Inconscient et prise de décision complexe
Une équipe de psychologues néerlandais conduite par le professeur Ap Dijksterhuis de l’Université d’Amsterdam met en lumière que, face à une décision complexe, les individus s’en tireraient mieux s’ils se laissaient guider par leur inconscient.
La raison est d’un concours exceptionnel pour vous aider à prendre des décisions simples, faisant appel à un petit nombre de variables. En revanche, si votre décision nécessite l’assimilation d’un grand nombre de variables interdépendantes, mettez votre raison en sommeil, et laissez-vous guider par votre inconscient. Telle est la conclusion plutôt surprenante d’une étude menée par le professeur Ap Dijksterhuis, de l’Université d’Amsterdam, et dont les résultats ont été récemment publiés dans le magazine Journal of science.
Afin de parvenir à cette conclusion, Ap Dijksterhuis a proposé aux individus de deux groupes distincts de choisir une voiture sur la base de quatre attributs, du type consommation de carburant ou espace laissé aux jambes du passager.
Le premier groupe avait 4 minutes pour prendre sa décision après analyse consciente des options présentées. L’autre groupe, en revanche, devait effectuer une série d’activités mobilisant le cerveau rationnel (construction de puzzles, recherche d’anagrammes) avant d’exprimer son choix.
Dans le cadre de ce test, le premier groupe parvint à prendre la bonne décision dans 55% des cas, alors que dans le deuxième groupe, le taux de réussite était de 40%.
Pourtant, en conduisant exactement la même expérience, mais avec un nombre de variables de décision de 12 au lieu des 4 attributs initiaux, les résultats se sont inversés, avec 23% de bonnes décisions dans le premier groupe contre 60% dans le second groupe.
La conclusion s’impose donc : plus le nombre de variables à considérer dans l’exercice de la prise de décision est grand, plus on a intérêt à faire confiance à notre... inconscient.
Cette expérience vient contrarier la pratique usuelle qui veut que nous consacrions peu d’effort d’analyse pour des décisions simples alors que nous déployons des trésors d’énergie analytique pour démêler des problèmes complexes. A en croire Ap Dijksterhuis, c’est exactement le contraire que nous devrions faire : analyser avec rigueur les données disponibles avant de prendre une décision sur un problème simple, mais laisser le cerveau inconscient nous guider vers la décision lorsque les variables de décision sont nombreuses.
Ces résultats s’inscrivent dans la lignée des travaux de Daniel Kahneman, prix Nobel d’économie en 2002, sur la façon dont nous prenons des décisions, en ce qu’ils illustrent à merveille les limites du tout rationnel. Ils traduisent aussi le paradoxe qui veut que notre inconscient soit un meilleur cicérone lorsqu’il s’agit de nous guider à travers un magma de données profuses pour leur donner du sens et nous aider prendre des décisions que nous n’aurons pas à regretter. A suivre, donc, au gré des progrès balbutiants sur la découverte de cette splendide terra incognita qu’est notre cerveau...
Sur le même thème
Sur le corps et l'espritL'Intelligence Naturelle revient
Le Test de QI sur enfant de 10-12 ans servira à inciter un JAF à utiliser la facilité de ce pseudo-avis d'expert pour rendre l'injustice
Que puis-je savoir ? A quelles conditions ?
Éveil et citations : 1) Connaître la loi du "je"
13 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON