Le Web social, introduction

Le Web social (à l’origine, Réseau social amélioré ou Augmented Social Network) a été proposé pour la première fois en 2003 par le réseau PlanetWork, un groupe de reflexion oeuvrant pour créer un futur véritablement démocratique, socialement juste et écologique.

Les objectifs du Web social sont les suivants :

  1. créer un système à l’échelle d’Internet permettant un partage de connaissances plus efficace entre les personnes, au-delà des frontières institutionnelles, géographiques et sociales
  2. établir une forme d’identité en ligne persistante soutenant les valeurs communes de la société civile
  3. aider les citoyens à entrer en contact et à s’organiser librement afin de s’engager un peu plus dans le processus de gouvernance démocratique

Autant dire que le mouvement du Web social est très fortement politique, complètement en phase avec la démocratie participative (au-delà de la publicité qui en a été faite par une candidate à l’élection présidentielle).

Les éléments du Web social sont les suivants :

  1. une forme d’identité numérique contrôlée par l’utilisateur qui serait adaptée au contexte de son utilisation, qui permettrait des recommandations personnelles, et serait basée sur des standards ouverts
  2. une interopérabilité entre les services Web (utilisant des standards ouverts)
  3. des tiers de confiance (brokering services) permettant la mise en relation d’individus partageant le même intérêt de manière contextuelle
  4. des technologies de recherche correspondant aux besoins du public (ontologies et taxonomies) permettant des recherches Internet efficaces

Tout cela vous paraît peut-être évident, mais songez que cela a été écrit il y plus de trois ans maintenant !

Pourquoi le Web 2.0 et pas le Web social ?

Le Web social n’a pas connu le succès du Web 2.0 pour plusieurs raisons :

 

  • des technologies non opérationnelles : seul OpenID et quelques plates-formes non ouvertes existent d’aujourd’hui
  • une impossibilité de le monétiser - comme il est construit sur des standards ouverts restant à inventer, aucune start-up n’aurait voulu se lancer dans l’aventure et attendre des années avant d’en tirer un quelconque profit

  • un nom pas assez "sexy", voire ambigü : en effet le mot social en France a une connotation fortement politique, voire antilibérale. Web 2.0, c’est plus accrocheur et surtout plus neutre

Bien sûr, il y a eu depuis 2003 l’engouement pour les réseaux sociaux, mais la plupart sont gérés par des sociétés privées dont la finalité est tout sauf politique (quoique), et ne sert en rien les desseins du Web social, chacun tentant de piéger ses usagers au lieu d’avoir recours à des services Web ouverts.

Finalement, le Web 2.0 n’est qu’une phase de transition entre le World Wide Web et le Social Web. Ce qui répond à la question courant sur la blogosphère fin 2006 : "Vers un Web 3.0 ?". En effet, là ou le World Wide Web connectait des documents, le Social Web connectera des individus, des groupes et des systèmes.

Il est fort probable que la réponse vienne de la communauté du libre, en tout cas (OpenID est à présent soutenu par la fondation Apache).

Alors : 2007, année du Web social ?