Annoncé à coup de tweets moqueurs [1], le site Spicee – nouveau média en ligne payant - sort dans le cadre de sa série ConspiHunter (chasseurs de conspirationnistes), à l’occasion du quinzième anniversaire des attentats du 11-Septembre, le documentaire ConspiHunter Spécial 11/09 (vous pouvez visionner le trailer ici) censé faire « pleurer dans les chaumières conspirationnistes » et qui « va laisser sans voix vos copains complotistes ». Effectivement, l’enchaînement d’erreurs, de mensonges et d’amalgames présents dans ce reportage de Thomas Huchon a de quoi laisser sans voix. Décryptage.
« Je pense que la clé est l'honnêteté. Le jour où nous nous plantons, nous le dirons. C'est la différence entre nous et les sites complotistes : ils continuent à relayer une erreur même lorsqu'elle est démontrée. »
Thomas Huchon sur Europe1 le 7 janvier 2016
Dans un post du 18 septembre 2016 publié sur leur page Facebook, Spicee présente ce reportage de ConspiHunter comme un « dossier Spécial de déconstruction des théories du complot ». Un exploit pour le moins remarquable quand on sait que ce reportage de 23 minutes consacre moins de 5 minutes à déconstruire les théories du complot du 11-Septembre. Nous aurions sans doute salué le formidable talent de synthèse du journaliste Thomas Huchon si ce dernier n’avait pas réussi à commettre autant d’erreurs, d’omissions et d’amalgames en si peu de temps. Des erreurs, comme nous allons le voir, si grossières, qu’elles démontrent que le journaliste de Spicee ne connait absolument pas le dossier. Ce qui est pour le moins regrettable pour un journaliste se vantant d’être un « chasseur de conspirationnistes » parti en mission pour sauver la jeunesse des griffes des « conspirationnistes ».
I. Le démontage des théories du complot du 11-Septembre
Alors que le dossier du 11-Septembre est tentaculaire, les zones d’ombre et points troublants innombrables [
2], Thomas Huchon choisit de ne parler que du trou d’entrée du Pentagone et de l’effondrement des seules tours jumelles du World Trade Center. Un choix malheureux comme nous allons le constater.
a. L’effondrement du World Trade Center
A 8’30, le reportage nous explique :
« Prenons par exemple la théorie très répandue qui affirme que la chute du WTC ne peut pas s’expliquer par l’explosion des avions mais que des bombes étaient en fait cachées à l’intérieur. En un mot, que leurs démolitions étaient programmées. Une théorie complotiste qui s’appuie sur le raisonnement suivant : le kérosène contenu dans les réservoirs de l’avion brûle à une température de 815°C. L’acier qui constitue la structure métallique des tours fond lui à partir de 1482°C. Donc le kérosène en fusion n’est pas assez chaud pour faire fondre la structure en acier des tours et l’explosion des avions ne peut provoquer la chute du WTC. Cette thèse a été démentie par un rapport technique officiel publié en septembre 2005, pourtant elle continue de trouver de nombreux partisans sur le web. »
La voix off poursuit :
« Pour la contredire, un homme est même allé plus loin en passant aux travaux pratiques dans une vidéo. Trenton Tye est forgeron et il vit en Géorgie près d’Atlanta. Son objectif : montrer que les tours ont parfaitement pu céder sous l’impact des avions et vous allez le voir, son expérience est particulièrement convaincante. »
Article de Slate publié le 25 décembre 2015
On peut lire dans cet article de Slate que :
Trenton Tye avance que l’argument des théoriciens du complot est que le carburant en brûlant produit une chaleur d’au maximum 815°C, ce qui est bien loin des 1500°C nécessaires pour faire fondre les colonnes d’acier des tours du WTC et donc expliquer l'effondrement des tours. Dans sa vidéo postée sur YouTube, on voit le forgeron américain sortir d’un four une barre d’acier chauffée à 1000°C et la plier avec son petit doigt démontrant ainsi que l’acier n’a pas besoin d’atteindre sa température de fusion pour se ramollir.
Slate de conclure :
« Oui, du carburant d'avion ne peut pas faire fondre des colonnes d’acier… mais cela ne constitue pas un argument valable à l'appui de la thèse d'une démolition contrôlée – les colonnes n’avaient pas besoin de fondre pour que le World Trade Center s’effondre sur lui-même tel un château de cartes, ses piliers n’étant plus assez résistant pour soutenir la structure. »
Homme de fer ou homme de paille ?
Seul problème (mais de taille conséquente) : il ne s’agit pas ici du véritable argument des « conspirationnistes » ! Slate nous donne là un bien bel exemple du sophisme dit
de l’épouvantail (ou de l’homme de paille), un grand classique de la manipulation qui est bien expliqué dans
cette courte vidéo du Stagirite [
3] dont nous vous recommandons le visionnage :
« Caricaturer la position de l’interlocuteur, exagérer ses propos ou simplifier à outrance son discours, voilà bien une stratégie déloyale mais diablement efficace car elle permet de faire croire qu’on a réfuté sa thèse alors qu’on n’a même pas pris la peine de l’examiner. Ainsi attribuer malhonnêtement à l’adversaire une thèse qui n’est pas la sienne pour ensuite s’y attaquer et faire croire qu’on l’a réfutée, c’est construire ce que l’on appelle en rhétorique un homme de paille. »
Ceux qui ont étudié un minimum le sujet savent évidemment que l’acier perd de sa résistance bien avant de fondre. Si certains aiment à répéter que « jet fuel can’t melt steel beams », c’est parce qu’on a justement retrouvé dans les décombres du WTC de l’acier fondu, ce qui est en totale contradiction avec le fait que « du carburant d'avion ne peut pas faire fondre des colonnes d’acier » comme Slate le note à juste titre dans sa conclusion.
Outre qu’il existe
plus de 35 témoignages de pompiers, de secouristes, de déblayeurs, d'ingénieurs ayant déclaré avoir vu du métal fondu dans les décombres des tours [
4], la FEMA confirme dans
l'appendice C de son rapport de mai 2002 la présence d’acier ayant partiellement fondu dans les décombres des tours : « l’importante corrosion et l’érosion qui s’en est suivie sur les échantillons 1 et 2 constituent un événement tout à fait inhabituel. Aucune explication claire sur l’origine du soufre n’a été trouvée. (…) Une étude détaillée des mécanismes ayant engendré ce phénomène est nécessaire ».[
5]
M. Huchon, qui a repris aveuglément Slate qui avait déjà relayé sans vérification les dires du forgeron américain, a-t-il à présent bien saisi le problème soulevé par les « conspirationnistes » ? On a retrouvé des pièces d’acier ayant fondu alors que c’est normalement impossible ! Nous invitons Thomas Huchon et la rédaction de Slate à lire
la réponse de ReOpen911 à Noam Chomsky et Jean Bricmont, et plus particulièrement le chapitre intitulé "
Le mystère de l'acier en forme de gruyère". Nous pensons qu’il est en effet préférable de connaître les arguments qu’on prétend réfuter…
A noter que Thomas Huchon aurait probablement évité ce malencontreux impair si Slate, prévenu de cette erreur [
6], avait corrigé son article (malheureusement il arrive régulièrement que des journalistes ne corrigent pas leurs erreurs, comme le montre
cette note d’un de nos précédents articles). Poursuivons avec le second et dernier point de ce « dossier Spécial de déconstruction des théories du complot ».
b. Le trou dans le Pentagone
11’45 : « Autre thèse complotiste parmi les plus tendances sur le 11-Septembre, elle concerne le Pentagone. Selon les complotistes, aucun avion ne s’y serait crashé, ce serait un faux attentat organisé par les Etats-Unis. Celui qui a défendu cette thèse, c’est le français Thierry Meyssan. Il en a même fait un best-seller : l’Effroyable Imposture. Une thèse totalement contredite par le journaliste Guillaume Dasquié qui nous explique la théorie du complot de Meyssan. »
Ouvrons un court instant une parenthèse pour signaler que pratiquement plus personne ne soutient la thèse du missile depuis des années, que ce soit en France ou aux Etats-Unis. Dans
une note de notre réponse à Noam Chomsky et Jean Bricmont, nous rappelions déjà :
« Hypothèse à laquelle adhèrent aujourd’hui bien peu de sceptiques (aucun témoin n’a déclaré avoir vu un missile, les dégâts sur la façade sont apparemment incompatibles avec le crash d’un missile, …). Pour autant, de nombreux points (fin de trajectoire du vol, forme du trou de sortie dans l’anneau C,
capacités de pilotage d’Hanjour, souffle de l’explosion…)
continuent de laisser perplexes bien des sceptiques. Bref, aucun consensus ne se dégage, si ce n’est que la thèse officielle est insatisfaisante à bien des égards et qu'il est donc nécessaire de ne pas refermer le dossier. »
La parenthèse étant fermée, nous pouvons écouter Guillaume Dasquié :
« Ce qui était très spectaculaire à l’époque, c’est quand Thierry Meyssan et d’autres expliquaient qu’il n’y avait pas d’avion qui s’était crashé contre le Pentagone car le trou dans le Pentagone tel qu’on peut le voir sur des images télé a à priori un diamètre inférieur à l’envergure d’un avion de ligne. » (12’19)
Pour illustrer ce passage, Spicee choisit cette image :
Photo de la façade après son écroulement
Comme le promettait un des tweets moqueurs de Spicee, on en reste sans voix. Deux possibilités : soit M. Huchon manipule sciemment son auditoire en montrant une photo prise après que la façade ce soit écroulée, soit il est si ignorant du sujet qu’il ne connaît même pas la photo pourtant célèbre sur laquelle Meyssan se basait pour étayer sa thèse :
Photo utilisée par Meyssan pour étayer sa thèse
Cette photo était visible dans l’Effroyable Imposture (mars 2002) et le Pentagate (juin 2002), les deux ouvrages de Meyssan sur le sujet et sur à peu près tous les sites consacrés au Pentagone [
7]. Sauf à croire que le journaliste de Spicee soit malhonnête, on est amené à penser qu’il ne connaît même pas cette photo emblématique, ce qui est relativement inquiétant quand on s’affiche comme un spécialiste en démontage des théories du complot du 11-Septembre.
Se basant notamment sur cette photo, Meyssan s’étonnera qu’un Boeing 757 de 38 mètres d’envergure puisse rentrer dans un trou d’environ 5 mètres de diamètre [
8]. A l’époque le rapport de l’ASCE n’était pas encore sorti [
9] et les dégâts sur la façade étaient sous estimés, les jets des lances à incendies masquant la vue du rez-de-chaussée [
10]. Néanmoins, nombre d’experts et de sites de débunking vont alors s’attacher à démontrer qu’un Boeing 757 peut rentrer dans un trou nettement inférieur aux 38 mètres d’envergure de l’appareil. Ce qui donnera lieu à des explications encore plus hasardeuses que la thèse qu'elles étaient censées contredire. Ainsi, à la question « pouvez-vous expliquer ce qui est arrivé aux ailes de l’appareil et pourquoi n’ont-elles pas causées de dégâts ? », le site anglophone de chasseurs de rumeurs Snopes
avança l’hypothèse suivante :
« Alors que la partie avant du Boeing 757 percutait le Pentagone, les parties extérieures des ailes se sont probablement brisées lors de l’impact initial puis ont été rabattues vers le fuselage et entraînées vers l’intérieur du bâtiment ; les parties intérieures des ailes ont probablement pénétré les murs du Pentagone avec le reste de l’avion. »
Une thèse audacieuse comme le montre ce schéma satirique :
CQFD
Selon
Vincent Favé, président de la Société européenne des enquêteurs de sûreté aérienne, spécialiste international des crashs,
interrogé par Rue89 pour son dossier desintox 11-Septembre [
11] :
« Un avion de plus de 100 tonnes propulsé à une vitesse invraisemblable [850 km/h, ndlr] dégage, dès le premier contact, une énergie incroyable. Les ailes ont été détruites avant même de percuter le mur. Elles étaient donc déjà pulvérisées par l’onde de choc. »
Mais la palme de l’explication la plus surréaliste revient sans nulle doute à l’expert François Grangier qui déclarait le 23 mars 2002 dans l’émission +clair de Canal + :
François Grangier : « Ce qu’il y a de certain quand on voit la photo de cette façade qui est intacte, il est évident que l’avion n’est pas passé par là. On peut imaginer qu’un avion de cette taille-là ne peut pas passer par une fenêtre en laissant l’encadrement debout. Mais il est évident que si avion il y a eu il a tapé à un autre endroit. »
Daphné Roulier : « Donc un Boeing 757 à cet endroit aurait du faire beaucoup plus de dégâts ? Vous êtes d’accord en cela avec Thierry Meyssan ? »
François Grangier : « Précisément sur la façade, oui. Mais je ne vois pas l’importance de la chose. Lorsque l’on regarde le site Internet des architectes du Pentagone, on voit une vague description d’impact. Mais il ne faut pas voir de machiavélisme là où il n’y a que de l’incompétence. Il ne s’agit pas d’une enquête sur un accident d’avion, il s’agit d’un acte de terrorisme. »
En déclarant qu’au vu des dégâts, aucun avion n’a pu passer par la façade, François Grangier réussit ainsi à invalider la thèse officielle qu’il essaie de défendre. Un exploit remarquable qui ne sera malheureusement relevé par aucun journaliste. Mais le meilleur reste à venir. Quelques mois seulement après la parution du livre de Meyssan, les journalistes Guillaume Dasquié et Jean Guisnel publient leur contre-enquête l’Effroyable Mensonge (juin 2002) dans lequel ils interrogent plusieurs experts en aéronautique, dont François Grangier :
« Je pense que la trajectographie [
12] telle qu’on peut la discerner aujourd’hui ne permet pas de conclure à un impact sur la façade, mais plus vraisemblablement par le toit. Avec quelle trajectoire ? Ce n’est pas une question centrale, car il ne s’agit pas d’un accident d’avion dont il faudrait analyser chaque paramètre pour qu’il ne se reproduise pas, mais d’un acte de malveillance. » (page 44)
De nouveau, l’expert Grangier invalide la thèse officielle, et cette fois dans un livre censé défendre la thèse officielle, sans que cela ne perturbe les auteurs ! Difficile d’imaginer situation plus absurde et pourtant là encore, aucun journaliste ne pointera cette aberration. Bien au contraire, la contre-enquête de Dasquié et Guisnel sera salué par leurs confrères comme « un modèle d’enquête » (Libération, 12 juin 2002), « une véritable investigation » (Nouvel Observateur – 11 au 17 juillet 2002)…
Quatorze ans plus tard, nous retrouvons Guillaume Dasquié interrogé dans ce reportage de Spicee, pour qui l’affaire est « très simple » :
12’44 : « …Il a suffit de parler à des spécialistes de crashs aériens, notamment auprès du bureau enquête accidents, des gens dont le métier est de travailler sur des crashs aériens et qui nous expliquaient que cette affaire là est très simple : l’avion qui percute le Pentagone effectue un crash qui est très singulier dans l’aviation civile en ce sens que c’est un crash à 90°. Un crash à 90 degré comme ça, l’avion dans le mur du Pentagone, c’est exactement comme un crash en piqué à 90 degré. Et le propre des crashs en piqué et à 90°, c’est que sous l’effet de la vitesse, la matière se ramasse sur elle-même. »
M. Dasquié reprend ici l’explication de
Jacques Rolland [
13], qu’il présentait comme le meilleur spécialiste en accidents aéronautiques dans son livre l’Effroyable Mensonge. L’analyse de l’expert était accompagnée de ces deux schémas explicatifs :
Malheureusement pour Messieurs Dasquié et Rolland, affirmer qu’il s’agit d’un crash à 90 degrés est une ineptie. Si l’on observe le schéma 3 tiré du livre de Dasquié (voir ci-dessus), on voit qu’effectivement l’avion volant horizontalement percute la façade du Pentagone avec un angle de 90 degrés par rapport à un axe vertical (ce qui est pour le moins normal) mais le monde réel disposant de 3 dimensions spatiales, il suffit de regarder la trajectoire de l’avion par le haut pour constater que nous ne sommes plus dans les conditions d’un crash en piqué. Pour s’en rendre compte, inutile d’être un expert ou un journaliste d’investigation : il suffit de se baser sur la trajectoire officielle telle qu’elle a été établie grâce aux lampadaires arrachés :
Les points jaunes montrent l’emplacement des lampadaires arrachés
Et le rapport officiel de l’ASCE
publié en janvier 2003, soit quelques mois après le livre de Dasquié et Guisnel, indique précisément à la page 35, l’angle avec lequel l’appareil a percuté le Pentagone :
« Les données indiquent que le fuselage de l’avion a percuté le bâtiment au niveau de la colonne 14 sous un angle d’environ 42 degrés par rapport à la façade du bâtiment, au niveau ou légèrement en dessous de la dalle du deuxième étage. » (The Pentagon Building Performance Report)
Le schéma de la page 36 de ce même rapport est explicite :
Un crash en "piqué" pour M. Dasquié et M. Rolland
Comme trop souvent malheureusement, on constate que l’expert invité à défendre la thèse officielle commet de grossières erreurs faute d’avoir pris le temps d’étudier sérieusement le sujet. Mais qu’importe puisque l’important est avant tout d’apporter la contradiction aux « conspirationnistes » afin d’éviter que des indécis ne « basculent ». Et quoi de plus neutre, objectif et rationnel qu’un expert aux yeux du plus grand nombre ? Le journaliste
Mathieu Aron (actuellement directeur adjoint de la rédaction de l'Obs)
assurait le 27 mars 2015 sur France Inter : « Ce qu’il y a de très compliqué quand on a affaire à ces complotistes, c'est que par rapport ou face à un discours des experts ou des journalistes qui est rationnel, on a une forme en face d'irrationalité. Et comment peut-on répondre à l’irrationalité ? » (8’30)
En reprenant l’explication erronée de Guillaume Dasquié reprenant lui-même l’expertise boiteuse de Jacques Rolland, Thomas Huchon démontre une nouvelle fois sa méconnaissance totale du sujet, et plus grave, son absence de vérification de l’information.
Invité en mars 2016 à s’exprimer sur son travail de chasseur de conspirationniste, Thomas Huchon déclarait pourtant sur Radio Nova (à 12’12) :
« L’immense majorité des journalistes travaille de manière extrêmement sérieuse et vérifie réellement ses informations. Au-delà de ça, je n’aime pas du tout cette expression de fact-checking. Fact-checking voudrait dire qu’on ne vérifie pas. Ben si, en fait on vérifie et c’est la base de notre travail. »
Apparemment, M. Huchon ne doit fait pas partie de cette « immense majorité des journalistes [qui] travaille de manière extrêmement sérieuse et vérifie réellement ses informations ».
« La seule chose que je peux vous dire en dix secondes, c’est que durant toute cette année et durant tout le travail qu’on fait sur ConspiHunter, la chose qu’on fait le plus, c’est de penser contre nous-mêmes et c’est peut-être le plus dur. » (Radio Nova,
émission « 2h et quart avant la fin du monde » du 2 mars 2016 à 12’35)
Il reste visiblement du chemin à faire. Enfin, pour conclure ce passage, nous ne pouvons résister au plaisir de rappeler à Thomas Huchon les propos qu’il tenait dans
le trailer de son précédent documentaire sur la « complosphère » : « certains avalent et relaient n'importe quelle information, pourvu qu'elle aille dans leur sens ». Une caractéristique manifestement partagée par le ConspiHunter de Spicee…
c. Aucun témoin n’a vu de missile mais…
L’interview de Guillaume Dasquié se termine par l’évocation des témoins oculaires du Pentagone :
13’35 : Voix off : « Au-delà des explications techniques, il y a un argument qui l’emporte sur tout pour Guillaume Dasquié. Il a retrouvé des témoins oculaires du crash et c’est sans appel. »
13’44 : Dasquié : « A Washington, il y avait tellement de gens qui le matin du 11-Septembre avaient vu aux abords du Pentagone l’avion de ligne passer parce qu’il y avait des embouteillages, plein de gens qui étaient dans leur voiture, au café, en train d’arriver au bureau, que personne ne pouvait prêter attention à une théorie prétendant qu’il n’y avait juste pas eu d’avion. »
Effectivement, il s’agit là d’un point capital : aucun témoin n’a déclaré avoir vu un missile frapper le Pentagone. Certes, il existe des divergences parmi les témoignages [
14] mais cela n’est guère étonnant lorsqu’on sait que le vol AA77 se déplaçait en fin de course à 850 km/h à quelques mètres du sol (et à 70 cm du sol au moment de l’impact [
15]) et ce dans un environnement urbain. A une telle vitesse, les témoins du crash n’ont eu au mieux que quelques secondes pour voir la scène. Mais, il existe un autre point sur lequel TOUS LES TEMOIGNAGES concordent et qui mérite d’être développé :
Le mystère de la traînée blanche
Le 8 mars 2002, jour de la parution du livre de Meyssan, le site Internet de CNN publie cinq images du crash du Pentagone provenant d’une des deux caméras du parking du Pentagone [16] qui, à défaut de montrer un avion, relevait une imposante fumée blanche apparemment laissée par l’engin :
Derrière l'aileron de l'appareil (censé être dans le cercle jaune),
on distingue une importante traînée blanche
On peut voir cette fumée blanche sur ce GIF ou dans le reportage de M. Huchon à 11’48. D’après des défenseurs de la thèse officielle, elle serait due aux dommages subis par le réacteur droit suite à un choc sur un des lampadaires. C’est ce que montre notamment la simulation réalisée par Mike Wilson reprise par de nombreux défenseurs de la thèse officielle (comme ici par Rue89).
Simulation réalisée par Mike Wilson
Les détracteurs de Meyssan objectent à juste titre qu’aucun témoin n’a dit avoir vu de missile, mais ces derniers n’ont-ils donc pas remarqué qu’aucun témoin n’a dit avoir vu cette traînée blanche que l’on voit pourtant clairement sur les images rendues publiques ? On a donc :
- d'un côté : les vidéos du parking du Pentagone montrant une épaisse traînée de fumée blanche derrière l'objet.
- de l'autre côté : aucun témoignage de cette traînée (sur presque une centaine de témoignages).
Il n’existe à notre connaissance aucune explication officielle ou officieuse sur cette divergence entre les témoignages et les enregistrements vidéos.
Cette incompatibilité entre les images de ces vidéos et les témoignages ne mérite-t-elle pas d’être investiguée ? Si la thèse du missile de Meyssan peut effectivement être écartée, nous estimons néanmoins au vu de ce point et de bien d’autres [
17], que ce dossier du Pentagone mérite d’être encore étudié. Toute cette polémique née autour de la thèse de Meyssan aura au moins eu le mérite de montrer que les préjugés sont des obstacles difficiles à franchir, et ce, de quelque côté que l’on se situe…
II. Le repenti Charlie Veitch
Après avoir repris sans vérification les explications erronées de ses confrères pour réfuter les théories du complot du 11-Septembre, le journaliste de Spicee va doubler le score en s’adonnant à une de ses spécialités : l’amalgame en tout genre. Et pour ce faire, quoi de mieux que de donner la parole à un « ancien conspirationniste repenti » particulièrement caricatural ?
a. Une manipulation présente dès le texte de présentation du reportage :
Relevons tout d’abord ce passage du
texte de présentation du reportage de M. Huchon tel qu’on peut le lire sur le site de Spicee :
« Pour tenter de comprendre, notre journaliste, Thomas Huchon, a enquêté sur ce phénomène. Il revient sur les thèses les plus répandues, cherche à savoir pourquoi elles ont encore du succès et surtout, rapporte le témoignage exceptionnel d’un repenti du complotisme : Charlie Veitch. Pour Spicee, cet homme accepte de revenir sur les 5 années passées à manipuler les faits et l’information. Il nous révèle les coulisses de ce monde à part et qui vit dans la paranoïa. »
Spicee commet là une intox de première importance car à aucun moment du reportage, le « repenti » Charlie Veitch ne déclare avoir manipulé les faits et l’information au cours des cinq années de son activisme ! En affirmant pareille contre-vérité, c’est donc Spicee qui manipule les faits et l’information.
b. L’art de choisir les mots :
On notera également le choix sémantique opéré par Thomas Huchon lorsqu’il qualifie Charlie Veitch de « repenti », un terme chargé qui renvoie aux activités criminelles de la Mafia. Wikipedia nous
rappelle en effet que :
« La législation italienne a créé dans les années 1980 le statut de "collaborateur de justice" dans les domaines (parfois imbriqués) du terrorisme, du trafic de stupéfiants et des activités mafieuses (Cosa Nostra, 'Ndrangheta, Camorra). Les personnes qui acceptent de briser l'omertà ou d'une façon plus générale de révéler des informations cachées pour les livrer à la police, bénéficient en échange d'une protection et d'une remise de peine (pentito). »
Par la magie d’un seul mot, voici donc tout un mouvement pour une nouvelle enquête sur les attentats du 11-Septembre transformé en organisation criminelle. L'emploi de ce terme péjoratif participe à conditionner les téléspectateurs car il les invite à considérer le « conspirationnisme » comme relevant d'un acte condamnable voire délictueux. Sur fond d’images de Loose Change, Thomas Huchon présente en ces termes le « repenti » Charlie Veitch (à 14’58) :
« Pas étonnant qu'au fil des années, des millions de personnes soient tombées dans le piège tendu par les complotistes sur Internet et quand on a commencé à y croire, c'est extrêmement difficile de faire le chemin inverse. Rares sont ceux qui y sont parvenus. Nous avons retrouvé l'un d'entre eux. A Manchester, nous retrouvons Charlie Veitch, 36 ans, père de deux enfants, diplômé de philosophie, aujourd'hui conseiller financier. Pas exactement la caricature du paumé au fond de sa cave et pourtant comme d'autres il est tombé dans le piège des théories du complot. »
M. Huchon est ici victime du
biais d’intentionnalité. Voir des manipulations là où il n’y en a pas, n’est-ce pas là une des caractéristiques de la pensée conspirationniste ? Pour le journaliste de Spicee, il semble inconcevable que les détracteurs de la thèse officielle soient simplement convaincus (à tort ou à raison, là n’est pas la question) que celle-ci soit questionnable. Non, ces derniers se doivent d’avoir des buts inavouables, de vouloir « piéger » les internautes. Dans son livre L'Imaginaire du complot mondial (pp. 57-60),
Pierre-André Taguieff identifie comme l’un des grands principes de base des croyances conspirationnistes que « rien n'arrive par accident ; tout ce qui arrive est le résultat d'intentions ou de volontés cachées ; rien n'est tel qu'il parait être ; tout est lié, mais de façon occulte. » Voir un « chasseur de conspirationnistes » verser dans le complotisme le plus basique, voilà qui n’est assurément pas banal mais poursuivons.
c. Charlie Veitch, caricature vivante du conspirationnisme
C’est en 2006 que tout bascule pour Charlie Veitch lorsqu’à cinq heures du matin, encore sous l’effet de psychotropes pris au cours de sa soirée en boîte de nuit [
18], un de ses amis lui montre Terrorstorm d’Alex Jones, un documentaire qui retrace l’histoire des attentats terroristes sous faux drapeau et avance l’hypothèse que le 11-Septembre en serait le dernier exemple. Profondément secoué par ce documentaire, il regardera dès lors toutes les vidéos qu’il trouvera sur Internet consacrées au 11-Septembre. Interrogé par Thomas Huchon, Charlie Veitch déclare avoir commencé à poster des vidéos sur YouTube quelques années plus tard, à partir du 1er mai 2009, et être « devenu une rockstar de la complosphère en à peine 6 mois ». Voilà une bien bonne nouvelle pour ReOpen911 car cela l’exclut de cette fameuse « complosphère ». En effet, une
recherche sur notre site montre que cette « rockstar de le complosphère » est totalement absente de notre site :
Par ailleurs, ce statut autoproclamé de rockstar de la complosphère parait quelque peu exagéré car dans un article
publié sur Slate en septembre 2011, le journaliste
Jeremy Stahl nous apprend qu’en juin 2010, Charlie Veitch est « encore une figure relativement secondaire du monde du complot du 11-Septembre ». A la 18ème minute du reportage, Thomas Huchon nous explique que :
« Très vite, il devient un disciple de la complosphère, un activiste de la vérité. Il publie de nombreuses vidéos pour défendre l’idée d’un complot sur le 11-Septembre comme celle-ci avec son mégaphone. Il ne le sait pas encore mais il a mis le doigt sur un engrenage qui va le dépasser. »
Effectivement, Charlie Veitch fait partie de ces personnes qui ne doutent pas mais qui savent, qui sont convaincues que le 11-Septembre est un complot interne et qui se sont donné la mission de le faire savoir de vive voix. Mais l’activisme de Veitch est loin de se résumer à ce seul aspect. Dans l’article précité de Slate, Jeremy Stahl le décrit comme un « anarchiste britannique de 31 ans vivant à Londres » et précise que :
« En 2009, Veitch perd son emploi. Il a déjà commencé à poster occasionnellement sur YouTube des vidéos de lui et ses amis, chahutant des Scientologues ou entonnant des chansons pendant la « minute des questions du public » du maire de Londres Boris Johnson. Après la perte de son emploi, Veitch s’est mis à réaliser à plein-temps des vidéos tournées façon guérilla, et a lancé un groupe militant baptisé Love Police, destiné à « confronter l’autoritarisme d’état » au Royaume Uni. »
Ses innombrables vidéos postées sur YouTube nous montrent que Veitch est plus un homme d’action qui aime se mettre en scène avec son mégaphone en cherchant le buzz plutôt qu’un de ces « paumé[s] au fond de [leur] cave » (pour reprendre les mots de M. Huchon) qui étudie tant bien que mal les multiples failles, incohérences, omissions et autres bizarreries de la thèse officielle. Un militantisme qui lui vaut d’ailleurs d’être arrêté à plusieurs reprises comme le rappelle le journaliste de Slate :
« En juin 2010, Veitch est arrêté au sommet du G20 de Toronto où il s’est livré à son activité habituelle de provocateur, puis à nouveau la veille du mariage royal en avril, pour suspicion de « conspiration en vue de provoquer un trouble à l’ordre public ». »
Mais ce qui interpelle le plus en écoutant Charlie Veitch interrogé par Spicee, c’est qu’il apparait être bien plus qu’un simple militant exalté empli de certitudes :
« Sur ma chaine YouTube je dénonçais le complot israélo-sioniste, j'ai fait des vidéos pour dire que les médias étaient contrôlés par les sionistes, je disais qu'on était tous des Palestiniens face à ce nouvel ordre mondial... » (0’40)
Nous sommes là bien loin d’un questionnement à propos des zones d’ombres qui subsistent autour du 11-Septembre mais de plein pied dans un discours typiquement antisémite [
19]. Dans un
second article publié sur Slate, le journaliste Jeremy Stahl précise au sujet de Veitch :
« La théorie à laquelle Veitch accordait le plus de foi était celle d’un ancien ordre maçonnique, ou illuminati, d’une famille de banquiers centraux immensément riches qui depuis l’époque de Babylone tireraient les ficelles de tous les événements du monde. Selon cette théorie, le 11-Septembre est un spectacle de propagande, orchestré pour instiller la crainte chez le commun des mortels. »
Bref, un discours typiquement conspirationniste au vrai sens du terme, à savoir la croyance en des forces occultes toutes puissantes qui seraient derrière tous les grands événements du monde [
20]. Dans
une interview accordée en février 2016 au site Fier Panda, Thomas Huchon explique la caractéristique d’un récit complotiste :
Question : « Dans les affaires Qosmos, Amesys Ou Clearstream des vérités furent d’abord étiquetées comme étant des théories complotistes. Comment interprètes-tu cela ? Le complot peut-il avoir des fins politiques ? »
Huchon : « Il y a toujours eu des complots. Et il y en aura encore. Des vrais, j’entends. Watergate, coup d’Etat contre Allende au Chili en 1973, voilà des exemples… La différence entre un complot et un récit complotiste, c’est la croyance qu’une minorité dirige tout en secret, et que tout serait du fait de ce petit groupe. »
Il est regrettable que le journaliste de Spicee ne réponde pas sur le fait que certaines affaires gênantes soient parfois discréditées simplement en les associant au complotisme [
21]. C’est en effet une tactique fréquemment utilisée pour contrer certains journalistes un peu trop perspicaces. Puisque Thomas Huchon définit un récit complotiste par « la croyance qu’une minorité dirige tout en secret, et que tout serait du fait de ce petit groupe », pourrait-il dans ce cas nous expliquer en quoi le fait de pointer
les omissions ou manipulations du rapport de la commission d’enquête sur les attentats du 11-Septembre est-il assimilable à du complotisme ? Et quand bien même certains auraient plus que des doutes et iraient jusqu’à émettre l’hypothèse que le gouvernement américain soit impliqué activement ou passivement dans ces attentats [
22], pourquoi devraient-ils être qualifiés de conspirationnistes ? S’interroger par exemple sur l’échec de la défense américaine à intercepter les vols détournés ou sur la faillite des services de renseignement à arrêter des terroristes dont plusieurs avaient pourtant été repérés des mois avant les attentats implique-t-il qu’on adhère à une vision conspirative du monde ?
Charlie Veitch livre ensuite au reporter de Spicee les raisons qui l’ont poussé à adhérer à cette vision paranoïaque du monde :
17'15 : « C’était l’explication que je cherchais. Pourquoi je n’étais pas un millionnaire ? Pourquoi je ne suis pas une vedette de cinéma ? Pourquoi je ne suis pas un mec riche sur un yacht à Saint-Tropez ? C’est parce qu’il y a une conspiration pour contrôler le cerveau de la population, qui utilise des attaques terroristes de masse pour nous garder sous l’emprise de la peur, pour qu’on continue à se pointer au boulot… C’était incroyable, c’était comme une bouffée d’air frais. Tout ça expliquait pourquoi ma vie était pathétique. Ce n'était plus ma faute. C'était la faute des sionistes, des reptiliens, du nouvel ordre mondial américain. J'avais trouvé un bouc émissaire à qui faire porter le chapeau. Et à partir de là, ma vie a changé. Après voir vu ce film, je suis devenu obsédé par tout ça. C’était devenu mon truc. »
Attribuer ainsi son supposé échec [
23] à la faute d’un complot des sionistes, des reptiliens, du nouvel ordre mondial américain a de quoi faire sourire et pourtant il semble bien que Veitch en fut persuadé. Dans
un article du Telegraph de mai 2013 consacré à son parcours, on apprend qu’il éprouvait un fort ressentiment de jalousie à l’égard de ses camarades de pensionnat plus fortunés et qu’il était tiraillé entre d’un côté une vision conservatrice de la société et de l’autre une défiance à l’égard de l’autorité, toutes deux héritées de son père :
« Veitch est fasciné par les idées, mais le problème est qu'il est partagé entre deux visions du monde concurrentes qu'il n'a jamais été en mesure de réconcilier. Née à Rio de Janeiro d'une mère brésilienne et d'un marin commerçant écossais, Veitch a hérité, d’une vision conservatrice de son père, un Thatchérisme patriotique et ouvrier. Mais son père lui a également transmis une méfiance à l’égard de l'autorité. "Il m'a dit, ce n’est pas parce que quelqu'un porte un uniforme ou un chapeau de luxe, que cela signifie qu'il est ton patron". Veitch sénior était également responsable de l'enfance itinérante de Charlie. Il fréquente "une nouvelle école tous les six mois" et est malmené sur de nombreux continents. (…) À l'Académie d'Édimbourg, une école privée qu'il a fréquentée à partir de 14 ans, il a développé une antipathie envers les "joueurs de rugby" qui avaient des pères riches, devenaient délégués de classes et "avaient toutes les filles et toute l'attention". »
d. Le revirement :
Heureusement, le « repenti » Charlie Veitch va avoir une « révélation » [
24] comme nous le dit si bien le journaliste de Spicee :
« Malgré tout, Charlie va finir par avoir une révélation. En 2011, il est invité à participer à une émission de la BBC, "Conspiracy Road Trip", un programme qui confronte des conspirationnistes à des experts sur la question des attentats et au bout de trois jours de tournage… » (19’25)
Veitch en compagnie du présentateur et des autres participants de
l'émission « Conspiracy Road Trip 9/11 » diffusée le 24 novembre 2011 sur la BBC
« Le moment exact où j’ai eu un déclic, où je me suis dit, "c’est fini ces conneries, j’arrête", c’est quand j’ai écouté une mère qui parlait de son fils mort pendant les attentats, il était dans le vol 93, celui qui s’est écrasé dans un champ. Et pendant qu’elle racontait tout ça en pleurant, j’ai commencé à pleurer aussi. Alors que les autres conspirationnistes avec qui j’étais disaient : "non, elle ment, elle ment", j’ai compris qu’ils étaient fous ». (à 19’47)
Cette déclaration pose question tant sur la probité de Charlie Veitch que sur celle de Thomas Huchon. A écouter l’activiste britannique, le moment exact de son déclic fut lorsqu’il rencontra la mère d’une des victimes du vol 93. C’est pourtant une tout autre version que livre
l’article du Telegraph :
« Il a publiquement interpellé le présentateur de l’émission, Andrew Maxwell : “Vous n'étiez pas là, mec. Vous avez juste cette psychologie de soumission.’’ Mais plus il rencontrait d'experts, plus Veitch était troublé. Finalement, quand on lui montra que les tours ne s'étaient pas effondrées d'une manière compatible avec une démolition contrôlée et qu'il était absurde de penser que des équipes d'artificiers avaient pu installer secrètement des milliers d'explosifs dans les bâtiments, il a alors admis sa défaite. »
Idem, la version de Veitch recueillie par Spicee est contredite par
l’article de Slate :
« Après trois jours consacrés à discuter avec des gens qu’il considérait jusque-là comme coupables de dissimulation d’un meurtre de masse, Veitch se met à penser qu’il se trompait sur le 11-Septembre. "Après avoir rencontré ces soi-disant conjurés, supposés mouillés dans ce complot, j’ai réalisé qu’il s’agissait de pères de famille ordinaires", admet Veitch. "Rien chez eux ne suggérait le complot". C’est en questionnant un expert en démolition sur le toit de l’immeuble reconstruit du World Trade Center 7 qu’il change finalement d’opinion sur le 11-Septembre. »
De plus, on peut voir sur la chaîne YouTube de Charlie Veitch,
une vidéo qu'il a tournée le 18 juin 2011, au troisième jour de son périple américain pour l'émission de la BBC, où il dit déjà face caméra avoir changé d'avis sur la démolition des tours. Et bien évidemment, il suffit
de visionner le reportage de la BBC pour constater que ce n’est pas le témoignage émouvant de la mère ayant perdu son fils dans le crash du vol 93 qui a fait changer d’avis Veitch mais bien les avis des experts qu’il a rencontrés.
Le jour où tout a basculé pour Charlie Veitch
Si à la rigueur, on peut envisager que Thomas Huchon n'ait pas lu les articles consacrés au revirement de Charlie Veitch (ce qui constituerait une négligence remarquable), il est exclu qu'il n'ait pas vu l'émission de la BBC puisqu'il en fait mention dans son reportage et qu'il en montre des extraits. La question se pose donc : pourquoi Thomas Huchon a-t-il choisi de laisser ce mensonge de l’activiste britannique dans son reportage ?
Le journaliste de Spicee trouvait peut-être plus payant de faire passer les autres participants pour des fanatiques prêts à accuser une mère endeuillée de menteuse, ou bien estimait-il plus judicieux de laisser croire que le conspirationniste Veitch ne pouvait être "raisonné" que par l'émotion et non par la confrontation avec différents experts [
25] ? A ce propos, si M. Huchon estime que l’émotion est plus efficace que l’argumentation pour convaincre ceux qui doutent de certains aspects de la version officielle, nous lui suggérons dans ce cas d’organiser un face à face entre cette mère et Guillaume Dasquié qui admettait en mai 2010 sur
France5 qu’il n’est pas impossible que le vol 93 ait été en réalité abattu par un avion de chasse américain [
26]. Autre point problématique lorsque Veitch prétend :
« Et pendant qu’elle racontait tout ça en pleurant, j’ai commencé à pleurer aussi. Alors que les autres conspirationnistes avec qui j’étais disaient : "non, elle ment, elle ment", j’ai compris qu’ils étaient fous ».
Il suffit de visionner le reportage de la BBC pour constater que Charlie Veitch affabule totalement. Déjà, on note que deux autres participantes, Emily et Shazin, sont également touchées par le témoignage de la mère de Mark Bingham [
27] qui raconte avoir reconnu la voix de son fils au téléphone alors qu’il l’appelait durant le détournement de l’appareil. Après la rencontre avec la mère de Mark Bingham, le présentateur de l’émission interroge Rodney, l’un des participants :
Andrew Maxwell : « On vous a fait rencontrer Alice pour que vous puissiez avoir en face de vous quelqu'un qui dit : "oui, j’ai entendu mon bien-aimé ce jour-là au téléphone. Oui, je suis absolument convaincu que c’était lui." »
Rodney : « Je n’ai aucun doute, je n’ai absolument aucun doute dans mon esprit que c’est ce qu’elle croit. »
Andrew Maxwell : « Bien, penses-tu qu’elle a été trompée ? »
Rodney : « C’est une possibilité, c’est définitivement une possibilité. Cela peut être fait, on dispose de la technologie qui le permet. »
Le participant Rodney fait ici allusion à la technologie du Voice Morphing qui permettait
dès 1999 de simuler quasi en temps réel n’importe quelle voix humaine [
28]. Il évoque donc la possibilité que la mère ait pu être mystifiée mais jamais il ne l’accuse de mentir. Et à aucun autre moment de l’émission, une telle accusation à l’égard de la mère ne sera proférée : Charlie Veitch ment donc sciemment au journaliste de Spicee lorsqu’il prétend que les autres participants ont déclaré : « non, elle ment, elle ment » pendant qu'il pleurait.
Le participant Rodney
La question se pose de nouveau : pourquoi Thomas Huchon a-t-il choisi de laisser au montage cette contre-vérité de Veitch ? Serait-ce parce que le diagnostic de Veitch à l’égard de ses compagnons de route (« j’ai compris qu’ils étaient fous ») correspondait mieux aux préjugés du journaliste de Spicee, quitte à privilégier une affabulation plutôt que de s'en tenir aux faits ? En relayant ces propos mensongers de Veitch, soit Thomas Huchon ne s'est pas rendu compte que ce dernier affabulait (ce qui est dommage pour un journaliste d'investigation), soit il a délibérément laissé au montage ce qu'il savait être des contre-vérités (ce qui est inexcusable pour un journaliste d'investigation). Bref, que ce soit de l'incompétence ou de la malhonnêteté, nous invitons Thomas Huchon à revoir ses méthodes...
Une autre personne qui ne semble guère gênée par ce genre de procédés est
Rudy Reichstadt, fondateur du blog Conspiracy Watch et par ailleurs
membre de l’équipe de ConspiHunter. Dans
un message posté sur Facebook le jour de la sortie du reportage de Thomas Huchon, il remercie ses « amis de Spicee pour ce travail de salubrité publique ». Un remerciement qui ne manque pas de nous interpeller : comment expliquer que Rudy Reichstadt n’ait pas repéré les mensonges de Veitch étant donné qu’il a
repris sur son blog les deux articles de Slate contredisant les dires de Veitch ?
III. Corriger ou ne pas corriger, telle n’est pas la question
Il est malheureusement courant de voir des journalistes commettre de notables erreurs dès qu’ils abordent le 11-Septembre. Leur faible connaissance du sujet, leurs préjugés et le manque de temps pour enquêter sont bien souvent responsables de cette situation. Certes, l’erreur est humaine dit-on, mais quand ces journalistes refusent de retirer de leurs articles des erreurs pourtant signalées, alors on entre dans le champ de la désinformation [
29]. C’est là une grave entorse à l’éthique qui malheureusement ne semble guère préoccuper certaines salles de rédaction. La charte de déontologie de Munich de 1971 (ou Déclaration des devoirs et des droits des journalistes) est pourtant très claire à ce sujet : dans son 6ème devoir, elle
oblige les journalistes à « rectifier toute information publiée qui se révèle inexacte ». Mais tant
qu’aucune sanction ne sera prévue par la profession en cas de violation de ces devoirs, il est à craindre que cette charte de déontologie ne serve que d’ornement décoratif dans les salles de rédaction. Certains journalistes nous assurent pourtant que ce qui les distingue des conspirationnistes, c’est la vérification de l’info et la correction des erreurs. Ainsi Thomas Huchon
déclarait le 7 janvier 2016 sur Europe1 :
« Je pense que la clé est l'honnêteté. Le jour où nous nous plantons, nous le dirons. C'est la différence entre nous et les sites complotistes : ils continuent à relayer une erreur même lorsqu'elle est démontrée. »
De bien belles paroles malheureusement bien éloignées de la réalité comme le révèle ces deux exemples :
1. Dans un des reportages de Thomas Huchon sur le complotisme, Rudy Reichstadt déclarait que l’ « on avait retrouvé dans les décombres du WTC le passeport d’un des terroristes » (à 4’15). En réalité, le passeport intact [30] du terroriste Satam Al Suqami fut ramassé, avant l’effondrement des tours jumelles, dans la rue par un passant qui le remit à un inspecteur de police avant de s’enfuir en courant. Rudy Reichstadt, après avoir passablement insulté ReOpen911, finit par reconnaître son erreur mais Thomas Huchon, bien que prévenu par nos soins à de multiples reprises n'a toujours pas corrigé à ce jour l’erreur commise par Reichstadt durant son interview.
2. En décembre 2015, Spicee propose en accès payant sur son site un « doc magistral » de Stéphane Malterre diffusé initialement sur Canal+ en septembre 2009 et qui, nous dit-on, a « décortiqué méthodiquement les arguments des conspirationnistes ». Problème, cette « enquête ciselée et implacable » reprend nombre des erreurs et intox présentes dans le précédent reportage de Malterre "Rumeur, intox : les nouvelles guerres de l’info" diffusé en avril 2008 également sur Canal+. Nous avons invité à maintes reprises l’équipe de Spicee à visionner notre contre-documentaire Jeudi Investigation : un Jeudi Noir de l’Information afin qu’ils puissent juger par eux-mêmes si cette nouvelle mouture de Malterre méritait l’appellation d’« enquête ciselée et implacable ». Malgré nos multiples relances, nous n’avons jamais reçu de réponse de la part de Spicee…
On comprend aisément qu’il soit délicat, pour un site qui se targue de faire la traque aux « conspirationnistes », de devoir retirer un « documentaire magistral » suite à un démontage réalisé par de vulgaires « conspirationnistes ». Et ce d’autant plus que depuis quelques mois, ConspiHunter est
partenaire de l’éducation nationale pour lutter contre les théories du complot
dans les lycées… Qu’importent donc les faits, les chartes de déontologie ou les belles paroles car il en va de son image, de sa crédibilité et oserait-on dire, d’une partie de leur fond de commerce ? Mais comment expliquer que Thomas Huchon se refuse à corriger une erreur aussi triviale que celle du passeport retrouvé sur le trottoir par un passant ? Peut-être parce que ce serait reconnaître que des personnes qu’il qualifie de « conspirationnistes » puissent parfois avoir raison ? Mais un tel constat semble impossible pour deux raisons :
1. Ce serait donner du crédit à ceux qu'il qualifie à tort (et à travers) de « conspirationnistes ». M. Huchon redoute-t-il que certains jeunes aient la funeste idée d’étudier sans a priori les arguments des « conspirationnistes » au lieu de les rejeter en bloc comme il les invite à le faire ? Une démarche qui pourrait leur faire mettre le doigt dans un engrenage qui les dépasserait (pour reprendre les mots de Thomas Huchon) et les faire basculer dans ce « conspirationnisme » tant redouté. Une crainte qui n’est pas sans rappeler cette autre figure rhétorique dite de la pente glissante que le Stagirite explique dans cette petite vidéo didactique.
2. Et comment des « conspirationnistes » pourraient avoir raison quand depuis des années vous les traitez de croyants dogmatiques irrationnels [31] avec qui tout débat est impossible ? A propos, chers amis journalistes de Spicee : refuser de tenir compte des éléments qui contredisent votre grille de lecture, n’est-ce pas là le signe d’un certain dogmatisme ?
En conclusion, nous rappellerons simplement à Thomas Huchon sa promesse « Le jour où nous nous plantons, nous le dirons » et l’invitons par conséquent à se mettre en accord avec ses paroles en corrigeant au plus vite les erreurs grossières présentes dans ce reportage consacré au 11-Septembre.
IV. Questions pour Thomas Huchon (et ses confrères)
Et pour aider Thomas Huchon à tenir sa promesse de corriger les erreurs qu’il ferait éventuellement un jour, nous l’invitons à répondre à ces dix questions :
1. A-t-on retrouvé dans les décombres du WTC des pièces d’acier ayant subi une importante corrosion et érosion, un événement qualifié par la FEMA de « tout à fait inhabituel » ?
2. L’expérience menée par le forgeron américain explique-t-elle les témoignages d’acier fondu ou les échantillons d’acier partiellement fondus retrouvés au WTC ?
3. Le vol AA77 est-il arrivé en piqué sur la façade du Pentagone ?
4. Pourquoi avoir choisi une photo de la façade prise après son effondrement pour illustrer le trou du Pentagone ?
5. Pourquoi les vidéos du Pentagone montrent-elles ce qui a été décrit comme une épaisse fumée blanche derrière l’appareil alors qu’aucun témoin n’en parle ?
6. Pourquoi avoir gardé au montage le mensonge de Veitch qui prétend avoir eu "le déclic" en écoutant le témoignage de la mère d’une victime du vol 93 ?
7. Pourquoi avoir gardé au montage le second mensonge de Veitch qui prétend que tous ses compagnons ont affirmé que cette mère mentait ?
8. Etant donnée votre définition du complotisme (« croyance qu’une minorité dirige tout en secret, et que tout serait du fait de ce petit groupe »), n’est-il pas abusif de recourir à ce terme pour désigner les personnes qui s’interrogent sur la pertinence de la thèse officielle des attentats du 11-Septembre ?
9. Pourquoi refusez-vous de corriger l’erreur sur le passeport commise par Rudy Reichstadt dans un des reportages que vous avez réalisés ?
10. Pourquoi Spicee n’a-t-il toujours pas retiré de la vente un documentaire dont il a été démontré qu’il contient de nombreuses intox ?
V. Conclusion
Il apparait au final que Thomas Huchon, qui se targue d’être « devenu au bout de 3 ans d’enquête sur les conspis une sorte de journaliste spécialisé dans la complosphère », ne connait rien du dossier du 11-Septembre. Perclus de certitudes, il s’est contenté de relayer sans aucune vérification les erreurs commises par d’autres journalistes avant lui. Une situation qui pourrait prêter à sourire si ce « chasseur de conspirationnistes » n’était pas soutenu par l’éducation nationale pour développer l’esprit critique chez les lycéens. Au-delà de ces erreurs basiques, Thomas Huchon montre aussi une aptitude toute particulière à l’art de l’amalgame. En mettant en avant le « repenti » Charlie Veitch, véritable stéréotype du conspirationniste antisémite, par ailleurs méconnu en France, Thomas Huchon vise à discréditer tous ceux qui s’interrogent sur les explications officielles au sujet du 11-Septembre. Une tactique grossière malheureusement très efficace et dont le journaliste de Spicee est coutumier [
32]. Au final, par ses méthodes, ses certitudes et son manquement à vérifier les informations qu’il relaie, Thomas Huchon semble partager bien plus de points communs avec Charlie Veitch que ce dernier n’en a avec notre association.
Pour finir, méditons sur ces paroles de Thomas Huchon
répondant à la question « un conspi-hunter ne serait-ce pas l’apprentissage de la rigueur ? » :
« Oui et ça a d’abord été l’apprentissage de la rigueur pour moi ! Cette histoire m’a changé. Je pense qu’il faudrait demander à ceux qui m’ont connu dans le courant de l’année dernière et qui me voient maintenant. Moi, j’ai changé, je suis beaucoup plus humble par rapport à mon travail et mesuré dans mes prises de position. J’ai appris à penser contre moi-même en permanence et du coup cela me rend un peu moins idiot. »
Par Pierre Luciani pour ReOpen911
Notes :
[1] : Quelques uns de ces tweets tout en modestie :
[
2] : Dans
son livre La face cachée du 11 septembre (2005), le grand reporter
Eric Laurent écrivait : « L'assassinat du président américain en 1963 demeure un mystère entouré de mensonges ; le 11 septembre, lui, reste un ensemble de mensonges, entouré de mystère. » Vous pouvez prendre connaissance de quelque uns de ces mensonges, entouré de mystère dans
ce passage d’Eric Laurent sur le plateau de l’émission « On a tout Essayé » du 12 octobre 2004.
[
3] : Sur
sa chaine YouTube, le Stagirite met à disposition des vidéos destinées à réfuter des idées reçues, étudier les formes courantes de sophismes ou à analyser la rhétorique politico-médiatique (Langues de bois).
[
4] : Par exemple,
Leslie Robertson, Ingénieur en Génie Civil responsable de la conception du WTC a déclaré en novembre 2001 que « 21 jours après l'attaque, les feux brûlaient encore et l'acier fondu ruisselait ».
Peter Tully, l'entrepreneur dirigeant le nettoyage du Site, a déclaré avoir « vu des mares d' "acier littéralement fondu au WTC" ». A propos, comment expliquer que
John Gross, un des principaux experts en charge de l’enquête du NIST, ait pu
déclarer en octobre 2006 au sujet de ces témoignages : « Je n'ai jamais eu connaissance d'aucun témoin oculaire ayant parlé de cela » alors que ces témoignages étaient déjà connus depuis des années ?
[
5] : Ce point est loin d'être anecdotique et a d'ailleurs été présenté par le New York Times comme « peut-être le plus grand mystère soulevé par les investigations ». Et pourtant quand le NIST publie trois ans plus tard son volumineux rapport de 10000 pages, il n'y aura nulle trace de l’étude détaillée, préconisée par les chercheurs de la FEMA, nécessaire selon eux pour expliquer comment de solides poutres d’acier ont pu se transformer en un véritable gruyère...Comment ne pas s'interroger sur un tel "oubli" ?
[
6] : Le post n’est plus visible sur Slate (vous pouvez néanmoins le consulter
ici). Sans doute suite à une nouvelle politique, il n’est à présent plus possible de publier des messages sous les articles et plus surprenant, tous les posts passés semblent avoir été retirés du site.
[
8] : Dans son livre l’Effroyable Imposture, Meyssan écrit (à tort) page 20 : « l’avion s’est arrêté net, sans que les ailes ne frappent la façade. Aucune trace d’impact n’est visible en dehors de celle du nez du Boeing. »
[
9] : Publié en janvier 2003, le «
Pentagon Building Performance Report » contient plusieurs photos montrant l’étendue des dégâts au niveau du rez-de-chaussée (figures 3.8, 3.9, 5.6 ou 5.7). On peut également voir la plupart de ces photos dans
ce diaporama. A la page 35 du rapport est donnée une estimation de l’étendue des dégâts sur la façade : « La largeur projetée, perpendiculaire à la trajectoire de l'aéronef, était approximativement de 27 mètres, ce qui est sensiblement inférieur aux 35 mètres d’envergure de l'aéronef ». On est bien loin des 5 mètres annoncés par Meyssan et l’étendue de ces dégâts invalide sa thèse du missile.
[
10] : On peut également s’étonner que Meyssan n’ait pas trouvé
cette autre photo du Pentagone prise quelques instants après et dont les dégâts du rez-de-chaussée ne sont pas masqués par le jet d’eau mousseuse des pompiers. Cette photo, si elle ne permet pas de prouver l’impact d’un Boeing 757 sur la façade du Pentagone, a au moins le mérite de montrer que les dégâts ne se limitaient pas à un trou de 4 à 5 mètres de diamètre par où serait rentré le vol AA77. A la décharge de Meyssan, nous ignorons si cette photo était présente sur Internet avant mars 2002, date de la publication de l’Effroyable Imposture. TinEye, site de recherche d'image par le contenu, n’a référencé pour la première fois cette photo qu’en février 2007 mais cela ne signifie pas qu’elle n’était pas déjà présente sur Internet avant cette date. Il est malheureusement impossible pour TinEye de déterminer quand une photo est apparue pour la première fois sur le net.
[
11] : ReOpen911 a répondu
ici à la plupart des arguments du dossier de Rue89.
[
12] : Le mot fait savant et sans doute est-il utilisé pour impressionner l’auditoire, dommage qu’il soit utilisé à tort. Le dictionnaire Larousse nous apprend en effet que la trajectographie est l’« ensemble des méthodes de calcul et des techniques permettant de prévoir et de déterminer la trajectoire d'un engin spatial, d'un missile ». A moins que l’expert enquête-accident près la cour d'appel de Pau estime qu’on ait affaire à un OVNI dans le vrai sens du terme (objet volant non identifié), on ne comprend pas bien l’utilisation de cet acronyme…
[
13] : Précision importante : dans leur livre, Dasquié et Guisnel pensent (à tort) que Meyssan estime à 19 mètres la largeur du trou dans le mur du Pentagone. Leur méprise est en fait imputable à Meyssan qui pour montrer que « seul le nez du Boeing est entré dans le bâtiment », a choisi une photographie de piètre qualité prise après l’effondrement de la façade. Les 19 mètres indiqués sur la photo montre donc en réalité la largeur de la portion écroulée du Pentagone et non le trou tel qu’évalué par Meyssan. Le texte sous la photo ne laisse cependant aucun doute quant à l’estimation de la taille du trou par Meyssan : « Le fuselage et les ailes sont restés à l'extérieur. L'avion s'est arrêté net, sans que ses ailes ne frappent la façade. Aucune trace d'impact n'est visible en dehors de celle du nez du Boeing. Nous devrions donc voir les ailes et le fuselage à l'extérieur, en fait sur la pelouse. » (page 20)
[
14] : Par exemple, certains témoins mentionnent un « angle de piqué incroyable », d’autres non, certains témoins ont vu l’avion pencher à gauche, d’autres à droite, pour l’un l’avion a percuté un hélicoptère garé à l’héliport, pour un autre l’avion a violemment heurté le sol, selon un autre encore, le train d’atterrissage était sorti, certains disent que les volets des hublots étaient baissés alors que d’autres déclarent avoir vu les visages des passagers, etc. Mais, rappelons-le, il n’y a rien d’étonnant à ce que les témoignages divergent étant donné la brièveté et rapidité de l’événement.
[
15] : En effet, le rapport de l’ASCE
publié en janvier 2003 indique à la page 14 que d’après l’analyse de la première photo divulguée par CNN, ils ont pu estimer qu’à cent mètres du lieu d’impact, le haut du fuselage se trouvait à environ 20 pieds du sol, ce qui implique que les moteurs se trouvaient à 2,2 pieds du sol, soit
à moins de 70 cm du sol !
Voici ce que cela donne visuellement (l’image vaut le détour). Et ce alors que l’avion volait à 850 km/h et était piloté par un pilote qui un mois avant les attentats s’était vu
refusé la location d’un simple Cessna 172, un petit appareil monomoteur, car il n'a pas été jugé capable de le piloter. Rappelons qu’avant de connaître ces faits, le Washington Post
écrivait le 12 septembre 2001 que « des sources dans l'aviation ont dit que l'avion fut piloté avec une habilité extraordinaire ». Terminons en précisant que Science et Vie de septembre 2011 ment ou se trompe lorsqu’il affirme : « une seconde avant de s’écraser, il était encore 15 mètres plus haut que son altitude finale ».
[
16] : Le 16 mai 2006, une association de citoyens Judicial Watch parvient à faire déclassifier ces deux vidéos après une bataille juridique contre le gouvernement (celui-ci refusait de rendre public ces vidéos tant que le procès de Zacarias Moussaoui n’était pas terminé). Bien que ces deux vidéos
ne montrent guère plus de détails que sur les photos divulguées en mars 2002, de nombreux médias, sans doute soucieux de défendre la thèse officielle coûte que coûte, parviennent à voir un avion sur ces vidéos :
« The two minutes of footage taken from security cameras adjacent to the Pentagon is halting, brief and grainy. But the pale fuselage of the aircraft and the fireball that followed are clearly visible in several of the frames. » (
Washington Times du 17 mai 2006)
« Le fuselage apparaît très brièvement juste au niveau du sol, avant qu'une lumière blanche et une grosse boule de feu orange puis une fumée ne surgissent sur les images. » (
Le Monde du 17 mai 2006)
« A l'instant même le ministère américain de la Défense vient de rendre publique une vidéo qui montre l'avion qui s'est écrasé sur le Pentagone le 11 septembre 2001. » (PPDA au JT de 20 heures de TF1)
[
17] : Parmi ces autres points, citons la fin de trajectoire du vol, la forme du trou de sortie dans l’anneau C, les
capacités de pilotage d’Hanjour, le souffle de l’explosion, les nombreuses coïncidences, l’échec du NORAD à intercepter les quatre avions détournés, etc.
[
18] : Veitch déclare en effet dans ce reportage de Spicee : « Et là, un ami, après être allé en boîte… Bon il faut savoir qu’à Londres, les boîtes c’est très cool, très chimique, toute le monde est sous ecstasy et s’éclate. Entre jeunes, il n’y a pas de stigmatisation de ces comportements. Aller en boîte, être sous drogue, c’est normal, “de rigueur’’ comme vous diriez en français. Il est cinq heures du mat, et mon ami me dit ‘’tu veux voir un truc totalement hallucinant ?’’ “Toujours !’’ Je lui réponds et il me dit ‘’regarde ça’’. Et là il me met le film d’Alex Jones Terrorstorm sur YouTube. » (16’03)
[
19] : Nous savons que l'accusation d'antisémitisme est parfois brandi à tord pour taire des paroles critiques à l'encontre de la politique israélienne et qu'
antisionisme et antisémitisme ne sont pas synonymes. Mais quand Charlie Veitch déclare que les médias sont contrôlés par les sionistes, on entre alors dans le registre classique de l'antisémitisme d'avant guerre accusant les juifs de contrôler les médias, la finance, le monde politique... Le terme ''sioniste'' ne sert dans ce cas qu'à remplacer le mot ''juif'' afin d'éviter l'accusation d'antisémitisme comme nous l'explique d'ailleurs lui-même Veitch dans
cet extrait non diffusé du reportage de Spicee…
[
20] : si les distinctions entre « théories du complot », « complotisme » et « conspirationnisme » peuvent varier chez les chercheurs universitaires travaillant sur la question du conspirationnisme, tous s'accordent cependant sur le fait que la croyance en un méga-complot orchestré par des forces obscures toutes puissantes relève du conspirationnisme.
[
21] : Suite à
ses révélations en 2001 sur Clearstram, le journaliste
Denis Robert subira une véritable campagne de diffamation menée par
Richard Malka, l’avocat de Clearstream (et de
Charlie Hebdo) et de
Philippe Val (ancien rédacteur en chef et directeur de
Charlie Hebdo) qui l'accuseront d'être
un falsificateur, un conspirationniste et un menteur devant être sanctionné. Nous invitons les lecteurs soucieux de mieux connaître les pratiques du duo Malka et Val à lire
Mohicans dans lequel Denis Robert
retrace l'histoire mouvementée de
Charlie Hebdo et de sa reprise par Philippe Val. En septembre 2011, Rudy Reichstadt du blog
Conspiracy Watch accuse la journaliste
Nora Boubetra de « dérive conspirationniste » pour avoir
consacré un sujet de 3 minutes 30 secondes sur la remise en question de la thèse officielle des attentats du 11-Septembre. Et en janvier 2013, suite à
la diffusion sur
France3 d'un documentaire démontant la thèse officielle
du suicide de
Robert Boulin, Rudy Reichstadt
publie sur son site dédié au conspirationnisme un article défendant la thèse du suicide, intimant ainsi que la remise en question de la thèse officielle sur la mort de cet ancien ministre relève de la pensée conspirationniste...
[
22] : Si certaines personnes sont effectivement convaincues la participation directe (voir
cette note) ou indirecte (voir
cette note) du gouvernement américain, rappelons que
la majorité des sceptiques face aux nombreuses incohérences de la thèse officielle se contente de réclamer une nouvelle enquête (approfondie et
réellement indépendante) laissant de côté les scénarios alternatifs forcément spéculatifs (c'est
la position de ReOpen911).
[
23] : Rappelons qu’à cette période, le « raté » Charlie Veitch n’était pas encore au chômage et travaillait à la City, l’équivalent londonien de Wall Street. Heureusement, l’histoire se termine bien pour Charlie Veitch car comme nous l’apprend Thomas Huchon
invité le 11 septembre dernier sur i24news : « C’est quelqu’un qui est consultant conseiller financier et qui roule en Jaguar, qui a aujourd’hui deux enfants, il a 36 ans. »
[
24] : Car c’est bien connu, il faut au moins
l’intervention du divin pour faire entendre raison à un conspirationniste. A noter que suite à son rejet de la thèse d’un inside job, Charlie Veitch subira nombre d’attaques ignobles : son site sera hacké et ses 15000 abonnés recevront des mails l’accusant de pédophilie. Des méthodes qui révèlent bien l’extrémisme de certains de ses anciens « amis » qui ne peuvent supporter de voir leur dogme remis en question.
[
25] : En regardant ce reportage de la BBC, on est sidéré par la méconnaissance et le manque d’argumentation des participants face aux experts rencontrés. Mais c’est sans tenir compte du fait qu’il est très facile de dénaturer des propos grâce au montage. Deux semaines après la diffusion de cette émission de la BBC, la participante Emily
témoigne sur cette expérience télévisuelle :
« Tout d'abord, je me dois de leur tirer mon chapeau. Ils ont fait un travail de montage remarquable. Quiconque a déjà eu une conversation avec moi ou me connaît personnellement est très au fait de mes opinions sur le 11-Septembre, et sait combien je suis franche à ce sujet. Cependant, durant ce spectacle, je semble bien silencieuse tout au long de cette émission. Je ne l'étais pas. Durant tout le voyage, j'ai posé question après question. J'ai demandé à chaque personne que nous avons rencontrée si elle croyait que l'histoire officielle était vraie et la grande majorité d'entre eux répondait non. Posez-vous cette question : pourquoi les images de nous rencontrant Tom Owen, un analyste de voix qui a travaillé sur les bandes audios de la "confession" d'Oussama ben Laden, ont été entièrement coupées au montage ? Il y a une réponse simple. Parce qu'il nous a dit de ne pas croire le rapport officiel. Pourquoi ? Parce que nous n'appartenons pas à la catégorie qui a "besoin de savoir", ce sont ses mots, pas les miens. Tout au long de notre réunion avec Tom Owen, il était assez clair que la réalisatrice de l’émission n'était pas satisfaite de son opinion. Comme lors de la plupart de nos rencontres avec les « experts », elle essayait de diriger la conversation dans une direction mieux adaptée à son scénario. (...) J'ai été l'un des contributeurs les plus actifs pendant le voyage, toujours à poser des questions et à ne recevoir aucune réponse. »
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26] : En mai 2010, Guillaume Dasquié est
interrogé par Laurent Joffrin dans l’émission "Les détectives de l’Histoire" sur France 5 :
Joffrin : « Est-ce que la version officielle est vraie ou est-ce qu’il y a eu un complot ? »
Dasquié : « Non, non, la version officielle tient la route, définitivement. »
Joffrin : « Et pourtant il y a plein de zones d’ombre… »
Dasquié : « Oui enfin il y a des détails qui restent à préciser… »
Quelques minutes auparavant au cours de l’émission au sujet du vol 93 :
Dasquié : « C’est vrai que l’on a des débris qui sont à des km de distance… »
Joffrin : « à une dizaine de km, 12 km… »
Dasquié : « Oui, c’est ça. (…) Ce n’est pas possible que l’avion, il rebondisse comme ça, il heurte le sol de manières différentes… Non, ça ne colle pas. »
Journaliste : « Justement est-ce qu’on peut imaginer que la chasse américaine ait détruit cet avion mais que pour des raisons politiques on le cacherait ? On préfère inventer une belle version avec l’héroïsme des passagers ? »
Dasquié : « Peut-être »
Joffrin : « ça ne vous parait pas impossible ? »
Dasquié : « Non, ça parait pas impossible. »
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27] : Emily est d’ailleurs si émue par la mère du disparu que celle-ci la prendra dans ses bras pour la consoler (à 48’35 du reportage de la BBC).
[
28] : A noter que durant leur voyage aux Etats-Unis, les participants de l’émission de la BBC ont rencontré
George Papcun, l’inventeur du voice morphing. Il estime peu réaliste l’hypothèse d’une mystification car il aurait fallu dans ce cas disposer d’enregistrements de la voix de Mark Bingham et avoir eu un minimum de temps pour créer de fausses phrases à l’aide de copier-coller (vers 47’30 du reportage de la BBC).
[
29] : Vous trouverez quelques exemples d’erreurs signalées mais non corrigées dans
cette note de notre réponse à Marianne.
[
30] : Intact et imbibé de kérosène comme l’indique à la page 291 la
timeline du FBI déclassifiée en février 2008.
[
31] : Dans
une interview donnée à Thot Cursus, Thomas Huchon déclarait en mai dernier : « Les conspirationnistes sont des croyants, ce phénomène se nourrit de la fin des religions ». De ce ''constat'' vient l’inévitable corollaire qu’il est inutile de dialoguer avec eux car précisément les croyants sont hermétiques à la pensée rationnelle, argumentée. Le Parisien
expliquait en septembre 2008 à ses lecteurs : « Les adeptes de la grande conspiration resteront persuadés envers et contre tout qu’« on » leur a menti. Sans arguments rationnels, ce qui condamne toute réponse logique. Juste en faisant vivre quelques contradictions qui deviennent pour eux la base de tout leur discours. ». Un discours que tenait déjà Libération dans un article de septembre 2006, finement intitulé
la religion du complot : « "Une fois qu'ils ont basculé, il est impossible de les convaincre", constate-t-il. Mark Fenster approuve : "C'est comme un débat entre un croyant et un athée. Il n'y a pas suffisamment de base commune." »
[
32] : Pour démontrer qu’aucun débat n’est possible avec les « conspirationnistes du 11-Septembre », Thomas Huchon n’hésite pas à brandir l’épouvantail
Alain Soral,
condamné plusieurs fois pour incitation à la haine raciale, diffamation, insultes antisémites, et qui a relayé sur son site la thèse très marginale du no-plane sur le WTC (voir à ce sujet notre avis sur la promotion de cette thèse par Soral dans
notre réponse à Marianne).