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Indigènes du numérique

Une nouvelle génération est en train de se former. Née à l’ère du tout-numérique, elle acquiert sa formation intellectuelle en utilisant massivement les technologies de l’information et de la communication. Une récente étude a montré que cet apprentissage n’était pas accompagné d’une transmission intergénérationnelle, que ce soit au sein de la famille, ou même à l’Ecole. Olivier Ertzscheid, spécialiste des processus cognitifs liés aux nouvelles technologies, remarque sur son site que Google, principale source d’information pour cette génération, renforce l’effet de rupture en privilégiant les liens en provenance de Wikipedia et MySpace, deux sites dont les fournisseurs de contenus sont majoritairement... des adolescents et de jeunes adultes. Autrement dit, la génération des "digital natives" comme commencent à les appeler un certain nombre de sociologues, construit sa propre base de connaissances par référence à des sources d’information qu’elle alimente elle-même. On ne saurait mieux illustrer le fossé entre générations qui est en train de se creuser. Une récente rencontre organisée par l’Institut national de la recherche pédagogique dont le compte rendu est lisible en ligne fait le point sur le sujet.

Le fossé générationnel ne se creuse pas uniquement sur le plan cognitif d’ailleurs. On sait que l’environnement numérique pervasif et connecté en permanence qui est en train de se construire autour de nous (logiciels sociaux, réseaux WiFi et puces RFID à l’appui) n’est pas sans conséquence sur les mécanismes de construction et de représentation de l’identité. Fred Cavazza s’est récemment attelé à en explorer les contours de manière intuitive. Jean-Michel Salaün, spécialiste reconnu du document numérique, faisait récemment remarquer que sur ce plan aussi, la nouvelle génération semblait développer une attitude bien différente de celle qui la précède, sans qu’il soit encore possible d’en tirer des conclusions définitives.

De toute évidence, les indigènes du numérique sont en train de construire discrètement une société différente de celle que nous connaissons, fondée sur des processus cognitifs, des types de relations sociales et sans doute aussi des pratiques économiques d’un genre nouveau. Il n’est pas sûr qu’elle ne connaisse pas, elle aussi, sa propre fracture numérique, rappelle Mimi Ito, une anthropologue dont Internet Actu présente les recherches. La familiarité avec les outils numériques dépend d’un grand nombre de conditions qui doivent être réunies dès le plus jeune âge, rappelle-t-elle, dont tous les enfants, loin de là, ne bénéficient pas. Comment gèrera-t-elle la catastrophe sociale qui se prépare ? On peut dès maintenant l’y aider en développant des actions spécifiques en direction des plus défavorisés. Certains s’y emploient déjà.


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13 réactions à cet article    


  • space_cowboy (---.---.49.39) 27 octobre 2006 12:18

    Vous faites l’impasse dans votre article sur l’accès aux NTIC des divers Espaces publics numériques qui se sont créés ces dernières années... cyber-base, ECM, cyber-centre, point-cyb...

    Leur principale mission est de réduire la fracture numérique et il s’y emploie... plus de 400 espaces et 1000 animateurs par exemple pour le réseau cyber-base...

    Fractures numériques dont celle générationnelle y est traité tous les jours !


    • Antoine Diederick (---.---.178.118) 27 octobre 2006 12:56

      lol...moi je vois pas de « fracture numérique » je vois surtout la « facture numérique »


      • fred_tik (---.---.102.128) 27 octobre 2006 14:57

        Pour la cause de la « Fracture Numérique », je ne pense pas qu’il s’agisse d’une question de conditions à réunir dès le plus jeune age, du moins ce n’est pas une question de moyens : l’outil informatique est tout de même suffisement répandu pour que quasiement tout le monde puisse y avoir (physiquement) accès... mais encore faut il en avoir envie !

        Non, la « Fracture Numérique » nait plutot d’un aspect générationnel (les jeunes baignent dedans dès leur plus jeune age) et aussi d’envie : on ne force pas les gens à s’interesser à l’informatique. Je le constate tout les jours : la maitrise de l’informatique est completement indépendante de l’origine sociale des personnes ! Un Notaire de 60 ans n’ayant jamais utilisé un ordinateur car sa secretaire l’utilisait à sa place et est donc un défavorisé de l’informatique, bien que favorisé socialement ?... et au contraire un jeune homme de 20 ans, qui vit en banlieue et qui se défoule sur un PC qui a couté 500€ chez Auchan, ou bien 1€ par jour, peut être au sommet de la maitrise de l’outil, est donc ultra favorisé ?!

        C’est donc plus un travail sur l’envie que les gens ont de maitriser l’informatique, que réellement une question de moyens. Il y a aussi une question de formation, mais les PC sont de plus en plus simples à utiliser et une auto formation est toujours ce qu’il y a de plus efficace ! L’internet attirant de plus en plus de monde, cela devrais augmenter de plus en plus l’envie.


        • panama (---.---.198.59) 27 octobre 2006 16:11

          Indigène : Qui est originaire du pays. Animaux indigènes. Productions indigènes (Littré).

          C’est le nouveau mot à la mode ?


          • minijack minijack 27 octobre 2006 19:36

            Indigènes du numérique ? Est-ce une nouvelle race ou une nouvelle espèce ? Et cette fracture annoncée, est-elle dûe a une quelconque mutation de l’espèce ?

            Je sentais bien depuis quelques années déjà que les yeux me piquaient trop souvent, que je ne dormais plus si bien, que je faisais une grande consommation de café...

            Nul doute ! je suis atteint par l’infovirus. Il a déjà envahi mes gènes et bientôt je n’aurai plus de plaisir... Au secours ! Je suis un indigène !

             smiley


            • Antoine Diederick (---.---.161.136) 29 octobre 2006 20:29

              wouaaaarffff....comme c’est vrai ce que vous dites légèrement !

              Tout à fait d’accord, merveilleux moyen de communique et agression ultime ...le numérique


            • pingouin perplexe (---.---.60.54) 27 octobre 2006 23:02

              Article intéressant, qui a visiblement à coeur de cerner les mutations en cours en y faisant vivre les tonalités positives.

               smiley


              • JeanMarc (---.---.25.211) 28 octobre 2006 22:17

                Super article ! Je n’avais jamais pris conscience de cette idée de « fracture numérique inter-génération » (faudrait-il plutôt dire).

                Faisant quasiment parti des geek (jeune informaticien), je me soigne depuis peu... mais wikipedia est aujourd’hui une source d’information aussi importante que le robert pour moi, dans les 2 cas je garde tout-de-même un esprit critique, même si on a une quasi-totale confiance dans ce cher robert... de plus ces 2 sources sont intéressantes pour de petites recherches, je ne saurai trop conseiller les livres et sites spécialisés pour développer un sujet en profondeur.

                Ne pas omettre que certaines sources de la toile sont belle-et-bien « réelle », la page actualité de google est devenu par exemple ma source d’information des actualités (hors agoravox qui est virtuelle)...

                Mais entre nous, qu’es-ce qui vaut un bon bouquin ( livre) ? j’accepte de lire un article sur mon écran, mais je pense ne jamais me plonger dans un livre numérique (j’en aurai trop mal aux yeux smiley )...

                Merci de cette prise de conscience !


                • Antoine Diederick (---.---.161.136) 29 octobre 2006 20:25

                  ben...les statistiques montrent que les plus accrocs d’Internet sont les mid-ages et les personnes plus mures...

                  Je crois qu’il y a un problème d’interprétation smiley


                • Antoine Diederick (---.---.161.136) 29 octobre 2006 20:27

                  Les livres numériques sont très très fatigants...à lire smiley


                • pingouin perplexe (---.---.78.23) 29 octobre 2006 21:44

                  Le dernier paragraphe de cet article invite peut être à relire d’une autre manière l’ensemble de l’article. En effet, celui-ci pointe de nouvelles solidarités potentielles, relatives, entre autres, à l’action en direction des plus défavorisés. On peut éventuellement voir ici un contre-poids parmi d’autres aux effets de rupture d’une technologie qui...irait peut être « trop » vite, d’où le questionnement par rapport au fossé générationnel, et à la construction identitaire. Ces questions sont particulièrement importantes, tant et si bien que l’on peut comprendre la crainte d’un effet de « tabula rasa ». J’avais regardé attentivement la confrence web de M.Serres consacrée aux nouvelles technologies. Dans cette conférence, il décrivait ce qu’il concevait comme « externalisation de fonctions cognitives », et il y avait bien entendu externalisation de la mémoire. Pour le reste, il s’attachait, entre autres choses, à faire suffisamment de mises au point historiques afin de montrer que les nouvelles technologies s’inscrivaient dans la généalogie d’anciens paradigmes, tout en modifiant l’approche de certaines notions, comme celle du lieu. A mon avis, la mémoire, externalisée, partageable, pourra peut être bien, aussi, contribuer à revivifier le tissu intergénérationnel, entre autres aspects parmi les solidarités potentielles.


                  • pingouin perplexe (---.---.78.23) 30 octobre 2006 07:51

                    tout ce que les TIC peuvent apporter au monde du handicap. De nombreuses limitations à la communication interpersonnelle peuvent, par exemple, au moins en partie, être compensées à l’aide d’internet.

                    Salutations du pingouin, qui a un peu trollé ce thread, mais pour la bonne cause

                     smiley


                    • fransua Demi Weste 7 novembre 2006 19:13

                      Indigène nous sommes dans la jungle du numérico-extosenso. L’information n’existe pas elle te nourrit de ce que ta pensée utilise derrière la toile.

                      Oui je suis nu et pourquoi ? Car je te parle et toi tu as peur.

                      (PS Arrêtez de me mettre des votes négatifs... c’est hallucinant cette attaque contre la poésie)

                      http://sauvonslafrance.blogspot.com/

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