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François Hollande, le pragmatisme en bandoulière

A défaut d'une vision à la de Gaulle, François Hollande a une méthode. Le pragmatisme. Et ne dites pas que le président fait parfois le grand écart entre les promesses de la campagne présidentielle et les décisions prises. François Hollande partage le souci d'adaptation cher à Edgar Faure. Quitte à partager avec l'ancien président du Conseil la formule célèbre : "ce n'est pas la girouette qui tourne, c'est le vent".

La salle des fêtes de l'Elysée était le lieu propice pour l'exercice auquel s'est livré François Hollande. Un mélangé réussi de cours magistral et de pièce de théâtre. 45 minutes de discours fleuve pour convaincre que l'action présidentielle est à la politique ce que Monnet est à la peinture. Une œuvre impressionniste dont l'addition des coups de pinceau constitue une œuvre cohérente.

François Hollande n'est pas un président aux bras ballants comme pourrait le laisser croire son énigmatique portrait officiel. La vérité est ailleurs dans ce qui n'a pas été dit. A commencer par le fait que l'élu corrézien s'est trouvé confronté, sitôt élu, à une situation dont il avait sous-estimé la gravité. A cet égard, la dramatisation du discours présidentiel n'est pas totalement cousue de fil blanc. Elle permet certes d'en appeler à l'unité du pays face au danger mais elle reflète aussi le sentiment profond d'un président qui, six mois après son élection, a pleinement pris la mesure des difficultés qu'il doit affronter.
Le choc de la réalité a laissé le nouvel exécutif, insuffisamment préparé, totalement désorienté. Cette page est maintenant tournée. Désormais François Hollande sait dans quelle direction il veut aller. "J'ai fait mes choix. Je m'y tiens, sans avoir à prendre je ne sais quel changement ou quel virage", a-t-il martelé. C'est vrai. En partie. Car le Chef de l'Etat se garde de préciser que les choix d'aujourd'hui différent des annonces d'hier.

A défaut d'indiquer le nord magnétique la boussole de François Hollande pointe vers la réduction des déficits. Adieu la normalitude, bonjour la gravitude et les vieilles ficelles. A commencer par celle du protocole de notre monarchie républicaine qui par la distance qu'il institue constitue un fossé protecteur contre à la grogne du peuple.

Du discours de la méthode, parfaitement servi, on retiendra que seul le pragmatisme guide les pas du Chef de l'Etat. "Parfois, nous devons corriger. Ce qui m'importe, c'est de savoir si ce que je fais est utile, efficace et juste" a-t-il avoué dans un inattendu moment de sincérité. Ce faisant, François Hollande met ses pas dans ceux de Jacques Chirac quand celui-ci reprenait les propos d'un autre corrézien, Henri Queuille : "les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent".

Tant pis donc pour la crédibilité politique qui exige de la cohérence entre les discours et les actes. Peu importent les cheminements tortueux si le résultat est au bout semble nous dire aujourd'hui François Hollande. "Un pas en avant une pirouette en arrière" s'amuse à relever Ignace Jeannerat éditorialiste au quotidien Le Temps. Le journaliste Suisse tempère aussitôt son ton amusé pour redevenir grave. "La France va devenir sous peu le premier emprunteur de capitaux en Europe, exposée en première ligne à la sanction des prêteurs si le gouvernement se refusait à des réformes profondes pour mettre fin à la dérive des finances publiques, qui atteint désormais 57% de la richesse nationale".

Autant dire que nos gouvernants ont très peu de marges de manœuvre si ce n'est de choisir à quelle sauce les Français vont être mangés. Le seul point positif dans ce paysage de désolation c'est que l'Hexagone ne peut plus reculer devant des réformes toujours remises au lendemain. Au bord du précipice, faute de pouvoir faire un pas en arrière, François Hollande est contraint à l'action. Ce sera certes en louvoyant, en faisant dire aux autres (Jospin, Gallois,…) ce qu'on ne veut pas annoncer soit même mais, en avançant quand même.

Avec un côté rad-soc, de centre gauche, qui ne veut pas, lui non plus, dire son nom. Ce déplacement discret vers le centre, dans une recherche de consensus mou indispensable à l'adoption de réformes douloureuses n'a pas échappé à tout le monde. A droite, François Bayrou a salué la prestation. Pour le leader du Modem, François Hollande a été "précis ", "maîtrisé", "à la hauteur de la fonction" et " au bout du compte convaincant".


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7 réactions à cet article    


  • Yohan Yohan 14 novembre 2012 17:45

    Très bonne analyse. Il y a des points communs à trouver entre Chirac et Flamby, la Corrèze et le retournement de veste. Pas étonnant que Chichi l’ait trouvé à son goût. Et si Dame Chirac ne l’avait pas recadré, il aurait confirmé sa sympathie et son bulletin de vote pour son nouvel ami corrézien. 

    Chirac nous l’a bien mis avec son « mangez des pommes »
    Le deuxième fera « manger du foin » smiley à ses électeurs qu’il a clairement pris pour des veaux

    • Olivier Perriet Olivier Perriet 15 novembre 2012 11:33

      à l’auteur :
      "A commencer par le fait que l’élu corrézien s’est trouvé confronté, sitôt élu, à une situation dont il avait sous-estimé la gravité."

      C’est une phrase ironique, je suppose ???


      • kitamissa kitamissa 15 novembre 2012 13:49

        Brosse à reluire et cirage crème !! 


        Hollande le sauveur !! alléluia alléluia !!! 

        il y a plus de 30 ans qu’on est dans le mur et l’élu Corrézien ( c’est beau hein ? ) vient seulement de se rendre compte que l’on était dans la M....... ?
         
        il est donc entouré d’une équipe d’aveugles ? ou d’autruches plutôt !!

        • Yohan Yohan 15 novembre 2012 13:51

          En tout cas, il s’avère que chez nous que les présidents des riches sont plus pauvres que les présidents des pauvres. Bizarre non ?


          • Soi même Soi même 15 novembre 2012 15:15

            @ je suis pragmatisme est une méthode philosophique tournée vers le monde réel, parfois résumée comme une doctrine selon laquelle n’est vrai que ce qui a des conséquences réelles dans le monde.

             Je lis le début, au milieux et la fin, très important la fin
             Et après je me marre !
            Bof, j’ai entendue en partie son discourt, en autre il demande à être jugé que sur le redressement économique de la France et l’emploi, le reste c’est visible cela doit le chiffonner de mettre ses choix à appréciation des Français !


            • logan 15 novembre 2012 15:18

              Incroyable, à peine 4 ans après la crise financière et économique mondiale qu’ils ont provoqués, revoilà les idéologues néolibéraux qui nous serinent à nouveau leur rhétorique de la pensée unique.

              Ainsi les politiques néolibéralesm eenées par le gouvernement de François Hollande ne seraient pas du tout de l’idéologie, mais du pragmatisme, bien entendu ! Elles seraient donc les seules politiques possibles pour faire face à la situation que nous vivons.

              C’est surement ce que doivent se dire les grecs, les italiens, les espagnols et les portugais en voyant que ces mêmes politiques les enfoncent dans des récessions économiques historiques tout en aggravant leur situation d’endettement ( alors que réduire l’endettement est censé être leur premier objectif ).

              C’est surement ce qu’ont du se dire aussi les pays d’Amérique du sud comme l’Argentine avant que ces politiques ne les conduisent à la faillite ?

              Svp arrêtez de nous prendre pour des cons. Hollande fait exactement comme tous les sociaux libéraux avant lui, c’est à dire des politiques libérales, les mêmes qui ont provoqué la crise financière et économique initiale, et les mêmes qui sont en train d’envoyer dans le mur et de faire souffrir tous les peuples d’Europe.
              C’est ce qu’il a toujours voulu faire et ce, depuis ses débuts en politique.
              Ce n’est pas pour rien qu’il a toujours soutenu les traités européens.
              Ce n’est pas pour rien qu’il a toujours soutenu les dirigeants sociaux libéraux européens qui menaient déjà ces politiques dans les autres pays, comme Papandréou en Grèce.

              Heureusement, d’autres politiques sont possibles, celles-ci ne fonctionnent pas, elles servent uniquement les intérêts des riches et de la finance. C’est bien simple, ce que nous vivons aujourd’hui n’est pas une crise mais un coup d’état, ils ont instrumentalisé et ils continuent encore aujourd’hui cette crise financière initiale pour imposer à marche forcée les politiques qu’ils ont toujours défendu et que les peuples ont toujours plus ou moins refusé. Voilà la réalité de la situation.

              En Amérique du sud, ils l’ont compris eux. Ils ont rompu avec ces politiques d’austérité et ils ont remis au pouvoir des vrais gouvernements progressistes antilibéraux.
              C’est comme cela qu’ils s’en sont sortis.
              En Grèce, les citoyens ont déjà viré le PS grec qui n’avait plus rien de socialiste pour leur préférer la vraie gauche Syriza.
              C’est ce qu’il faudrait évidemment faire dans tous les pays.

              Il n’y a nul pragmatisme dans les politiques de Hollande, il y a juste de l’idéologie fausse et néfaste, et la défense d’intérêts opposés à ceux du peuple.

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Henry Moreigne

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