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L’avenir, la technique et nous : quatre questions aux candidats

Quatre questions aux candidats à l’élection présidentielle, sur le rôle de la technique dans la production de l’avenir. Article paru dans Le Monde du 20/12/2006 sous le titre « La civilisation numérique en marche ».

L’irruption au premier plan de la campagne présidentielle du réchauffement climatique, de l’après-pétrole, de l’Internet, de la démocratie participative, signale qu’il se passe quelque chose dans le paysage politique français. Avec quelque retard sur les Français, le monde politique bascule dans le XXIe siècle.

Reste un thème que les candidats et candidates hésitent visiblement à prendre à bras-le-corps, mais qui conditionne notre capacité à nous saisir de l’avenir : notre rapport à la technique, notamment face à la convergence des technologies numériques, nanométriques, biologiques et cognitives sur laquelle se concentrent les efforts mondiaux de recherche et d’innovation.

Pourquoi ce sujet est-il tellement important, et même crucial aujourd’hui ? Pour trois raisons, apparemment difficiles à concilier : parce que ces technologies nous inquiètent, souvent à juste titre ; parce qu’en dix ans les Français se sont néanmoins massivement approprié le numérique, les réseaux, les mobiles, avec des conséquences importantes sur les relations sociales, le travail, le statut de la connaissance comme celui de la création, les modes de consommation, la manière dont ils interviennent dans le débat politique ; parce qu’enfin elles sont à la source d’une part importante des réponses viables aux grands défis du futur.

Appropriation massive, active et plutôt joyeuse, inquiétudes collectives, éthiques et politiques, nécessité pour l’avenir : depuis deux ans, en Aquitaine, les Entretiens des civilisations numériques (CI’NUM) travaillent autour des tensions et des nouveaux équilibres qu’engendrent ces tendances. C’est à partir de ces réflexions, qui ont rassemblé des participants du monde entier et de tous les horizons professionnels, que nous posons quatre questions aux candidates et candidats à l’élection présidentielle de 2007.

1. Comment comptez-vous faire émerger un débat ouvert et serein autour des enjeux de la recherche scientifique et de l’innovation, de la "convergence" ?

Le face à face entre le "principe de précaution" et le "progrès technique" stérilise toute réflexion, voire toute recherche. Il dispense les uns et les autres de détailler leurs réponses concrètes aux défis du futur. A la manière des Britanniques, nous devons apprendre à débattre en amont non pas des seuls impacts des avancées techniques, mais des anticipations, des scénarios d’avenir qui animent les chercheurs, "concepteurs du futur", et ceux qui les financent.

2. Entendez-vous rouvrir le débat autour des grands projets numériques structurants qui nous concernent tous, notamment le dossier médical personnel, le bureau virtuel des élèves, la carte d’identité électronique et le passeport biométrique ?

Volontiers présentés comme techniques, ces projets concernent chaque citoyen dans la définition de son identité, l’exercice de ses libertés, l’accès aux systèmes d’éducation et de soins. Derrière les programmes informatiques s’expriment bel et bien des choix politiques qui doivent être mis sur la place publique.

3. Comment, dans une société en réseau, imaginez-vous refonder la "fabrique de l’intérêt général" ?

En facilitant le partage des informations, des expériences et des idées, les réseaux transforment les conditions du débat public. Ils organisent à la fois la transparence et la désinformation, les mobilisations citoyennes et les réseaux occultes. Ils permettent à des communautés locales, culturelles, d’intérêts ou d’opinions, de se prendre en charge en court-circuitant les institutions. Mais les choix les plus difficiles supposent d’arbitrer entre des intérêts divergents, dans la recherche d’un intérêt général. Ils réclament des stratégies à long terme. C’est le rôle indispensable du politique, qui doit apprendre à le remplir dans un dialogue renouvelé et continu avec la société en réseau.

4. Qu’entendez-vous entreprendre pour que la France contribue à l’avènement d’une société mondiale multipolaire de l’économie et de la connaissance, dans laquelle les pays du Sud seront des acteurs à part entière ?

Qu’on le souhaite ou non, l’avenir est au développement des échanges de tous ordres, au métissage, aux migrations voulues ou contraintes, dans un monde où l’Asie d’abord, les pays du Sud et leur jeunesse ensuite, pèsent d’un poids de plus en plus lourd.

Ces questions sont absentes du débat actuel. Pourtant, elles sont présentes dans la pratique quotidienne de millions de Français, en particulier des plus jeunes générations. Ceux-ci sauront entendre les candidats qui voudront parler avec eux de l’avenir et des manières de le construire ensemble.


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5 réactions à cet article    


  • Forest Ent Forest Ent 18 janvier 2007 23:33

    Ce n’est pas faux, mais souvent énoncé à un tel niveau de généralité, que j’ai du mal à m’y retrouver concrètement. Moi, les débats que je voudrais bien voir rouverts sont ceux de la LCEN, la DADVSI, la vente liée, ...

    J’aimerais bien en particulier qu’ils soit écrit dans nos lois une bonne fois que :

    - l’usage que je fais de mon ordi chez moi et pour moi ne regarde que moi, principe gravement mis en cause par les décrets d’application de la DADVSI,

    - les télécommunications privées par internet sont aussi privées que toute autre, et en particulier téléphoniques et postales, principe gravement mis en cause par la LCEN et la DADVSI, et que leur espionnage par une entreprise privée est un délit,

    - qu’il n’y a pas plus de justification qu’ailleurs à y laisser subsister des monopoles privés et pratiques anticoncurrentielles,

    etc ...

    et j’aimerais bien aussi que les dispositions existantes concernant les données personnelles (Loi Informatique et Liberté) soient effectivement mises en oeuvre et que la CNIL dispose des moyens adaptés à cela.

    Je ne sais pas si c’était dans l’article ou pas.


    • (---.---.142.21) 19 janvier 2007 08:44

      Oui, pour l’avis de forest.

      Mais comme pour Dadvsi, le débat reste un monologue !

      Les intentions sont donc clairement affichées, par les non-dits !

      Nous construisons un drôle de monde !

      Bientôt, nous découvrirons que les radars ne sont que des caméras de surveillances, que notre téléphone n’est qu’un micro, que notre ordi n’est qu’un agent assermenté par les lobbys, que nous sommes tous des terroristes en puissance qu’il faut mater en permanence,...

      Bientôt ? Non non, depuis hier... déjà !

      Le privé n’existe plus depuis que le capitalisme a épousé le communisme. Castro peut se reposer en paix, Bush le remplace très bien...


      • Daniel Kaplan Daniel Kaplan 23 janvier 2007 17:26

        Pour ceux qui veulent poursuivre ce débat : un débat réunit, dans les locaux du Monde, des représentants de 5 des principaux candidats à l’élection présidentielle, pour répondre aux questions posées par cet article.

        En présence des représentants des candidats :

        * Pour François Bayrou : Frédéric LEFEVRE-NARE, conseiller TIC (nom à confirmer)

        * Pour Marie-George Buffet : Jérôme RELINGER, responsable de la mission « Révolution numérique » au PCF

        * Pour Ségolène Royal : Christian PAUL, député PS de la Nièvre

        * Pour Nicolas Sarkozy : Laurent WAUQUIEZ, député UMP de Haute-Loire

        * Pour Dominique Voynet : Jérôme GLEIZES, membre du Collège exécutif des Verts, conseiller du 10ème arrondissement de Paris

        Et comme grand témoin : Philippe LEMOINE, P-DG de LaSer, président du Forum d’Action Modernités, président de la FING

        Débat animé par Daniel KAPLAN, etBertrand LEGENDRE, éditorialiste au Monde.

        Inscription : http://www.cinum.org/inscription/inscription.php?conf=LE_MONDE


        • Céline Ertalif Céline Ertalif 26 janvier 2007 19:56

          Bonjour,

          Je suis heureuse de découvrir cet article que j’avais manqué.

          Mon sentiment est qu’il ne faut vraiment faire sortir le débat politique nécessaire sur la technique du petit monde des technophiles.

          La question majeure : quel contrôle avons-nous sur les objets techniques ? Ou plutôt qui a quel contrôle ? Au 19ème siècle, tout le monde pouvait apprendre en quelques heures le fonctionnement des machines les plus sophistiquées. Aujourd’hui, bien malin celui qui serait capable d’expliquer le fonctionnement technique d’un PC ou d’un téléphone portable. Ou même de seulement faire un exposé intelligent de 10 minutes. Moi, j’en serais bien incapable ! Le développement de la technique a multiplié les inderdépendances de savoir-faire et de droits.

          La maîtrise de la technique est vraiment un sujet d’intérêt public fondamental. Je suis consternée de voir qu’on s’inquiète si peu de l’importance du savoir-faire que les jeunes acquièrent aujourd’hui hors de tout enseignement académique. Comment ça marche ? Derrière cette question, il en y a immanquablement une autre : qui a le pouvoir de quoi ?


          • pragma (---.---.55.217) 30 janvier 2007 15:51

            L’ animal politique présidentiable n’est probablement pas intéressé objectivement par ce genre de sujet. De plus, et très certainement, il n’y connaît rien et ne veut pas être confronté à des questions en hébreu numérique. Si les sujets évoqués sont effectivement d’importance, ils feront l’objet, plus tard, de discussions entre spécialistes, ou personnages bombardés comme tels, et finiront, comme d’habitude, par des batailles de lobbies. Les candidats ne recherchent, dans leurs pseudo-programmes, que des idées et des vocabulaires simples, sous forme de promesses compréhensibles par le citoyen-électeur lamdba, et dont le but unique est de prendre le pouvoir. Après...ce sera un autre jour !

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