Le Modem, nouveau centre de gravité
Dans un sondage CSA-Marianne du mois d’avril, on apprenait que les Français continuent de « préférer » Nicolas Sarkozy à Ségolène Royal ou bien encore à Martine Aubry pour tenir les rênes du pays. Seuls Dominique Strauss-Kahn et François Bayrou semblent en mesure de faire jeu égal avec lui aux yeux de l’opinion publique.Dès lors pour bon nombre d’acteurs politiques, la victoire face au sarkozisme passe nécessairement par une alliance avec le Modem…

Le PS et sa crise identitaire :
Lors du congrès de Reims, l’alliance avec le Modem avait été le prétexte invoqué par une bonne partie des éléphants du Parti Socialiste pour faire barrage à Ségolène Royal. Mais si l’on se réfère à l’Histoire du parti et si l’on excepte les deux élections de François Mitterrand, on peut dire que jamais la gauche n’est parvenue au pouvoir sans avoir noué des alliances avec le Centre ou bien encore avec la Droite. On pourrait citer en exemples : le Front populaire, le Cartel des gauches voir le gouvernement de Pierre Mendès France sous la Quatrième république.
La difficulté réside dans le fait que le Parti Socialiste a toujours eu du mal à faire coïncider ses racines sociales et sa volonté réformiste. Pour un certain nombre d’élus socialistes, jouer la carte de la surenchère à gauche c’était l’assurance de séduire un très grand nombre de militants. Mais depuis quelques années cette tendance s’est totalement inversée et la personnalité politique à l’avoir le mieux comprise c’est évidemment Ségolène Royal. En effet, pendant que le courant social-démocrate déferlait sur l’Europe, le Parti Socialiste a considérablement rajeuni ses troupes, notamment avec la baisse du tarif des cotisations. Les militants souhaitent désormais un parti réformateur en mesure de vaincre la Droite en 2012, le congrès de Reims l’a clairement démontré.
François Hollande libéré de son poste de Premier secrétaire affirme désormais très clairement ses ambitions présidentielles. Pour cela, il ne compte pas laisser Ségolène Royal batailler seule sur le terrain du réformisme. Il franchit donc le Rubicon dans le cadre d’une interview à l’Express en parlant ouvertement de négociations électorales avec François Bayrou. Pour lui, le leader centriste « n’a aujourd’hui ni les forces pour prétendre être présent au second tour de la présidentielle, ni le projet politique lui permettant de fédérer autour de lui ».
Il pose donc trois conditions à une alliance avec ce dernier. Il l’invite tout d’abord à « clarifier » sa position en « sortant de l’ambigüité dans laquelle il se trouve » sur le plan idéologique. Il souhaite également qu’il « affiche ses idées » en termes de « politique sociale, fiscale, économique ou étrangère » et conclut en affirmant que « si les divergences l’emportent sur les convergences, chacun comprendra le refus de l’alliance. Si c’est l’inverse, alors il faudra en tirer les conclusions. » Le PS fera-t-il enfin sa mue ? L’avenir nous le dira mais encore une fois, tout cela ne se fera pas sans grincements de dents…
L’unique alternative à Droite :
A Droite, la situation est beaucoup plus simple. Depuis le 28 novembre 2004 et son élection à la tête de l’UMP, Nicolas Sarkozy règne sans partage sur le parti. L’absence de primaires en 2007 n’en a été que l’illustration symbolique. Aujourd’hui, ses proches ont pris sa succession : Xavier Bertrand est désormais secrétaire général, Brice Hortefeux est vice président du conseil national, Eric Besson est secrétaire général adjoint….
J’avais interrogé François Goulard à ce sujet, il y a une petite dizaine de jours. Je lui avais demandé si pour lui, le villepinisme avait un avenir dans ou en dehors de l’UMP. Il m’avait répondu : « Ca fait plus de vingt ans que nous sommes au sein du parti, nous sommes chez nous ». Mais depuis force est de constater que l’eau a coulé sous les ponts. En effet François Bayrou a fait un appel du pied à Dominique de Villepin en affirmant qu’il « lui parlerait volontiers », pour « construire une politique différente en France ». Dominique de Villepin lui a rendu la politesse en déclarant partager « un certain nombre de convictions communes » avec le président du Modem et d’ajouter qu’il le verrait avec « beaucoup de plaisir ».
François Goulard pourrait même servir d’intermédiaire puisqu’il avait appelé à voter François Bayrou lors des présidentielles de 2007. L’objectif à court terme serait de constituer un groupe parlementaire. Malheureusement la fusion des députés villepinistes (5) et centristes (3) ne le permettrait pas, puisqu’il faut atteindre le seuil minimal de 20 élus. Néanmoins entre les déçus du sarkozisme et les députés désenchantés du Nouveau Centre, la marge de manœuvre reste importante….
De gauche à droite, les forces s’organisent et même si une alliance aussi large relève encore aujourd’hui de l’utopie, il faudra surtout proposer un projet politique solide et cohérent pour l’emporter. L’antisarkozisme pavlovien ne fait pas un programme et ne permettra certainement pas de redresser le pays…
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