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Accueil du site > Actualités > Technologies > La raison est-elle soluble dans le Web 2.0 ?

La raison est-elle soluble dans le Web 2.0 ?

L’arrivée d’un « après YouTube », dont la viabilité économique semble m’avoir échappé, me pousse moi aussi à me demander si, en ces temps de bons voeux obligatoires, l’hystérie collective n’a pas rejoint les bouteilles de Cool Water sous le sapin. Démasquer ce « culte du 2.0 » comme on tague des panneaux publicitaires, très vite.

Le très respectable magazine Time a-t-il perdu la tête ? Il place en effet "You" (c’est à dire moi, vous, n’importe qui) au rang de personnalité de l’année. Voilà ce qui restera donc dans la presse de l’année 2006, reléguant au rang de "faits" les banlieues, Ahmadinejad, l’Irak, l’écologie, le Liban, la panique aérienne estivale à Londres, Chicago-Charleroi, le docu-fiction de la RTBF et l’arrivée tardive du SonyEricsson P990i.

You, ne reste donc plus que ce terme, vague, poudre aux yeux, symbolisé par le rachat, pour 1,65 milliard de dollars US, d’une firme nommée YouTube par Google, le chiffre de l’année. You, l’inspiration divine d’une galaxie de start-up prétentieuses, dont l’unique dessein est d’être rachetées par l’un ou l’autre des majors players, un jour prochain, là où la Bourse était le but ultime hier : Scroon dévoile "l’après YouTube", expliquant les bienfaits de la "convergence 2.0".

Pour certains, la diffusion hertzienne est morte : le podcast en a sonné le glas. Sauf qu’à se pencher sur les chiffres - jalousement gardés -, on voit qu’il convient de manier avec prudence ce genre d’affirmation. Tout comme il convient de gratter un peu pour voir ce qui se dissimule vraiment derrière les affirmations selon lesquelles la "3G est un succès" et voici déjà la "HD mobile" (comprenez "HD timbre poste"). Oui, l’horizon affiche clairement l’option "à la demande", mais la multiplication des canaux de diffusion n’est qu’une évolution de l’espèce : cela fait vingt ans que le magnétoscope - et donc la télé à la demande "1.0" - est dans les foyers. Sous nos latitudes, l’utilisateur de médias est encore, et pour longtemps, un assisté : il est peu probable qu’en dehors du cénacle des blogueurs actifs et engagés, les internautes se mettent à composer un Netvibes ou un espace Live.com. Il est certes devenu impossible de dessiner une ligne du temps à plus de trois années dans le secteur, mais il suffit de quitter les grands boulevards pavés de smartphones et de Blackberry pour regarder la planète Terre, qui n’est pas encore tout à fait virtualisée.

Le Web 2.0 représente aujourd’hui une série de tendances observées sur un marché aussi incertain qu’à la fin des années 1990, rien de plus. Combien de "jeunes pousses" sont aujourd’hui rentables ? Ou disposent d’un modèle économique viable ? Du vent, du marketing, un assemblage de technologies qui lui pré-existaient. La révolution, c’est autre chose : il suffit d’ouvrir un dictionnaire pour se rappeler que les termes ont une histoire et une acception plus ou moins claire en langue française.

Quant au terme social, désormais appliqué à tout ce qui relève de la "sphère 2.0", il n’est rien d’autre qu’une illusion  : socialise-t-on vraiment en dehors des heures de travail ou de cours par la simple connexion à son réseau d’amis sur MSN (pardon "Live") Messenger ? Quid du zapping des individus, "viens ici que je te bloque de mon Google Talk" ? Le langage SMS, le journal Métro, les dépêches copiées/collées sur Yahoo ou Skynet Actualités ?

L’Internet ouvre des horizons (Wikipédia, AgoraVox), c’est certain. L’information ne sera jamais plus la même. Les sources n’ont jamais été aussi plurielles. Mais l’hystérie collective est là, nous guette, couverte de vertus "socialisantes", de logos épurés : nombre d’acteurs importants - dont les revenus reposent sur le seul canal publicitaire ! - font aujourd’hui passer l’ego pour une liberté d’expression. Méfions-nous des panneaux publicitaires du culte 2.0. A y regarder de plus près, la couverture du Time Magazine pourrait très bien être celle de "Psychanalyse magazine".


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6 réactions à cet article    


  • Eldarion (---.---.72.66) 26 décembre 2006 22:13

    Un article qui pose des questions en laissant l’internaute y répondre intérieurement, c’est une forme d’expression assez démagogique et qui finalement ne mène nulle part. Même la question titrée ne possède pas de réponse, peut-etre parce qu’il n’y a finalement pas vraiment de question ?

    J’ai relevé 6 questions dans l’articles, la plupart possédant une réponse évasive (au mieux), ou pas de réponse du tout. C’est dommage car votre point de vue mérite une véritable argumentation. TechCrunch en avait fait 3 longs articles assez bien argumentés (bien que le débat reste ouvert). Non vraiment ce sujet mérite mieux que des assemblages d’affirmations du genre « Combien de »jeunes pousses« sont aujourd’hui rentables ? Ou disposent d’un modèle économique viable ? Du vent, du marketing[...] ».

    Superbe question sans réponse : « socialise-t-on vraiment en dehors des heures de travail ou de cours par la simple connexion à son réseau d’amis sur MSN (pardon »Live« ) Messenger ? » Il y a eu quelques thèses sur le sujet, qui n’est pas aussi simpliste que ce que vous voulez nous faire avaler. Si je vous dit que Live Messenger me permet de rester en contact plus facilement avec mes amis parce que j’ai déménagé, rejettez-vous toujours l’aspect social de l’utilisation de ce logiciel ? D’ailleurs depuis quand Live Messenger fait-il partie du Web 2.0, alors que la première version date de l’ère du web 1.0 ?

    « Quid du zapping des individus, »viens ici que je te bloque de mon Google Talk«  ? » Ca c’est du débat sur la viabilité économique des entreprises du web 2.0 !

    « Le langage SMS, le journal Métro, les dépêches copiées/collées sur Yahoo ou Skynet Actualités ? » Pourquoi Métro ? Ils font du web 2.0 eux aussi ?

    Autant je suis d’accord qu’il faille prendre de la distance avec les discours toujours rassurants des acteurs économiques, notamment sur la 3G, autant le reste de l’article est trop mal argumenté pour qu’il puisse poser les bases du débat dans ses différentes facettes : changements par rapport à la première bulle, apparition de nouveaux acteurs et modèles économiques, attitude des internautes, attitude des machés financiers etc.


    • Jean-Pierre An Alré (---.---.88.111) 26 décembre 2006 23:25

      > D’ailleurs depuis quand Live Messenger fait-il partie du Web 2.0 ?

      Justement Messenger, comme un très grand nombre d’applications Web extrèmement répandues (P2P, streaming), ne repose pas sur HTTP, et pourtant il y a infiniment plus d’utilisateurs d’application non HTTP que d’application HTTP. Quittez donc votre blog et regardez dans la chambre de votre adolescent.

      80% du trafic Internet n’est pas constitué d’applications HTTP et cela ira en s’accroissant.

      Il n’y a aucune raison pour qu’une combinaison acrobatique de navigateur, de script et d’un format très lourd de terminal (le PC actuel) soit à l’origine d’une mobilisation des citoyens. MSN et le SMS ont certainement fait infiniment plus pour l’apprentissage de la formalisation de la pensée et du débat contradictoire chez les jeunes adultes.

      En ce qui concerne leurs ainés le fait que les citoyens soient éduqués et préparés au débat par des années de pratique associative est aussi une explication beaucoup plus plausible que cette esroquerie intellectuelle qui voudrait qu’il suffisait d’écrire une classe Javascript de quelques dizaines de lignes pour révolutionner le monde

      Les consultants et les philosophes du WEB 2.0 n’useront jamais d’une méthode scientifique pour recenser le développement supposé du Web 2.0, pourtant les statistiques sont aisément disponibles, jamais on aura droit à un recensement des pratiques liés aux nouvelles technologies. Jamais il n’y aura d’élément financiers, jamais il n’y aura d’enquètes d’opinions.

      Les techniques de propagande des Webistes sont aussi légères que les idées qu’ils propagent.


    • Eddy (---.---.87.152) 26 décembre 2006 22:40

      Je pense que vous allez un peu loin. Il s’agit pour moi d’un simple billet d’humeur comme ceux que l’on peut entendre en radio. Il est court et maladroit, bien écrit et amusant. Quelques cacas nerveux pour qu’on réfléchisse. Il ne faut pas toujours attendre des réponses, mais accepter que certains posent des questions, quitte à faire fausse route : les commentaires sont là pour que nous donnions notre avis.

      Personnellement, je pense que cette avalanche d’étalement de vie privée sur le net est un miroir aux alouettes : la liberté est-elle l’entropie ou la capacité de réflexion ?

      Eddy


      • Moise (---.---.95.82) 27 décembre 2006 12:33

        Je ne suis pas d’accord sur le fait que les commentaires ne servent qu’a donner notre avis, mais je vais vous donner le mien quand meme !

        Si c’etait juste pour donner votre avis, ce ne serais pas ecrit « commentaiire constructif ? » en bas de chaque commentaire.

        Par contre je trouve aussi qu’il y vont un peu fort dans leur argumentation, les 2 commentateurs au dessus !


      • (---.---.139.244) 31 décembre 2006 12:39

        Nous n’avons pas la même analyse. Ce n’est pas une critique !

        Le discernement devient complexe !

        Les nouvelles technologies ne sont pas toutes des effets de modes.

        Internet répond et modifie les structures de notre société en profondeur.

        La communication étant liée à l’évolution humaine, il ne fait aucun doute que nous en avons pris la vitesse lumière.

        De nouveaux langages apparaissent. Ne resteront que ceux qui répondront aux besoins des utilisateurs.

        L’ordre social et économique est en pleines mutations, les pouvoirs s’en retrouvent modifiés.

        Ex : que vont faire les vendeurs de You Tube avec leur prise de Bénéf ? Est-ce que google maintiendra le succès avec cet outil ? ,..., ?

        Qui peut donc prévoir le proche avenir, quand les modifications évoluent à cette vitesse ?

        C’est l’utilisateur consommateur qui crée ce mouvement et non pas simplement l’offre technologique, souvent détournée.

        La simplicité, l’efficacité, la diversité, la réactivité, la mobilité,..., tout ce qui facilite les échanges sont les gagnants.

        Mais pour quelle société ? Bien malin celui qui peut le prévoir alors que les politiques mettent plus d’un an pour élaborer une loi inapplicable et dépassée avant même sa parution ! (Dadvsi)

        Alors oui, YOU est le grand gagnant ! L’anodin, l’inconnu,l’anonyme, monsieur et madame tout le monde sont les stars, les héros, les vainqueurs !

        C’est vous, c’est moi, c’est aujourd’hui ! mais peut-être pas demain... tout est fait pour vous reprendre ce pouvoir que trop nombreux, hélas, ignores !

        Dommage que vous trouviez normal de paraître un article comme le vôtre aujourd’hui, alors que vous n’auriez eu aucune chance, il n’y a même pas cinq ans !

        Bonnes fêtes tout de même...


        • Traroth (---.---.177.186) 3 janvier 2007 11:15

          Ce billet commet la même erreur que beaucoup d’articles alarmistes parlant de nouvelle bulle et autre, en n’analysant l’intérêt de ce qu’il faut bien appeller de nouveaux médias que sous l’angle de la rentabilité (d’ailleurs de nombreux outils du Web 2.0 ne reposent pas sur des entreprises et ne visent aucune rentabilité, à commencer par Wikipédia). Il est certain que beaucoup de jeunes pousses du Web 2.0 ne sont pas viables et vont disparaitre en entrainant avec eux les capitaux de ceux qui ont misés sur elles. Mais l’aspect révolutionnaire que pointe Time Magazine n’a, à mon avis, rien à voir avec du business. De la même manière, au début du Web 2.0, beaucoup d’analystes disaient que le Web 2.0 n’existait tout simplement pas car les technologies utilisées étaient les mêmes qu’avant. Je pense qu’il s’agit là d’erreurs d’analyse.

          L’aspect véritablement révolutionnaire du Web 2.0, c’est que l’utilisateur cesse d’être seulement un consommateur pour devenir également producteur. Il n’est plus seulement client mais également fournisseur. L’effet de ce changement est que ces médias ne reflètent plus le point de vue d’un quelconque major, mais celui du peuple. Il y a déjà quelques années, un article de presse disait (de mémoire) que Wikipédia, bien loin d’être simplement une encyclopédie, mettait les cerveaux en réseau. C’est bien ce à quoi on assiste maintenant dans bien d’autres domaines.

          Bon, évidemment, comme pour tout, il y a prendre et à jeter, mais le temps et le désintérêt du public se chargeront bien tout seuls de faire le tri, comme toujours.

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