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La société évolue... la maison aussi (1)

Avec son système d’arrosage automatique, sa porte de garage télécommandée et ses autres gadgets, la maison de la famille Arpel imaginée par Jacques Tati au milieu des années 1950 parait bien démodée. Pourtant, cette maison tirée du film Mon oncle aura longtemps véhiculé l’image de la modernité et une certaine idée de la maison du futur. Mais nos modes de vies ont changé, influencés par les nombreuses évolutions tant technologiques que sociologiques et nos maisons, expression de nous-mêmes, reflètent ces mutations, sans ruptures apparentes. De même que nous sommes individuellement de plus en plus connectés et en réseau, la maison tend à se composer progressivement d’objets toujours plus communicants qui seront amenés à échanger entre eux au sein d’un réseau domestique de plus en plus perfectionné. Adieu maison de paille, de bois et de briques, la maison aux « murs-écrans » est là.

À quoi ressembleront les maisons de demain ?

D’ici 5 à 10 ans, on peut prévoir que l’accès à « très haut débit » (THD) sera une réalité dans la plupart des maisons des pays les plus industrialisés, avec des connexions à 100 Mbit/s symétriques, en attendant d’encore plus hauts débits (1 Gbit/s) par la suite. Les réseaux en fibre optique (FTTH ou Fiber-to-the-home) arriveront jusqu’aux foyers et seront relayés par des réseaux sans fil sur base de radiofréquences ou de courant électrique au sein des habitats existants ou, dans une approche plus futuriste, par des réseaux également en fibre. Les perspectives « réseaux » sont donc assez balisées et c’est rassurant quand on lit que Cisco [1] prévoit une saturation du trafic Internet mondial d’ici à 2010 étant donné la configuration actuelle du réseau et le développement des usages.

En parallèle, on voit apparaître de plus en plus d’objets communicants dans les maisons. Le Nabaztag [2] continue de faire des émules dans les foyers technophiles en détectant dorénavant les puces RFID [3] et, plus communément, les foyers s’équipent d’ordinateurs, de téléphones mobiles, de consoles de jeux, de set-top-box ou de téléviseurs de plus en plus souvent reliés à Internet mais communiquant encore très minoritairement les uns avec les autres.

À quoi ressemblera donc la maison du futur ou la maison communicante [4] à horizon 2015, dotée de THD et d’objets de plus en plus communicants ? Quels nouveaux services devraient-elles nous fournir ? La domotique va-t-elle enfin prendre son envol d’ici à 2015 ? Comment les nanotechnologies risquent-elles d’investir nos habitats ? Quelle évolution des usages peut-on imaginer dans l’habitat du futur sur la base des quelques grandes mutations sociologiques que l’on connaît actuellement ?

Seule une boule de cristal serait en mesure de donner une réponse à ces questions. Pourtant, parce que nous cherchons à anticiper les tendances à venir, nous vous proposons de faire le point sur quelques innovations encore en phase de recherche ou commercialisées qui pourraient trouver un marché dans les foyers technophiles des années à venir. Mais avant, il nous faut revenir brièvement sur la préhistoire de la maison du futur afin de mieux comprendre ses évolutions prévisibles.

« Home smart Home » : une progression plus lente que prévu

Les professionnels de l’habitat doivent s’adapter aux avancées technologiques et faire évoluer leur approche du logement, ce qui peut prendre du temps.

Préhistoire de la maison du futur : un immobilier plus ou moins adapté

La technologie est là et évolue très vite, nous promettant du très haut débit dans nos foyers dans quelques années seulement. En parallèle les mentalités sociales et les pratiques industrielles progressent aussi, mais avec bien plus de circonspection. Du coup, la technologie ne s’intègre pas si rapidement à nos habitats. Parmi les facteurs explicatifs de cette situation, on peut noter :
- D’une part que les nouvelles technologies sont évidemment plus faciles à intégrer dans un habitat neuf dès sa phase de conception. Or, en France, le taux de renouvellement du parc immobilier n’est que de 1%.
- D’autre part, les coûts d’investissements dans les nouvelles technologies peuvent paraître onéreux, même si la maison high tech fait la promesse d’être plus économe à l’usage sur le long terme.

De la domotique à la maison intelligente : une renaissance attendue

Selon Wikipédia, la domotique est « l’ensemble des services offerts aux occupants d’un logement afin de leur permettre d’intégrer dans leur quotidien des technologies modernes en matière d’automatisation. La domotique est basée sur la mise en réseau des différents appareils électriques de la maison, contrôlés par une « intelligence » centralisée ». On peut distinguer :

- la domotique intégrée à l’habitat dès sa conception, ce qui signifie des partenariats très en amont entre différents acteurs du réseau domotique de la maison. C’est notamment le choix de la maison EDF, à Limoges, qui vient d’être rénovée dans le cadre de l’offre Vivrélec et dans laquelle les interrupteurs intègrent directement de l’intelligence électronique. Chacun est équipé d’un programmateur et il communique avec les autres, via CPL (Courant Porteur en Ligne) ou ondes radio. C’est aussi sur cette base que Sagem, Thomson et Orange viennent de créer une société commune, baptisée Soft At Home, dont l’objectif est à la fois de définir un logiciel standard de domotique en open source mais surtout de le faire adopter par le plus grand nombre d’opérateurs et d’équipementiers au niveau mondial, afin qu’ils l’intègrent en mode natif dans leurs terminaux. Une fois intégré dans les terminaux de la maison, ce logiciel permettra notamment d’accèder à ses contenus multimédia stockés sur son PC depuis son téléviseur, de contrôler ses appels en VoIP depuis la télécommande de son téléviseur ou de gérer son chauffage à distance.

- La domotique autonome des appareils électro-ménagers ou d’électronique grand public que le foyer peut acquérir indépendamment de son logement.

Promise depuis longue date, la domotique qui devait apporter un meilleur confort de vie, une gestion à distance de la sécurité ou du chauffage de notre habitat n’a jamais réussi à s’implanter massivement dans la maison et pâtit aujourd’hui d’une résonance déceptive pour le consommateur.

Si la domotique des années 1980 n’a pas percé sur le marché grand public jusqu’à présent, c’est qu’elle fait appel à différents acteurs économiques plus ou moins liés historiquement à l’habitat. Or, les solutions techniques proposées par ces acteurs n’ont jamais été compatibles entre elles, enfermant le consommateur dans une marque auprès d’un fabricant précis. Ces problèmes d’interopérabilité devraient néanmoins se résoudre prochainement grâce aux actions de normalisation que viennent de lancer les vingt partenaires du projet européen Omega [5] à l’échelle mondiale, sous l’égide d’Orange Labs. La future norme devra permettre d’atteindre un débit de 1Gbit/s sans fil et développer une couche MAC [6] commune aux différents types de supports physiques.

L’avenir de la domotique se présente désormais sous un jour nouveau mais aussi sous une nouvelle appellation : les professionnels préfèrent éviter le terme « domotique » au profit de l’expression plus moderne et peut-être moins chargée d’effet déceptif de « maison intelligente ».

La maison intelligente est donc celle qui, en amont, sera conçue pour aider au confort de vie de ses habitants et être accessibles aux personnes à mobilité réduite, garantir la sécurité, faciliter la communication, favoriser la gestion automatisée et optimisée de l’éclairage, des volets, du chauffage ... dans la perspective d’une maison moins énergivore et plus respectueuse de l’environnement.

Maisons intelligentes ou communicantes, que nous promettent les concepteurs ?

Le concept de « maison communicante » [7] est apparu au début de l’année 2000 pour désigner un « espace de vie adapté aux nouveaux équipements communicants, une maison dont l’infrastructure permet un échange de données ». En ce sens, ce concept renvoie peu ou prou à la notion de maison intelligente que nous avons décrite précédemment.

Une maison verte

En matière de construction d’un habitat, les foyers sont particulièrement sensibles non seulement à la réduction de la facture énergétique de la maison, mais aussi à ses vertus environnementales.

Julie Trévily, doctorante en sciences de l’information et de la communication à l’Université de Rennes, dénombrait en 2005 une vingtaine de maisons communicantes dans le monde. Ces maisons du futur ont été développées avec des orientations différentes : la recherche pour la maison du MIT [8] aux États-Unis, la domotique pour la maison Legrand en France, la santé pour l’Habitat interactif pour la santé ou un vecteur de communication pour des entreprises ou des gouvernements comme la maison Eco & Ud de Panasonic au Japon, la maison et le bureau du futur du projet Living Tomorrow en Belgique ou encore la maison ubiquitaire en Corée. Tous ces projets qui s’intéressent à l’habitat du futur dans sa vision globale (architecturale, technologique, sociologique), ont pour point commun de mettre au premier plan les principes de l’architecture bioclimatique, gérant les apports solaires en été comme en hiver.

Les problématiques environnementales et la question des énergies renouvelables deviennent une problématique à part entière de la maison intelligente. En effet, pour être performante, l’utilisation de ces technologies requiert une gestion automatisée et « intelligente », c’est-à-dire contextuelle dans le foyer. Il devient nécessaire de doter la maison écologique d’un système de contrôle communiquant avec l’ensemble des technologies produisant et stockant de l’énergie pour le foyer afin de gérer automatiquement les besoins en chaud ou froid au gré des conditions climatiques.

Une maison plus économe

Ce n’est pas révolutionnaire, mais cela fait partie des nouveaux services communicants dont pourront bénéficier les foyers français à horizon 2015. EDF prévoit de remplacer 35 millions de compteurs électriques en France par une nouvelle génération de boîtiers communicants qui permettront de recevoir et d’envoyer des données par courant porteur en ligne (CPL) depuis le foyer. Un des concurrents d’EDF en France, Poweo propose déjà une solution équivalente à des clients équipés d’un compteur numérique de nouvelle génération qui permet de suivre la consommation électrique du foyer en temps réel. Cette nouvelle installation devrait réduire la facture d’électricité des foyers qui auront un meilleur contrôle de leurs dépenses énergétiques et pourront, à distance, couper si besoin l’électricité ou lancer un appareil afin de profiter des heures creuses.

Écrans : nouvelles fenêtres de la maison

Les écrans-géants longtemps fantasmés par les romanciers et réalisateurs cinématographiques de science fiction [9] sont aujourd’hui devenus une réalité. La maison du futur, Eco & Ud House réalisée par Panasonic au Japon dévoile dans son salon un mur Plasma présenté comme une « fenêtre sur la vie ».

Les visiteurs du salon de l’électronique grand public (CES) tenu à Las Vegas en janvier 2008 ont pu voir proliférer ces mur-écrans sur de nombreux stands. LG Philips a présenté une gamme d’écrans plats avec des diagonales allant de 32 à 52 pouces, pourvus de fonctionnalités comme le multitouch , la reconnaissance graphologique, des panneaux à double affichage, l’affichage lenticulaire (diffusion de trois sources vidéos en même temps) .... Samsung y a présenté un prototype d’écran plat 31 pouces OLED (Organic Light Emitting Diode), le plus grand du monde équipé de cette technologie. Enfin, Panasonic a dévoilé un mur interactif doté d’un écran tactile possédant la superficie de 2 téléviseurs de 110 pouces. Encore réservés aux geeks nantis, ces écrans peuvent également prendre l’aspect d’un miroir une fois éteint (modèle Crystal de Dell).

Le pas vers l’apparition dans nos maisons, d’ici 5 à 10 ans, de murs de verre transformés en écrans informatiques connectés à Internet semble aisé à franchir. Pour autant, reste à disséminer cette idée auprès des architectes et à percevoir un besoin ou un désir de la part des foyers.

Vers une maison nanotechnologique ?

La nanotechnologie est un domaine des sciences en plein développement qui permet le contrôle de la matière à l’échelle des atomes et des molécules. Évidemment, par le biais du contrôle moléculaire de la matière, on peut imaginer des matériaux de construction aux propriétés extraordinaires, qui pourraient par exemple changer de propriétés sur la base de stimulus précis de leur environnement et des individus.

Des recherches ont été menées en Australie au sein d’une maison tout en verre, The glass house, concernant l’intégration des nanotechnologies dans l’habitat et ses atouts. Les chercheurs australiens ont démontré par exemple la possibilité de certains matériaux d’embarquer de mini-ordinateurs pour envoyer des signaux selon les besoins, changer de couleur en cas de fuite de gaz ou de problème électrique .... Les nanotechnologies sont vouées à s’intégrer de plus en plus discrètement dans la maison, sans que l’échéance ne soit vraiment mesurable


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7 réactions à cet article    


  • La mouche du coche La mouche du coche 30 mai 2008 20:36

    Vous imaginez que l’avenir de la maison passe par une débauche de technologie. C’est ringard. smiley


    • cybitnap cybitnap 31 mai 2008 00:11

      Ca va pas être simple de faire communiquer tous ces appareils, d’avoir une interface de gestion unique et que surtout le paramétrage et la configuration soient simple pour l’utilisateur lambda. Quand je vois certains utilisateurs qui s’arrachent les cheveux pour brancher 2 PC sur un routeur...

      "Eh c’est quoi l’IP du lave-linge, j’ai besoin de mettre à jour le firmware pour pouvoir laver le blanc encore plus blanc" :)


      • Ranjo 31 mai 2008 09:18

        Sachant que la fiablibité est inversement proportionnelle a la complexité des systemes, le MTBF des maisons va chuter , il faudra un contrat de maintenance digne d’un helicoptère pour maintenir sa maison en état de fonctionner.

        Un deuxieme loyer a payer pour les contrat de maintenance peut on appeller cela une évolution ?


        • Francis, agnotologue JL 31 mai 2008 10:40

          Délires délires, comme diraient les italiens !


          • alex75 1er juin 2008 15:32

             Article intéressant, car très bien documenté. Mais la domotique apparaît aujourd’hui dépassée

            - compte tenu de la crise écologique à venir, une petite part de domotique peut-être valable (volets électriques à commande centralisée pour les personnes âgées par exemple), mais il faut plutôt penser isolation et maison passive en priorité, peintures sans solvant etc…

            - le problème c’est le coût de la maintenance, la fiabilité et surtout la commodité et la convivialité : quand on sait que la plupart des gens n’arrivent pas à faire fonctionner leur magnétoscope, il va falloir prévoir un super-ordinateur comme interface de gestion avec écran tactile (multilingue) "Bonsoir, nous somme en hiver et il est 18 h, vous souhaitez probablement fermer tous les volets Oui/ non / oui, sauf la terrasse… Ah, je doute que nos ingénieurs psycho-rigides incapables de rédiger une notice de réveil-matin compréhensible arrivent à un bon résultat…

            - une petite baraque sympa qui me paraît mieux convenir aux envies de beaucoup :

            http://www.cotemaison.fr/diaporama/energie-visitez-la-maison-verte-de-batimat_3069.html?p=3

            Prévoir de rajouter une piscine bio (une sorte d’étang amélioré et filtré par des plantes) pour nager au milieu des poissons et grenouilles pendant les canicules (qui auront lieu une année sur deux dans quelques années) : 

            http://www.piscinebiologique.com/FR/sante.php


            • makibobet 1er juin 2008 19:25

              Cet article est intéressant, mais on peut se demander si, dans 10 ans, au vu de la régression sociale généralisée, non seulement en France mais dans le Monde, le simple fait d’avoir une maison à soi ne sera pas un exploit, qu’elle soit communicante ou pas.

              Nous sommes dans le cadre d’articles tels ceux qui paraissaient au début des années 50, décrivant l’an 2000 peuplé de véhicules volants individuels (voir le film "le 5ème élément") alors que la réalité que nous vivons est bien plus "terre à terre" ! En ce temps-là, en 1950, on ne parlait pas de crise du pétrole...


              • Ranjo 1er juin 2008 22:16

                L’article  est documenté sur les applications possibles, par contre l’utilité de la plupart de ces applications est tres discutables .

                J’ai evoqué au dessus les problèmes de Fiabilité qu’entrainnent la complexité des systemes , qui engendreront des cout de maintenance et de "maintien en condition opérationnelle" comme on dit dans le milieu des systemes embarqués, Il faudra  engager une veille technologique permanente (les systemes electroniques grand public ont une durée de vie qui souvent de dépasse pas un an.) les pieces detachées seront introuvables il faudra gerer les configurations . 

                Le durée de vie commerciale des appareils etant de plus en plus limité , il faudra constament racheter et reinstaller des nouveaux systemes pour simplement maintenir sa barraque en etat de fonctionner.

                les applications en valent elle la peine ?

                Un debit a 1Gbit/s a quoi ca sert ? a regarder 100 chaines tv en meme temps ?

                Des écrans super geant dans des pieces de plus en plus petites a quoi ca sert ? a en avoir une plus grosse que le voisin ?

                Des systemes radios qui diminuent la fiabilité des communications, polluent (compatibilité electromagnétique ) et impliquent des couches materielles supplementaires a quoi ca sert pour des installations fixes ?

                seul gadget interessant a mes yeux, l’arrivée en fibre chez le particulier , pas pour le débit mais pour l’isolation galvanique, et l’insensibilité aux champs electromagnétiques. (problemes de foudre, parasites et pollution EM).

                Peut être quelques systemes de gestions de l’energie seront interessants a mettre en oeuvre mais on touche au critique leur emploi ne peut se concevoir qu’ à condition d’etre simples (pour la fiabilité), normalisés, avoir plusieurs sources de fabriquants interchangeables et une obligation de fournir les pieces pendant 15 ou 20 ans pour pouvoir ses depanner rapidement et a moindre cout .Contenir le moins de logiciel possible ne pas utiliser de systeme d’exploitation complexe pour les bug .

                 

                 a part vendre du matos, des contrats de maintenance et polluer ,  je ne saisis pas vraiment le gain de qualité de vie , comme il est dit plus la plupart des applications sont "ringardes" aux vu des enjeux en cours.

                PS je suis electronicien.

                 

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