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Accueil du site > Actualités > Santé > Le laboratoire Servier : coupable, mais pas responsable !

Le laboratoire Servier : coupable, mais pas responsable !

Ou l’incroyable corruption du système médical français

Pour moi, qui suis cardiologue, l’affaire du Médiator est un non événement. Consultant dans une des régions les plus touchées par le diabète et l’obésité, je n’ai jamais vu en plus de trente ans d’exercice, une seule valvulopathie pouvant être attribuée expressément au Médiator. Je ne dis pas qu’il n’y en ait jamais eu, mais que s’il y en avait eu, c’eût été une goutte d’eau dans un océan. Pour autant, je ne suis pas fâché qu’on ait enfin retiré du commerce un médicament que je n’ai cessé de déconseiller à mes correspondants pour ses parentés avec les amphétamines. Mais enfin, c’était vraiment une goutte d’eau et il ne faudrait pas que l’arbre cachât la forêt.

Rien que le sel, qui peut parfois devenir médicament, serait responsable de 25 000 décès par an en France et de trois fois plus d’accidents cardiovasculaires. (Versus moins de 10 pour le médiator, à se répartir entre 6000 cardiologues, soit un seul par an pour 600 cardiologues : Vous voyez bien que c’est insignifiant).

Le sport par exemple, que je ne cesse de recommander à mes patients, est responsable en France, tous les ans, de plus de 1000 morts subites.

Je ne m’étendrai pas sur d’autres comportements à risque comme les excès de vitesse, l’alcool et autres drogues que pourtant on pourrait peut-être rapprocher de certaines prises de médicaments détournés de leurs vraies indications tels que anabolisants, hormones, amphétamines, neuroleptiques obtenus par des personnes conscientes ou pas de prendre des risques, mais si déterminées qu’elles parviennent toujours à obtenir ce qu’elles veulent et pas toujours sans ordonnance…

Je m’en tiendrai aux médicaments :

Tous les médicaments tuent ! Même les vitamines prises en quantité excessive sont nuisibles pour la santé. Même les médicaments les plus répandus et en vente libre peuvent tuer : L’aspirine par exemple, que je prescris beaucoup à faible dose, peut tuer. On lui fait souvent un mauvais procès au profit de molécules plus chères, mais les saignements qui peuvent en résulter sont le plus souvent révélateurs d’une lésion pré existante, ce qui donne parfois la chance de la dépister. Pour autant c’est vrai qu’il y a parfois des morts par intolérance à l’aspirine.

Mais d’autres médicaments indispensables sont beaucoup plus dangereux : Par exemple, les anti cancéreux que des spécialistes très avertis utilisent abondamment. Les cardiologues ne sont pas en reste pour les prescriptions à haut risque au point qu’un de leurs médicaments courants se retrouve dans les drogueries sous l’appellation de « mort aux rats ». Tout un programme !

Tous les médicaments tuent vous dis-je ! De ce fait, la seule indication acceptable des médicaments est « la maladie ». Ils ne peuvent se justifier que si on a au moins l’espoir de prévenir ou la certitude de soulager, à défaut du pouvoir de guérir. Mais la règle principale de la médecine, gravée dans le marbre par nos anciens, lesquels, à défaut d’être efficaces, avaient au moins conscience de leur propre ignorance, était la suivante : « Primum, non nocere »

Elle reste valable à notre époque et en Français : « Avant tout, ne pas nuire » !

On nous dit cependant que la tare principale du Mediator était qu’en plus de ses dangers, il ne servait à rien.

Qui le dit ? Le professeur Bernard Debré qui a été appelé en urgence par le pouvoir pour sauver les meubles ?

Qui est le professeur Debré ? Un Chirurgien urologue qui cumule les fonctions de professeur de médecine, de chef de service d’un hôpital et de député grand communicateur et candidat à la mairie de Paris ?

Que connaît un chirurgien urologue sur les indications du Mediator qui était recommandé dans le Vidal comme traitement adjuvant pour les « hyper-triglycéridémies et le diabète avec surcharge pondérale » ?

Que peut bien savoir un chirurgien urologue qui passe sa vie à communiquer dans les couloirs de l’assemblée, sur les risques cardiaques d’un médicament que les cardiologues eux-mêmes n’avaient jamais remarqués ?

Je n’avais rien contre le professeur Bernard Debré qui ne fait pas le même métier que moi : Il fait de la chirurgie quand je fais de la médecine, son domaine est l’urologie alors que le mien est la cardiologie, outre qu’il travaille à temps partiel et sans doute par procuration alors que je consulte huit heures par jour.

En tant que citoyen, j’avais même un préjugé favorable pour le fils de Michel, un grand serviteur de l’état, lui-même fils de Robert, un grand pédiatre.

A l’usage, j’ai déchanté : Dans un premier temps, alors que beaucoup de médecins généralistes s’étaient alarmés du zèle avec lequel la corporation des urologues recommandait d’opérer les prostates, j’ai trouvé inconvenant qu’on ait confié la direction de l’enquête à un urologue…le professeur Debré justement. 

On ne peut être juge et partie.

Par la suite, quand j’ai vu le Député Robert Debré, copain avec un autre fils de, connu par le nom de son père Valérie Giscard d’Estaing, vilipender Martin Hirsch pour avoir écrit un livre « Pour en finir avec les conflits d’intérêt » j’ai compris que décidément nous n’étions pas du même monde.

J’ai compris qu’en réalité, son souci n’était pas d’en finir avec les conflits d’intérêt, mais bien de masquer les conflits pour préserver les intérêts . Il vient faire la part du feu et sauver l’essentiel, aidé de son collègue le professeur Philippe Even.

Mais revenons au Mediator :

Oui, l’hypertriglycéridémie a été baptisée « facteur de risque cardiovasculaire » par le corps médical, dès lors qu’on a trouvé des médicaments pour en faire baisser le taux sanguin. Je vous laisse comprendre pourquoi…

Auparavant, on n’en parlait pratiquement pas, sauf cas exceptionnels qui étaient vraiment pathologiques et que quelques spécialistes étudiaient. En réalité, trente ans après, on se rend compte que tous ces médicaments (dont le médiator) ne servaient à rien (mais qu’en savait le professeur Debré ?) et que le pronostic des malades était plutôt aggravé. (Donc, qu’ils tuaient). La plupart de ces médicaments sont toujours dans le commerce (les fibrates), car on n’a pas renoncé à décréter « maladie », les signaux sanguins (élévation des graisses sanguines) qui accompagnent des troubles métaboliques complexes dus le plus souvent à des habitudes alimentaires délétères et à un mode de vie pathogène. L’un d’eux, le Clofibrate, a même été mis sur le marché par les médecins de l’afssaps sous le prétexte d’une étude qui montrait une diminution des infarctus, mais au prix d’une augmentation de la mortalité cardiovasculaire et de la mortalité par cancers . Rien que ça ! Et ce poison est resté prescrit en France pendant 20 ans avant qu’on ne le retire du commerce quand il n’était plus rentable car tombé dans le domaine public.

Alors, les médecins de l’afssaps, combien de morts ? Bien plus que Servier en tout cas. Mais iront-ils au tribunal ? Ou seront-ils simplement remerciés pour services rendu et pour faire la place à d’autres parangons de vertu, aussi insoupçonnables que les précédents ?

 Il n’est pas difficile de comprendre que l’explosion de l’obésité dans les sociétés modernes est un formidable filon de profit pour les marchands de médicaments qui proposent la pilule miracle qui fait maigrir ou qui fait baisser son diabète ou son cholestérol à tout un chacun.

Il ne faut surtout pas expliquer que le cholestérol est aussi indispensable pour la synthèse des hormones et des cellules que ne l’est le sucre pour produire de l’énergie. Le dogme qui fait vendre est que ça bouche les artères, comme vous l’expliquent les marchands de Yaourt à la télévision et ce n’est pas les médecins parrainés par Astra ou Pfizer qui vous diront le contraire.

Malheureusement, tous les produits qui faisaient maigrir étaient trop ostensiblement nocifs et ont dû être retirés du commerce.

Par contre, si on ne fait que baisser les taux sanguins des graisses et que, dans quelques cas triés sur le volet, on ait même prouvé que ça pouvait être utile, il suffit d’étendre les indications à toute la population qui est solvable et vous imaginez le pactole !

Dans la vraie vie, c’est bien comme ça que ça se passe. Mais ça ne peut pas se faire sans complicité : pour que ce commerce soit possible, il faut que tout le monde participe et que le pactole profite à tous ! C’est ce qu’on appelle un système corrompu. Or justement, le système médical français, pour ne parler que de lui, est un système corrompu : Il travaille pour lui-même avant tout.

Ce système est un ensemble d’acteurs complémentaires, utilisant une législation laxiste et complaisante, inspirée par une corporation influente qui se pose en intermédiaire obligatoire mais non désintéressée par les mirobolants profits que notre société permet à l’industrie du médicament.

Législation, corporation, industrie, trois acteurs intimement imbriqués dans un mécanisme profitable aux trois et où chacun est indispensable. 

On comprend mieux dès lors, pourquoi il est urgent de trouver un bouc émissaire !

On comprend mieux dès lors, pourquoi le professeur Debré s’indigne, le brave homme, contre le laboratoire Servier et contre certains de ses confrères qui n’auraient pas été assez vertueux. Il en connaît, lui, des gens vertueux…

Certes, comme il le dit joliment, « il y aurait peut-être eu de la corruption ».

Il y en aurait peut-être eu en effet, mais, et ce n’est pas un scoop, dans la corruption il y a deux partis :

Le corrupteur et le corrompu.

Or des deux parties, une société commerciale d’une part, de multiples médecins et professeurs de médecine d’autre part, à laquelle peut-on le plus reprocher d'avoir manqué à l'éthique ?

Pourquoi ne dit-il pas que le système médical est corrompu jusqu'à la moelle et en commençant comme il se doit par la tête, les universitaires et professeurs, dont les « revenus occultes considérables provenant des laboratoires » avaient déjà étonné le premier président de la cour des comptes, Philippe Séguin.

Pourquoi ne dit-il pas que ces congrès auxquels ils collaborent et toutes les associations de soi-disant Formation Médicale Continue sont avant tout des moyens de publicité pour les laboratoires, de trafic d'influence pour les gentils organisateurs/conférenciers et de pressions insidieuses envers les autres participants. 

Pourquoi ne dit-il pas que les spécialistes médicaux suivent l'exemple venu du haut et "conseillent " presque toujours les produits les moins bien connus et donc les plus dangereux parce que les plus récents mais aussi les plus chers et les mieux pourvoyeurs de petits voyages exotiques dans les beaux hôtels à congrès !

Croit-il vraiment que les choses iront mieux quand on mettra un médecin à la place d'un énarque ?

Bien entendu, que le laboratoire Servier est fautif, mais est-il vraiment responsable alors que le législateur autorise cette corruption à grande échelle dont profitent en premier lieu les professeurs de médecine ? N'est-il pas juge et partie notre professeur député ? 

Il ne sait peut-être pas qu'on ne peut pas être juge et partie ?

À la vérité et contrairement à ce qu’on voudrait nous faire croire justement pour préserver l’essentiel de ce juteux business, ce n’est pas sur la déclaration des conflits d’intérêts qu’il faudrait se battre, à supposer qu’elle puisse devenir miraculeusement contrôlable[i] et contrôlée. Ce n’est là qu’un hochet agité par le lobby médico-pharmaceutique pour rassurer le citoyen jusqu’au prochain scandale en permettant de gagner quelques décennies.

Il faut rendre incompatible l'enseignement de la médecine, les décisions de mise sur le marché, les expertises médicales et toutes les informations aux prescripteurs avec une quelconque activité rémunérée par les laboratoires.

Et cela implique en cas de manquement une sanction automatique dissuasive, incluant amende et exclusion.

Cela implique que les professeurs enseignent et ne laissent pas ce soin à l’industrie.

Cela implique que les universités évoluent pour maîtriser les nouvelles technologies (comme beaucoup ont commencé à le faire) pour que la formation médicale soit en effet continue, mais surtout objective et sans compromission avec quiconque, gratuite et accessible à tout moment sur Internet par les médecins, sans qu’ils soient obligés de retourner à la fac comme le suggère avec une vision incroyablement archaïque, le professeur Debré ! 

Notre société aura les médecins qu’elle mérite mais c’est à elle qu’il incombe de fixer les règles, pas aux médecins !

Actuellement, la confusion est totale et la principale activité des "agrégés de médecine" est de chercher le ou les sponsors dont il pourra faire la publicité moyennant de généreux prébendes et voyages !

Indigné, le professeur Débré lui-même le dit : « ils peuvent avoir entre 10 et 40 contrats par personne. » Ça ne vous rappelle pas un peu la Mafia cette histoire de contrats ?

Puisqu'ils le peuvent, bien entendu qu’ils veulent et voudront toujours en profiter !

Qui ferait autrement quand on voit ce que ça rapporte[ii] !

A ceci près que c’est ce qu’on appelle du trafic d’influence, dans les démocraties.

Ça n’empêche pas que les bénéficiaires aimeraient bien que ça dure, cet argent facilement gagné ! Ils comptent donc bien sur leurs pairs, députés, pour concocter une loi qui le leur permettra encore.

 Les professeurs comptent sur vous professeur Debré ! 

On sait que les prétextes ne manquent pas et la « recherche » qu’on nous ressort souvent, a bon dos ! Mais il se trouve que justement, nos "professeurs" ne sont pas formés pour la recherche. Ce ne sont pas des scientifiques.

Mais quand bien même certains voudraient devenir chercheurs, qu’ils le fassent, mais qu’ils cessent simplement d’enseigner. Les laboratoires peuvent payer leurs chercheurs sans que ce soient nos enseignants. A chacun son métier.

Le professeur Philippe Even ne me contredira pas, qui croyait avoir trouvé un traitement du SIDA en utilisant la Cérivastatine justement, un de ces médicaments qui font baisser le cholestérol, les statines, mais ensuite retiré du commerce parce qu’il avait fait trop de morts (dont les trois patient de notre professeur chercheur), en entraînant des destructions musculaires majeures et la mort par insuffisance rénale.

Je vois que cela n’a pas nuit à sa carrière et il sait probablement, le professeur Even, que les autres statines ont toutes le même risque musculaire à des degrés divers, (rhabdomyolyse effet de classe, 52 morts avec la Cérivastatine) et pas seulement ce risque-là. Or, elles dominent le marché des prescriptions inutiles en France, parce que ces merveilleux médecins intègres, experts de l’afssaps, ont extrapolé des études faites en Scandinavie et en Ecosse[iii], pour les appliquer à des femmes françaises dont le risque est 20 fois moindre mais les complications plus fréquentes. Evidemment, le rapport bénéfice/risque s’en est inversé, mais qui s’en soucie puisque ça rapporte gros et que tout le monde est content de faire baisser son cholestérol !…Puisque les professeurs le disent !

Combien de morts sur ordonnance par les médecins qui écoutent ces professeurs de médecine achetés par les laboratoires ?

Il faudrait peut-être ramener sur terre ces faux savants : On ne devient pas agrégé de médecine comme on passe l’agrégation de maths : C’est une nomination par les mandarins, tout comme la thèse de médecine, avec quelques « Titres et travaux » du même tonneau. Il vaut bien mieux pour cela, être très flatteur que très savant. Ou encore être de la famille car bien entendu, ce type de désignation favorise les dynasties…

Mais lorsqu'ils rémunèrent ces médecins universitaires et communicants, quels que soient leurs indiscutables talents, ce n'est pas de leur science que les laboratoires ont besoin, mais bien de leur influence. Et les intéressés le savent, qui en font un trafic lucratif mais honteux. Et tout comme eux, bon nombre de spécialistes.

Non, monsieur Debré, vous ne m'avez pas convaincu et votre positionnement une fois encore comme expert et conseillé du pouvoir, ne me rassure pas !

Vous faites l’étonné, mais toutes les sociétés commerciales utilisent la corruption…là où elle est permise ! Dans les républiques bananières par exemple. Il se trouve qu'elle est permise en France. Pourquoi s’en priveraient-elles ?

Comment croyez-vous qu'on vende des Concordes et des Rafales quand les intermédiaires sont véreux ?

Une société commerciale, qu'elle vende des canons ou des médicaments, est toujours et par nature, strictement amorale. Et ceci quels que soient leurs dirigeants. Et ceci quoi qu’en dise le syndicat des industries du médicament (Leem) qui a « suspendu » le laboratoire Servier pour tenter de se refaire une virginité.

 Mais il serait également opportun d’en oublier d’autres, comme Merck par exemple, qui faisait 2 milliards de profit par an avec le Vioxx, avant qu’on ne compte les morts par dizaines de milliers aux Etats-Unis, mais sans que l’afssaps n’en découvre un seul en France où pourtant ce poison cartonnait, avec la complicité évidente d’un organisme qui n’a en rien changé aujourd’hui. Et ce ne furent pas les cris indignés qui manquèrent à l’époque, ni les bons conseils de la revue Prescrire déjà lucide mais déjà résignée.

Il y a bien longtemps que le Docteur Servier n'exerce plus la médecine, s'il l'a jamais exercée. C'est tout simplement un créateur et chef d'entreprise, comme l'était Marcel Dassault.

Si la justice le dit coupable, il le sera et il semble bien que l’affaire soit déjà entendue.

 Mais les vrais responsables, monsieur le conseiller-professeur-député Debré, ce sont vos semblables et cela à deux titres : comme Député et comme professeur de médecine.

• Comme député, parce que c'est bien le législateur qui a créé et maintenu un système qui encourage et protège la corruption : Combien d’années[iv] se sont écoulées, entre le vote de la loi obligeant les donneurs de leçons de médecine à déclarer leurs conflits d'intérêt et le vote des décrets d'application ? Vous ne vous êtes jamais indigné là-dessus ?

• Comme professeur de médecine, parce que c'est à vos semblables que profitent avant tout les largesses de la corruption. Qu'ils soient dans les administrations ou devant les pupitres des congrès, c'est bien de leur influence qu'ils trafiquent avec profit. Ne nous étonnons donc pas que les dépenses de médicaments explosent et que soient prescrits en premier lieu ceux qui sont les plus dangereux parce que les plus récents et dont les dangers ne seront connus que quand ils tomberont dans le domaine public et que chuteront leurs profits. On pourra bien les retirer du commerce alors, sans faire autant de bruit qu'avec le Mediator. Et on ne comptera pas les morts, pas plus qu’avec le Vioxx !

Le médiator, selon la CNAM, c'est 100 hospitalisations par an pour effets iatrogènes, sur un total de 300 000 pour les autres médicaments, soit 0,3 pour mille.

Donc, ceux qui sont encore prescrits et qui tuent encore sans qu’on le dise, mais sur ordonnance, ce n’est pas Servier qui en est le responsable ni le coupable.

Pourtant le pire est à venir ! C’est un médecin qui pratique vraiment la médecine qui vous le dit.

Le pouvoir va-t-il enfin ouvrir les yeux ou continuera-t-il seulement à s’indigner en comptant les moutons noirs ?

Hélas, je n’espère pas grand chose de toute cette agitation du monde politique, médical et industriel qui manipule avec tant de brio la quasi totalité des médias !

 Si l’unanimité est si grande pour accabler le laboratoire Servier, pas plus innocent que les autres, j’en conviens, mais soudain devenu trop voyant, c’est bien qu’il menace un système auquel tiennent tant tous ceux qui envoient maintenant leurs ténors au créneau. Le prétexte de la santé est la meilleure façon de faire payer le citoyen sans trop rechigner et d’alimenter ainsi le plus grand détournement de fonds dont puisse bénéficier tous ces grands profiteurs de l’Etat.

 

Docteur Yvon Gouel, cardiologue.(www.cardioblog.fr)

 

Déclaration de conflits d’intérêt :

Je n’ai aucun conflit d’intérêt avec le laboratoire Servier ni aucun autre laboratoire pharmaceutique.

Je ne connais pas et je n’ai jamais rencontré le Dr Servier.

Je reconnais cependant être engagé plus que cela n’est officiellement toléré, au service de mes malades :

• J’ai fait l’objet d’une plainte auprès du conseil de l’Ordre de la part d’une diabétologue , également membre du conseil de l’Ordre, pour avoir déconseillé aux médecins référents certaines prescriptions qu’elle-même avait conseillées pour quelques uns de mes malades. Le syndicat des diabétologues s’est associé à cette plainte pour mon attitude « anti diabétologues » stigmatisant mon blog où en effet, sans être nommée, la présidente de ce syndicat était épinglée !

• Mon blog a fait l’objet d’une désapprobation publique du président de l’AFCVR en assemblée générale (association de FMC des cardiologues de la Réunion) et m’a valu des pressions téléphoniques de la part du secrétaire perpétuel, pour que j’y fasse disparaître toute référence à l’AFCVR. Cela contrariait en effet les généreux laboratoires finançant leurs voyages et leurs hébergements lors des congrès indispensables à leur formation. (Je ne fais plus partie de cette association)

• Je fais aussi l’objet d’un boycott quasi unanime des laboratoires qui vendent des produits nouveaux pour le diabète ou l’hyperlipidémie. 



[i] Un groupe de médecins, le Formindep (pour Formation Indépendante), association à but non lucratif, fait la promotion de l’information médicale indépendante. Ils ont déposé plainte auprès de l’Ordre National des Médecins après qu’ils aient passé en revue les déclarations faites par 150 médecins dans 30 revues professionnelles et de vulgarisation médicale au cours d’une période d’un mois au printemps 2008 et constaté que « pas un seul professionnel de santé n’a déclaré de conflit d’intérêt. »


[ii] Un rapport publié par une agence gouvernementale française, l’IGAS (Inspection Générale des Affaires Sociales), montre que « certains médecins hospitaliers pourraient gagner jusqu’à 90 000 € de l’industrie pour une conférence ou 600 000 € en honoraires pour conseils ».

A ce niveau, il s’agit donc bien de corruption et de trafic d’influence.

[iii] Note à destination des médecins : Il s’agit de l’étude WOSCOPS. L’écosse est avec la Finlande, le pays ou les risques coronariens sont le plus élevés. La France est un de ceux où ils sont le plus bas (French paradoxe). Cette étude en prévention primaire ne comprenait que des hommes, à 44% fumeurs et à haut risque, et n’aurait même pas pu s’extrapoler à la même population en France. (Risque cinq fois moindre). L’escroquerie devient révoltante quand on voit que l’afssaps l’étend même aux femmes (risque 20 fois moindre et non corrélé au taux de cholestérol) dans un chef d’œuvre de phrase alambiquée et hypocrite qui caractérise les escrocs de ce haut niveau : « Il faut du reste souligner que l’autorisation de mise sur le marché de la pravastatine en prévention primaire repose sur l’extrapolation des résultats de l’étude WOSCOPS, mis en évidence dans une population à haut risque cardiovasculaire, à une population-cible française de niveau de risque qui pourrait être équivalent, chez l’homme mais aussi chez la femme. » (d’après http://gestionsante.free.fr/cerivastatine.htm)

[iv] La loi a été votée le 4 mars 2002, mais les décrets d’applications n’ont été publiés au journal officiel que le 28 mars 2007, soit 5 ans plus tard et après que le Formindep ait déposé un recours auprès du conseil d’état pour l’application de cette loi ! Sans doute un record d’inertie de l’Etat très révélateur. Et aucune sanction prévue, sauf pour les médecins mais à l’appréciation du conseil de l’Ordre…

Les faits parlent mieux que les discours. 

 


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29 réactions à cet article    


  • Alpo47 Alpo47 7 février 2011 11:51

    Quelle plaidoirie...

    Bon, on sait bien que la vie doit prendre fin un jour et qu’il y a quantité de manière différentes d’y parvenir. On ne s’attendrait logiquement pas à être tué par ... le système de santé.

    Je retiens surtout ... que le système de santé est gangréné par la recherche du profit, donc la cupidité de tous (la plupart) les intervenants. Comme dit la « vox populi » : « A 25 ans, ils font le serment d’Hippocrate, à 45, ils tiennent des paroles d’hypocrite ».
    Cette évolution depuis environ 30 ans se fait au détriment des patients/assurés sociaux. Pourquoi se gêner, c’est la communauté qui paie ?
     Tous les intervenants du système de santé vont y trouver leur compte. Catastrophique, mais à l’image de notre société.

     Est on bien certain qu’ils sauvent plus de gens qu’ils n’en tuent.


    • Alpo47 Alpo47 7 février 2011 11:54

      Ah oui, n’oublions pas qu’1/3 de l’assemblée nationale est composée ... de médecins.
      Difficile même d’envisager une réforme en profondeur qui les ramène à leurs justes attributions et les prive d’une grosse partie de leurs revenus.
      Chiche que tout cela va être « noyé » dans un fatras de décisions inutiles ?


      • geo63 7 février 2011 13:19

        Bonjour.
        Quand vous dites :
        « Pourquoi ne dit-il pas que le système médical est corrompu jusqu’à la moelle et en commençant comme il se doit par la tête, les universitaires et professeurs, dont les « revenus occultes considérables provenant des laboratoires » avaient déjà étonné le premier président de la cour des comptes, Philippe Séguin. »
        Je suis d’accord à 100% pour l’avoir vu pendant de longues années, avec des mandarins arrogants et incapables d’aligner trois mots d’anglais.


        • janequin 7 février 2011 14:09

          En ce qui concerne l’obésité, on sait depuis longtemps (1969 au moins) que l’absorption de 4-carbamoylbutanoate de sodium la provoque dans des proportions remarquables  :

          http://www.sciencemag.org/content/164/3880/719.abstract

          http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/1019185

          Je parle bien sûr de l’exhausteur de goût qu’on appelle communément glutamate, et qui est rajouté à volonté dans tous les mets proposés dans les fast food, surtout en cuisine chinoise.

          L’industrie crée donc à la fois une des causes les plus importantes de l’obésité, et en propose des cures factices. Elle gagne à tous les coups.


          • pepin2pomme 7 février 2011 14:20

            Bonjour l’auteur,
            Heureusement qu’il y a des gens comme vous, qui voient plus loin que leur Vidal. J’ai lu le bouquin de votre collègue Lorgeril, qui comme vous dénonce cette chasse au choléstérol. Au désespoir de mon médecin, je ne fais donc pas partie de ces 7 millions de français qui consomment quotidiennement leurs statines en pensant que c’est bon pour leur santé. Je pense qu’après le distilbène, le vioxx, le médiator, d’autres médicaments vont faire parler d’eux dans le 20h.


            • clostra 7 février 2011 14:33

              Merci pour cet article tonique. Je craignais de ne jamais avoir à lire un tel article de la part d’un médecin tant ceux qui savent se terrent pour exercer leur profession selon leur éthique et leurs connaissances.
              Je remarque que vous avez eu une autre expérience professionnelle avant d’exercer celle de cardiologue. Donc, une autre formation, généralement l’apprentissage d’un raisonnement « par soi-même ».
              Imaginez, les « petits minots » (premiers de la classe) de 17 ans à peine débarquant dans ce microcosme, réussissant leurs deux premières années au nez et à la barbe des « plus littéraires », « plus psychologues », « plus philosophes », « plus humains » en quelque sorte, persuadés qu’ils sont beaucoup plus intelligents que les autres (du « par coeur » qu’on leur demande, pas « du raisonnement », que du par coeur).
              Ces petits minots de 19 ans sont alors « pris en charge »...

              Les aînés ne vont pas contrairement à ce qu’on pense leur apprendre quelque chose mais, surtout, les « laisser patouiller » (eux en ont bavé pourquoi pas les plus jeunes) :
              un désastre pour le patient, mais enfin...(quelques souvenirs aux urgences me reviennent : le patient en les aidant un peu peut parfois les guider...« vous ne croyez pas que c’est un impétigo ? »).
              On ne leur a rien appris sauf de les culpabiliser.
              Un petit échantillon de médicament va les aider à surmonter cette difficulté par laquelle ils sont tous passés...
              Et c’est parti mon quiqui !

              Oui, le médiator est anecdotique, enfin, presque, si on sait que c’est une drogue ce que personne ne veut entendre...
              C’est quand même bête, quand on voit toutes ces tonnes de « prises »la plus importante" de ne pas avoir une part du gâteau, surtout quand on est un laboratoire pharmaceutique reconnu...

              Merci pour cet article.
              Il est temps que tout ceci s’arrête. Que la médecine redevienne un art et que chaque médecin puisse puiser dans tous les trésors des patrimoines de ce domaine.


              • candide candide 7 février 2011 19:54

                @ l’auteur : BRAVO POUR CET EXCELLENT ARTICLE ! qui est tout à votre honneur


                et encore pour abonder dans le sens de l’auteur :

                Un conseil à tous ceux qui prennent des statines ( TAHOR, par exemple) contre le cholestérol

                vous comprendrez mieux pourquoi vous devenez impuissants, sans force (diminution des muscle, fragilisation des ligaments), dépressif et cela que pour ce qui est des symptômes dont chacun peut s’apercevoir après avoir arrêté le traitement que tout revient comme avant ! 


                Si après cela vous n’êtes pas écoeuré ....

                • voxagora voxagora 7 février 2011 21:10

                  Dommage que cet article n’aie pas plus d’audience.

                  Il faudrait peut-être songer à SORTIR ces affaires du seul champ de la médecine,
                  et les pointer sous l’angle politique :
                  non seulement le système profite des malades,
                  mais il les génère.
                  La stigmatisation des gros en est un exemple confondant. Au pretexte que la très grande obésité est grave, on occulte le fait que le surpoids n’est PAS une maladie,
                  et surtout que beaucoup d’autres comportements nuisent plus encore à la santé.
                  Par exemple il y a eu un article il y a qq jours vantant le fait que les françaises sont plus minces que les femmes d’autres pays .. mais qui va écrire dans le même article que c’est en France qu’on consomme le plus de médicaments et de psychotropes, qu’on a le plus de diététiciens, de chirurgie genre anneau-gastriques etc .. ?


                  • Candide2 8 février 2011 19:53

                    « non seulement le système profite des malades,mais il les génère. »


                    Ce que vous dites est tout à fait juste. 

                    La plupart des médicaments inutiles ou dangereux ne tuent pas directement, ou rarement, mais entraînent plus souvent une pathologie d’allure banale, surtout chez les personnes âgées ou déjà malades, et qu’on soignera donc pour ça en plus. 

                    Quels sont les médecins qui ont été avertis que les Statines favorisent les AVC hémorragiques, les ruptures tendineuses ou les insuffisance cardiaques ? Il y en a même qui croient qu’elles n’ont aucun effet secondaire et qu’on peut en donner à tout le monde, ça peut pas faire de mal !!!

                    Mais personne ne lit les études à moins d’être payé pour ça et dans ce cas devinez qui les payent ? 



                  • Stupeur Stupeur 7 février 2011 23:28

                    Merci docteur, superbe article !
                    Alors là, j’ai tout compris sur le système médical pourri par le fric ! 
                    On peut faire confiance à la clique qui gouverne ce pays pour que ce système corrompu reste en place le plus longtemps possible... Ils vont bien nous faire quelques changements cosmétiques enrobés dans de grands effets d’annonce, trouver un ou deux lampistes à clouer au pilori, et rien ne changera vraiment, tant qu’il y aura des profits gigantesques à faire (8,4 milliards d’euros de bénéfices nets pour Sanofi Aventis en 2009... On peut faire des jolis cadeaux aux médecins, pharmaciens, politiciens, avec un tel pactole...). 

                     

                    • Candide2 8 février 2011 19:19

                      Stupeur,

                      Merci pour votre appréciation : 

                      Vous avez tout compris en effet : Si le citoyen ne s’en mêle pas, le pouvoir n’aura pas le courage ni les moyens d’affronter la force colossale que représente l’association des laboratoires et du corps médical qui confisquent le savoir pour le falsifier à leur profit au détriment des malades. 


                    • Jean-Fred 8 février 2011 09:37

                      Merci pour ce billet éclairant, il aurait mérité d’être à la Une d’Agoravox !!


                      • Candide2 8 février 2011 19:07

                        Merci de votre avis, Jean Fred, 


                        Mais qui décide de mettre un article à la une ? 


                      • Clojea Clojea 8 février 2011 11:04

                        Interressant. Effectivement, les médecins généralistes, pressés par les visiteurs médicaux prescrivent à tous va des médicaments plus ou moins dangereux. Une molécule peut soigner d’un côté et tuer de l’autre. L’Ibuprofène, par exemple, si on en prend trop et au delà des doses conseillées peut provoquer des malaises et des complications cardiaques.
                        Mais au delà des molécules qui peuvent être dangereuses, il y a aussi les réelles dérives des labos comme vous le soulignez. Un exemple récent, l’Agréal vendu pour lutter contre les effets néfastes de la ménopause et qui était en réalité un tranquillisant. De nombreuses femmes sont devenues accrocs malgré elles à l’Agréal. Quand la supercherie a été révélée au grand jour, l’Agréal était vendu depuis quelques années déjà.
                        Pognon, et encore pognon de la part des labos.


                        • jluc 8 février 2011 11:35

                          Votre article est tendancieux et malhonnête.

                          Tout le premier chapitre est consacré à minimiser la responsabilité des labos Servier !

                          Le titre est franchement puant : Servier coupable mais pas responsable ! Beurg, j’en vomis !

                          Selon votre raisonnement, les flics qui ont tirés sur les manifestants tunisiens ou égyptiens sont coupable, mais pas responsables (puisqu’ils ont obéis aux ordres d’un dictateur).

                          L’occasion fait le larron ! pauvre petit larron à qui l’on jette la pierre, il n’est pourtant qu’une victime du système !

                          Le système de santé est pourri, les labos Servier en sont les victimes ! Salauds de malades ! Beurg, beurg !



                          • lamouche 10 février 2011 10:27

                            Pauvre jluc ! Tu as pu lire la deuxième ligne, ou tu t’es contenté du titre ? Pour 97% des gens, ce texte est parfaitement clair :
                            « Certes, le Laboratoire Serviez est coupable, mais il ne faudrait pas se limiter à sa seule responsabilité, car c’est tout le système qui est corrompu et qui prospère au détriment des malades ».
                            Mais on trouve toujours quelques mecs qui ne savent pas lire et qui veulent faire les malins en portant des jugements prétentieux et agressifs sur les textes qu’ils n’ont pas été capables de lire jusqu’au bout et auxquels ils n’entravent rien.
                            Quand on voit la richesse de ton vocabulaire (Beurg, (3fois), pourri, tendancieux, malhonnête, puant, vomi, salauds), tout ça en même pas 7 lignes, sans compter les « flics, tunisiens, égyptiens et dictateurs » qui n’ont rien à faire ici, mais sont certainement tes obsessions, on comprend que tu sois exaspéré par les textes écrits en bon français comme celui-ci et comme on aimerait en voir beaucoup sur AgoraVox.
                            Continue à choisir tes sites à partir du vocabulaire scatologique que tu affectionnes ou retourne à tes bandes dessinées, au moins il y a des images quand tu comprends pas les textes.
                            Tiens, pour finir, une phrase que tu vas comprendre :
                            "Quand tu essayes de péter plus haut que ton cul, ça se voit ! ) smiley


                          • jluc 13 février 2011 15:20

                            Holà ! vous avez un problème lamouche. Vos insultes ne me feront pas changer d’avis. Je suis toujours indigné par le titre de cet article. J’aurais espéré que l’auteur m’explique que c’était du second degrés, ou une maladresse, et que son intention n’était pas de minimiser les responsabilités de Servier. Mais il ne l’a pas encore fait.

                            Je constate aussi, lamouche, que vous ne vous êtes inscrit ici qu’après mon commentaire, et que votre principale intervention fut d’y répondre !


                          • jluc 13 février 2011 19:39

                            lamouche m’a piqué !
                            Je cite l’article :
                            « Pour moi, qui suis cardiologue, l’affaire du Médiator est un non événement.

                            ...Je ne dis pas qu’il n’y en ait jamais eu, mais que s’il y en avait eu, c’eût été une goutte d’eau dans un océan.

                            ...Mais enfin, c’était vraiment une goutte d’eau et il ne faudrait pas que l’arbre cachât la forêt.

                            ...soit un seul par an pour 600 cardiologues : Vous voyez bien que c’est insignifiant). » etc.

                            Les familles des victimes du Mediator apprécieront.


                          • lamouche 14 février 2011 13:00

                            « Vos insultes ne me feront pas changer d’avis. »
                            Il y a en effet une certaine catégorie de personnes qui ne changent jamais d’avis. Tout le monde a pu voir que tu en étais, ce n’est pas la peine de le préciser !
                             
                            "Je suis toujours indigné par le titre de cet article. J’aurais espéré que l’auteur m’explique que c’était du second degrés, ou une maladresse,"
                            Quand à croire que ce que tu ne comprends pas relève d’une méprise de l’auteur, c’est assez drôle, mais ne compte pas sur moi pour te faire une explication de texte. Le ridicule est ton naturel, en change rien. smiley


                          • jluc 14 février 2011 19:17

                            je vous sens très concerné lamouche smiley démasqué !


                          • papi 8 février 2011 11:38

                             bonjour Monsieur,

                            Je viens de lire votre article avec beaucoup d’intérêt, vous posez sous nos yeux les dérives d’un système médical perverti par le gain et les avantages.. votre diagnostique semble irréfutable et
                            sans appel !!..Je souhaiterai et je crois ne pas être le seul, qu’après cette brillante analyse vous
                            nous donniez le traitement que vous envisageriez sur cette dérive funeste pour notre santé..
                            Si vous avez des idées sur la thérapie de choc qu’il faudrait imposer à notre système, vous
                            trouverez du moins en ce qui me concerne un lecteur attentif.. Qui peut mieux q’ un médecin soigner la médecine.. à bientôt de vous lire , et merci pour votre franchise..


                            • Candide2 8 février 2011 19:24

                              Bonjour Papi, 


                              Oui, je connais le traitement et je croyais l’avoir clairement explicité ( en gras). 

                              Merci de me donner l’occasion de le rappeler ici :


                              Il faut rendre incompatible l’enseignement de la médecine, les décisions de mise sur le marché, les expertises médicales et toutes les informations aux prescripteurs avec une quelconque activité rémunérée par les laboratoires.

                              J’en appelle donc au citoyens, car tous les acteurs qui profitent du système sont ceux qui monopolisent les médias en proposant leurs solutions, parce qu’ils sont au pouvoir ou influents et proches du pouvoir. Ils veulent faire croire que la responsabilité du scandale incombe à la seule immoralité d’une entreprise qui a soudoyé quelques personnes insuffisamment vertueuses.Mais les scandales se reproduiront (et couvent déjà), avec d’autre laboratoires et d’autres parangons de vertu au-dessus de tout soupçon, si on ne procède pas à la séparation des pouvoirs : 

                              Celui de produire les médicaments et de les proposer à la vente. 

                              • Celui de sélectionner les médicaments sur critères scientifiques indépendants pour les conseiller ou les prescrire. 

                              La règle que je vous donne tiens pourtant en trois lignes ! 

                              Merci de votre question, la plus fondamentale qui soit en effet ! 


                            • Francis, agnotologue JL 8 février 2011 22:52

                              Bonsoir Candide,

                              vous parlez d’or, et la rêgle est simple en effet !

                              Vous dites : « Cela implique que les professeurs enseignent et ne laissent pas ce soin à l’industrie. »

                              Mais qui va payer ?

                              Oui, je sais, vous allez me dire : mais aujourd’hui, on paie, autrement, et encore plus ! Alors je pose ma question différemment : qui va décider de changer les choses ? un élu de L’UMPS ? Ne rêvons pas !


                              • Candide2 9 février 2011 07:12

                                Bonjour JL


                                Votre question m’étonne. Le métier et la raison d’être des professeurs est d’enseigner. Ils sont payés pour ça. 

                                C’est ce qui fait qu’ils ont un double revenu : comme médecins des hôpitaux d’une part et comme professeurs d’ université d’autre part. Ce n’est pas seulement pour qu’ils puissent paraître avantageusement dans les congrès ! 

                                La société est en droit de leur demander de faire leur travail d’enseignant et donc d’enseigner. 

                                Comme dans toutes les disciplines, l’état les aidera à moderniser leurs outils pour utiliser au mieux les nouvelles technologies, mais ça ne coûtera rien de plus que l’indispensable modernisation de l’enseignement en général. 

                                Ce que fait l’industrie n’est pas de l’enseignement, mais de la promotion commerciale. Tous les congrés et les sites actuels financés par l’industrie peuvent bien disparaître sans que le niveau des médecins n’en soufre, bien au contraire. Cette publicité déguisée fait une concurrence déloyale aux rares sites qui sont objectifs car on ne peut pas les reconnaître et ce n’est pas le label HON qui a changé quelque chose. 

                                Ces gens sont trop malin pour entrer dans un panneau pareil qui s’apparente à la déclaration des conflits d’intérêt dans le degré de l’utopie et de la pensée magique ! 


                              • Candide2 9 février 2011 07:21

                                La deuxième formulation n’est pas la même question : 

                                « Qui va décider de changer les choses ? »

                                C’est évidemment là que le bas blesse, parce que ni la gauche ni la droite n’ont jamais osé affronté les puissances de ce lobby capable de renverser des gouvernements. 

                                Je pense donc qu’il faut une prise de conscience citoyenne pour forcer le cours des choses et imposer aux politiques, quels qu’ils soient, l’indispensable séparations des rôles et le retour de la médecine au service du malade et du citoyen. 

                                En effet, vaste programme. 


                              • Krokodilo Krokodilo 13 février 2011 01:59

                                Oh la vache cher confrère, en commençant la lecture de votre article, je ne m’attendais pas à un tel brûlot ! Et que de vérités contient-il... Je suis abonné à LRP, mais au quotidien il est bien difficile pour un praticien de base de résister aux pressions conjuguées - vos litiges mentionnés à la fin ne m’ont donc pas surpris. Comment convaincre un patient que son Tanakan° conseillé par l’ORL est inutile, et si on le convainc, comment garder des relations cordiales avec les spécialistes du coin - cordialité qui participe aussi au bon fonctionnement du système de santé ? Comment convaincre que le dernier IPP prescrit par les hospitaliers n’a pas prouvé plus d’efficacité qu’un autre plus éprouvé ? Il faut de la diplomatie, ménager les suceptibilités comme ce chirurgien cardio-vasculaire qui conseille à son patient ponté (jambes) qu’il peut faire comme il veut pour les vaso-dilatateurs que le phlébologue indique formellement...
                                Je ne sais plus dans quelle revue un lecteur disait que durant un remplacement il avait appliqué son indépendance et ses connaissances en modifiant de nombreuses ordonnances d’un confrère en Nouvelle-Calédonie, ce qui lui avait valu une plainte au Conseil de l’ordre... Situation délicate.
                                Et encore n’avez-vous pas cité des extraits des documents internes aux labos qui classifient crûment les praticiens, en influençables, réticents, influents, très influents (conférenciers, publications) et détaillent les méthodes de manipulation psychologique. Vous citez le président du LEEM ; dans un récent Quotidien du médecin (revue financée par l’industrie), où il est interviewé et défend sa profession, un passage surréaliste où il prétend que la visite médicale a participé à la bonne utilisation des antibiotiques... Oui, mais seulement depuis que le vent a tourné, et après des décennies de pressions insensées en faveur d’une prescription la plus large possible des touts derniers AB ! Avec des passages tous les 15 jours chez les gros prescripteurs jugés les plus sensibles à la pression commerciale – suite au constat que les prescriptions sont quasiment proportionnelles à la pression commerciale. Inversement, certains confrères sont choqués qu’on puisse les croire influençables par la visite commerciale...
                                Pour les agrégés, quels tarifs pour ce qu’il faut bien appeler la corruption des praticiens influents ! Le respect des maîtres est une chose respectable et souvent méritée, encore faut-il que les intéressés le demeurent...
                                Mais après avoir tapé sur toute la profession, l’industrie et les politiques, songeons aussi aux patients que nous sommes tous : depuis que la notion de médecine préventive est plus large, on espère tous un médicament qui aurait réellement un effet préventif significatif sur la santé et l’espérance de vie. On a cru en l’aspirine pour tous, on a placé de grands espoirs dans la DHEA vite démentis par de vraies études, alors on retombe effectivement sur le bon vieux cholestérol et on fait une petite fixette dessus, tandis que pour les patients réellement à risque les cardios nous fixent des objectifs de mauvais cholestérol de plus en plus bas (probablement à juste titre) ! Etonnante prescience de Jules Romains et de son Knock, si délicieusement ambigu à une époque où l’expression médecine préventive n’existait pas encore. Il n’a pas pris une ride (crème anti-âge ?).
                                Nous sommes humains, on prétend que rouler à 160 sur l’autoroute se fait en toute sécurité, mais on veut des comprimés contre ci ou ça - qui hélas n’existent pas encore. Nos politiciens refusent des mesures efficaces contre la malbouffe, et encore la France est-elle moins pire que d’autres pays européens quant à l’obésité infantile.


                                • Candide2 13 février 2011 19:05

                                  @ Krokodilo,

                                  Merci mon cher confrère de votre commentaire ce dimanche. Je partage vos scrupules visant à ménager les susceptibilités de chacun ce qui requiert en effet un maximum de diplomatie. Il ne faudrait pas, sans doute, que les malades perdent tout repère devant des avis ostensiblement contradictoires entre spécialistes par exemple. La plupart sont de bonne foi et victimes d’un système qui a perverti la diffusion du savoir par un mélange des genres dont le législateur est responsable autant que l’industrie. Mais ces spécialistes sont au mieux les idiots utiles des laboratoires et bien trop souvent hélas leurs complices.

                                  Qu’on le veuille ou non, l’affaire est maintenant sur la place publique et le doute, voire la suspicion, sont dans les esprits. La médecine est allée trop loin dans l’exploitation des carences du système qui ne peut plus continuer tel quel. Avant de redonner leur confiance aux médecins, les citoyens ne se contenteront pas de demi mesures où les laboratoires garderaient la faculté de participer à l’endoctrinement des prescripteurs via leurs gigantesques budgets de publicité ! Cet argent serait mieux utilisé dans la vraie recherche.

                                   

                                  Pour ce qui est de la médecine dite préventive, c’est en effet une trouvaille commerciale fantastique puisqu’elle exploite ce fantasme qu’ont toujours eu les humains : ne plus vieillir !

                                  Le problème, c’est que les progrès dans ce domaine ne relèvent pas de la thérapeutique, mais de l’hygiène de vie.

                                  Les médicaments sur ce créneau sont des impostures manifestes et le législateur ferait bien d’y regarder de près avant de rembourser le prix exorbitant de ces rêves.

                                  Pour tout homme cultivé qui réfléchit un peu, il n’est pas difficile de comprendre que d’un point de vue Darwinien, c’est une absurdité totale que de penser qu’un animal pourrait marcher mieux si on lui greffait une béquille ou vivre plus longtemps avec une statine ou une hormone au prétexte que l’évolution n’y aurait rien vu en 5 milliard d’années !

                                  Si les professeurs de médecine faisaient leur travail au lieu de faire la chasse aux sponsors, c’est ce type de réflexions qui circuleraient dans les cabinets médicaux.

                                  Bien cordialement . 


                                • Krokodilo Krokodilo 13 février 2011 20:46

                                  "Avant de redonner leur confiance aux médecins, les citoyens ne se contenteront pas de demi mesures(...)"
                                  Malheureusement, l’UE ne va pas nous aider dans ce combat pour un retour à une juste mesure, elle qui va probablement confier la pharmacovigilance à l’industrie elle-même... Une UE qui se hérisse devant tout ce qui peut ressembler à un service public, qui ne voit d’efficacité que dans la concurrence libre et non faussée (sauf pour l’anglais en faveur duquel tout est faussé et rien n’est libre !).


                                • Candide2 15 février 2011 15:33

                                  C’est vrai que la nouvelle règlementation prévoit de renforcer la présence des associations de malades…et des laboratoires pharmaceutiques ! (les seconds finançant les premiers bien souvent)

                                  C’est une raison de plus pour que le citoyen se manifeste et prenne les choses en main car pour l’instant, l’agence européenne du médicaments (EMA) est au moins aussi corrompue que notre AFSSAPS ! Or c’est elle qui mène l’évolution des règlements, sous la dictée des laboratoires. 

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