Google punit BMW
La nouvelle a été annoncée avec fracas par Google Deutschland. Le site allemand de BMW ne serait désormais plus référencé par Google.
La raison invoquée par le big N°1 des moteurs de recherche est la suivante : le site bmw.de aurait été truffé de pages cachées comprenant à l’infini le terme Gebrauchtwagen, soit véhicule d’occasion. Un moyen utilisé pour que le moteur de recherche de Google capitalise cette mention et place en haut de son classement le site détecté comme étant le plus actif dans ce domaine.
A première vue, on se dit que c’est un juste rappel à l’ordre envoyé sans frais à toutes les marques qui, sous l’influence de bon nombre d’officines qui s’en sont fait une spécialité, visent en permanence et dans une compétition sans fin à améliorer leur visibilité sur le web. Pour faire simple, à apparaître tout en haut dans une page de recherche Google. Avant que les autorités ne le lui interdisent, Google procédait simplement : les meilleures places étaient tout simplement à vendre au plus offrant. Simple et efficace. Drapé depuis dans une dignité et une rigueur toute scientifique, Google procède désormais à de savants calculs pour déterminer ce classement. On veut bien comprendre qu’ils n’apprécient guère que leurs cibles soient mouvantes et entraînent leurs algorithmes dans une sarabande sans fin.
Mais en regardant les choses de plus près, on est en droit d’adresser à Google quelques questions.
La première concerne ce droit de vie ou de mort, prononcé par fatwa par une marque sur une autre. De quel droit, et en quel nom, Google, qui s’érige en annuaire universel, pourrait-il décider seul et sans appel de faire disparaître un acteur important du web ? On se souvient que Google s’était plié, sans courbatures ni convulsions excessives, aux ordres de la censure chinoise. Cette fois, pas de haute justification politique. Non, une simple décision unilatérale. Sans appel. Et publiée urbi et orbi. Aux frais d’une des marques les plus respectées au monde.
La deuxième question concerne l’efficacité du moteur de recherche lui-même. Comment se fait-il qu’un moteur de recherche supposé très sophistiqué se soit révélé incapable de détecter et d’éliminer ce type de bricolage, dont il accuse BMW ? Que valent donc réellement les classements de Google ? Par qui sont-ils audités et qualifiés ?
La troisième question concerne l’annonce récente par Google, commentée dans ces colonnes par Didier Durand, d’un accord avec Volkswagen, portant sur l’utilisation de Google Earth dans des systèmes de navigation automobile. Enjeu majeur pour Google. Aucun écho côté BMW, qui affiche par contre les couleurs d’Intel sur sa F1. Aucun rapport sans doute. Même si de hauts dirigeants de Volkswagen ou d’Audi sont d’anciens dirigeants importants de BMW. La compétition entre ces firmes est aujourd’hui à son paroxysme. Fantasme ? Peut-être.
La quatrième question, qui me paraît la plus importante, concerne la politique commerciale de Google, et tout particulièrement la gestion de ses liens sponsorisés, les adwords. Il est intéressant de constater qu’en composant BMW sur Google.fr, on obtient 7 liens sponsorisés, dont aucun ne renvoie vers un site BMW. Le terme Occasions BMW a été vendu à Ebay, tandis que BMW est la « propriété » provisoire d’un site de mandataires qui propose des BMW moins chères ! En d’autres termes, Google s’arroge le droit de vendre la marque BMW à des tiers, sans bien entendu l’autorisation du propriétaire, mais prétend empêcher BMW d’apparaître sous son nom, dans son annuaire. On imagine quelques débats en coulisse, dont il n’est pas impossible que les récentes et fracassantes annonces ne soient que la partie émergée. Faudrait-il, pour y mettre un terme, que les marques rachètent leur nom à Google ?
Google a développé jusqu’à présent une stratégie très amicale pour l’utilisateur du web, et très utile aux annonceurs. La généralisation de conflits sur les adwords et l’incertitude juridique qui en résulte risque de faire entrer Google dans un espace de hautes turbulences, qui pourrait éventuellement remettre en question son modèle économique. D’autant que les politiques s’en sont mêlés, pour la plus grande indignation des internautes pur jus. Que diable, en tapant Parti socialiste, ne nous propose-t-on pas de dialoguer avec Nicolas Sarkozy ? Et en tapant Google ? On n’obtient rien. Google appartient à Google.
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