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Peut-on tout dire sur son blog ?

Une secrétaire britannique assigne son employeur aux prud’hommes de Paris pour licenciement abusif. Elle est accusée d’avoir parlé de son entreprise sur son blog.

« C’est assez stressant tout ça ! », reconnaît Catherine Sanderson dans les couloirs du Tribunal des Prud’hommes de Paris (10e). Plus connue sous son pseudonyme, « Petite anglaise », cette blogueuse originaire du Yorkshire, dans le nord de l’Angleterre, n’aurait jamais imaginé que son passe-temps la conduirait ici. En avril 2006, elle a été licenciée sans avertissement de son poste de secrétaire pour « cause réelle et sérieuse », à savoir la perte de confiance. Son employeur, le cabinet d’expertise Dixon Wilson, lui reproche d’avoir dénigré ses supérieurs et d’avoir nui à l’image de son entreprise sur son blog (www.petiteanglaise.com). Lors de l’audience, maître Muriel Humbert, représentant le cabinet, précise que l’employée a également reconnu avoir alimenté ce blog sur son lieu de travail. Pourtant, à aucun moment Catherine Sanderson ne nomme ni son patron ni son entreprise. « Ce sont des blagues qu’ils ont prises au sérieux », affirme la jeune femme qui n’a pas l’air de comprendre ce qui lui arrive. Quand elle a appris son licenciement, elle s’est dit « sonnée » : « Je ne m’attendais pas à ce que tout ça prenne une telle ampleur... » Parmi les passages incriminés, la défense cite un extrait dans lequel « Petite anglaise » qualifie son patron de « twunt », un mot anglais inventé. Dans le dossier d’accusation, il a été traduit par « enculé » - « une des insultes les plus fortes que je connaisse en français », s’étonne Catherine Sanderson sur son blog. Lors de sa plaidoirie, son avocat, maître Bruno Courtine, corrige cette traduction par un terme moins connoté : « enfoiré ». « Mon intention n’était pas de nuire à qui que ce soit », affirme la jeune femme de 34 ans, qui vient de signer un contrat pour deux livres chez Penguin, la célèbre maison d’édition britannique. Le premier est d’ailleurs directement inspiré d’une histoire d’amour relatée sur son blog. Il sortira en janvier 2008 au Royaume-Uni sous le titre « Petite anglaise »... mais il n’y sera pas fait mention de son licenciement. « A l’avenir, je me poserai plus de questions. J’ai été un peu naïve, sans doute », reconnaît-elle. Son avocat, spécialiste du droit du travail, réclame 92 000 € de dommages et intérêts, soit l’équivalent de deux ans de salaire. Il espère que cette affaire fera jurisprudence : « Il y a de plus en plus de cas de ce genre. C’est un sujet original et contemporain. » Il ajoute, confiant : « Aujourd’hui, la tendance est à la reconnaissance de l’espace de liberté et de vie privée du salarié, à condition que cela n’entrave en rien son activité. » Le blog de Catherine Sanderson décrit le quotidien de « Petite anglaise » à Paris, par des commentaires volontiers impertinents, « mais en rien insultants », précise Me Courtine. Il reçoit aujourd’hui 4000 visites par jour et jusqu’à deux millions d’internautes se sont déjà connectés sur le site. La décision du tribunal sera rendue le 29 mars.


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14 réactions à cet article    


  • O-Kuz (---.---.218.123) 23 mars 2007 13:33

    Très pertinent ! Et tellement d’actualité smiley


    • Gunface (---.---.150.79) 23 mars 2007 14:27

      Toujours bon à savoir, et qui plus est dans un bon article... Cela peut faire penser à Free poursuivant un client pour avoir raconté ses démêlées avec eux (avec quelques qualificatifs malheureux) ou les firmes comme IBM qui essaient de se faire de la pub gratuitement en incitant ses employés à créer des blogs (c’est moins grave déjà). En attendant, il serait bon que les internautes qui entreprennent un weblog soient mieux avertis/qu’ils se renseignent sur les bases des lois concernant, notamment, la diffamation et, en l’occurence, le code du travail. En accédant à la tribune offerte par internet, ils s’exposent en même temps que leurs idées et ils n’en prennent pas vraiment conscience tant qu’il n’y a pas eu de retour. Et le problème, c’est précisément que le retour peut prendre la forme d’une action en justice. Action/réaction, pouvoir/devoir, etc. Ceci dit, si ça peut déboucher sur un contrat avec Gallimard ou Robert Laffont, pourquoi pas ?...http://agoravox.fr/smileys/diable.pnghttp://agoravox.fr/smileys/clin_d-oeil.pnghttp://agoravox.fr/smileys/diable.png


      • RilaX (---.---.44.29) 23 mars 2007 16:28

        Dixon Wilson, ou comment se faire de la mauvaise pub en essayant d’eviter de se faire de la mauvaise pub ...

        Car petiteanglaise n’a à ma connaissance jamais déclaré travailler pour ce cabinet. Mais maintenant que le jugement est publique, nous sommes au courant.


        • Briseur d’idoles (---.---.168.138) 23 mars 2007 18:43

          On devrait pouvoir tout dire, si c’est fondé !

          Personnellement les seules limites logiques à la liberté d’expression, sont les menaces contre l’intégrité physique de personnes !

          Les injures ne prtent qu’atteinte à la crédibilité de ceux qui les profèrent !


          • Algunet 25 mars 2007 09:28

            @ briseur d’idole,

            Si c’est fondé, là est la question car dans le cas ou cela ne l’est pas on est dans l’injure et la diffamation.

            « La diffamation est l’allégation ou l’imputation d’un fait qui porte atteinte à l’honneur ou à la considération de la personne à laquelle le fait est imputé (article 29 de la loi du 29 juillet 1881 en France). Il n’est pas nécessaire que le propos soit calomnieux (donc faux) pour tomber sous le coup de la loi. (Le mot « allégation » est juridiquement synonyme d’affirmation, de déclaration ou de prétention).
            - Toute expression outrageante, termes de mépris ou invective qui ne renferme l’imputation d’aucun fait est une injure. C’est ce dernier point, l’absence d’imputation de fait précis qui fait la différence, parfois difficile à apprécier, entre l’injure et la diffamation.
            - Comme la diffamation, l’injure peut constituer un délit ou une contravention selon les conditions dans lesquelles elle est proférée, et peut être passible de peine de prison ou d’amende. »

            Si ce n’est pas fondé, il faut s’attendre un jour ou l’autre une désagréable mésaventure comme celle que connaît la « petite anglaise » (sans préjuger du fond).

            D’autant que sur le web et même parfois sur AgoraVox, l’injure et la diffamation vont bon train, certains se sentent protégés : être mélangé dans la masse anonyme fait croire qu’on l’est soit même. Alors ils se lâchent… traitent Sarkozy de nabot nazillon et autres insultes, ceci étant valable pour toute notre élite politique de tous bords naturellement, de nos grands patrons…

            Et puis le respect de l’autre (du moins dans la forme) n’empêche en aucune façon le combat des idées.

             smiley


          • Forest Ent Forest Ent 23 mars 2007 23:45

            Un point n’est pas très clair dans l’article : le contenu du blog permettait-il d’identifier l’entreprise ? Si non, comment l’employeur s’est-il reconnu ?


            • pauline (---.---.104.104) 23 mars 2007 23:52

              L’auteur du blog s’est fait reconnaître en laissant paraître sa photo accompagnant un article qui évoquait son pseudo... Voilà, vous savez tout !


            • Forest Ent Forest Ent 26 mars 2007 00:56

              Merci. smiley

              Fatal error.


            • SeB (---.---.150.51) 24 mars 2007 07:57

              Si elle avait lu son contrat de Travail, elle aura su qu’un (e) employée peut être licenciée en cas de dénigrement « ouvert » de son entreprise ou employé ...En France, NUL n’est censé ignorer le Droit qu’il soit Civil, Pénal ou du Code du Travail ...Il est vrai qu’il fait 20 000 pages ...et devrait avantageusement remplacer les somnifères de Franaçais !


              • Ludi (---.---.115.191) 24 mars 2007 12:07

                Salut Pauline, cet article est vraiment chouette...C’est un sujet porteur, et ça se lit tout seul...Tu devrais essayer de le piger... A bientôt !


                • LauHoodieHug (---.---.110.84) 24 mars 2007 15:55

                  Un article bien mené sur une affaire dans l’air du temps, qui aurait mérité une publication... « Peut-on tout dire sur un blog ? », une question qui, effectivement, concerne de plus en plus de gens. Attention aux dérapages, une blague de plus ou moins bon goût peut vite se voir enfler dans des proportions démesurées. Merci à l’auteur d’attirer notre attention sur le sujet au travers de cet article.


                  • Gunface (---.---.173.165) 28 mars 2007 15:43

                    Ça sent le vécu...


                  • antigone (---.---.2.153) 30 mars 2007 23:18

                    Bravo pour la jurisprudence Bravo chaleureusement sororalement good luck for your books that should get some publicity, lets’us hope that the one about the blog shall have as much success as the book of the woman author about EDF ! best wishes VR


                    • Martin (---.---.208.155) 31 mars 2007 20:16

                      Finalement, je retiens surtout qu’une secrétaire pour une entreprise britanique bossant à Paris est plutôt bien payée, non ?

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