L’élection présidentielle de 2016
2016 sera l’année de la primaire pour la désignation du candidat des Républicains à l’élection présidentielle de 2017. Mais entre un François Hollande englué dans une spirale infernale de terrorisme et de chômage, et une Marine Le Pen dont la présence au second tour semble quasiment assurée, on peut se demander si de cette primaire ne ressortira pas de facto le nom du nouveau président de la République.
A l’automne 2011, la primaire organisée par le Parti Socialiste pour désigner son candidat à l’élection présidentielle de 2012 avait été un modèle de réussite en terme de démocratie et de dynamique de groupe. Passant outre du séisme suscité par l’affaire DSK, et la mise hors-jeu du grand favori, le PS avait su proposer une réelle compétition entre 6 candidats. Mais en dépit des escarmouches, le vainqueur, François Hollande, était sorti de cette primaire avec l’étiquette de grand favori de la présidentielle. Lui courant après dans les sondages comme dans les urnes, Nicolas Sarkozy n’allait jamais le revoir, débat de l’entre-deux-tours mis à part.
Marine Le Pen attend son tour
5 ans plus tard, si la donne a changé, elle semble conférer à cette année de primaire(s) une valeur encore plus forte. Car entre temps, le visage politique de la France a été modifié en profondeur à la faveur de clivages de plus en plus prononcés dans l’opinion. Surfant sur les difficultés sociales autant que sécuritaires, Marie Le Pen a su capitaliser sur sa 3ème place de 2012, à 18% des votes au premier tour. Depuis lors, sondage après sondage, elle s’est constituée un socle d’intentions de votes qui se situent entre 25% et 28%. Avec pareil pourcentage, si la première place n’est pas forcément acquise, la qualification pour le second tour semble mathématiquement inéluctable. C’est avec cette donne aussi nouvelle qu’angoissante que les deux grands partis, le PS et les Républicains, vont devoir se trouver un candidat pour 2017.
François Hollande regarde en face
Du côté du Parti Socialiste, si l’idée d’une primaire commence à frémir chez certains, François Hollande a néanmoins toutes les cartes en main pour être candidat à sa propre succession sans passer par la case primaire. Sauf qu’aujourd’hui, le président de la République apparaît clairement à la traîne dans les intentions de vote pour le premier tour, qui le font apparaitre à la 3ème place, derrière Marine Le Pen et le candidat des Républicains, et ce depuis 2 ans. Il a donc conscience que sa place au second tour est fortement compromise. De plus, son salut ne semble pas pouvoir venir de l’état du pays, entre chômage stagnant et terrorisme rampant. Sa solution miracle pour sortir de l’ornière pourrait bien venir du camp d’en face, et de son…président.
Nicolas Sarkozy a perdu le fluide
En effet, un sondage IFOP du 18 décembre a donné pour la première fois François Hollande qualifié pour le second tour, en devançant Nicolas Sarkozy d’un point (22% contre 21%) si celui-ci était désigné candidat des Républicains. Il faut dire que depuis son retour aux affaires à l’automne 2014, et sa prise de pouvoir de l’ancienne UMP, l’ancien maire de Neuilly semble incapable de générer une dynamique dans son sillage.
Lui, le sécuritaire décomplexé, n’a même pas réussi à tirer profit de la sanglante année 2015, n’atteignant pas les objectifs escomptés par son parti lors des régionales. En conséquence de quoi, sa cote baisse à vue d’œil, et le voit donc, pour la première fois, en position ne pas se qualifier pour le second tour de la présidentielle. Mais avant tout cela, il faudra donc, pour lui comme pour ses concurrents, passer par la primaires des Républicains de novembre 2016. Avec pour seul grand rival, bien sûr, Alain Juppé.
Alain Juppé, la chance de sa vie
Le septuagénaire, déclaré de longue date, a les faveurs des pronostics et de l’opinion, et semble assuré de qualification pour le second tour, avec des intentions de vote avoisinant les 30%. Autant dire que si Alain Juppé est désigné, une finale Juppé-Le Pen apparaît comme plus que probable, et l’élection du mairie de Bordeaux assurée.
Alors, pour François Hollande indirectement, et pour Nicolas Sarkozy plus directement, la seule échappatoire à cette destinée réside dans la primaire républicaine de novembre. Reste à connaître donc la mobilisation à cette élection interne du peuple de droite, ou du peuple tout court. Plus le cercle sera large, plus Alain Juppé pourra attendre sereinement les résultats. Un récent sondage le dote d’ailleurs de 38% d’intentions de vote contre 29% pour Sarkozy pour cette primaire.
A l’inverse, si l’exercice démocratique ne dépasse guère la frontière des électeurs républicains purs sucre, Nicolas Sarkozy pourrait dès lors être sauvé des eaux par cet électorat de droite qu’il connait le mieux. Et redonner par ricochet de l’espoir au président sortant, qui sait mieux que quiconque comment battre Sarkozy lors d’une présidentielle.
A 15 mois de l’élection, les uns et les autres savent donc ce qu’il leur reste à faire, ou à attendre, pour devenir président en mai 2017. Si l’élection aura lieu l’année prochaine, elle se jouera en fait dès novembre. L’armistice, ce sera pour plus tard.
Gwendal Plougastel
10 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON