprès des Commissions de la Défense du Congrès. Jimmy Carter profite d’un déplacement de Cyrus Vance à Miami pour exécuter l’Opération Eagle Claw en y adjoignant à sa place Warren Christophe (adjoint de Vance).

Cette opération, la nuit du 24 au 25 avril 1980, est une catastrophe militaire, diplomatique et politique. Des hélicoptères sont en panne avant d’arriver à Téhéran, Jimmy Carter annule l’opération et une collision entre deux appareils américains fait huit morts. Walter Mondale doit réveiller tous les leaders de partis la nuit pour leur expliquer l’opération et son échec avant qu’ils en soient informés par la presse.

Pour Jimmy Carter, l’histoire des otages à Téhéran est sa priorité numéro un qui plombe sa candidature pour sa réélection de novembre 1980.

Cependant, les généraux de l’armée iranienne n’étant plus là (exécutés ou ayant fui), l’Iran se trouve avec une armée en très mauvais état et sans pièce de rechange. Cela l’incite donc à renouer contact avec les Américains. La mort du Shah le 27 juillet 1980 encourage aussi les négociations.

Warren Christopher explique sa surprise de voir un jeune émissaire iranien en costume cravate à l’Occidentale. Les demandes iraniennes sont acceptées par les Américains (reversement des biens iraniens dans les banques). Le lendemain, 22 septembre 1980, Saddam Hussein envahit l’Iran sans aide américaine mais sans opposition non plus.

Finalement battu en novembre par Ronald Reagan, Jimmy Carter veut absolument faire libérer les otages avant la fin de son mandat, en précisant que ce serait plus difficile d’obtenir les fonds sous son successeur.

Quelques jours avant la fin de son mandat, Jimmy Carter et ses conseillers font le forcing pour débloquer tous les fonds prévus, conditions nécessaires avant de la libération des otages.

Carter appelle lui-même Thatcher pour lui demander de faire pression sur une banque britannique. La veille, un haut fonctionnaire du Trésor a refusé sa signature (pourtant indispensable) pour un transfert de fonds et est parti en vacances : Carter le limoge alors pour passer outre.

Ce qui est étrange, c’est que ces coups de fil sont filmés et diffusés. On imagine mal ce type de séquences avec un Président français.

Deux heures avant le serment de Reagan, les otages sont dans l’avion mais l’avion ne décolle pas. Carter doit aller à l’investiture de Reagan pendant qu’un conseiller continue à être en liaison avec Téhéran.

Cinq minutes après que Ronald Reagan prête serment, l’avion décolle de Téhéran avec les otages américains : jamais Président américain n’aura été autant humilié que Jimmy Carter.


Instrumentaliser le hasard

Ce que montre bien le documentaire, c’est que Khomeini n’a pas été à l’initiative de la prise d’otage mais a vu tout l’intérêt pour sa Révolution islamique à s’en servir et la date de libération était aussi un hasard (il fallait que le gouvernement américain libère d’abord les fonds iraniens) mais il a malgré tout pris un malin plaisir à retarder de quelques minutes le décollage de l’avion afin d’humilier une dernière fois Jimmy Carter.

Cet épisode montre à quel point on peut comprendre que, depuis 1979, l’Iran constitue l’un des "axes du mal" des États-Unis.

Aujourd’hui, un climat de détente semble s’instaurer entre Ahmadinejad, l’ex-étudiant ami du commando de la prise d’otages, et Obama, nouveau Président des États-Unis.


À voir donc

La première partie du documentaire diffusée le 17 février sera rediffusée sur France 3 le samedi 21 février 2009 à 01h35 et la seconde partie sur la période 1982-2001 sera diffusée ce 18 février à partir de 23 heures.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (18 février 2009)


Pour aller plus loin :

Dossier sur la Révolution iranienne de la Télévision Suisse Romande.



Documents joints à cet article

De quoi fouetter un Shah De quoi fouetter un Shah

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39 réactions à cet article    


  • Julius Julius 18 février 2009 17:37

    Il est un fait intéressant, qui ce document n’a pas mentionné. Reza Pahlavi a été non seulement un bon ami des États-Unis, mais un bon ami de l’URSS aussi (et de l’Israël). Il a acheté des armes sur les deux côtés. Les Russes n’étaient apparemment pas préoccupés par le sort terrible des communistes en Iran du Shah.

    Note personnelle : Je me souviens que lorsque Reza Pahlavi a visité la Tchécoslovaquie communiste, quelques mois avant sa chute, il a été décoré de l’un des plus hauts grades. Sur la TV, le "Roi des rois » a été présenté comme un "révolutionnaire". On peut dire, presque comme un communiste.

    Et, après la Révolution islamique, Chomejni n’a pas seulement tourné contre les États-Unis, mais aussi contre l’URSS. Et les pauvres communistes, qui ont participé activement à la Révolution, ont été à nouveau détruite.

    Le document de la BBC "The Fall of a Shah", présenté dimanche dernier sur la BBC 1, a été plus objectif que le document sur la France 3, IMHO.


    • Sylvain Rakotoarison Sylvain Rakotoarison 18 février 2009 21:46

      A Julius

      Effectivement, et l’attitude de l’étudiant Ahmadinejad en novembre 1979 est très significative. Il refusait d’être impliqué dans la prise d’otages à l’ambassade américaine car il trouvait que cela renforçait inutilement l’Union soviétique également ennemie de la révolution islamique.

      L’habitude au manichéisme de la guerre froide a fait perdre beaucoup de temps à bien des stratèges.

      Cordialement.


    • docdory docdory 18 février 2009 19:43

       @ Sylvain Rakotoarison

      Ce qui m’étonnera toujours , c’est l’incroyable imprévoyance des autorités françaises . Lorsque Khomeiny se pavanait à Neauphle le Château , tout le monde avait parfaitement compris que cet ayatollah , dès son retour en Iran , serait un dictateur infiniment pire que le Shah d’Iran . J’avais 21 ans à l’époque , il m’arrivait de me faire conspuer quand je soutenais cette thèse auprès de copains de gauche , néanmoins la suite des événements était hautement prévisible et m’a amplement donné raison.
      Il est des circonstances dans lesquelles la raison d’Etat justifie amplement quelques entreprises barbouzardes . Il eût été facile pour l’Etat français d’aider à l’infiltration d’agents iraniens qui seraient venus opportunément liquider ce fou dangereux de Khomeiny , quitte à émettre des protestations de pure forme une fois cet assassinat politique accompli. 
       Cela n’aurait certes pas été très moral , mais cela aurait économisé des milliers , voire des millions , de vie humaines ( les exactions de la République islamique sont loin d’être terminées) ...


      • Julius Julius 18 février 2009 20:17

        > Lorsque se pavanait Khomeiny à Neauphle le Château, tout le monde avait parfaitement compris que cet ayatollah, dès son retour en Iran, serait un dictateur infiniment pire que le Shah d’Iran.

        Peut-être un rêve à un monde multipolaire ? Etats-Unis et l’URSS pour le Shah, France pour l’Ayatollah. smiley

        > Quand je soutenais cette thèse auprès de copains de gauche

        L’histoire de la révolution islamique en Iran est un excellent exemple du délire de la gauche. Ils construisent leur monde imaginaire (de la révolution communiste en Iran), qui n’ont aucun rapport avec la réalité (la nature islamique de la population en Iran).


      • Sylvain Rakotoarison Sylvain Rakotoarison 18 février 2009 21:48

        A Docdory

        Oui, en effet, le devenir tyrannique de Khomeini était prévisible. Mais il faut aussi imaginer deux choses : la gauche n’avait pas encore été au pouvoir (une génération entière dans l’opposition, voire deux pour les communistes), et les médias lui donnait une stature qu’il n’avait pas. "Le Monde" (je crois) le comparait à un Gandhi iranien ! On revient de loin...

        Cordialement.


      • abdelkader17 18 février 2009 21:57

        Khomeiny à côté des entreprises coloniales Française c’est l’abbé pierre, vous êtes toujours à voir chez les autres des dictateurs, alors que vos empires se sont construient sur les cadavres de l’humanité.


      • docdory docdory 19 février 2009 00:33

         @ Julius 

        " La nature islamique de la population en Iran " dites-vous ? Elle n’existe pas plus que la " nature communiste de la population en URSS " n’existait avant la chute du communisme . On fait semblant de croire à l’islam parce qu’autrement c’est la mort , la torture ou la prison , comme on faisait semblant de croire au communisme pour les mêmes raisons . Si l’Iran cessait brusquement d’être une république islamique , quel pourcentage de jeunes iraniens remettraient les pieds dans une mosquée ? 5% ? 10% ?


      • Julius Julius 19 février 2009 01:15

        > "La nature islamique de la population en Iran" dites-vous ? Elle n’existe pas plus que la "nature communiste de la population en URSS" n’existait avant la chute du communisme ....

        Je suis d’accord à presque 100% concernant d’Iran aujourd’hui. En fait, lors de la lecture des livres et de reportages en provenance de l’Iran, la similitude avec les régimes communistes d’avant 1989 est frappante. Je veux dire, la différence entre la vie privée et de l’apparition publique. Cela donne un certain espoir smiley (Mais est-ce vrai aussi dans les villages, et pas seulement à Téhéran et les grandes villes ?)

        D’autre part, les Iraniens ont décidé d’un régime islamique dans un référendum libre (comme d’habitude, c’était la dernière possibilité de voter librement). Cela signifie que, à cette époque, la population a été plus favorable à un régime islamique, que une démocratie (ou le communisme).


      • fouadraiden fouadraiden 18 février 2009 20:49


         un élément, essentiel, que l’auteur n’a semble -t-il pas vu , c’est la carte irakienne battue par les américains contre l’imprévu Khomeini. l’invasion irakienne n’a pas été condamné par l’onu. l’occident l’a donc encouragée.

         la carte Saddam est la carte maîtresse , c’est le coup de génie sorti du chapeau occidental et qui a fait gagner dix ans de tranquillité au monde occidental . la suite tt le monde la connaît , l’imbécile irakien comprenant trop tard l’instrument quil été a fini sur le pilori américain.


         la guerre d’Irak aura été la réponse du monde occidental pour contenir la révolution iranienne.c’est admirablement bien joué .


        • Julius Julius 18 février 2009 21:22

          Encore une fois, il ne faut pas oublier le soutien à l’Irak par la Russie. Alors que l’URSS a été officiellement neutres, ils ont soutenu l’Irak pour deux raisons :
          1) Sadam a été un allié russe pour des décennies et la Russie avait peur de perdre son amitié.
          2) La Russie avait peur d’une contagion de la révolution islamique dans leurs républiques d’Asie.


        • Sylvain Rakotoarison Sylvain Rakotoarison 18 février 2009 21:51

          A Fouadraiden

          C’est ce que j’indiquais, aucune opposition à cette invasion irakienne. Le documentaire rappelle aussi que l’Iran a été très choqué que l’ONU n’ait pas condamné cette invasion. Les Américains comptaient sur des fuites en Jordanie ou en Arabie Saoudite pour faire passer à Saddam Hussein l’information selon laquelle l’armée iranienne était affaiblie.

          Cordialement.


        • fouadraiden fouadraiden 18 février 2009 22:47


          Exact, et ça éclaire mieux la" vraie" raison de la première guerre du Golfe.


        • abdelkader17 18 février 2009 21:52

          La destitution de Mossadegh permet l’arrivée des Américains dans le grand jeu pétrolier du pays. Ainsi, en 1954, un consortium international composé de compagnies française, hollandaise, britannique et américaine est créé pour gérer la production pétrolière de l’Iran.
          Derrière chaque révolution conservatrice se cachent toujours les intérêts impérialistes.

          Foucault estime que la Révolution Islamique d’Iran n’a pas été animée par des motifs économiques ou financiers, car « les problèmes économiques auxquels l’Iran commençait, de l’époque, à affronter, n’étaient pas si importants de pouvoir conduire des centaines de milliers, voire des millions d’Iraniens, à descendre, à mains nues, dans les rues et à se faire face aux artilleries ». Il faut, donc, chercher, d’autres motifs à l’origine de cette Révolution.

           D’après les analyses du philosophe français, c’était le chi’isme, en tant qu’une "école de lutte et de dévouement", qui en s’appuyant sur sa position, de toujours, qui consiste à la résistance et autocritique permanentes, et grâce à son influence profonde et déterminante sur les Chi’ites, a su se transformer en « un langage, un culte et une scène permanente d’un drame historique, où l’on peut placer une nation qui a mis sa vie et son avenir sur les deux plateaux d’une balance ».


          • fouadraiden fouadraiden 18 février 2009 22:35


            Abdel,


             non , Foucault n’a rien pu dit de vraiment intéressant, il a simplement vite fait pour essayer de saisir cette révolution de lire la conception ésotérique du chiisme qu’en donne Corbin ds tous ses ouvrages. c tt.


          • fouadraiden fouadraiden 18 février 2009 22:40


            correction

            non , Foucault n’a rien pu dire de vraiment intéressant, il a simplement vite fait, pour essayer de saisir cette révolution, de lire la conception ésotérique du chiisme qu’en donne Corbin ds tous ses ouvrages. c tt


          • armand armand 19 février 2009 14:44

            abdel,

            Si l’intervention contre Mossadegh est une ingérance mal vécue par les Iraniens (ce que je comprends), il est intéressant de noter qu’une précédente intervention, au début du XXe siècle, s’’était effectuée en faveur du régime constitutionnel, contre l’autocratie du Chah de l’époque. Je ne me souviens plus des détails, mais il y a eu un diplomate américain qui est mort à Tabriz au côté des constitutionalistes, et s’opposant aux cosaques du régime. Donc, avant les années 50 les Iraniens avaient une vision plutôt positive des USA.

            Intéressante l’analyse de Foucault, mais je crois comme Fouad qu’il accorde trop d’importance à l’ésotérisme chiite glané dans les ouvrages de Corbin. Le chiisme parfaitement ’exotérique’ a toujours valorisé le martyre et la lutte contre le tyran, avec la célébration de la tragédie de Kerbala au moyen de théâtre rituel comme le "Tazieh", apprécié de toutes les classes de la société.
            Quant aux idéologues de la Révolution islamique, et leur notion de velayat-i-faqih, c’est une rupture avec les traditions plus anciennes qui ne visaient pas à un gouvernement direct de la part des religieux. Voir les textes d’Ali Shariati. Sur le mélange explosif d’islamisme de marxisme, il y a un ouvrage de Dariush Shayegan, Le Regard Mutilé, qui fait le point.


          • finael finael 18 février 2009 22:57

            Il est étonnant de voir à quel point cet article ne souligne que les point favorables au point de vue de l’auteur, en faisant fi des réalitées et en ré-ecrivant l’Histoire :


            - A la sortie de la guerre l’Iran est occupé simultanément par les troupes anglaises et soviétiques, si les anglais se retirent sans problème, l’URSS ne le fait qu’après la signature d’un traité sur l’exploitation du pétrole iranien.


            - Toutefois, suite aux élections de 1946, le nouveau premier ministre : Mossadegh passe un traité de coopération militaire avec les U.S.A en 1947. L’influence de l’URSS ne cesse alors de décliner.


            - En 1953 Mossadegh décide de nationaliser la production de pétrole, ce qui n’est pas du goût de l’Anglo-Iranian Oil Company ni des U.S.A qui fomentent un coup d’état en 1956, amenant dans leurs fourgons Reza Shah Pahlavi.


            - Celui-ci, avec l’appui américain, met en place un régime autoritaire et dictatorial, soutenu par la sinistre police secrète : la SAVAK.


            Les oppositions au régime du Shah ne cessent d’augmenter, malgré la répression brutale qui est condamnée à l’époque par les organisations humanitaires comme par un nombre croissant d’Etats. Cette opposition mêle religieux, intellectuels, libéraux, marxistes, anarchistes et "le bazar" centre commercial et politique de Téhéran.


            - Le shah, protégé par la CIA s’enfuit en 1979 quelques jours avant l’arrivée de Khomeini.


            - C’est à la suite d’un "référendum" que la république islamique est proclamée. Au départ le rôle des religieux devait faire l’objet d’un second référendum ... qui est rejeté par les partis de gauche.


            - Les "gardiens de la révolution" peuvent alors se mettre au travail et éliminer toute forme de résistance au régime islamique.

            Outre ces quelques rappels sur l’arrivée au pouvoir de Khomeini, il convient de se souvenir que non seulement l’ONU (suite au veto des USA) n’a pas condamné la guerre d’aggression engagée par l’Irak, mais que les occidentaux, particulièrement les américains, ont apporté toute l’aide possible aux aggresseurs irakiens (transmission des messages interceptés, photos satellitaires et rapportées par les avions espions, etc ...).

            Dès cette époque (et la surmédiatisation de l’épisode des otages américains n’en est qu’un exemple) l’Iran, qui a entièrement nationalisé sa production pétrolière est dénoncé comme "maléfique" par tous les gouvernements U.S ?


            - Il est à noter que l’Iran n’a jamais envahi, ni seulement menacé, quelque autre pays que ce soit ; n’a rien à voir avec les attentats terroristes et ne peut être favorable aux talibans (sunnites).

            Effectivement, en passant sous silence tous ces faits avérés, on peut croire que l’auteur est détaché et impartial.


            • Julius Julius 19 février 2009 00:05

              > L’Iran n’a jamais envahi, ni seulement menacé, quelque autre pays que ce soit, n’a rien à voir avec les attentats terroristes

              Et en ce qui concerne le Hezbollah (et à moindre mesure Hamaz), ils ne sont pas directement financé et contrôlé par l’Iran ? Et utilisés pour attaquer Israël ?


            • titi titi 19 février 2009 08:24

              "Il est à noter que l’Iran n’a jamais envahi, ni seulement menacé, quelque autre pays que ce soit ; n’a rien à voir avec les attentats terroristes et ne peut être favorable aux talibans (sunnites). "


              Ben voyons...
              http://fr.wikipedia.org/wiki/Attentat_du_Drakkar


            • Sylvain Rakotoarison Sylvain Rakotoarison 19 février 2009 08:57

              A Finael,

              Si vous aviez lu correctement l’article placé à la rubrique "Médias", vous auriez compris qu’il ne se proposait pas de faire l’histoire exhaustif de l’Iran mais de présenter le documentaire et uniquement sa première partie de 1978 à 1981, donc, pas l’histoire du Shah en 1953.

              Cordialement.


            • finael finael 19 février 2009 10:26

              C’est justement en évitant de donner le pourquoi du comment des choses qu’on peut les interpréter de n’importe quel manière. C’est une technique du sophisme qui consiste à cacher les prémisses.


            • finael finael 19 février 2009 10:44

              Il est à noter que ni le Hezbollah ni le Hamas n’ont commis quelque attentat que ce soit en dehors de leur pays.

              Le Hezbollah n’agit qu’au Liban, et s’il est considéré comme "terroriste" par les puissances occidentales, que sont ces puissances quand elles interviennent au Liban ?


              - Des "protecteurs" de leurs intérêts en pays étranger !

              Vous croyez sans doute encore au Père Noël si vous pensez que les marines comme la Légion sont de gentils humanitaires. C’est bien nous qui "intervenons" loin de chez nous (le Liban est un ex-protectorat français).

              Le Hamas n’agit qu’en Palestine et en réaction aux actes de l’état israélien ... qui colonise quand même tout un pays et y règne par la force !

              C’est bien pour cela que l’ONU n’est pas parvenue à un accord sur la notion de terrorisme : Nos actions (élimination "ciblées" d’opposants, invasion de pays "mauvais" comme le Panama, La Grenade, l’Afghanistan, l’Irak) ne doivent pas être considérées comme terroristes, tandis que celles qui n’agissent que dans leur propre pays ne doivent pas être considérées comme de la résistance.

              Quand à l’aide de l’Iran à ces mouvements - largement surmédiatisée - elle ne peut être que morale et financière : on n’a jamais vu un convoi d’armes passer de l’Iran au Liban ou en Palestine !!!


            • saint_sebastien saint_sebastien 19 février 2009 01:19

              Cet épisode montre à quel point on peut comprendre que, depuis 1979, l’Iran constitue l’un des "axes du mal" des États-Unis.

              c’est pour cela q’il y a eut l’Iran gate lol...

              article mensongé, l’auteur ne connait rien à la question iranienne à part le visionnage d’un pauvre documentaire formaté...

              vous racontez n’importe quoi, mais tout le monde le sait déja ici.


              • Sylvain Rakotoarison Sylvain Rakotoarison 19 février 2009 08:54

                Comme d’habitude, vous ne savez pas lire.

                Comme le montre la rubrique de cet article ("Médias"), il ne se proposait pas de faire l’histoire exhaustive de l’Iran mais de présenter le documentaire, et seulement sa première partie AVANT la Présidence de Reagan...

                Cordialement.


              • armand armand 19 février 2009 09:04

                Le régime des mollahs n’exporte sa ’révolution’ qu’au moyen d’organisations qui lui sont inféodées. Effectivement, l’Iran, un Etat-Nation depuis la nuit des temps, n’a jamais eu de revendication territoriale. Mais les mollahs, après avoir renversé une institution qui incarne l’esprit national iranien depuis plus de deux mille ans, se sont contentés d’opprimer, de torturer, d’enfermer leur propre population. Quitte à brandir l’esprit national pour faire l’unité autour d’eux en cas de menace extérieure.

                N’importe quel voyageur en Iran - et pas même ceux qui seraient les plus introduits - voit très vite que la population, dans son ensemble, déteste ce régime. Mais en même temps donnera toujours sa préférence à la fierté nationale sur la question du nucléaire notamment.

                La difficulté vient du fait que les Iraniens ne souhaitent évidemment pas qu’on intervienne à leur place, tout en étant sceptiques sur les chances de parvenir à des changements par voie électorale, échaudés comme ils le sont par l’intervalle Khatami.

                Leur philosophie, faute de mieux, peut souvent se résumer par ce vers :
                Be-nishin bar lab-e-joui o guzar-e-omr bebin  : "Assieds-toi sur le bord du fleuve et regarde couler l’onde du temps".


              • Pie 3,14 19 février 2009 10:32

                J’ai vu la seconde partie hier soir (1982/2208) et l’ai trouvée excellente.


                • Shahin Shahin 19 février 2009 16:49

                  Moi c’est les graines de tournesol que j’ai mangé durant le reportage que j’ai trouvé excellentes. Je les ai acheté en espagne sur un conseil de ma grand-mère et je ne suis pas déçu.
                  Au fait... Savez vous qu’elle doit bientôt déménager à Montluçon ?. Cela m’embête un peu car j’allais souvent chez elle le samedi après midi pour boire un café et discuter un peu mais si elle déménage, je la verrai moins souvent. Enfin bon ..... vivement le week end.... Au fait .. Je vends ma 206 si ça interresse quelqu’un faîtes moi signe ... ciao


                • Mr.K (generation-volée) Mr.K (generation-volée) 19 février 2009 12:24

                  Laissons les iraniens se sortir seuls de cette tyrannie,ils en sont capables passer par la republique islamique etait peut etre une premiere etape
                  Nombreux sont ceux qui conspue ce regime ,avec raisons mais c’est meme personne demande quoi pour l’Iran : un etat "democratique" diriger par des olligarques qui voudront bien eux pas comme les mechants islamiste , brader leurs petrole contre une enorme dette ??
                  Personne ici ne se demande pouquoi un etat qui nationalise le petrole (bon pour le peuples) persecute sont peuples.Vous devriez pourtant savoir que l’occident renverse ou assassine tout ceux qui ne sont pas avec eux pour le casse du siecle !!!!!Pas etonnant apres de voir des regimes , des castros tombé dans la paranoia et la repression.


                  • miwari miwari 19 février 2009 13:38

                    En voilà un pays que le monde occidental critique et classe dans l’axe du mal, a qui l’on a fait subir par l’intermédiaire du despote local (Saddam) une guerre meurtrière que l’on boycotte ensuite et qui malgré cela petit à petit construit un pays puissant dans cette région, sur qui il faudra dorénavant compter chose mal vue par les sionistes du coin, mais l’Iran n’en a cure et poursuit son bonhomme de chemin.

                    Bravo à l’Iran smiley


                    • Shahin Shahin 20 février 2009 13:18

                      Grand n’importe quoi je peux pas vous laisser dire que les occidentaux ont mené une guerre par procuration contre l’Iran.... C’est Saddam Hussein qui, de son propre chef, a déclaré la guerre car ce dernier voulait s’emparer des richesses du Khouzestan tout en pensant que :
                       1 - Les généraux de l’armée iranienne étaient restés fidèles au Shah (en partie vrai)
                       2 - Que les arabes du Khouzestan rejoindraient le camp irakien (qui s’est avéré totalement faux)


                    • miwari miwari 20 février 2009 19:56

                      Mais oui bien sûr smiley


                    • katalizeur 19 février 2009 13:43

                      @ l’auteur , doctory ,julius et tous les autres......

                      vous ne voyez l’iran qu’a travers les jumelles de la telenazion......le monde musulman aveuglé par le brouillard occidental tournais en rond......depuis quelques temps il a un point de repere , une lumiere a l’horizon.......l’islam s’est remis en marche, vous allez aller de surprise en surprise......

                      je continurai donc a lire vos commentaires ethnocentrés d’occidentaux en fumant mon thé.......continuez le mur et devant vous et le precipice de chaque coté....bonne route......lol


                      • ajaj 19 février 2009 14:18

                        Ashhadu an la haywan ila al-khanzeer


                      • armand armand 19 février 2009 15:05

                        On dirait qu’il fait un temps à choucroute...


                      • Shahin Shahin 19 février 2009 15:53

                        pedar-e sag arabi.... kos kesh mâda djendeh. Kiram dar koun-e khomeiny !! shâsham dar dahan-e khomeiny !!. Tché nour dar Iran to migouyi ? nour charlatan - Marg bar djoumhouri eslami !! Marg bar eslami - Javid Shah Javid shah


                      • armand armand 19 février 2009 18:01

                        Shahin,

                        Vous allez un peu loin - on ne peut pas revenir à l’époque des Sassanides... Depuis plus de mille ans l’institution impériale s’est accomodée à l’Islam.
                        Quant à l’avenir :
                        alam-e pir degarbareh javan khahad shod...


                      • Shahin Shahin 19 février 2009 21:10

                        Oui cher Armand... un peu de poésie me détendrait certainement les nerfs mais voyez vous, j’ai du mal à me retenir lorsque je lis certains commentaires de la part de zélés de l’Islam.

                        J’ai regardé durant ces 2 jours ce fameux reportage que l’on nous annoncait d’"exception", et franchement je l’ai trouvé presque médiocre et occultant beaucoup de points sombres du régime et du comportement des Etats-Unis envers le régime du Shah.
                        Serait-ce une préparation mentale à un bis répétita d’un gouvernement pseudo reformateur qui ne reforme que de la futilité et de l’apparence ? L’occident est il imbécile à ce point pour se faire berner deux fois pour le même scénario de "je te sors le réformateur du chapeau" ?

                        Nous savons à qui profite ce système et le reste n’est que de l’hypocrisie


                      • armand armand 19 février 2009 21:28

                        Certes, mais je suppose que vous êtes bien placé pour savoir que toute transformation du régime ne peut venir que de l’intérieur. Et que ce régime est complexe, avec des faisceaux de pouvoirs qui se neutralisent, se complètent, se contredisent.
                        Mais on n’est pas obligés de tout passer à l’illuminé qui attend l’Imam caché qui doit surgir du puits de je ne me souviens plus quelle mosquée...

                        Enfin, comme vous dîtes, Javid Shahanshah-e Iran quand même !


                      • Shahin Shahin 20 février 2009 13:43

                        Je pense qu’un changement qui viendrait de l’interne uniquement ne se produira pas pour plusieurs raisons :
                        Les jeunes sont làs de ce régime mais n’ont pas conscience de leur poids politique au sein de la société,
                        Les pauvres doivent faire face à des problèmes d’ordre beaucoup plus matériels que politiques et les nantis s’affranchissent des lois grâce leur fric.

                        Quant aux différents courants internes, on peut dire que globalement ils n’ont pas changé depuis la mort de Khomeiny lorque Ayatollah Montazeri, Ahmad Khomeini et toutes les figures des années 79-89 se sont fait mettre au banc ou dans la tombe par le couple Rafsandjani - Khameneï

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