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Accueil du site > Actualités > Médias > Sibyle Macron ?

Sibyle Macron ?

« S’il y a quelque chose à retenir de mon parcours professionnel ou même de mes études, c’est le fait que j’ai toujours voulu me confronter à des difficultés. C’est un souci d’exigence et aussi une éthique personnelle. » (Sibyle Veil, devant le CSA, le 11 avril 2018).



La réforme de l'audiovisuel public va être présentée ce lundi 4 juin 2018. Je reviens sur la désignation de Sibyle Veil le 12 avril 2018 à la présidence de Radio France à la suite d’une procédure transparente du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Elle a pris ses fonctions ce lundi 16 avril 2018 et sa première action fut de réunir tous les employés de la Maison ronde pour leur présenter son projet pour cinq ans.

Après les premières dépêches purement factuelles sur cette nomination d’une personne, il faut bien le rappeler, qui était très peu connue des journalistes (en dehors de ceux de Radio France évidemment), au point qu’il n’y avait même pas de fiche Wikipédia pour les aider, les dépêches suivantes ont surtout insisté sur un fait, celui d’avoir été dans la même promotion de l’ENA que le Président de la République Emmanuel Macron. Le « genre de détail aussi empoisonnant qu'un soupçon », selon les mots de la journaliste Aude Dassonville.

Ce fait est évidemment réel et incontestable, mais l’antimacronisme primaire de certains milieux a tout de suite interprété cela comme : Sibyle Veil est une "copine" d’Emmanuel Macron, c’est donc normal que ce soit elle qui est choisie, car le Président peut tout et place ses hommes (et ses femmes).

J’imagine ce qu’elle a pu ressentir comme réaction en lisant ce genre d’interprétation erronée : son mérite est nul, elle n’est là que parce qu’elle a des relations. Je parle de relations dans le sens réseau, sans autre connotation. Dans une République qui a souvent été celle des "copains" et des "coquins" (l’expression date de Michel Poniatowski au début des années 1970), renforcée par les deux septennats interminables de François Mitterrand (maître en la matière), cette hypothèse n’est pas totalement déraisonnable, cependant, elle est peu probable pour le cas concerné ici. Car elle est très injuste et même humiliante, et peut-être est-ce le fait qu’elle soit une femme, jeune en plus, peu connue du grand public encore plus, qui a fait naître de tels soupçons qui révèlent plus de la frustration sinon de la jalousie qu’autre chose.

Dans le numéro 3562 de "Télérama" du 18 avril 2018, Aude Dassonville a rappelé le contexte : « Incontestablement, la dirigeante avait tout pour elle : femme dans une époque qui regarde enfin son machisme en face, quadragénaire dans un monde de pouvoir en plein renouvellement, directrice déléguée respectée de l'entreprise dont elle briguait la tête, auteur d'un projet d'une rigoureuse précision. ». Ce à quoi a répondu par avance le président par intérim du CSA, Nicolas Curien (le fils de l'ancien ministre et scientifique) sur Europe 1 le 17 avril 2018, avec cette précision : « Ce n'est pas parce c'est une femme qu'elle a été choisie, c'est vraiment le talent intrinsèque de son projet qui l'a emporté. ».

Son prédécesseur à la tête de Radio France, Mathieu Gallet, lui, a été désigné il y a quatre ans et il venait juste d’avoir 37 ans. Et il n’était même pas énarque ! Et pourtant, personne ne lui a fait ce procès de "coquinerie". Pourquoi ? Parce qu’il était loin d’être le candidat du pouvoir. Au contraire, il était à l’opposé du candidat du pouvoir, très connoté à l’époque par sa proximité avec Nicolas Sarkozy. Il avait été nommé président de l’INA par Frédéric Mitterrand qui était alors le Ministre de la Culture de Nicolas Sarkozy. Le CSA a au contraire voulu montrer en 2014 son indépendance en prenant une décision que ne voulait pas le gouvernement socialiste de l’époque. Un gouvernement qui n’a jamais cessé, pendant les premières années du nouveau mandat, de faire pression pour que Mathieu Gallet démissionnât (on se souvient de la grève très dure en mars 2015).

La leçon de cette situation décrite de 2014, c’est que le CSA est libre de tout. Il décide en dehors de toute pression, y compris élyséenne. Personnellement, je ne suis pas convaincu que c’est la meilleure pratique démocratique. Le CSA est une instance nommée de façon assez arbitraire alors que le Président de la République est élu par tous les Français. Que cette nomination se fasse au cours d’un conseil des ministres avec un Exécutif issu de la double légitimité populaire (présidentielle et législative) me paraissait sans doute plus approprié que laisser cette seule décision à un comité Théodule représentatif de rien du tout. C’était la procédure voulue par Nicolas Sarkozy et que François Hollande s’est dépêché de modifier dès 2013.

Qu’importe mon opinion sur ce sujet et je peux d’ailleurs me tromper, il est toujours difficile de trouver des procédures convenables qui permettent efficacement d’éviter justement les collusions entre "coquins". Mais il faut bien le reconnaître : la procédure actuelle (désignation par le CSA) rend bien plus difficile que la procédure antérieure (nomination au conseil des ministres) toute "coquinerie". Et l’exemple de la nomination de Mathieu Gallet le 27 février 2014 montre que cette indépendance de nomination du CSA n’est pas un vain mot. Il n’y a aucune raison que quatre ans plus tard, avec un même président du CSA (certes absent depuis quelques semaines), cette indépendance soit plus faible. Au contraire, l’orgueil des hommes voudrait qu’elle soit plutôt renforcée.

Autre réflexion. Mathieu Gallet était aussi un proche de l’actuel Président de la République Emmanuel Macron. Si ce dernier voulait préserver son pouvoir d’influence dans les médias, il aurait plutôt essayé de tout faire pour maintenir Mathieu Gallet à son poste. Ce fut le contraire qui a été fait. Dès le jour de sa condamnation pour favoritisme, il a fait charger sa Ministre de la Culture pour qu’il démissionnât sur le champ. Au nom d’une certaine moralisation de la vie publique.

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En fait, l’idée que Sibyle Veil fût désignée plus par ses réseaux que par son mérite personnel ne tient qu’à un fil : sa présence dans la même promotion qu’Emmanuel Macron. Et pourtant, l’histoire montre bien que ce n’est pas parce qu’on est dans la même promo de l’ENA qu’on est des amis politiques. Les exemples sont très nombreux. Bien sûr, le réseau de l’ENA aide, car cela permet de faire des rencontres certainement plus improbables sans cela, mais qui aujourd’hui irait recruter un incompétent quand sa réputation serait mise en jeu ?

Il se trouve aussi que, très bizarrement, à l’ENA mais on peut le voir aussi dans d’autres écoles, et même à petites échelles, certaines promos sont plus "actives", plus "dynamiques", que d’autres. Pour l’ENA, je pourrais en retenir quatre, dont, oui, celle dont faisait partie Emmanuel Macron.

Promo Rabelais (1973) : Laurent Fabius, François Léotard, Gérard Longuet, Yvan Blot, Philippe Jaffré, Daniel Bouton, Michel Cicurel, Jean Picq, Didier Maus, etc.

Promo Voltaire (1980) : Dominique de Villepin, François Hollande, Ségolène Royal, Michel Sapin, Jean-Pierre Jouyet, Frédérique Bredin, Renaud Donnadieu de Vabres, Jean-Marie Cambacérès, Raymond-Max Aubert, Marie-Françoise Bechtel, Sylvie Hubac, Pierre-René Lemas, Henri de Castries, Pierre Mongin, Stanislas Lefebvre de Laboulaye, etc.

Promo Liberté-Égalité-Fraternité (1989) : Jean-François Copé, Nicolas Dupont-Aignan, Renaud Dutreil, Sylvie Goulard, François Werner, Laurent Delahousse, David Kessler, Dominique Méda, etc.

Promo Senghor (2004) : Emmanuel Macron, Julien Aubert, Gaspard Gantzer, Boris Vallaud, Mathias Vicherat, Sibyle Veil, Sébastien Veil, etc.

On peut voir que dans certaines promos, il y avait des adversaires politiques acharnés entre eux, qui ont même clivé pendant une période la vie politique nationale. Avec eux, aucune collusion imaginable. Le fait d’être dans une même promo ne signifie rien sur les réalités amicales dans la vie politique. Confondre politique et professionnel est le tort de ceux qui cherchent à tordre systématiquement tous les événements pour les mettre à leur propre sauce militante.

Je reviens sur mon propos. La seule caractéristique de cette appartenance à la même promo a rendu Sibyle Veil suspecte. Mais c’est une erreur de discernement. Si on voulait chercher un angle d’attaque contre elle, il aurait alors fallu chercher du côté de son premier (et seul) engagement politique, qui était sarkozyste. En effet, trois ans après sa sortie de l’ENA, elle est devenue conseillère sociale du Président Nicolas Sarkozy à l’Élysée, sous la supervision du très influent Raymond Soubie (ancien proche de Raymond Barre), entre 2007 et 2010. En fait, très vite, cette étiquette s'est décollée : ses actes ont montré qu'elle se préoccupait plus de l'intérêt général que des étiquettes politiques.

On aurait pu cependant le lui reprocher. Mais non, car la haine antisarkozyste a quasiment disparu car devenue inutile, puisque Nicolas Sarkozy ne représente plus une "menace" (puisque désormais hors-jeu). Cette haine s’est transformée en haine anti-Hollande (temporairement) puis surtout en haine antimacroniste. Tout est bon pour s’en prendre à Emmanuel Macron. C’est de bonne guerre pour les militants, mais pour les autres ?

On aurait pu aussi chercher dans ses responsabilités avant d’être recrutée à Radio France. Pendant plusieurs années, elle fut la directrice du pilotage de la transformation du groupe Assitance Publique-Hôpitaux de Paris, et à ce titre, membre du comité de direction durant une période où il y a eu beaucoup de contestation à l’hôpital. Mais pour cela, il faudrait un peu mieux connaître les personnes et les faits. C’est plus simple de faire de l’antimacronisme. Et puis, ce n’est pas à Sibyle Veil que ces militants en veulent, c’est à Emmanuel Macron. Elle n’est qu’un vecteur de leur humeur, de leur colère.

Ce mauvais procès de "candidate du pouvoir" ne tient donc pas la route pour au moins deux raisons.

La première, je l’avais déjà évoqué précédemment. Sibyle Veil était la meilleure candidate car la seule qui connaissait à fond Radio France pour avoir dirigé pendant près de trois ans les opérations et les finances, c’est-à-dire, tout ce qui fait tenir Radio France dans les coulisses. La seule candidate émanant de l’interne, connaissant tous les dossiers et acceptée par les équipes en place. Et indépendamment de cette expérience, une personnalité et un parcours qui correspondent pleinement au poste.

Par exemple, "Les Inrocks" ont cité le 13 avril 2018 l’AFP qui avait interrogé un "ancien dirigeant" de Radio France sur la personnalité de Sibyle Veil : « [Elle est] une grande professionnelle, terriblement travailleuse, très calme et déterminée, avec une fibre sociale très importante. ». L’AFP a toutefois trouvé une autre "source interne" qui l’a jugée « austère et cassante », mais heureusement de trouver d’autres "sons de cloche", c’est normal que lorsqu’il a de grandes responsabilités dans un groupe de 4 000 salariés, un dirigeant qui agit et décide puisse susciter des ressentiments chez certains d’entre eux.

La seconde, c’est qu’Emmanuel Macron, et c’est probablement ce qui peut le faire détester par une certaine franche de la gauche revendicative, est un Président de la République qui souhaite vraiment se comporter comme un manager et un chef d’entreprise (j’écris "vraiment" parce que Nicolas Sarkozy avait tenté de le faire mais mal et sans crédibilité). Cela signifie surtout qu’il veut des résultats.

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Ce qui le motive, c’est d’agir efficacement. Et donc, même s’il a des amis, il ne les recruterait pas s’il pensait qu’ils ne seraient pas efficaces. La diffusion récente (le 12 avril 2018 sur LCI) d’un documentaire ("Macron le dynamiteur") a montré que même pour choisir son Premier Ministre (Édouard Philippe), il lui a fait passer un entretien de recrutement (un "dîner de recrutement") et il l’a fait évaluer, comme n’importe quel manager qui cherche un bon collaborateur (un procédé qui aurait pu humilier le "candidat"). Et d’ailleurs, il connaissait peu Édouard Philippe qui, en plus, l’avait fustigé dans certaines des tribunes politiques avant 2017.

D’ailleurs, notons en passant que pour un homme dont certains opposants disent qu’il n’a aucun pouvoir, qu’il n’est qu’une marionnette au choix de Bruxelles, de Washington, que sais-je encore, des Raéliens venus du ciel ?, il est quand même assez fort, cet Emmanuel Macron, qui est donné responsable de tout ce qu’il se passe (de mal) partout en France, jusqu’à la neige qui tombe ou la salmonelle qui infeste les fromages !

Il serait donc ridicule d’imaginer une pression sur une instance très jalouse de son indépendance pour une nomination qui, cette fois-ci, ne faisait pas beaucoup de doute quand on comparait le cursus des différents candidats. Il n’y avait pas "photo" dans le choix. La procédure étant transparente, les auditions des six candidats sont accessibles, chacun peut donc juger par soi-même de l’état de préparation des différents candidats. La survenue soudaine de cette nomination (prévue pour mars 2019) a donné un avantage clef à la candidature interne qui connaissait les dossiers.

La seule chose qu’on peut dire et qui sera sans doute cruciale pour l’avenir de la radio publique française, c’est que Sibyle Veil est "macro-compatible" sur le plan des projets. Elle est convaincue, comme Emmanuel Macron, que l’ensemble de l’audiovisuel public français, d’une manière ou d’une autre, devra travailler ensemble pour porter une cohérence renforcée et complémentaire : « Ma conviction est que Radio France n’a d’autre choix que de travailler avec les autres entreprises de l’audiovisuel public en vue de créer des marques fortes. » (11 avril 2018). Et c’est cela l’essentiel.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (04 juin 2018)
http://www.rakotoarison.eu

Pour aller plus loin :
Sibyle Macron ?
Sibyle Veil nommée présidente de Radio France.
Le projet 2018-2023 de Sibyle Veil pour Radio France (à télécharger).
Le Tribunal des flagrants délires.
Michèle Cotta.
Myung-Whun Chung.
François Mitterrand et l’audiovisuel public.
L’horreur musicale en Corée du Nord.
Mikko Franck.
Le Philharmonique fait l’événement politique.
Concert du 14 juillet 2014.
Le feu d’artifice du 14 juillet 2014.
Mathieu Gallet.
Lorin Maazel (1930-2014).
Pierre Boulez.
Pierre Henry.
Humour présidentiel à la Maison de la Radio.
Les 50 ans de la Maison de la Radio (17 décembre 2013).
Jean-Luc Hees.
Philippe Val.
Jean-Paul Cluzel.
Jacqueline Baudrier.
Stéphane Guillon.

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11 réactions à cet article    


  • Milka Milka 4 juin 2018 13:02

    Sylvain est centriste, autant dire qu’il singe la tolérance.

    Ce bouffi intolérant est con, mais con !  



    • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 4 juin 2018 13:52

      En rajoutant une aile, elle pourrait nous prédire l’avenir. Mais je suppose que si elle voyait clair, elle n’aurait jamais accepté ce poste. 


      • sls0 sls0 4 juin 2018 17:48

        Ah les articles de Rako.

        Quand j’en vois un je me dis « tiens je vais lire un article de Mr 1/X »
        Pourquoi 1/X ? Il suffit d’inverser le sens de ses articles et on approche du vraisemblable.

        Sacrée production quand même, c’est du temps complet. Qui le paie ?
        Medef, un membre du CAC40 ? Beaucoup de sources possibles à qui ce genre d’article plait.


        • Pere Plexe Pere Plexe 4 juin 2018 18:23

          La seule conviction de Macron et de sa cour et qu’il faut dézinguer ce qui reste d’entreprise publique.

          Rien d’autre.

          Demander à France 3 de tripler sa production avec des moyens moindres alors qu’ils ont déjà les milles misères à produire aujourd’hui (l’indigence de leurs moyens et déjà flagrante) devrait les achever.


          • Le421... Refuznik !! Le421 4 juin 2018 19:25
            Il sont méchants mon pauvre Sylvain !!
            Ceci dit, ce que j’écris, vous n’en avez rien à branler vu que vous ne répondez jamais.
            Ce qui tendrais à prouver que vous pondez une bouse tendancieuse sur un site et vous fichez le camp en courant tellement ça pue... J’espère que vous êtes payé.
            Bref, je répète, ils sont méchants tout plein.
            Aller s’imaginer que Jupiter verrouille tous les points stratégiques de l’Etat en mettant des gens à sa botte !! C’est tellement « ancien monde » !!

            Allez.
            Je retourne à mes marmottes voir si elle bossent toujours.
            Elles sont un peu en pétard depuis que je les ai obligé à plier 10% de plus de chocolat sans les payer plus.
            Je leur ai expliqué que c’était suite aux ordonnances sur la loi travail, mais elles font la gueule quand même.
            Très « ancien monde » ces marmottes...  smiley
            Finalement...

            • zygzornifle zygzornifle 5 juin 2018 08:41

              Macron fait des frappes chirurgicales comme savent le faire les américains , c’est a dire que tout est bousillé dans un grand périmètre et tout le monde y laisse des plumes .....


              • zygzornifle zygzornifle 5 juin 2018 08:42

                Tout est bon dans l’Macron, c’est comme le cochon ....


                • UnLorrain 5 juin 2018 09:41

                  En allant plus loin,ce nom me revient de « Pierre Boulez » pourquoi me revient il ? ( le lien est creux au fait ) il me revient parce que je l’ai vu écrit ainsi dans un livre ou il est question de dépenser le pognon des autres « boulezeenne » dépense boulezeenne il était expliqué,a propos d’un opéra a Paris,sa construction et son inutilité par la suite fut décidé mais pas payé avec son pognon mais le pognon des autres. Gabegie une de plus.


                  • pipolo 5 juin 2018 10:12

                    encore une de plus ,qui Veil a la pensée unique de la France je l’avait anticipe a quand le deVeil ...


                    • zygzornifle zygzornifle 6 juin 2018 18:54

                      elle peut vendre 5 biles au marché des organes ....


                      • zygzornifle zygzornifle 8 juin 2018 09:28

                        Six Thernobyle ....

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