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Accueil du site > Actualités > Société > De la banalisation du suicide

De la banalisation du suicide

Chers Sibeth, Amélie, Gabriel, et quelques autres….

Permettez-moi de réfuter en partie la présomption de "fragilité personnelle et psychologique" que vous avez avancée face au fait divers, bien que banal après tout, d’un étudiant qui s’est immolé par le feu devant son université.

Où se situe le curseur entre « geste politique » et « déséquilibre psychologique ».....

Pourriez-vous me donner votre avis sur les cas suivants ?

Le 3 juillet 1936, Stefan Lux jeune poète prometteur, se tire une balle dans la tête devant les membres de la société des nations : geste politique ou fragilité psychologique ?

Le mardi 11 juin 1963, le moine bouddhiste Thich Quang Duc, 66 ans, s’immole dans la rue…scène immortalisée par le photographe Malcom Browne : geste politique ou fragilité psychologique ?

Je vois bien ce que vous allez dire : ceux-là avaient de bonnes raisons politiques que le contexte justifie et que l’histoire a retenu.

Bon alors creusons encore un peu….

Le bulletin d’épidémiologie hebdomadaire du 5 février 2019, qui n’est pas d'une maison tenue par des maitres rhéteurs, brosse un état des lieux objectif du suicide en France, laquelle peut se prévaloir d’être à la tête de l’Europe pour son taux (de suicide).

« Le fait d’être une femme, les situations financières difficiles, le fait d’être célibataire, divorcé ou veuf, l’inactivité professionnelle ainsi que les évènements traumatisants sont associés aux comportements suicidaires. Le facteur le plus associé aux pensées suicidaires est d’avoir vécu un épisode dépressif caractérisé au cours de l’année (ORa=8,3 pour les hommes et 6,6 pour les femmes). »

Certainement, il y a là de la fragilité psychologique…. et je retiendrai votre attention (et votre sensiblerie) portée sur ce point, mais il y a aussi situations financières difficiles, inactivité professionnelle, Et oui !

Pour ma part, j’aurai préféré vous entendre dire quelque chose comme le journaliste Léon Savary en 1936, après le geste de Stefan Lux : « Les hommes capables de lutter pour la justice ne doivent pas se tuer, ils doivent rester à leur poste »

C’est tout de même plus digne, qu’un discours empreint de vague psychologisme mou et fataliste, toujours accompagné de cette emphase si mesurée….

La banalisation, c’est toujours un peu une forme de mépris et, pour ce qui concerne le politique face à ce "fait divers", c’est le contraire du courage !


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12 réactions à cet article    


  • Michel DROUET Michel DROUET 21 novembre 2019 08:55

    Laissons de côté les pâles commentaires politiques sur ce suicide. Admettons que les causes d’un suicide sont multifactorielles et que l’un de ces facteurs (geste politique, difficultés psychologiques, financières, manque de soutien familial ou aveuglement, troubles bipolaires...), ou la combinaison de plusieurs facteurs peut constituer le déclic d’un passage à l’acte.

    Mon « expérience » en ce domaine et les commentaires imbéciles entendus me permettent de dire qu’il est très difficile de faire parler a posteriori ceux qui se suicident ou qui tentent de le faire et l’instrumentalisation du geste me semble toujours déplacée.


    • corsico75 21 novembre 2019 15:36

      @Michel DROUET
      je suis d’accord avec vous M Drouet, et la décence aurait voulu que, simple quidam, je ne « post » pas.
      Mais comment ne pas être choqué par la mesure et la tiédeur des réactions politiques ?
      il faut avoir les plus grands égards et en même temps la plus grande exigence pour la jeunesse, je pense.
      le politique n’est spécialiste de rien (déjà Platon le disait)… alors quand il donne à entendre à la foule, il se positionne, et elle répond...un peu. 


    • Michel DROUET Michel DROUET 21 novembre 2019 18:04

      @corsico75
      Non, vous avez raison d’ouvrir le débat et d’apporter vos arguments. La question posée en l’espèce est celle de l’instrumentalisation, politique, d’un côté, avec des arguments visant à amoindrir le geste de peur d’en être rendu responsable et de l’autre, les étudiants et leurs organisations représentatives, dont le but consiste à en rendre coupable le pouvoir politique.
      Pour ma part, je me contente de dire, compte tenu de « l’expérience » qui est la mienne, qu’il est difficile de parler à la place de ceux qui sont passés à l’acte et de pointer du doigt un ou des coupables. C’est beaucoup plus complexe que cela.
      Merci pour cet échange.


    • Samson Samson 21 novembre 2019 20:15

      @Michel DROUET
      « ... il est difficile de parler à la place de ceux qui sont passés à l’acte et de pointer du doigt un ou des coupables. »

      De fait, les raisons sont faites pour s’en servir et qu’elle en désigne ou non des « coupables », le choix ultime revient toujours « in fine » à la décision de la personne qui le pose.

      Mais que ceci ne nous exonère pas de toute responsabilité individuelle et collective : quand on compte en France un suicide paysan tous les deux jours, 58 suicides dans les rangs de l’éducation nationale sur la dernière année scolaire, 54 policiers depuis 11 mois, ..., l’organisation du désespoir ambiant relève aussi de l’indignité des choix structurels imposés par nos gouvernants !

      En vous présentant mes respectueuses salutations !


    • Michel DROUET Michel DROUET 21 novembre 2019 21:06

      @Samson
      En 2012, 9 715 personnes se sont suicidées en France métropolitaine, notamment en zones rurales, soit environ 27 décès par jour (source Wikipédia)
      Certes les choix structurels des gouvernants peuvent en expliquer une partie, mais pas que, loin de là.
      Bonne soirée


    • Samson Samson 21 novembre 2019 21:31

      @Michel DROUET
      « ... mais pas que ... »

      « ... aussi ... »

      Nous sommes bien d’accord !
      Bonne soirée à vous !


    • ETTORE ETTORE 21 novembre 2019 11:29

      Il y a toujours eu des gens, tels que Sibeth, chez qui, se tirer une balle dans la tête ne ferait aucun dégât, vu le vide sidéral qui y règne.


      • bebert titi 21 novembre 2019 15:12

        @ETTORE
        Il n’y a pas de hasard quand on s’appelle si bête


      • Festivus Festivus 21 novembre 2019 20:18

        @ETTORE
        Je crois que vous vous égarez.
        L’indignation aujourd’hui est réservée à des classes.
        En matière de suicide, 85% des suicidés (pas des tentatives, des suicides) sont des hommes, soit env. 6700 hommes et 2300 femmes.
        pourtant ce qui semble intéresser medias et politiques, est seulement ce chiffre alarmant de 2300 femmes qui se suicident.
        Il l’est mais tout autant que celui des 6700 hommes ?

        En 2019, le sort de l’homme n’est plus une priorité.

        S’il ya une guerre, nous savons qui ira au front pour servir de chair à canon. L’égalité homme-femme trouvera là ses limites.


      • Paul Leleu 21 novembre 2019 21:29

        @Festivus

        bien sûr... les hommes sont élevés par qui ? Pas leurs mères... et les femmes se servent des hommes pour leurs affaires... notamment en les envoyant travailler et en les envoyant crever à la guerre...

        l’androcide de 14-18 est un bel exemple de la misandrie des femmes... aucune ne s’est opposée au massacre de leurs pères, frères, époux... ça en dit long...

        par ailleurs, aucune féministe ne s’est battue pour être l’égale des homme à Verdun...

        tout ce que veulent les féministes c’est pouvoir se comporter « mal comme des hommes »... parce-que ces femmes ont une vision extrêmement dévalorisée et stéréotypée des hommes...

        le problème des féministes est de nature psychanalytique... elles veulent « contrôler le phallus », et n’acceptent pas que l’homme soit un être autonome. Ni à l’extérieur (contrôler ses allées-venues) ni à l’intérieur (en tant qu’être moral autonome).


      • Samson Samson 21 novembre 2019 17:29

        « ... bien que banal après tout, d’un étudiant qui s’est immolé par le feu devant son université. »

        Qu’il soit motivé par des raisons matérielles, professionnelles, financières, sentimentales, psychologiques, ... ou tout ce qu’on voudra, le violent recours à l’ultime liberté de mettre fin à ses jours interpelle toujours ceux et celles qui restent et qu’il plonge dans le deuil !

        Mais qu’elle ait lieu devant le rectorat ou à l’entrée d’un bureau de l’ANPE, plus qu’ultime protestation de désespoir, c’est à une exigence radicale de sens qu’appelle l’immolation par le feu.

        Elle n’est donc jamais « banale », ce mode de « suicide » et sa mise en scène est destinée à interpeller et constitue donc en soi un testament, politique en l’occurrence !

        Et pousser le mépris et l’indécence jusqu’à le nier en le minimisant pour de basses raisons idéologiques ou électorales ne peut quand bien même on n’y agréerait pas que souligner et mettre un peu plus en exergue sa profonde pertinence !

        Respect !!!


        • JC_Lavau JC_Lavau 21 novembre 2019 18:17

          D’habitude, les boucs émissaires et les souffre-douleurs, on les suicide avant qu’ils aient pu parler, et encore moins écrire. Sinon ça pourrait traumatiser les tortionnaires...
          Mais là scandale ! Il y en a un qui a survécu, certes estropié, mais survivant.
          Ça ne fait pas l’affaire de vos maîtres-marionnettistes ni de leurs sous-chefs, qui tiennent à leur priorités : ne pas laisser pas de témoins gênants encore en vie.
          Je suis coupable de plusieurs délits d’incrédulité et de lèse-propagande ; j’ai donc reçu nombre de menaces de mort...
          Une constante : j’écris contre les impostures, contre les fraudes, contre les maltraitances et les crimes parfaits.
          Aussi les imposteurs et les tortionnaires me détestent, me détestent, mais me détestent !

          Une des consommatrices éclairées a publiquement regretté que mon assassinat n’ait pas réussi, et qu’elle, elle « ne me louperait pas », parce que ma photo d’identité ne lui revenait pas.

          Concernant l’assassinat de B*rn*rd P*rr*n, agriculteur, le procureur de Besançon n’a pas hésité à faire passer les témoins gênants en garde à vue, pour les intimider. Dame ! Il protégeait sa collègue, la JAFe ! Il s’est arrêté dépité, quand il a constaté que les gendarmes ne le suivaient pas dans la mission terroriste qu’il leur avait assignée : eux aussi ont des morts dans leurs casernes, suicidés par la même criminalité organisée, en toges noires et jabots blancs.

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