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Accueil du site > Actualités > Politique > Le syndrome du poisson rouge

Le syndrome du poisson rouge

Qui contrôle le passé contrôle l’avenir. Aldous Huxley.
Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre. Winston Churchill


Le Syndrome du poisson rouge
Crédit image couverture : ©Olivier Ffrench
www.virtual-lands-3d.com/

Bientôt en vente sur le Net
pour se rafraichir un peu la mémoire !
Nous sommes habitués depuis trop longtemps à considérer les frasques de notre princident comme un pénible bruit de fond destiné à nous détourner des questions politiques et sociales cruciales. Ce qui est vrai. Sarko induit un désagréable effet Larsen qui prend toute sa dimension entêtante dans l’énorme caisse de résonnance creuse des pseudo-intellectuels autoproclamés et des médias inféodés aux intérêts de quelques-uns. Sarko crée l’événement pour occuper l’espace politique et médiatique, nous pondre dans la tête avec des polémiques stériles et des idées creuses, afin de continuer tranquillement dans les coulisses son œuvre réelle de déconstruction de tout ce qui étaye un modèle social juste et généreux, hérité d’une véritable vision du monde, d’un vrai projet de société, portés par le Conseil National de la Résistance au lendemain d’une déferlante de barbarie sans nom au cœur de l’Europe qui s’imaginait tellement civilisée, qu’elle pouvait imposer sa cosmologie au reste du monde. Bien sûr que c’est à ces faits, à ses régressions permanentes de notre protection sociale et de nos droits fondamentaux que nous devons consacrer le gros de notre énergie. Mais il ne faut pas pour autant négliger ce qui, dans le brouhaha médiatique inconsistant, est un indicateur puissant des forces réellement à l’œuvre dans cette guerre sans nom et sans déclaration qui est pourtant menée contre le peuple, ici, maintenant, mais aussi partout et depuis une trentaine d’années, cette campagne de soumission du plus grand nombre aux intérêts de quelques privilégiés que l’on appelle aussi capitalisme ou libéralisme, selon l’humeur ou le sens du vent de la désinformation constante.

Cette stratégie de dilution de l’intérêt militant est sans cesse à l’œuvre dans les discours et les provocations ordinaires qui suintent en permanence des services de communication de l’Élysée ou de Matignon. La dernière en date, à la recherche de l’identité nationale — perdue du temps de Pétain, sans doute — a parfaitement rempli son office, engorgeant les rédactions et les espaces de discussions d’une logorrhée sans fin aux relents vaguement nauséabonds, pendant que passaient à la trappe — en devenant pratiquement inaudibles — des informations autrement plus importantes comme l’imposition des indemnités d’accident du travail (ou comment les victimes devront cracher au bassinet en lieu et place des coupables), les goinfreries sans fond des sphères financières de nouveau livrées à la spéculation sans limites — d’autant plus que c’est directement notre fric qui est dilapidé, cette fois — ou de la misère galopante qui étrangle les classes laborieuses, toujours plus précaires, plus mal payées et pressurées à la place des plus riches  ! Là-dessus, on reprend une énorme part de commémoration à la sauce nostalgique chevrotante, comme cette indécente célébration de la chute du mur de Berlin, au moment même où d’autres murs ont bien du mal à être ébranlés, alors que les apartheids sociaux et économiques deviennent la norme, partout sur la planète, entre continents, entre nations et même entre habitants du même pays ou du même quartier. Le discours lénine-ifiant lénifiant emplit tout l’espace public et chacun veut sa part de mur, comme la part d’un gros gâteau d’anniversaire écœurant aux couleurs voyantes.

Et voilà comment Sarko se met en scène sur FaceBook, le piolet à la main, tant il est important de pouvoir dire que l’on a fait l’Histoire pour mieux faire oublier à quel point on la refait chaque jour. De démentis en faux témoignages, l’affaire fait long feu et offre du grain à moudre aux sarkophobes. Et puis, arrive fatalement la petite estocade qui balaie tout ce non-événement d’un revers de la main : que le princident ait été à Berlin le 9, le 11 ou les 16 novembre, qu’est-ce qu’on peut bien en avoir à foutre, au final ? C’est vrai, ça, que le premier des Français se fasse attraper en flagrant délit de mensonge éhonté et que sa garde rapprochée — accessoirement des hommes de gouvernement, des élus — vole à son secours en empilant encore plus de fadaises, d’approximations et de contre-vérités, qu’est-ce qu’on peut bien en avoir à foutre, surtout comparé à tout le reste du bilan absolument désastreux que l’on peut déjà tirer à mi-mandat de la présidence Sarko ?

Oui, qu’est-ce donc là que cette galéjade de cours de récré, si ce n’est une piètre œuvre de falsification historique !

Le mensonge est grossier, mais il est volontaire. La volonté de confisquer la mémoire collective à son seul profit, la volonté de se mettre en scène comme celui qui fait l’Histoire et non celui qui la subit, la volonté d’être un personnage d’envergure, quitte à raturer abondamment les manuels scolaires. Ce n’est pas qu’une pathétique mise en scène narcissique ou la simple expression d’une mythomanie galopante. Non, c’est bien plus que cela. En dehors même de la démonstration du mépris dans lequel nous sommes tenus par les artisans d’une aussi piètre manœuvre de falsification historique, nous sommes devant le symptôme indéniable de la dérive mégalomaniaque de ce régime, indicateur, s’il en était encore besoin, d’une puissante tentation totalitaire.
Car celui qui réécrit le passé espère contrôler le futur. Voilà la grande leçon qu’il faut extirper, page après page, des manuels scolaires poussiéreux.

À y regarde de plus près, rien n’est futile, rien n’est insignifiant, dans le terrible royaume de Sarkoland.

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16 réactions à cet article    


  • Vilain petit canard Vilain petit canard 11 novembre 2009 10:10

    Bravo !   


    • Yvance77 11 novembre 2009 10:18

      Salut,

      Très beau post, je peux pas mieux dire. Vous avez tout compris à notre capo et à ses gardiens des miradors de la pensence néo-conne.

      J’aurai aimé que le tord soit de votre côté, mais ce n’est pas le cas.

      A peluche


      • ZEN ZEN 11 novembre 2009 10:32

        La tentative de décervelage et de travestissement du passé est en effet parfaitement planifiés
        Bientôt nos enfants ne sauront plus rien du passé, à l’instar des écoliers anglais interrogés récemment, dont une majorité pensaient que Hitler était un footballeur célèbre...et seront parfaitement manipulables
        A propos de mur, celui-ci me semble le plus important quoique le moins visible



          • Monolecte Monolecte 11 novembre 2009 11:00

            oui, j’en parle du mur de l’argent, des « apartheids sociaux et économiques ». Alors que l’on dit qu’il n’y a plus de lutte des classes, je trouve qu’en fait, les classes sociales n’avaient pas marqué l’espace public à ce point depuis fort longtemps : quartier de riches, quartier de pauvres, écoles, hôpitaux, services, transports : il y a déjà une France éclatée, morcelée par les barrières du fric, des inégalités criantes, terreaux de toutes les violences.


          • Monolecte Monolecte 11 novembre 2009 11:02

            Reviens, reviens, je crois qu’il y a fort à faire contre les tentatives de corruption de la mémoire des peuples.


          • Francis, agnotologue JL 11 novembre 2009 10:51

            Bonjour Monolecte. Ce post résonne avec les propos tenus ce matin sur France culture par l’invité, Nicolas Offenstadt, auteur de « Comment Nicolas Sarkozy écrit l’histoire de France ». Dictionnaire critique (Agone, avril 2008)
            http://cvuh.free.fr/spip.php?article170

            Extrait :

            « (Cette) vigilance critique s’impose particulièrement aujourd’hui où le passé national est sans cesse mis à contribution par le Président de la République. Le Président Bling-Bling fait en effet de l’histoire bling-bling, clinquante, voyante, pas bien profonde. L’histoire bling-bling a un sens (le national), une direction (des Gaulois à Sarkozy) et une volonté (pas de repentance) »

            En entendant cette histoire extravagante du 11 novembre 2009 j’ai pensé à « 1984 » et mes suis dit : bientôt, il sera capable de modigier toutes les archives qui seront réactualisées au jour le jour en fonction de ses dernières déclarations. Il croit peut-être que c’est déjà le cas, puisque que le pouvoir rend fou le monarque et vils les courtisans.

            Ps. Taper « histoire bling bling » dans un moteur de recherche.


            • Monolecte Monolecte 11 novembre 2009 11:11

              Le hold up sur l’Histoire est permanent parce que, justement, le princident et ses sbires en connaissent l’importance stratégique. La mise en perspective de 30 ans de capitalisme débridé se suffit en elle-même et tient lieu de démonstration quant à la nature réelle de l’idéologie économique qui nous est appliquée au forceps. D’où l’importance de la falsification historique.

              Pour la commémoration de Berlin, un chœur de voix unanimes pour célébrer la victoire du capitalisme sur le soviétisme, et pas une note discordante pour expliquer que le vide démocratique a été immédiatement rempli par la forme la plus brutale et inégalitaire du capitalisme (et probablement son aboutissement ultime) : les organisations mafieuses, la corruption et des inégalités abyssales. Les Östies qui regrettent l’ancien ordre ne sont pas des nostalgique idéologiques, mais juste des pragmatiques qui ont mesuré tout ce que la plongée brutale dans le capitalisme sans foi ni loi leur avait fait perdre.

              Il n’y a pas de système politique ou économique éminemment parfait, comme les falsificateurs aimeraient nous le faire croire, ils veulent juste éviter la comparaison avec les progrès sociaux (au hasard) que d’autres systèmes avaient réussi à gagner. Parce que nous pourrions tendre vers l’amélioration nécessaire du système qui nous régit, en nous inspirant du meilleur des autres, sauf que ce qui est bon pour nous ne l’est probablement pas pour ceux qui nous gouvernent !


            • Francis, agnotologue JL 11 novembre 2009 13:32

              Derrière le Mur, les peuples ne rêvaient pas de capitalisme. : « Etrange résurgence de l’anticommunisme vingt ans après. Ce phénomène vient en réponse à la question : »Si le capitalisme vaut tellement mieux que le socialisme, pourquoi notre vie est-elle toujours aussi médiocre ?« Pourquoi ? Parce que nous ne sommes pas vraiment entrés dans le capitalisme, parce que les communistes sont encore au pouvoir, dissimulés sous le masque de propriétaires et de managers... »

              Le capitalisme s’accorde de toutes les idéologies. Tant que les peuples se croient en démocratie, tout va bien pour les nantis. En effet, la démocratie est le meilleur système, celui qui leur coûte le moins cher à tous points de vue. C’est pourquoi l’un d’entre eux a pu écrire que la démocratie est le pire des systèmes après tous les autres : pas facile d’avoir tout et plus encore !


            • Antoine Diederick 11 novembre 2009 11:32

              Bonjour Monolecte,

              Ce que vous dénoncez est ce que je nommerais :« La vulgarité »

              Ce n’est pas qu’en France que cela se passe mais un peu partout....c’est peut-être aussi veulerie ou trivialité....


              • zelectron zelectron 11 novembre 2009 17:50

                À y regarder de plus près, rien n’était futile, rien n’était insignifiant, dans le terrible royaume de Mitterland et le Sarkoland ne vaut pas mieux.
                Et que c’est difficile d’adopter une position au centre en se passant du Bayrouland.


                • Frabri 11 novembre 2009 19:09

                  Les idéologies de l’extrême droite a l’extrême gauche en passant par l’extrême centre utilisent l’histoire pour défendre leurs idéologies, leur systèmes, cela semble indiquer que personne ne contrôle le passé et encore moins l’avenir.

                  L’avenir est rempli d’imprévu. et c’est pas nouveau,ça fait 15 milliards d’années que çà dure.

                  Au siècle dernier quels sont les futurologues, les prospectivistes qui avaient prévu que ce nouveau siècle commencerait ainsi ? ? ? ? ?

                  Comment sera le nouveau monde après les crises financières, économiques, politiques, sociales, écologiques ? ? ? Dieu seul le sait.

                  « Je ferai toutes choses nouvelles » Apocalypse, chapitre21 verset 5

                  http://www.dailymotion.com/video/xaz6yu_lets-make-moneyvostfr17_webcam


                  • ddacoudre ddacoudre 11 novembre 2009 22:59

                    bonjour monolecte

                    il n’y a pas grand chose à rajouter, si ce n’est la dextérité avec laquelle son staff de communicant entretien en permanence une information qui ne prend pas le temps de se poser car elle est aussi tôt détrôné par une autre, si bien que dans ce défilement permanent il est difficile au débat et à la réflexion de se développer.

                    avec un ami l’on s’interroge souvent comment ce fait-il que même les intellectuels soient anesthésiés, nous sommes abreuvés de faits divers agités comme un chiffon rouge qui rapporte tout au présent immédiat aux dangers qui nous guettent, comment est-il possible que 3 millions de personnes qui crient leur raz le bol ne débouche sur rien ?

                    cordialement.


                    • sisyphe sisyphe 15 novembre 2009 11:59

                      Très bien vu, comme d’habitude, Monolecte.

                      On peut juste rajouter, aux divers écrans de fumée sans cesse diffusés pour de constantes parties de cache-casse, le gigantesque matraquage, au niveau mondial celui-là, de l’H1N1, comme pantomime et leurre d’un danger pour éclipser les vrais...

                      La société du pestacle (comme le disent si justement les enfants) n’a pas fini de nous embobiner ; il suffirait pourtant d’en tirer le fil, pour en dévoiler la hideuse trame..

                      Mais la « communication » à sens unique a remplacé le dialogue , l’échange, le questionnement, imposé une voix exclusive, sans réplique possible, instauré le gavage en lieu d’acquisition des connaissances, et définitivement rendu inaudible la simple revendication de la défense des droits élémentaires des citoyens, transformés en cible captive de leur survie...

                      Vos paupières deviennent lourdes, de plus en plus lourdes .... vous dormez.... vous ne vous souviendrez de rien....


                      • sisyphe sisyphe 15 novembre 2009 12:05

                        p.s. : Monolecte, je vous aime.


                      • Iren-Nao 16 novembre 2009 02:04

                        @ Monolecte

                        Tres bon comme toujours.

                        Le Principent est ce qu’il est, il n’est meme pasexclu qu’on ait echappe a pire...

                        Ce qui m’interpelle plus encore c’est la soumission et la veulerie de son entourage et de son parti qui est suppose etre issu vaguement de votre CNR. qui lui n’etait pas legitime par un vote universel mais bel et bien creation d’une « avant garde ».

                        Nos deputes sont issus de l’election par les fouteux.

                        Pour etre elu aujourdhui il n’est pas utile d’avoir des idees et des convictions, il faut juste etre bon en communication, c’est le bal des leche culs.

                        On recolte ce que l’on a seme.

                        Il va falloir un jour faire un fort grand menage et faire des charters pour l’enfer.

                        Iren-Nao
                        (investisseur en corde a pendre)

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