Bientôt une révolution en cancérologie et plus encore …

Actuellement, une effervescence règne dans le monde de la biologie. Enfin, disons que quelques esprits sont perplexes face aux perspectives inédites inhérentes aux sciences du vivant, que ce soit en génétique, en théorie de l’évolution et en cancérologie. Ces trois champs sont en vérité connexes. C’est l’été et je n’ai pas l’intention de faire fonctionner vos neurones, ni les miennes. Juste l’occasion de présenter dans une brève chronique une illustration toute récente des voies alternatives qui se dessinent en biologie. Plus précisément, la compréhension du cancer vient de subir une volte-face inattendue (Science daily, 27/07/11). La thèse d’une cancérogenèse liée à une mutation d’un gène ne tient plus la route. Elle sera peut-être détrônée par l’hypothèse d’une cancérogenèse présentant des ressorts similaires avec l’évolution et plus précisément, avec la spéciation. Autrement dit, les cellules cancéreuses sont des cellules ayant entamé un processus évolutif faisant d’elles le noyau d’une nouvelle espèce à venir. Cette idée, présentée ainsi, est assez troublante. En fait, elle repose sur des données empiriques fiables, notamment les processus de modification du caryotype présent dans la genèse de certains cancers. Ces modifications relieraient le processus de spéciation au processus de différenciation lié au cancer. Autrement dit, une cellule cancéreuse est une cellule qui étouffe dans son milieu et cherche à s’émanciper, à évoluer, à échapper au contrôle exercé par l’organisme. C’est à peu près ce qu’affirme Peter Duesberg, professeur de biologie cellulaire à Berkeley.
Les initiés savent que Duesberg est connu pour ses conceptions alternatives sur le sida, des idées assez décriées par la communauté scientifique et réfutées. Néanmoins, Duesberg, brillant scientifique dans ses vies antérieures, n’a pas perdu sa chaire de travail contrairement aux thèses des complotistes qui voient dans toute mise à l’écart de la dissidence la preuve d’un complot visant à éliminer les opposants et asseoir une secte de puissants. Les idées de Duesberg sur la cancérogenèse méritent d’être prises en compte, même si ses hypothèses sur le sida sont fragiles. Hélas, la plupart des scientifiques sont des brebis décérébrées qui bêlent dès lors qu’une idée nouvelle dérange leur certitude. Parfois, ces idées sont bancales et d’autres fois, elles annoncent des bouleversements inédits. C’est d’ailleurs tout le champ parcourant l’évolution, la cancérologie, la biologie, la génétique, qui est sur le point de basculer. Pour s’en convaincre, il suffit de surveiller et survoler la littérature scientifique. L’archéoptéryx ne serait qu’un dinosaure présentant quelques similitudes formelles avec l’oiseau selon des chercheurs chinois qui viennent de publier leurs travaux. Ce qui ne m’étonne guère, ayant été mis sur la piste de cette éventualité avec une publication sur le muscle aviaire. Les oiseaux ne seraient pas un clade des dinosaures, c’est exactement ce que j’ai pensé il y a peu.
La conception du cancer comme processus de spéciation intra-organique remonte en fait aux années 1950 et aux thèses de Julian Huxley. La génétique réductionniste a pu un moment laisser penser que des mutations géniques puissent induire le cancer. Mais la vision holistique semble refaire surface et c’est une bonne nouvelle, tout comme la distance face aux conceptions réductionnistes et le renouveau de la pensée systémique en biologie. Notez bien que Duesberg n’est pas isolé et que sa thèse est en fait une redite de l’hypothèse du « centrisme génomique » savamment développé par Henry Heng qui, curieusement, est ignoré de la recension des travaux de Duesberg par le chroniqueur de Science daily. L’article de Duesberg cite en effet deux publications de Heng mais pas les plus significatives.
La biologie est sur le point de basculer, comme la physique en 1905 avec les théories d’Einstein, puis en 1927, avec la mécanique quantique. Cette aventure se racontera, ici ou ailleurs, dans des publications, des chroniques, des livres. D’ailleurs, le monde bascule et cet avènement d’un monde inédit mais long à accoucher est pour le moins excitant pour tous les chercheurs de cette planète. Peut-être lirez-vous d’autres billets sur cette étonnante aventure intellectuelle et scientifique.
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