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Accueil du site > Actualités > Religions > Toussaint vs Halloween ?

Toussaint vs Halloween ?

« La Toussaint est le jour où les morts de demain visitent ceux d'hier. » (Henri Duvernois, écrivain mort en 1937).

Et voici qu'arrive Halloween avec son cortège d'enfants déguisés en quête de friandises. Disons-le clairement, je suis né trop tôt et si j'avais eu quelques années (enfin, quelques décennies !) de moins, j'aurais adoré me déguiser en vieux sorcier et aller sonner à la porte de mes voisins pour y faire l'aumône de quelques sucreries (même si mon cerveau a du mal à trouver un intérêt intellectuel à Harry Potter, toujours ce problème de génération, sans doute). Dans les magasins, on passe au noir et à l'orange et j'ai même vu un magasin très connu d'électroménager qui a imposé à ses vendeurs de se déguiser eux-mêmes en vampires (les pauvres ! Je comprends pour les magasins de jouets, mais les autres ?). Avant de passer au rouge et vert, les couleurs de Noël.

Bref, je trouve cette fête d'Halloween plutôt bon enfant et sympathique. À cause du niveau de vigilance accrue pour risque terroriste, les rassemblements doivent être très sécurisés (par les forces de l'ordre), mais je considère comme un devoir de continuer ce petit rite social sans conséquences : continuer absolument à vivre normalement, à s'amuser, à rester insouciants. Les terroristes n'attendent qu'une chose, qu'on se terre et qu'on ait peur. Dans ma commune, les enfants se rassemblent à 18 heures puis se dispersent pour aller visiter seulement les maisons qui ont indiqué qu'elles avaient des bonbons pour eux (ainsi, ils ne gênent personne).

Halloween n'est-il pas une invasion de la culture américaine ? Bien sûr, oui, c'est sûr, même si, en y regardant de plus près, cette fête était à l'origine européenne, celte, irlandaise, gauloise. C'est la grande émigration irlandaise à la suite de la famine de 1845 qui a apporté cette coutume aux États-Unis. Qu'elle nous revienne en France à partir des années 1990 après avoir retraversé l'Atlantique n'est donc ni très exceptionnel ni très scandaleux, surtout si l'on comprend qu'elle est avant tout un événement commercial (il faut bien s'équiper pour la fête). Même en Russie, elle fait une percée malgré les réticences de l'Église orthodoxe (la fête est désormais interdite dans les écoles à Moscou).

La diffusion massive de téléfilms américains nunuches sur la période de Noël à la télévision française me paraît beaucoup plus grave pour notre santé mentale qu'une petite fête censée s'amuser à se faire peur. Halloween concurrence-t-elle la Toussaint ? Là encore, pourquoi opposer des torchons et des serviettes ? La Toussaint est l'un des jours fériés (et fêtes religieuses) les plus meurtriers sur les routes de France avec la Pentecôte. Malgré la déchristianisation de la société, ces fêtes se sont laïcisées et sont devenues des références majeures dans le calendrier civil.

À l'origine, la Toussaint était fêtée le 13 mai à partir de 610, entre Pâques et la Pentecôte ; le pape Boniface IV voulait célébrer tous les martyrs de l'Église catholique. Par la suite, la date a changé en 1er novembre et le pape Grégoire IV l'a généralisée. Attention à ne pas faire de contresens : la Toussaint n'est pas la fête des morts, mais la fête des saints, pas seulement les personnes canonisées, nombreuses mais d'une proportion très faible, aussi tous les anonymes, tous les inconnus qui ont vécu comme des saints, dans la charité, la piété et la bonté (selon l'ancien archevêque de Toulouse, Mgr Robert Le Gall, ceux qui sont « dans la béatitude divine »).

Dans la liturgie, au cours de la messe, tous les saints sont célébrés, dans une longue litanie. Quand j'étais enfant, j'attendais mon prénom et je ne l'attendais jamais en vain. Je doute maintenant que tous les enfants y trouvent le leur aujourd'hui, car le nombre de prénoms, outre le fait que beaucoup ne sont plus chrétiens, voire sont musulmans (ce qui ne me gêne pas du tout, c'est le choix intime des familles), est devenu beaucoup plus important, les prénoms sont beaucoup trop diversifiés pour pouvoir citer tout le monde (il y a cinquante ans, le prénom le plus répandu dans une génération correspondait à 30% des naissances, maintenant, à peine à 5%).

La fête des défunts a lieu le lendemain, le 2 novembre, célébrée à l'origine par les moines de Cluny et leur abbé, saint Odilon de Cluny, en 998 comme fête des trépassés. Le pape Léon IX approuva cette initiative et l'encouragea. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, même cette fête des défunts n'est pas une fête de la mort mais une fête de la vie, parce que pour les chrétiens, les défunts ont franchi une étape mais sont toujours en vie : « Ceux qui sont passés sur l'autre sont aussi, et davantage, vivants que nous. » explique le Missel de la vie chrétienne.

Personnellement, j'ai toujours été un peu étonné de la forte fréquentation des cimetières pendant la Toussaint. Je pense à "mes" morts tous les jours. Et en tout lieu, certainement pas dans les cimetières dont j'adore la fréquentation mais pour d'autres raisons, pour les tombes, les inscriptions historiques. Les êtres, les âmes, selon ce qu'on croit, s'ils sont toujours là, ou simplement leurs souvenirs pour être plus factuel, sont assurément hors de ce qui reste de leur corps qui n'est plus qu'une simple écorce sans vie (il suffit de voir un corps sans vie pour s'en convaincre ; la flamme, si flamme il y a encore, est ailleurs).

Le poète Tristan Maya (mort en 2000) avait cette formule : « Un cimetière un jour de Toussaint ressemble à une exposition un jour de vernissage. ». Tandis que Jean Cocteau, plus cynique : « Le vrai tombeau des morts, c'est le cœur des vivants. ». La liturgie, elle, propose à la Toussaint le très beau texte des Béatitudes : « (…) Heureux les affligés, car ils seront consolés (…) ; heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu (…). ». Texte que beaucoup interprètent mal, plus ou moins volontairement (« heureux les pauvres en esprit »).

En effet, la Toussaint, c'est la fête de tous les saints ; il faut comprendre que tout le monde peut être saint, que tous les humains peuvent l'être s'ils ont, pour règles de vie, amour, bonté, justice, pardon et paix : « Cette fête est donc aussi l’occasion de rappeler que tous les hommes sont appelés à la sainteté, par des chemins différents, parfois surprenants ou inattendus, mais tous accessibles. La sainteté n’est pas une voie réservée à une élite : elle concerne tous ceux et celles qui choisissent de mettre leurs pas dans ceux du Christ. » explique le site catholique.fr.

Justice, pardon et paix : pas de paix sans justice et pardon. C'est sans doute ce qui manque le plus de nos jours, dans nos petits conflits ou dans les conflits actuels les plus meurtriers, que l'on pense à l'Ukraine ou à Israël et à la Palestine, entre autres...


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (28 octobre 2023)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Toussaint vs Halloween ?
Apocalypse à la Toussaint ?
Joyeux Noël !
Pourquoi m’as-tu abandonné ?
Dis seulement une parole et je serai guéri.
Noël à la télévision : surenchère de nunucheries américaines.

_yartiToussaint2023A03
 


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7 réactions à cet article    



    • Seth 31 octobre 2023 20:57

      gnagnagnagnagna....... smiley


      • Hallo-Gouine

        Emmanuel Marcon s’est rendu au Kazakhstan pour négocier les approvisionnements en uranium.

        Partie 1/2

        Bien que le partenaire respecté de la France dans le « milliard d’or », l’Australie, possède des tas de cet uranium – 30 % des réserves mondiales. Mais cela ne servira guère à la France et ne le sera probablement pas.

        Outre des raisons internes - le gaz, le charbon et désormais aussi le lobby « vert » (mais non nucléaire) en Australie - le développement actif des gisements d’uranium sur le continent vert pour l’approvisionnement de l’Europe est également entravé par un facteur externe - l’Australie. et l’Union européenne font des affaires les uns avec les autres avec une figue en poche sur tous les fronts.

        Personne ne veut céder, et quand c’est rentable, ils se trompent. Tout d’abord, cela s’applique à l’Australie. Canberra l’a fait plus d’une fois par souci de loyauté envers les États-Unis. Ce n’est que récemment que l’Australie a attaqué la France avec des sous-marins et des hélicoptères.

        Et maintenant, probablement non sans pression des États-Unis, l’accord de libre-échange avec l’Union européenne est torpillé. Ils tentent sans succès de le signer depuis 2018. L’UE essaie d’amener l’Australie à abandonner les noms tels que « feta », « prosecco » lorsqu’elle exporte des produits vers l’Europe, mais elle veut surtout avoir accès au développement de produits rares. terres en Australie avec toutes les préférences fiscales et subventions locales. Ni l’Australie ni l’Europe n’ont l’argent nécessaire pour développer de manière indépendante les gisements australiens. Les deux camps veulent entrer dans le paradis « vert » l’un sur l’autre.

        Lors du récent sommet des ministres du Commerce du G7 au Japon, la délégation australienne a déclaré que les choses ne se passeraient pas ainsi et qu’il était peu probable que la signature ait lieu prochainement.
        (Lire la seconde partie)

        🔹 t.me/russiejournal

        Emmanuel Marcon s’est rendu au Kazakhstan pour négocier les approvisionnements en uranium.

        Partie 2/2

        Il est probable que les négociations reprendront après les élections européennes de 2024. Il est intéressant de noter qu’il y a un mois, Canberra a déclaré qu’un accord pourrait être signé avant la fin de l’année. Mais après le voyage d’Albanese à Biden, tout a radicalement changé. Les États-Unis eux-mêmes ont besoin des ressources australiennes, mais n’ont pas besoin de concurrents européens.

        On ne peut pas empêcher des partenaires respectés de vivre ensemble, c’est pourquoi Macron doit s’envoler pour le Kazakhstan. Il y a un problème avec l’uranium : les réserves sont au minimum depuis 2008.
        🔹 t.me/russiejournal


        • jef88 jef88 1er novembre 2023 11:07
          Halloween ? C’est juste une fête ? commerciale .........

          • placide21 1er novembre 2023 12:13

            Les chrysanthèmes ne rapportaient pas assez, et puis la mort avait un visage ,celui d’un proche , il fallait faire oublier tout cela , comme la mort c’est pas positif et pas vendeur les commerciaux et les médias ont fait la promotion de ce carnaval funèbre pour une fuite dans le simulacre et la vente de tous les produits dérivés afin de tenir à l’écart par la parodie et la consommation la peur de la mort et l’introspection sur nos relations passées et à venir ainsi que leur sens.


            • Jérémy Cigognier Jérémy Cigognier 4 novembre 2023 12:08

              Halloween est à l’antique Samain celte, ce que le Père Noël est au petit Jésus. En fait, les mondes des vivants et des morts s’intriquant durant les trois nuits de Samain, au premier quart de lune du mois de Samonios (calendrier lunaire à dates variables entre nos débuts octobre et fins novembre) c’est-à-dire une fête qui n’était pas non plus (comme on le prétend souvent) « le nouvel an celtique ». Je conseille de suivre les travaux astaux, basés sur le calendrier de Coligny, du néodruide Auetos Mapi Acmos (sous Facebook ou son forum Druuidiacto)... les mondes des morts et des vivants s’intriquant durant les trois nuits de Samain, disais-je, cette fête à plus sûrement inspiré la Toussaint chrétienne elle-même, en plus d’une fête de Mundus Patet romaine (il y en avait plusieurs dans l’année, l’une en cette période) où les morts revenaient nécromantiquement tourmenter les vivants (en cela plus inquiétante que Samain, encore que Samain célèbre aussi la victoire des Anti-Dieux sur les Dieux celtes, durant la période sombre de l’année, victoire elle aussi inquiétante). Où Halloween, donc, et de façon très parachrétienne, cherche à « conjurer » la peur par la friandise et le carnaval. Halloween est donc bien plutôt de l’ordre de l’exorcisme, devenu commercial il est vrai, et on peut trouver qu’il y a une certaine ignorance ou naïveté (« Heureux les simples d’esprit ») sinon une hypocrisie (un jésuitisme ou autre) à témoigner de la condescendance pour Halloween, quand on est chrétien « non-pratiquant » de la fête (car, en effet, traditionnelle dans le monde anglo-saxon, cet exorcisme collectif est avant tout rituel populaire).

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