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Accueil du site > Actualités > Société > Les programmes « jeunes » sont-ils une bonne idée ?

Les programmes « jeunes » sont-ils une bonne idée ?

Un très bon article de Jacques Attali, comme souvent : Jeunesses délaissées – Jacques Attali, relatif à la jeunesses et aux programmes sociaux qui lui sont proposés pour une meilleure intégration dans le grand bain du vivre ensemble. Sauf que les programmes ne suffisent pas, il faut d'abord que la vie ait un sens. En effet, comme le disait Sénèque, "nul vent n'est favorable pour celui qui ne sait pas où il va".

Quand j'entends ou je lis "jeunesse", l'idée de discrimination positive hante mon esprit.

LapinEt celui-ci se met à divaguer vers des souvenirs flous de documentaires télévisés traitant de la nature en générale et de la vie animale en particulier. Nature déréglée inconsciemment, par l'introduction accidentelle ou volontaire d'espèces non-endogènes, où l'équilibre d'un écosystème jusqu'alors isolé est fragilisé irrémédiablement. On repense au lapin, importé d'Europe en Australie, qui s'échappe de sa cage (comment lui en vouloir ?) et qui se met à proliférer sur tout le territoire australien. Puis du renard, volontairement introduit pour chasser l'indésirable lapin, mais qui s'en prend aux marsupiaux déjà menacés, et qui, à son tour, pullule faute d'avoir lui même de prédateur à craindre. On peut, sur un autre registre, penser aux propres colonisations humaines des Antilles et de toute l'Amérique, au cours desquelles les populations indigènes furent pour certaines rayées de la carte du fait des virus européens tout autant que de leurs porteurs.

L'idée de discrimination positive porte en elle 2 germes à la fois.

Le premier, bon, est tout entier dans la qualification "positive" de cette discrimination. Elle est pleine de bonnes intentions, elle veut aider.

Le second germe est plus sujet à caution, mais il ne faut pas le condamner a priori. Il est sujet à caution car il peut être mortifère pour l'environnement dans lequel on l'introduit si l'on n'anticipe pas complètement l'ensemble des changements qu'il va induire. Introduire le lapin est un accident regrettable qui a des conséquences fort coûteuses d'un point de vue environnemental pour les autraliens. Mais commettre une seconde fois la même erreur en lâchant, aux trousses des lapins, des renards parce que toutes les histoires que l'on nous raconte, depuis notre plus tendre enfance, nous laissent penser que le renard est la meilleure solution contre les lapins en Europe où ne vivent pas les marsupiaux-victimes-collatérales est de la bêtise crasse. Et donc à ce titre condamnable.

Par conséquent, et pour en revenir à nos moutons, le fait de parler de jeunesse et de penser des politiques pour cette jeunesse est, à mon sens, une arme à double-tranchant qu'il faut manier avec adresse. Il est important, comme le souligne Jacques Attali, que cette jeunesse ne se sente pas abandonnée de tous, et que son énergie soit orientée vers des projets valorisants pour elle plutôt que de la voir retourner contre elle cette énergie, cette violence, qu'elle ne sait à quoi employer. Mais on voit également, depuis des années, les conséquences néfastes de ces politiques orientées vers la jeunesse pour les quinquas qui, dans un contexte de pénurie d'emplois, se retrouvent sacrifiés au profit d'une jeunesse moins coûteuse du fait des aides à l'emploi et des objectifs de compétitivité latents qui les sous-tendent.

Jacques Attali à 100 fois raison quand il souligne à quel point les liens familiaux et, pour ainsi dire, communautaires, se sont distendus, et les conséquences de cette distension sur le sentiment d'abandon que peuvent ressentir les individus.

Dans les villages anciens, on ne laissait jamais seuls ceux qui flanchaient ; quelqu’un, toujours, s’occupait d’eux. Dans nos sociétés urbaines, une telle compassion n’existe plus ; au mieux, le faible est-il pris en charge par une succession d’institutions spécialisées, de la maternelle à l’entreprise et la maison de retraite, en étant à chaque fois abandonné par chacune d’elles, avant qu’une autre, parfois, ne prenne le relais. Et la famille, qui devrait faire le lien, rassembler toutes les expériences, est de plus en plus impuissante face à ces forces centrifuges.

 

Aussi comment ne pas être en accord avec sa proposition de "recoudre le tissu social" ? Mais pas à n'importe quel prix, pas en générant à nouveau des déséquilibres dont les conséquences seront désastreuses pour d'autres catégories sociales.

Laisser une entreprise payer un jeune salarié en-deçà du SMIC, c'est donner un prétexte de plus aux entreprises de privilégier la compétitivité au dépens d'une classe d'âge qui, elle, détient le pouvoir d'achat. Ce pouvoir d'achat qui fait justement défaut du fait de l'austérité qu'on nous impose pour gagner en compétitivité.

Ainsi, au lieu de débattre de savoir si on devrait laisser les entreprises proposer aux jeunes des salaires inférieurs au salaire minimum légal, il faudrait plutôt associer entreprises et organismes de formation, pour rémunérer ces jeunes par les unes pour un travail (pour un montant inférieur au smic, si nécessaire), et par les autres, avec un complément adapté, pour se former.

Cela suppose une révolution, un bouleversement de la société, en particulier de l’Etat qui ne doit plus se réduire à une juxtaposition de guichets cloisonnés, auxquels chacun vient s’adresser, aux divers moments de sa vie. Lutter contre la solitude. Tout est là. Ce n’est pas si difficile. Encore faudrait-il oser se parler.

 

Quitte à faire une révolution, pourquoi ne pas penser autrement la place du travail dans nos sociétés ? En proposant un Revenu de Base Inconditionnel par exemple, un revenu suffisant pour vivre qui réglerait une fois pour toute la question de la place du travail dans nos vies. Si certains préfèrent se contenter d'un revenu de base et ne plus aller travailler, cela créera peut-être une pénurie d'emplois bonne pour la valorisation de celui-ci et donc pour le pouvoir d'achat. Notre bonne santé ne doit pas nécessairement se mesurer en terme de balance commerciale mais aussi en prenant en compte la demande intérieure qui est un signe indéniable de bonne santé financière.

Après tout, si les gens dépensent, c'est qu'ils ont du pognon non ?

Il est nécessaire de s'alarmer du sort des jeunes parce que ce sont des individus pour lesquels la question d'un sens à leur vie est vécue de façon aiguë. Mais ce n'est pas suffisant si la façon d'envisager ce sens à leur vie se résume à leur employabilité et à 40 voire 50 ans de cotisations au service d'entreprises qui les auront considérés comme de simples variables d'ajustement dans l'équation du profit, rendant chaotique leur vie professionnelle, donc leur vie tout court. Car c'est à cela malheureusement que nos vies se résument.

Si une révolution est nécessaire, elle ne peut concerner que l'emploi. Elle est un préalable à la question de l'emploi. L'emploi est l'une des modalités possibles d'un engagement personnel dans un projet plus vaste qu'elle la communauté d'Homme à laquelle nous venons au monde.

 

Wake up.

Lovegiver


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7 réactions à cet article    


  • zygzornifle zygzornifle 5 mai 2014 11:27

    Jeunesse délaissée c’est bien d’en parler mais il faut aussi Mr Attali parler de leurs parents délaissés : 8,4 millions de citoyens sous le seuil de pauvreté, 9 millions de sans emplois etc..... 


    • bnosec bnosec 5 mai 2014 13:01

      « Un très bon article de Jacques Atteli, comme souvent »

       smiley
      raaaaah putain ça faisait longtemps que je ne m’étais pas autant bidonné !!!
      Merci, vraiment !!!


      • paul 5 mai 2014 14:06

        Oui, un article qui commence aussi fort, c’est qu’il y a un loup ...Une pub pour Planet Finance ? l’ « ONG » d’Attali , avec l’aide (désintéressée) des banques et qui emploie certains stagiaires très qualifiés à 436 E/mois —>voir le commentaire n° 9 de Rémi sur l’article donné en lien , Jeunesses délaissées .


        • Montdragon Montdragon 5 mai 2014 14:46

          Cet article vous est proposé par G.Soros, merci.


          • legrind legrind 6 mai 2014 06:34

            Désolé cher auteur mais Un très bon article de Jacques Attali, comme souvent n’était pas une bonne idée d’introduction.


            • Pasco 6 mai 2014 08:12

              Attali, l’Attila des portes ouvertes....Raaaaaaah lovely....


              • vesjem vesjem 9 mai 2014 12:20

                première phrase : « attali » ...............je zappe cet article , soit de propagande , soit d’un grand dupe naïf

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