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Alternance

Pour ceux qui ont vécu les trois victoires de la gauche à des élections présidentielles, le cru 2012 ne ressemble pas aux autres. La référence la plus souvent évoquée est celle de 1981, Mitterrand vainqueur de Giscard, tant il est vrai que 1988 n’était que la reconduction du même Mitterrand au sortir tout de même d’une cohabitation difficile avec Chirac.

Même si du côté des très jeunes « black, blanc beur » l’émotion était palpable et parfois débordante avec l’apparition à la bastille de drapeaux sans aucun rapport avec notre République. Les aînés, ceux qui ont connu 1981 justement, sont beaucoup plus modérés dans leurs transports. Ils éprouvent, c’est normal, après cette longue « cure d’opposition », la joie de la victoire mais avec une retenue qui laisse supposer qu’ils ont parfaitement mesuré les enjeux, les difficultés. Cette joie s’appuie également avec raison sur « l’affront lavé », celui de 2002, ou la gauche fut éliminée dès le premier tour par le Front National et dans l’incapacité de concourir à la finale. Il n’est d’ailleurs pas neutre que Jospin soit très présent lors de cette fin de campagne 2012 et en particulier sur le podium de la Bastille.

C’est donc un sentiment de satisfaction générale qui devrait envahir les Français, le sentiment d’une République qui fonctionne bien dans son expression démocratique : une démocratie qui permet « l’alternance » calme au-delà de choix idéologiques différents légitimes. La campagne a été très longue, souvent « dure », mais les affrontements font partie d’une expression démocratique finalement de bonne qualité.

Enfin un aspect du cru 2012 est à rapprocher de 2002 sans qu’il ait pris la même forme, le retour en position d’arbitre incontournable du Front National au centre de l’échiquier. Sarkozy en 2007 avait réussi à endiguer le phénomène par une captation ; il est de retour et va sans doute permettre à Hollande d’asseoir sa victoire sur une plus large majorité parlementaire que les simples équilibres « droite-gauche » traditionnels pourraient le laisser supposer. En passe de pouvoir se maintenir dans bon nombres de circonscriptions législatives, les candidats de Marine Le Pen imposant des triangulaires vont faire battre de nombreux sortants UMP ou « divers droite ».

François Hollande est élu pour 5 ans, les Français vont apprendre à mieux le connaître ; ils vont regarder la manière dont il fait face à une Europe en crise qu’il va retrouver dès la passation des pouvoirs. Il sera temps d’enregistrer la progression ou la diminution du FN à l’issue du mandat. C’est aussi là un des marqueurs d’une réussite ou d’un échec.

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3 réactions à cet article    


  • Scual 8 mai 2012 15:20

    Effectivement il a du boulot Hollande.

    _ La lutte contre l’extrême-droitisation est le plus important. Peu importe le reste, le pire qui puisse arriver est le basculement dans la dictature et la guerre civile. Il faut également tourner la page du Sarkozysme. Je n’irais pas jusqu’à parler d’un Nuremberg mais... ah trop tard.

    _ La question monétaire et financière est l’autre chantier le plus important. Il faut assainir et règlementer le système bancaire et financier, maitriser le crédit et rendre aux États, c’est à dire à la Démocratie dans le cas de l’Europe, leur rôle dans l’économie.

    _ Améliorer la répartition des richesses et relocaliser l’industrie. Il n’y a pas de relance sans amélioration du pouvoir d’achat et sans baisse du chômage. Il n’a pas le choix ou toute les invocations de croissance ou de maitrise de la finance n’auront aucune répercussion sur l’économie réelle pour la population qui verra bien que le « bon bilan » n’est valable que pour les 1%.


    • anny paule 8 mai 2012 16:44

      @Scual

      Le problème, c’est qu’il n’y a rien de tout cela dans son programme !

      Personnellement, j’ai voté pour lui par défaut au second tour, mais je ne me fais aucune espèce d’ilusion. Si l’on ne remet pas en cause Le TCE (ou le Traité de Lisbonne, ce qui revient au même), le MES, le TCSG (en passe d’être signé), l’EUREX... rien ne sera possible !

      Or, Hollande s’était exprimé pour le TCE (avec ses compères du PS), abstenu lors du Congrès de Versailles, lors du MES... que fera-t-il pour le TCSG ?

      Nous sommes, actuellement, sous la double coupe des US (cf, l’OTAN... dont il n’entend pas sortir !) et de l’Allemagne qui n’est en rien un modèle social !

      Il serait essentiel qu’il mesure la réalité qui lui a permis d’être élu : rejet massif du sarkozysme avec tous ses attributs, y compris les « affaires sordides » dont il faudra s’occuper sérieusement.

      Cette alternance n’est en rien une alternative... alternative pourtant nécessaire pour venir à bout de la crise du néo-libéralisme dont il faudra sortir un jour ou l’autre. Pour ma part, je ne le crois pas capable de prendre à bras le corps les problèmes qui sont les nôtres... Je pense qu’il devra affronter des mouvements sociaux et ne sais comment il réagira !

      Il ne faudrait pas qu’il soit « un homme de paille » ! Wait and see comme disent certains, ou Inch Allha comme disent d’autres !


      • epicure 8 mai 2012 19:32

        Hollande, malheureusement a un programme trop timoré, mais des choses vont changer, de par le fait du changement de président, et de son orientation politique.
        Déjà rien que son élection, remet en cause le dogme de l’austérité décrété par merkozy, mais la teutonne a la tête dure, c’est sur ce sujet qu’il va falloir qu’il se montre vindicatif. D’un autre côté, il y a diverses voix en europe qui vont dans le sens d’une remise en cause de l’austérité, il ne sera donc pas seul pour faire bouger les lignes.

        Au niveau social, il a déjà décidé d’un gros round de dialogue social patronat syndicat. Son prédécesseur a montré que le dialogue social à sa façon, se résumait au final à un monologue avant tout. Mais son étiquette socialiste, ne sera pas un jocker contre la colère des syndicats, il faudra qu’il donne des signes de défense des salariés, comme a dit un leader syndical, l’état de grâce c’était le 6 mai, et pas plus loin.

        Au niveau international, il ne semble pas remettre en cause la participation à l’OTAN, mais semble s’inscrire dans des échanges plus apaisés avec les pays hors OTAN, la russie, la chine semblent intéressés de le voir, sachant qu’il sera différent de sarkozy.
         Va t il pouvoir redorer l’image internationale de la france ?

        Et puis surtout, il n’occupera pas les écrans du 20 heure en permanence, dés qu’une vielle se fait faucher son sac à main, et va laisser le gouvernement gouverner.

        Mais est ce que les petits bon côté de al présidence hollande, vont remplacer dans le bilan, tous els renoncements, les compromis au niveau économique, que les socialistes au pouvoir ont l’habitude de pratiquer.

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