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Accueil du site > Actualités > Médias > L’échec théâtralisé moteur de notre quotidien

L’échec théâtralisé moteur de notre quotidien

C’est assez curieux de constater combien l’information est aujourd’hui majoritairement présentée sur le mode du suspense plutôt que sur un plan pédagogique, philosophique ou économique.

Quand un événement quel qu’il soit va se dérouler, l’événement en lui-même n’est pas important, ce qu’il véhicule non plus, l’intérêt de sa réalisation, sa portée, ses conséquences sont rapidement abordées. Non, ce qui compte c’est qu’il se déroule ou pas. C’est comme cela que j’arrive finalement à expliquer le mieux cet étrange sentiment de vide qui parfois m’envahit à la fin de la lecture d’un journal ou de son audition.
Il s’agit non pas de penser mais de constater. Et comme cela est somme toute d’une platitude extrême, c’est sur l’issue de l’acte, son possible échec, mot tabou de notre société de winner que toutes les caméras convergent.
Les infirmières bulgares : qui peut donc raisonnablement douter qu’elles vont être libérées dès lors que cela devient le problème n° 1 d’un leader européen, la France. Que la femme du président en personne se déplace deux fois ?
Le Tour de France : pourquoi se poser la question lancinante s’il va rejoindre Paris ou non, bien sûr que oui. Qu’il va disparaître ? Bien sûr que non.
Le mini-traité européen : dès lors qu’il est mini, que ce n’est qu’un traité en remplacement d’une constitution, que les premiers engagements dateront de 2011 pourquoi feindre un possible échec ? Personne n’y ayant intérêt bien sûr qu’ils le trouvent l’accord. Mais que signifient-ils, quelles perspectives s’offrent vraiment à l’Europe ? Peu importe, le mini-traité est signé, c’est le plus important, imaginez, il y aurait pu ne pas y en avoir.
Les réformes en cours de l’université, de la justice... seront-elles adoptées par le Parlement ? Du moins par les quelques parlementaires présents ? Tu m’étonnes.
Plus l’intrigue est simple, la ficelle grosse et plus l’hameçon est populaire !
Cette rhétorique du fait accompli nous engage somme toute inexorablement dans une spirale d’événements et de décisions incontrôlées même par le pouvoir trop aveuglé par les lumières des plateaux et les unes des journaux.
Jusqu’à quand ? Que le public se lasse. Qu’il trouve le scénario trop simple et répétitif. A voir le succès encore rencontré par la télé-réalité et à lire nos éditorialistes, on peut s’inquiéter : trop de personnes se nourrissent de cette soap politique qui a un grand avantage : elle occupe le terrain médiatique à nul autre pareil et diffuse un message universel compréhensible par tous.
En attendant, on est vraiment dans l’absurde bien décrit par Francis Blanche et Pierre Dac : Votre Sérénité, pouvez-vous me dire, c’est très important, concentrez-vous, pouvez-vous me dire quel est le numéro du compte en banque de Monsieur ?
Oui.
Vous pouvez le dire ?
(---------) Oui !
Vous pouvez le dire ?
(-----------) Oui !
Il peut le dire ! Bravo ! Il est extraordinaire, il est vraiment sensationnel.

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