Primaire et Après
La primaire du PS est enfin terminée, ce n’est pas un mal. Elle encombrait tellement les médias que cela en devenait insupportable, au moins autant que sa sœur de la droite fin 2016. Autant dire que l’omniprésence sur les antennes de ces personnages, lourds de leur indigence et de leur égocentrisme a dû insupporter plus de public qu’on l'imagine. Et ce ne sont pas les copies souffreteuses des « spécialistes » sondagiers qui y changent quelque chose. Car, en effet, qu’est-ce qu’un « échantillon », dont les réponses sont enfermées dans des marges d’erreur suffisantes pour faire basculer un pourcentage dans un sens ou dans l’autre, face à la réalité du terrain ? Et encore, dont personne ne peut vérifier que la ou les questions posées le soient de façon « vertueuse », pour employer le langage des distingués économistes dits orthodoxes.
Revenons à ladite primaire des ruines du parti encore qualifié de socialiste par les derniers indécrottables soldats de la garde solférinienne. Voilà donc Benoît Hamon, choisi par un peuple de votants qui trouvèrent là le moyen d’occuper leur dimanche. Qui sont celles et ceux qui lui ont donné la “victoire”. Pour une part, des fidèles de son courant, baptisé frondeur, cela va de soi (on retiendra qu’il n’a jamais osé s’opposer réellement au gouvernement, lors des épisodes 49-3) qui devront s’attendre, par la suite, à de sévères déconvenues dues aux « concessions » que leur porte-parole sera tenu de faire pour conserver une certaine cohésion à ce parti bancal ! Ensuite et en nombre, celles et ceux qui ne sont pas frondeurs, mais ne veulent plus de Manuel Valls – peut-être parmi elles et eux, des gens pas de gauche du tout, mais qui veulent éloigner ou évincer un potentiel rival (de droite ?)… Tout cela ne fait plus un parti mais un patchwork confus. Mais, que l’on se rassure, « on » va se réconcilier et « on » va se rassembler pour que LA gauche soit au 2ème tour de la présidentielle. Cela présage des concessions que devra faire – encore une fois – Benoît Hamon pour souder le troupeau des moutons hollandistes ou non. Ses apparentes idées nouvelles vont devoir en prendre un sérieux coup de couperet, pour plaire à tous ces rescapés du « PS », dont certains d’ailleurs, sans le quitter, appuient déjà la sirène Macron, astucieusement manipulée par les médias des 8 patrons…
Ces médias feignent aujourd’hui la surprise devant le « succès » des thèses du nouveau promu, dont ils n’avaient pas perçu la hardiesse et la nouveauté jusqu’à cette campagne éclair de la primaire. Cette surprise simulée n’est qu’une mise en scène destinée à camoufler le fait que Benoît Hamon a largement emprunté certains éléments de langage de son programme sur sa gauche (suivez mon regard), ainsi que le fait qu’il a affections proches des milieux libéraux et financiers influents qu’officiellement il prétend combattre, qu’il a dit en « off » préférer Macron à Mélenchon, tout ceci préludant à un futur parcours, s’il est élu, semblable à celui de Hollande après son discours de Bourget, un chemin qui mène à ce que l’on pourrait appeler un Waterloo de plus pour les citoyennes et citoyens de ce pays. Autrement dit, les médias, avides d’images chocs, font soudain passer Benoît Hamon pour un rameau nouveau d’un parti revivifié plus proche du peuple. Ce qui ne semble pas, à priori émouvoir les mêmes citoyennes et citoyens, à qui on a déjà fait le coup avec la nouveauté creuse Macron – banquier auteur de la loi éponyme à l’opposé des attentes de la population, hurleur qui prétend durcir la loi El Khomry (que des inconditionnels à œillères applaudissent à la moindre de ses respirations) ; avec la surprise Fillon, aussi, l’inattendu vainqueur propre sur lui d’une autre primaire, et qui aujourd’hui doit secouer sa veste pour la débarrasser de quelques poussières soudainement accumulées sur ses épaules, ces derniers jours.
En somme, les politiques ainsi que les médias et leurs « experts » à la solde (j’allais dire en solde) s’emploient du mieux possible à entraîner le commun des mortels loin de sa condition, le distraire de ses préoccupations quotidiennes pour éviter d’avoir à lui donner de vraies réponses à ses problèmes et à ses exigences.
Le mouvement France Insoumise, quant à lui, procède justement de ces préoccupation et de ces exigences populaires et c’est ainsi que s’est construit son programme, qui ne cesse de s’affiner, avec l’aide de chacune et chacun. Et c’est bien pourquoi les uns et les autres font de grands appels à son adhésion à leurs fantaisistes et fallacieuses promesses de changement. La France Insoumise ne s’en laisse pas compter, et c’est bien là une des raisons qui fait sa force.
C.H.
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