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Jouer avec les mots

Bonimenteur et pas comique de télévision ...

Jamais en vain.

Si souffler un mot n'est pas jouer, alors il serait prudent de penser un peu à cet art délicat du jeu de mots. Quelqu'un m'a mis la puce à l'oreille ce matin : trop de calembours tuent l'humour et font tomber à plat un mot qui se voulait piquant, pinçant ou simplement drôle.

Il faut avouer que bien des humoristes lancent des mots en l'air, jonglent avec eux pour le seul plaisir de démontrer leur dextérité ou bien pire encore, pour se moquer d'une pauvre cible. Le bon mot sans autre motif que le rire gras et rentable n'a, à mon sens, aucune raison d'être.

Ces mots qui ne veulent rien dire, qui sont envoyés sur commande, qui sont préparés pour faire mouche, sont sans saveur et sans honneur. Les chaînes de télévision abondent de ces funambules de l'humour dérisoire, celui qui n'existe que pour lui-même, sans avoir l'élégance d'exprimer une opinion, de défendre une cause, de lutter contre une injustice.

Le mot-clef, celui qui ouvre d'autres possibles, a été abandonné au profit du mot-valise, celui qui arrive avec ses gros sabots, qui ne se dit pas à couvert mais sous les projecteurs, accompagné de rires enregistrés pour nous indiquer clairement le moment opportun à l'exclamation spontanée. Ces mots-là sont même munis de roulettes pour partir en tournée, pour voyager au gré des spectacles hilarants.

Les jongleurs de mots pensent trouver place dans ce nouveau cirque de la pensée. Ils envoient en l'air des saillies et jamais des idées ; ils sont les premiers à rire de leurs belles prouesses lexicales. Ils omettent d'avoir une pensée, d'être rebelles à cette société. Ils ne sont que des clowns alors qu'ils devraient être des bouffons, des fous du roi et des princes.

L'humoriste contemporain se gausse, met tout sur le même niveau, n'a aucune échelle de valeur. Tout peut faire calembredaine ou facétie à la condition que la blague soit comprise par le plus grand nombre. Le premier degré est conseillé et le graveleux fortement apprécié. L'idéologie est un gros mot, la sincérité un mot démodé, le comique est devenu croupier : il ramasse les jetons et les bénéfices.

Les vedettes du rire se paient de mots, grassement et sans prendre le risque de s'engager pour un combat. Leur seul bataille est celle de l'audimat, là où il faut à tout prix éviter le mot qui vous mette en échec. Le politiquement correct est la ligne de conduite, le mot de travers reste en travers de la gorge, surtout quand, face à soi, il y a un puissant qu'il convient de flatter et non de choquer.

Les mots d'esprit ne sont plus que les pâles fantômes des répliques d'autrefois d'un Desproges, d'un Coluche ou d'un Bedos (le géniteur pas la copie). Plus nos comiques en sont dépourvus, plus ils trouvent des micros pour exprimer leur talentueuse manière de manier des mots sans idées. Je ne vais pas citer ici les adeptes de cette stratégie si prudente de faire rire en ne tapant que sur les plus faibles : ce serait leur faire trop d'honneur, eux qui en sont totalement dépourvus.

Leurs mots me restent en travers de la gorge. Les seuls qui vaillent la peine de porter les couleurs de l'humour ayant eu des mots avec leurs patrons, ont été mis à pied et doivent exercer leurs talents sur la toile. Guillon, Porte qui ont le mot trop haut pour rester sur les espaces grand public, en savent quelque chose. La médiocrité est la règle, le mot prend vite la mouche dans un pays où il est conseillé de ne pas donner le bourdon aux barons.

Celui qui joue avec les mots doit s'attendre aux coups de bâton. Il subira les conséquences d'un mot qui fuse, d'un mot qui touche, d'un mot qui tue. Il n'aura plus le moindre mot à se mettre sous la dent, tournera sept fois ces maux dans sa bouche sans ne plus trouver auditoire. L'humour doit se plier, faire des courbettes ou bien disparaître aux oubliettes.

Les valets sont préférés aux bouffons. Il vaut mieux bafouiller ses mots qu'envoyer une réplique cinglante aux puissants de ce monde. Servir la soupe est le plus sûr moyen de gravir les échelons de la notoriété. Celui qui ose une expression assassine peut buter sur un mot et ne jamais plus s'en relever. Désormais, les humoristes enfilent les bons mots comme les perles artificielles ; il n'y a plus de risque : ils savent si bien peser leurs mots, les mesurer et les adoucir pour ne jamais offusquer les puissants. De cet humour-là, nous n'avons que faire, le rire est subversif ou bien il n'est rien !

Princesansrirement sien.

 


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40 réactions à cet article    


  • claude-michel claude-michel 5 mars 2014 14:32

    L’économie socialiste est un gaspillage entouré de mots ; mais le vent emporte les mots, et on voit le trou.
    Citation de Louis Pauwels


    • C'est Nabum C’est Nabum 5 mars 2014 17:07

      Claude-Michel


      Les mots de la politique ne sont jamais drôles 

    • epicure 5 mars 2014 18:22

      louis pauwels, le vieux sénile qui avait attrapé le sida mental ?


    • L'enfoiré L’enfoiré 5 mars 2014 16:23

      Si vous aimez cela et qu’un jour, il arrive jusqu’en France, allez voir Bruno Coppens


      • C'est Nabum C’est Nabum 5 mars 2014 17:09

         L’enfoiré


        Je me précipite ! 
        Merci 

      • L'enfoiré L’enfoiré 5 mars 2014 17:13

        Ici, ce n’est que 5 minutes.

        Mais il tient la scène pendant des show complets.

      • C'est Nabum C’est Nabum 5 mars 2014 17:14

         joyeusetés 


        Je vous dirai bien quelques mots 

        Quelques mots


        J’aimerais partager quelques mots

        Pour qu’ils deviennent de belles chansons

        Des mots tendres qu’on dit sans façon

        Des mots doux qui donnent des frissons

        J’aimerais vous offrir tous mes mots

        Pour briser les laideurs du moment

        Des mots durs qui deviennent tourments

        Des mots forts qu’on hurle dans le vent


        Les mots salés venus du large

        Les mots copiés remplissant la marge

        Les mots chantés sur un air joyeux

        Les mots priés le regard aux cieux


        Les mots pourris, envoyé à la face

        Les mots gentils, brisant la glace

        Les mots vomis blessant la bouche

        Les mots bannis parfois si louches


        Les mots composés d’un seul trait

        Les mots avalés quand on bégaie

        Les mots fléchés, pour aller plus loin

        Les mots croisés perdus dans un coin


        Les mots gourmands dans un festin

        Les mots troublants pour un destin

        Les mots savants qui tombent des nues

        Les mots brigands, surgis de la rue


        Les mots brisés quand on s’effondre

        Les mots soudés qui nous confondent

        Les mots crachés qui vous reviennent

        Les mots oubliés, quelle déveine !


        Les mots douteux qu’on nous impose

        Les mots heureux sentant la rose

        Les mots frileux dans une flamme

        Les mots vicieux pour quelques larmes


        Les mots clarté chantés dans la nuit

        Les mots bonté pour toi mon ami

        Les mots enchaînés par notre peur

        Les mots aimés qu’on dit en douceur


        Les mots certains de leur puissance

        Les mots malins qui ont confiance

        Les mots gredins qu’il faut corriger

        Les mots lointains aimant voyager


        Les gros mots qu’on lâchent dans la peur

        Les petits mots, offerts pour un cœur

        Les vilains mots qu’on laisse à la rue

        Les vieux mots qui ne sont pas perdus



      • epicure 5 mars 2014 18:26

        oui des maux derrière des mots.


      • C'est Nabum C’est Nabum 5 mars 2014 18:41

        epicure


        J’ai toujours eu des maux en tête ! et des mots derrière ceux-ci 

      • Gaston La Baffe Gaston 5 mars 2014 19:15

        Salut Nabum, que de tenue au salon. J’en suis bien satisfait en l’état. smiley


        Je m’éclipse, j’ai affaire au bistrot smiley

        • C'est Nabum C’est Nabum 5 mars 2014 19:18

          Gaston


          Un espace pour la belle langue et les propos respectueux ne fait pas de mal.

          Revenez après votre passage au bistrot

        • Prudence Gayant Prudence Gayant 5 mars 2014 19:51

          Pas sûr que shawford revienne avec le teint et l’esprit clairs après son passage au bistrot.



        • Gaston La Baffe Gaston 5 mars 2014 19:59

          Mais si Prudence, je reviens au PC, j’ai Paradise de Chris dans les oreilles, et je vois quoi ? Votre post : magic smiley


          (bon si j’ai bien compris nous en resterons (pour l’instant ?) au salon tous les deux smiley ... je suis plus là, je retourne d’ou je viens smiley )

        • Prudence Gayant Prudence Gayant 5 mars 2014 20:02

          Gaston-shawford,

          Prudence trop joli pseudo pour être utilisé par un pilier de bistrot.


        • Gaston La Baffe Gaston 5 mars 2014 20:07

          Je laisserai mon avocat, à savoir le king de la pop, mon buddy kid de Las Vegas de l’autre côté, défendre ma cause comme il le fait en ce moment . smiley


          Et surtout je vais me faire taper sur les doigts par Nabum, et il aura bien raison smiley

          Goodbye diana)

        • C'est Nabum C’est Nabum 5 mars 2014 22:23

          Prudence


          Faisons lui un peu confiance mais restons sur nos gardes ...

        • Gaston La Baffe Gaston 5 mars 2014 22:39

          Quand je lis ça, je sais pas si je dois me marrer ou déféquer direct (car j’aimerais voir une seule once de courtoisie dans les mots de prudence gayant en fait, nabum : vous êtes bien complaisant , monsieur)


        • C'est Nabum C’est Nabum 5 mars 2014 22:41

          Gaston 


          Cette phrase relevait de l’oxymore et elle vous donne la diarrhée. C’est trop de sensibilité mon ami.

        • Gaston La Baffe Gaston 5 mars 2014 22:51

          C’est peut être bien aussi parce que ce ne sont pas vos mots que je souhaitais ici occire smiley


        • C'est Nabum C’est Nabum 5 mars 2014 22:52

          Gaston


          Bonne nui Je suis occis

        • vesjem vesjem 5 mars 2014 19:35

          il vaut mieux dire n’importe quoi que parler pour ne rien dire ;


          • C'est Nabum C’est Nabum 5 mars 2014 22:24

             vesjem


            Je me charge d’écrire n’importe quoi et j’espère que vous n’y trouverez rien à redire !

          • vesjem vesjem 5 mars 2014 23:31

            @nabum
            c’était juste pour dire n’importe quoi


          • Prudence Gayant Prudence Gayant 5 mars 2014 20:30

            Nabum

            Avez-vous pensé à retirer la puce depuis de votre oreille ?

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