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Plus poisson que salamandre, Gogonassus andrewsae émerge d’un sommeil de 380 millions d’années

 Son nom peut ressembler à un gag. Pourtant, ce poisson de l’époque dévonienne, celle de la sortie de l’eau des premiers vertébrés tétrapodes, doit ce patronyme à la formation géologique de Gogo, en Australie occidentale. Une formation calcaire permettant la conservation de fossiles extrêmement fins. De fait, ce qui émerveille surtout, lorsqu’on voit ce fossile venu tout droit des tréfonds de l’ère primaire ou paléozoïque, c’est l’impression qu’on a de retrouver un squelette nettoyé par les fourmis sur les bords d’un lac.

Pour le reste, il ne s’agit pas à proprement parler de "chaînon manquant", puisque Gogonassus se trouve clairement du côté "poisson" de la barrière (virtuelle) entre poissons et tétrapodes. A son époque, Panderichthys se rapprochait déjà un peu plus du stade fatidique qui vit la transformation de nageoires charnues en pattes. Mais l’état de conservation exceptionnel de Gogonassus permet de retracer les fondements du squelette de l’oreille interne et des membres des vertébrés terrestres chez leurs ancêtres aquatiques.

Cette découverte exceptionnelle fait suite à celle, récente, de Tiktaalik, en avril de cette même année. A peine postérieur à Gogonassus (-375 millions d’années, soit cinq "petits" millions d’années plus tard), Tiktaalik, qui occupait une niche écologique comparable à celle d’un crocodile nain, reste classé du côté "poissons", en dépit de sa capacité probable à ramper sur la terre ferme et, surtout, à mouvoir sa tête indépendamment, préfigurant le cou ultérieur des vertébrés terrestres.

Les premiers organismes clairement positionnés côté tétrapodes (terme qui regroupe tous les vertébrés pourvus à l’origine de quatre pattes, même lorsque certaines disparaissent comme chez les serpents ou les baleines) sont Elginerpeton, Acanthostega et Ichthyostega. Du premier (le plus ancien), nous ne possédons que des restes très fragmentaires. En revanche, le squelette des membres des deux suivants comporte déjà les principaux os qui se retrouveront ultérieurement dans nos bras et jambes, du point d’insertion de ces membres aux doigts qui les terminent.

Pas tout à fait, en réalité : si le nombre de ces doigts s’est très vite stabilisé à cinq par membre, l’évolution, dans son habitude de lancer des ballons d’essai dans diverses directions avant d’en éliminer la majorité, avait doté Acanthostega de huit doigts par membre. Pour une raison qui n’a peut-être rien à voir avec ce nombre élevé de doigts, c’est le modèle à cinq doigts qui a survécu. Mais il n’est pas interdit de rêver au supplément de puissance dont aurait disposé Rachmaninov dans ses concertos pour piano si Acanthostega avait gagné la course à l’évolution, ni d’imaginer que ces appendices supplémentaires auraient fait les délices de Bach dans l’exécution de fugues toujours plus complexes.

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Plus poisson que salamandre, Gogonassus andrewsae émerge d'un sommeil de 380 millions d'années

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31 réactions à cet article    


  • Cochonouh Cochonouh 23 octobre 2006 09:53

    L’article est-il écrit pour éduquer les béotiens d’Agoravox qui ne connaissent de l’évolution que le coffret Jurassic Park, ou pour amener la vanne de la fin ?

    Je reste dans le doute, à cause de cette conclusion inattendue.


    • Thucydide (---.---.101.8) 23 octobre 2006 11:10

      Fichtre ! tôt paru, tôt chahuté... Vous n’y êtes pas, Cochonouh. Mon but est effectivement de donner envie au plus grand nombre (que je ne considère pas a priori comme des béotiens) de s’intéresser à la biodiversité passée et présente. Et l’article n’est pas écrit pour la « vanne » finale, qui du reste, n’en est pas une. Il ne s’agit pas tant de faire rire que de laisser vagabonder son imagination. Trop délirante, peut-être ? Si vous voulez. Je n’ai pas l’obsession des constructions académiques. Si l’on devait rester dans la comparaison musicale, ce serait une fin à la Francis Poulenc.


    • Cochonouh Cochonouh 23 octobre 2006 12:17

      Loin de moi l’idée de « chahuter » l’auteur...

      Je voulais juste dire que les dernières lignes, sur le mode humoristique, m’avaient surpris, par rapport au ton sérieux de l’article .

      Par contre, je revendique le « chahutage » de certains « béotiens » qui vont aller chercher Sarko dans le dévonien ou revendiquer la place de l’Islam dans le mésozoïque.


    • Thucydide (---.---.101.8) 23 octobre 2006 13:48

      J’aime mieux ça, bien entendu. smiley Cela dit, qu’on aille chercher Sarko ou Mahomet jusqu’au Dévonien n’est pas en soi si incongru, puisque la connaissance scientifique nourrit la réflexion philosophique sous toutes ses formes. Mais je suis d’accord avec vous qu’elle devrait surtout permettre de prendre du recul par rapport aux chicaneries mesquines de nos existences.


    • Gnole (---.---.192.187) 23 octobre 2006 21:42

      Effectivement les deux dernières lignes troublent quelque peu et bien que se voulant distrayant, elle introduit incidieusement une idée répendue en évolution et qui est extrêmement dommageable.

      En effet rien ne dit que des espèces comparable à l’homme (et donc capables d’engendrer un Bach ou apparenté) se serait développée à partir des tetrapodes descendants d’Acanthostega ou d’une espèce apparentée avec ses 8 doigts !

      Evolution n’est pas du tout égal à complexification et l’apparition d’espèces comparables à la notre n’est en rien écrit dans les mécanismes évolutifs. Si on est la, c’est par une succession d’adaptations et surtout de gros coups de bol pour que la lignée d’espèces qui nous a engendré ne se soit pas perdue dans les méandres de l’histoire.

      En dehors de ce point précis (et qui ne reflète peut-être pas la vision de l’auteur) excellent article smiley


    • Thucydide (---.---.103.212) 23 octobre 2006 22:56

      Non, bien sûr, ce n’est pas ma vision des choses. La contingence de l’évolution est telle qu’elle est totalement imprévisible. Vous avez raison de le souligner, ça ne coule pas de source pour tout le monde. De toutes façons, rien ne dit qu’une main à 8 doigts aurait la maniabilité de nos 5 doigts actuels pour jouer du piano en virtuose. smiley


    • ohlala (---.---.124.230) 23 octobre 2006 10:20

      Oui, l’auteur semble regretter que l’évolution se soit faite plus vite que la musique. Il a tort, il n’a pas vu le film « Les 5000 doigts du Docteur T ». Patience, tout arrive(ra).


      • caramico (---.---.227.100) 23 octobre 2006 10:40

        allons nous vivre le chemin inverse, avec la prolifération des « zyva » qui n’ont besoin que de deux doigts, voire que d’un, dit « d’honneur » ?


        • alberto (---.---.209.183) 23 octobre 2006 10:49

          D’Acanthostega à David Vincent : à quel niveau se situe Nicolas Sarkozy ?


          • mjmb (---.---.45.119) 23 octobre 2006 10:57

            Plus agréable et plus lisible que les autres parutions sur ce sujet (celles que j’a rencontré, du moins)

            Il y a au bas mot six million de personnes en France d’une culture scientifique suffisante pour que ce document soit de l’information. C’est à ce titre que je salue l’auteur.


            • jm (---.---.158.115) 23 octobre 2006 11:01

              C’est rigolo qu’à la lecture d’un tel article, l’on ne retienne que les 2 dernières lignes...


              • ohlala (---.---.124.230) 23 octobre 2006 11:12

                mais que dire du corps :=)) du texte ? L’auteur pointe l’apparition éventuelle du cou, des pattes, sortie du train d’atterrissage, on est fait comme des rats.


              • coelacanthe (---.---.64.135) 23 octobre 2006 11:01

                la cryptozoologie est une science prodigieuse !


                • Darkfox (---.---.141.125) 23 octobre 2006 11:07

                  Article intéressant On se demande pourquoi dans les commentaires y a toujours des réflexions parasites sur des sujets d’actualités qui reviennent de manières récurentes...lourd !


                  • (---.---.75.144) 23 octobre 2006 11:46

                    réponse à votre question dans « Dead zone » par Stephen King

                    l’un des personnages dit au héros du roman :

                    " le monde est composé de

                    1% de saints et 1% de salopards

                    95% de larves

                    les 3% restants font ce qu’ils peuvent "

                    résultats

                    sur 6.000.000.000. d’individus :

                    60 millions de saints (toutes religions ou non confondues puisqu’on peut avoir un sain comportement sans être saint)

                    et 60 millions d’ordures

                    5 miliards 700 millions de larves

                    et 180 millions essayant de pousser-tirer le lourd chariot de l’humanité


                  • Gilles (---.---.19.3) 23 octobre 2006 11:38

                    Bravo pour ces informations qui nous changent un peu du « bêtisme » et du « régrétionnisme » ambiants. A propos de biodiversité, on a tout intérêt à se pencher sur le passé car, si cela continue, il n’y aura plus grand chose à étudier d’ici quelques millénaires. Tout cela, bien entendu, grâce à l’Homme, sommet de la pyramide évolutive, du moins à l’heure actuelle et sur cette planète. Mais restons optimistes ! Dans moins de cinq milliards d’années le système solaire sera (peut-être) débarrassé de l’espèce humaine.


                    • O.Z.Acosta (---.---.145.138) 23 octobre 2006 11:45

                      Oui et on pourra étudier si les néo-créationniste nous laisse le temps de le faire.

                      Comme on le voit en France des professeurs se font tirer les oreilles car ils ont osé dire que la seule théorie valable était celle de l’évolution. Ce qui est contraire à tous les livres sacrées. Et oui la terre à été crée avant le soleil selon eux.

                      Pauvre monde, entre des apprentis sorciers et des fous de dieu.

                      Z


                      • Coelacanthe (---.---.64.135) 23 octobre 2006 12:08

                        le neo-créationnisme se niche aussi dans la derniere théorie évolutionniste (sur le basculement du sphénoïde) .

                        il faut le répeter la vie est « simplement » la tendance de la matiere à s’organiser de façon complexe !IL N’Y PAS D’AUTRE JUSTIFICATION OU INTENTION (DIVINE) !


                      • José w (---.---.25.142) 23 octobre 2006 11:47

                        Article sympa, ça nous change un peu de la guerre des religions...


                        • Dominique (---.---.30.27) 23 octobre 2006 13:53

                          Il n’y a pas que l’humour qui confère une note magique aux articles de Thucydide, il y a cette poésie légère, cette personnification permanente d’animaux invraisemblables. De la galathée yéti au gogonassus andrewsae, le lecteur se prend à regretter de ne pas avoir fait d’études scientifiques plus poussées.

                          Alors qu’elle étudiait à l’école primaire les origines de l’homme, une de mes filles me dit un jour « tu te rends compte maman que dans notre famille il y a forcément eu des hommes préhistoriques ? » Quand je vais lui apprendre ce soir qu’il y a même eu un gogonassus...


                          • Thucydide (---.---.101.8) 23 octobre 2006 16:05

                            En un « mot » comme en cent : smiley


                          • Cédric (---.---.172.149) 23 octobre 2006 14:37

                            Un truc qui m’a toujours sidéré en paléonto, c’est cette sempiternelle rencontre du chiffre cinq un peu partout : symétrie pentaradiée des échinodermes à gauche, penta-pétale à droite et la giroflée à cinq doigts juste au centre, en pleine poire (et ça fait mal !). Et du coup, je n’ai pas bien saisi l’extraordinaire découverte : pourquoi comparer notre paluche à la nageoire de Gogonassus andrewsae ?

                            Je pense surtout que là où est la découverte, c’est un fossile si bien conservé dans le Dévonien australien qui pourrait permettre de réviser les stratotypes dits du Dévonien, au moins localement (le réseau de failles implique un age plus récent, par exemple !... petite phrase personelle pour un collègue qui va peut-être lire cet article !).

                            Cédric


                            • Thucydide (---.---.101.8) 23 octobre 2006 16:03

                              En ce qui concerne les symétries pentaradiées, c’est plutôt à un physicien qu’il faudrait demander son avis sur la question, au même titre que pour la rareté des coquilles sénestres. Cela dit, le chiffre 5 est-il si fréquent que ça, dans la nature ? Sans doute plus que les chiffres supérieurs impairs, mais moins que les chiffres inférieurs.

                              Quant à l’âge des couches géologiques que vous évoquez, il est bon en effet de rappeler que les méthodes d’évaluation de cet âge sont multiples et leur précision variable. D’où d’ailleurs de fréquentes controverses entre spécialistes, une « petite » différence d’un ou deux millions d’années pouvant s’avérer cruciale dans l’interprétation des résultats.


                            • jipé (---.---.221.74) 23 octobre 2006 14:41

                              Qu’ une brève paléo-zoologique devienne prétexte à blabla ( la touche humoristique de l’article in fine est une trop facile excuse des commentaires débilifiants) est un signe de la régression du discours fondé et de l’ère du bavardage ; voir plus loin l’article de Nerban et dossier Pronétariat.


                              • vigie (---.---.253.214) 23 octobre 2006 14:57

                                Et dire que j’aurai pu descendre du coelacanthe,je vais réviser ma vision du génome,et continuer de méditer sur cette main qui est le prolongement de mon bras, pourvu que je ne finisse pas dans une mystique nombriliste. smiley


                                • coelacanthe (---.---.64.135) 23 octobre 2006 16:01

                                  @vigie

                                  un peu court,génome ! smiley

                                  developpe ! mon post précisait seulement que parfois même dans des théories scientifiques on pouvait verser dans une interpétation fumeuse ...

                                  @cédric

                                  ça ondule,les zones de subduction ... les stratotypes du dévonien ... c’est pas mon truc !

                                  Synclinal ou anticlinal ,du moment où on peut mettre des rempblais et des couches de roulement ,ça c’est mon truc !

                                  Pasteur a étudié la chiralité ,c’est un bon début pour qui s’interesse à la symétrie !


                                • L'enfoiré L’enfoiré 23 octobre 2006 16:54

                                  Bonjour,

                                  Cet article intéressant me fait me poser certaines questions et réflexions :

                                  - Qui donne des noms aussi biscornus à ces découvertes d’un autre temps ? Je vois de Gogo, on en arrive à Gogonassus. On a de l’immagination.

                                  - On croit avoir tout découvert, tout appris de la nature et on ressort du chapeau de nouveaux animaux, de nouvelles plantes. Pendant cela on la détruit cette nature. Inconscient des possibilités que l’on auraient pu convertir en choses bien utiles.

                                  - Le créationisme et le darwinisme. On en a déjà parlé plus haut. Certains restent sur leur position malgré les preuves qui s’amoncellent.

                                  Voilà, ces pour les 5 minutes de rêveries de la journée. A+


                                  • Thucydide (---.---.103.212) 23 octobre 2006 23:15

                                    Le nom de Gogonassus andrewsae n’est pas particulièrement biscornu. En nomenclature zoologique, on en voit parfois de belles. Ici, le nom scientifique fait référence au lieu de la découverte et une certaine Mrs (ou Miss) Andrews (je n’ai pas réussi à retrouver l’étymologie exacte). Il arrive que des espèces soit dédiées par leur descripteur à n’importe quel membre de la famille, leur chien, un objet, un personnage rigolo... Le choix est entièrement libre pour le descripteur (sauf s’il place son espèce dans un genre déjà décrit, auquel cas, seul le nom spécifique est choisi par lui). Evidemment, certaines fantaisies ne sont pas toujours de très bon goût, mais ici, le nom est assez conventionnel.

                                    En ce qui me concerne, j’aime les noms descriptifs ou imagés. Par exemple, le papillon Agrias sardanapalus, ainsi nommé d’après le roi babylonien légendaire Sardanapale en raison de ses couleurs rouge vif, ou le sphinx tête-de-mort (un autre papillon) nommé Acherontia atropos (de l’Achéron, affluent du Styx et fleuve des morts dans la mythologie grecque et Atropos, une des trois parques qui dévident et coupent le fil de la vie. Les naturalistes peuvent être très poètes ; ça se perd un peu, mais pour moi, ça n’a rien de futile. La science doit être abordée de manière rigoureuse, mais il n’est pas du tout nécessaire qu’elle soit ennyueuse.


                                  • roumi (---.---.74.206) 23 octobre 2006 20:24

                                    je me demandais aussi si cet animal est sortis de l’eau il n’a pas developpe que des appuis pour se mouvoir .

                                    mais aussi une adaptation a son nouveau milieu pour respirer ?

                                    roumi


                                    • chantecler (---.---.146.11) 23 octobre 2006 21:56

                                      Mais Rachmaninov y avait pensé, et Schubert aussi, en composant ses oeuvres pourt Gogonassus à quatre mains ou 2 pianos.Mais je préfère M.Argerich et Al.Rabinovich,ou encore les Soeurs Labecque...


                                      • chantecler (---.---.146.11) 24 octobre 2006 07:24

                                        J’en ai laissé beaucoup de coté:j’espère un jour y revenir.Mais je ne peux oublier de mentionner Olivier Messiaen et Yvonne Loriod dans les « Visions de l’Amen » en particulier, de mémoire, l’amen du Désir ou celui de la Consommation, particulièrement représentatif de notre époque:vous avez au départ deux pianos dissonnants qui peu à peu entrent en phase....Eblouissant.

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