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El té del Che

Boisson préférée du Che, le maté est consommé par nombre de Sud-Américains depuis plusieurs siècles, grâce aux Amérindiens qui en sont les découvreurs. Au XVIe siècle, les missionnaires jésuites, qui ne manquaient jamais une bonne affaire, en ont développé la culture, au point que cette infusion typiquement amérindienne s’appelle un temps « Thé des Jésuites ». Le maté est la boisson nationale de l’Argentine.

En fait, le maté n’a de thé que le nom, car il n’est pas issu de la famille des théacées, mais de celle des aquifoliacées dont le représentant le plus connu est le houx commun (illex aquifolium). Aux Amériques poussent le houx américain commun (ilex opaca) et le houx du Paraguay (ilex paraguariensis). C’est ce dernier qui est appelé maté, ou plus précisément yerba mate (herbe à maté).

Le mot maté vient du quechua mathi désignant une petite calebasse utilisée traditionnellement pour préparer et boire l’infusion de yerba mate. Cultivé aujourd’hui principalement en Argentine, au Brésil, au Paraguay et en Uruguay, il a été domestiqué par les Guaranis et diffusé à toute l’Amérique du Sud par les Jésuites. C’est un arbre maintenu à une taille humainement exploitable, pouvant en toute liberté atteindre 20 mètres de hauteur. Il pousse naturellement au bord des cours d’eaux, dans les forêts situées ente 500 et 700 mètres d’altitude. Ses feuilles persistantes contiennent de la caféine et de la théophylline. D’où très probablement l’intérêt que lui portait Che Guevara, grand asthmatique et impénitent fumeur de cigares !

Des travaux ont démontré que la yerba mate est un stimulant qui, augmentant la vigilance, combat la fatigue physique et psychique. Elle soulage les maux de tête et les douleurs rhumatismales, et favoriserait la perte de poids par son action diurétique, et surtout en brûlant les graisses et les sucres. Ce dernier point jouerait aussi en faveur d’une stabilisation de la glycémie chez les diabétiques non insulinodépendants. Mais cela reste à prouver. Sa richesse en vitamines B1, B2 et C est, quant à elle, clairement démontrée, de même que son apport en phosphore, fer et calcium.

Les rameaux d’ilex paraguarensis sont récoltées une fois l’an, stockés dans un entrepôt où ils sont retournés régulièrement à la fourche afin de sécher, puis hachés en petits morceaux et passés au crible pour éliminer un maximum de branchettes qui représentent quand même au Brésil, en Argentine et en Uruguay, jusqu’à 30 % du produit vendu. Seul le Paraguay exige un maté sans résidus de branchettes, et impose qu’une fois séchée et passée au crible, la plante effectue encore 20 à 24 mois de maturation dans des sacs ouverts, avant d’être vendue.

De nombreuses variantes de yerba mate sont disponibles sur le marché sud américain. Cela va de la forme traditionnelle et séculaire à la version contemporaine aromatisée. Il y en a pour tous les goûts, mais l’amertume de la plante demeure, en dépit de tous les apports. A moins bien sûr d’y ajouter du sucre, ce qui passe souvent pour une faute de goût...

Jouant le même rôle social que le café ou le thé, le maté a ses rituels. Rituels qui, de la préparation à la consommation de cette infusion, donnent du sens, et appellent au respect. Le maté ne se consomme pas comme le Coca Cola ou la Heineken ! Il faut d’abord une petite calebasse portant le nom de mate (prononcez maté), une bombilla (tube métallique équipé d’un filtre à sa base), de la yerba mate et de l’eau chauffée dans une pava ou caldera (récipient issu du croisement entre une bouilloire et une cafetière).

C’est souvent l’aîné qui prépare le maté, il occupe alors la fonction de cebador, et boit la première infusion par nature très amère. Ensuite, il remet de l’eau chaude sur la yerba mate, et fait passer la calebasse qui tournera jusqu’à plus soif, toujours dans le même sens, suivant un cercle imaginaire constitué par les mateadores. Le temps consacré à cette activité est appelé mateada (partie de maté). Il est d’usage de respecter scrupuleusement le cercle établi, de ne pas souffler dans la bombilla, de dire gracias uniquement lorsqu’on ne veut plus en boire, et lorsque l’infusion manque d’eau d’en rajouter avant de passer le mate à son voisin.

Une consommation excessive de maté pourrait, selon certaines études épidémiologiques, avoir une incidence sur le nombre de cancers de la bouche, du larynx et de l’œsophage dans les populations sud-américaines, où la prise moyenne atteint 27 grammes de feuilles sèches par jour et par personne. Ce qui est plutôt conséquent, sachant la quantité nécessaire à une mateada et divisant cette quantité par le nombre de mateadores y participant. Il n’y a vraiment pas de quoi s’en inquiéter si l’on sait, comme pour le tabac et les boissons alcoolisées, en faire une consommation raisonnable et non addictive. A moins qu’on préfère vivre dans la peur, ce qui du reste est aussi une drogue de l’âme et un cancer de l’intelligence...

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3 réactions à cet article    


  • Daniel Bainville-Latour (---.---.221.79) 1er janvier 2006 18:44

    Le « Che » n’etait-il pas amateur de mate simplement parce qu’il etait Argentin ?


    • Azür 2 janvier 2006 19:59

      Très probablement Daniel, mais vu le rythme de vie qu’il avait et le travail qu’il abattait on peut penser que le maté n’y était pas pour rien !

       smiley


    • nantor (---.---.131.113) 13 avril 2006 20:12

      Moi j’en bois tous les matins, c’est excellent ! C’est un vrai tonique sans être un exitant ... à recommander et consommer sans modération !

      En Argentine, Brésil (pour partie), Bolivie, Uruguay et surtout Paraguay, tout le monde en boit. Il n’est pas rare d’être reçu par un fonctionnaire qui boit son maté au travail.

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